Agent Orange, chronique 18 : Sans que l’on sache quand ni si cela s’arrêtera

Le 31/10/2012, Le Courrier du Vietnam publie : Le Viêt Nam va construire un Mémorial des séquelles de l’Agent Orange

Le Vietnam compte préserver les preuves des conséquences de l’agent orange/dioxine épandu lors de la guerre américaine au Vietnam à un site mémorial qui sera construit dans le district d’A Luoi de la province de Thua Thiên-Huê (Centre). Le projet est en cours d’élaboration par le Comité de pilotage du règlement des conséquences de l’Agent Orange/dioxine au Viêt Nam, dit Comité 33.

Lors d’une conférence donnée à ce sujet le 30 octobre à Hanoi, le Comité 33, le Comité populaire de Thua Thiên-Huê et les participants ont convenu de la nécessité de créer une zone visant à préserver des lieux comme des témoignages des dégâts causés par ce défoliant. Selon un rapport soumis au gouvernement, cette zone comprendra un secteur à ciel ouvert reconstituant l’historique de la guerre chimique menée par les États-Unis au Viêt Nam, et un secteur d’exposition sur la nature dévastée par ce composé chimique ainsi que sur des centres de traitement de victimes. Le coût prévisionnel du projet de 625 milliards de dôngs sera pris en charge par le budget de l’État ainsi que par les fonds qui seront collectés à cet effet dans le pays comme à l’étranger.

A Luoi [vallée tampon à la frontière avec le Laos où débouchait la piste Ho Chi Minh] est le district qui a été le plus lourdement contaminé au Viêt Nam, car durant la guerre, il a été le théâtre d’affrontements particulièrement violents dont plusieurs noms sont devenus célèbres, tels le col Me oi (Maman !), le ruisseau du Sang, ou encore la colline A Bia (appelée par les Américains Hamburger Hill – la colline « hamburger » en raison des lourdes pertes américaines). AVI/CVN [Espérons que ce monument commémoratif ne renverra pas dans les esprits l’Agent Orange au passé]

 

Mardi 29 Janvier 2013, c’est alterinfo.net qui diffuse Quarante ans après la fin de la guerre du Viêt Nam, l’Agent Orange tue toujours

Les accords de paix de Paris ont été signés le 27 janvier 1973 (il y a quarante ans, jour pour jour), mettant fin à la guerre de Viêt Nam et à l’occupation étasunienne. Mais les stigmates de la guerre se font encore sentir sur les enfants et les petits-enfants des rescapés vietnamiens victimes de l’Agent Orange, cet herbicide hautement cancérigène contenant de la dioxine largement utilisé par les États-Unis dans le sud du pays afin d’éliminer la guérilla. Employé dans les bombardements [épandages] comme défoliant sur les forêts où se cachaient les soldats du Viêt Cong, l’Agent Orange a, selon tous les experts, des conséquences génétiques sur les générations qui ont suivi. Les États-Unis n’ont pas fait dans la dentelle ; de 1965 à 1970, ils ont déversé pas moins de 43 millions de litres d’Agent Orange [sans compter les autres Agents dits arc-en-ciel déversés depuis 1961] sur le sud du Viêt Nam. Rien d’étonnant à ce qu’à Hanoi [ ?], ce ne sont pas moins de 150.000 enfants qui sont nés avec des problèmes liés à cette substance.

Selon la Croix-Rouge vietnamienne, le chiffre total des victimes de ces bombardements [épandages] tournerait autour de 500.000 [ ?!]. Les enfants morts nés ou connaissant des malformations dès la naissance sont encore courants. « Le gouvernement des États-Unis, a déclaré Nguyễn Thị Thanh Phương au nom du ministère vietnamien de la Défense, devrait faire davantage pour aider les victimes de l’Agent Orange, parce que leur vie est un calvaire, plus particulièrement au moment où les dons diminuent du fait de la crise économique ».

Washington n’a de son côté jamais voulu reconnaître les dommages causés par l’Agent Orange, y compris sur ses propres combattants. Une tentative des associations de vétérans américains dans les années 80 de réclamer réparation du préjudice subi (ils avaient été nombreux à se retrouver dans les zones contaminées) se solda par un non-lieu. En 2009, la Cour suprême des États-Unis refusa d’examiner un cas similaire soulevé par la Vava, l’association des victimes vietnamiennes de l’Agent Orange. Bien que les relations diplomatiques entre le gouvernement de Washington et celui de Hanoi se soient normalisées à partir de 1993 [un peu plus tard], l’Agent Orange est encore un point sensible dans les relations entre les deux pays. Après des décennies de négociations, le deux pays ont célébré en août 2012 le lancement d’un projet d’un montant de 43 millions de dollars visant à la désintoxication d’une ex-base étasunienne hautement contaminée. Une goutte d’eau dans l’océan de larmes causé par les États-Unis…

Capitaine Martin

 

10 février 2013, la journaliste Silvia Cattori, publie sur www.silviacattori.net :

Sur l’ »enquête » de Caroline Fourest « Les réseaux de l’extrême » : réaction d’André Bouny [voir mondialisation.ca : http://www.mondialisation.ca/les-obsedes-du-complot/5322443 ]

Auteur de l’ouvrage Agent Orange – Apocalypse Viêt Nam*, je suis indigné qu’une animatrice de France Télévisions S.A. (société financée par l’argent public), se prétendant « journaliste », se serve de l’image de couverture de mon livre – qui relate de façon exhaustive l’immense souffrance de millions de victimes vietnamiennes malheureusement bien réelles – dans le but d’étayer le commentaire suivant : « … ces livres vous promettent d’étonnantes révélations sur l’Apocalypse (sic !) et le terrorisme… ».

Elle vise ainsi à faire croire au téléspectateur que l’éditeur en question publierait des ouvrages suspects, peu crédibles voire parfaitement farfelus, alors qu’il accomplit un travail tout à fait comparable à celui du grand François Maspero à la fin du siècle dernier (lui-même ostracisé à l’époque, voire interdit).

Il est pathétique et affligeant de voir et d’entendre Mme Caroline Fourest prendre appui sur la couverture de mon ouvrage (qui fait autorité sur ce sujet), pour conforter sa pensée binaire, confirmant par la même occasion ses lacunes et son inculture. Car j’imagine qu’elle ne sait absolument rien des drames effroyables qu’a provoqués l’utilisation militaire à grande échelle de l’Agent Orange pour s’être focalisée à ce point sur un mot du titre…

L’ignorance crasse de cette animatrice est par ailleurs démontrée en creux par ses propres confrères du service public qui ont encensé mon ouvrage, salué à la fois par des membres de la communauté scientifique internationale, juridique, et d’autres pointures dans les différentes compétences d’expertises ayant trait au domaine de l’Agent Orange.

De ce fait, outrage suprême, elle amalgame les millions de victimes de ce poison à la « conspiration », déroulant une logique unilatérale telle une créature née pour avoir raison.

Dans « La Ville des Lumières », Mme Fourest arpente la passerelle du temple de la littérature, la Bibliothèque Nationale de France, puis nous montre un plan de la campagne bretonne : « à quelques pâturages de là, d’immenses conspirations sont mises à jour par cet homme… », préparant ainsi le subconscient du téléspectateur. Naturellement, lorsque mon éditeur apparaît, l’opinion du public est déjà apprêtée par la voix-off de ce journalisme de caniveau.

« Leurs obsessions se nourrissent du malaise ambiant de la société française et entretiennent la confusion », peut-on encore entendre dans le commentaire, phrase absconse visant à créer une ambiance occulte… pour mieux ensuite l’attribuer à sa cible.

Chaque séquence peut être pareillement analysée et déconstruite, mais mon temps n’est pas moins précieux que le sien.

Même si la valeur n’attend pas le nombre des années, notre animatrice aurait pu, grâce au doute, s’éviter la fin comique de la leçon de l’incendiaire au pompier. Visiblement, ses certitudes prennent toute la place. Son reportage est obscène.

André Bouny

* http://www.editionsdemilune.com/agent-orange-apocalypse-viet-nam-p-33.html

 

Le 17 mars 2013, Le Courrier du Vietnam, titre Agent Orange : les victimes ne sont pas oubliées, HÀ MINH/CVN

Santé. Près de 4,8 millions de Vietnamiens sont exposés à l’Agent Orange/dioxine. Pour leur donner accès aux soins et essayer de limiter les dommages causés par ce produit toxique, le gouvernement applique toute une série de politiques d’assistance.

Le Premier ministre Nguyên Tân Dung vient approuver le plan d’action national pour 2015, orientations 2020, pour le règlement des conséquences des produits chimiques toxiques déversés par l’armée américaine durant la guerre.

Ce plan d’action a pour but de dépolluer les régions gravement contaminées (hot spots en anglais), de s’assurer que 100% des personnes ayant participé à la Résistance – de même que leur descendance, indirectement victimes de ces produits chimiques toxiques – bénéficient des politiques prioritaires.

Par ailleurs, 300.000 ha seront reboisés dans les régions contaminées et les recherches sur ces produits toxiques seront accélérées. Les femmes enceintes vivant sur ou à proximité des zones polluées bénéficieront de consultations médicales gratuites.

Mettre un terme au désastre. Ce plan d’action vise aussi à augmenter les capacités en termes de recherches et d’analyses sur la quantité de dioxine présente dans les sols et les organismes.

 

Pour mener à bien cette mission, ce plan est relié à plusieurs programmes de développement socioéconomique. Le gouvernement a demandé au Comité de pilotage 33 de mettre en œuvre ce plan. Les comités populaires des provinces et villes construisent et organisent leur propre plan d’action. Les associations, entreprises, ainsi que tous les habitants sont encouragés à participer à ces activités pour enfin mettre un terme à ce désastre que constitue encore aujourd’hui l’Agent Orange…

Selon l’Association des victimes de l’Agent Orange/dioxine du Viêt Nam (VAVA), de 1961 à 1971, l’armée américaine a épandu >80 millions de litres de produits chimiques toxiques au Viêt Nam, dont près de 44 millions de litres d’Agent Orange contenant 370 kg de dioxine [pure]. Plus de 4,8 millions de Vietnamiens ont été exposés à ce sous-produit, dont 3 millions en sont victimes à des degrés divers… avec un million d’anciens combattants. La dioxine existe à l’état naturel, puisqu’elle résulte de combustions à basses températures. Mais elle ne représente qu’une infime partie de la dioxine présente sur notre planète, qui est en très large majorité produite par l’homme. C’est l’un des produits chimiques les plus toxiques que l’on connaisse.

En dehors de nuire à l’environnement, elle affecte les systèmes respiratoire et digestif, provoquant des symptômes comme irritations cutanées et oculaires, maux de tête, vomissements, dommages au foie, aux poumons et au système cardio-vasculaire, asthénie. Elle entraîne également des troubles chromosomiques, augmente le taux de cancer du foie et de malformations chez les enfants, de naissances prématurées et de fausses couches. Dans les zones touchées par la dioxine, les gens sont facilement infectés, et une fois qu’ils le sont, il est très difficile d’éliminer les toxines de leur corps, qui s’accumulent dans les graisses.

On constate désormais que des enfants de troisième génération naissent à leur tour avec des infirmités et des monstruosités susceptibles d’être causées par l’Agent Orange, même lorsque leurs parents sont en bonne santé. Ce défoliant a aussi causé la destruction de précieux écosystèmes et rendu de larges zones impropres aux cultures.

Ces dernières années, le Parti et l’État ont appliqué des mesures pour mettre fin à ce désastre écologique et humain. Le Viêt Nam a organisé de vastes opérations de nettoyage à l’aéroport Phù Cat, où les terres contaminées ont été enfouies en lieu sûr [ !]. À l’aéroport de Dà Nang, les zones polluées ont été isolées, puis décontaminées.

Le ministère vietnamien de la Défense et l’Agence américaine pour le développement international (USAID) coopèrent pour mettre en place des mesures de décontamination. Coût de l’opération : 41 millions de dollars, laquelle devrait être achevée avant 2016. L’objectif est de préserver la santé du personnel de l’aéroport et de la population vivant autour du site. Les activités concernent [aussi] le déminage, le traitement des terrains contaminés et leur réhabilitation. En 1980, le comité américain d’enquête sur les séquelles des produits chimiques utilisés par l’US Air Force pendant la guerre au Viêt Nam a été fondé. Cet organe a mené des recherches, organisé des séminaires internationaux pour examiner les effets de l’Agent Orange sur l’homme et l’environnement.

 

Le 18/03/2013, fr.vietnamplus.vn édite Le village de l’amitié du Viêt Nam, un nid douillet de vétérans vietnamiens

Le village de l’amitié du Viêt Nam a célébré lundi à Hanoi son 15e anniversaire et s’est vu décerner l’Ordre du Travail de première classe.

Lors de cette cérémonie, Nguyen Van Duoc, président de l’Association des vétérans

vietnamiens (AVV) a affirmé que le village de l’amitié du Viêt Nam avait été fondé à l’initiative de M. George Mizo, un vétéran américain de la guerre au Viêt Nam, en collaboration avec des vétérans de six pays (Grande-Bretagne, France, États-Unis [ultérieurement], Allemagne, Japon, Canada). Il est considéré, a-t-il poursuivi, comme un symbole de la solidarité internationale pour la paix et l’amitié, où sont soignés d’anciens combattants, des jeunes volontaires et leurs enfants souffrant des séquelles de l’Agent Orange/dioxine déversés par l’aviation américaine. Il a aussi exprimé le souhait que les cadres et le personnel de ce village continueront de valoriser les résultats obtenus et de surmonter toutes les difficultés en vue de rester un exemple digne de confiance du Parti, de l’État et des amis internationaux.

Après 15 ans de développement, le village de l’amitié du Viêt Nam dispose de chambres, d’un réfectoire, d’une librairie, de classes pour les enfants, d’un centre sanitaire moderne… Il a accueilli au total plus de 3.500 vétérans, jeunes volontaires, victimes de l’Agent Orange/dioxine et près de 600 enfants de 34 villes et provinces du pays affectés par ce défoliant toxique. –AVI

André Bouny, pt du Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange, auteur de « Agent Orange, Apocalypse Viêt Nam », Éditions Demi-Lune, 2010, Paris :http://www.editionsdemilune.com/agent-orange-apocalypse-viet-nam-p-33.html#Description-du-livre



Articles Par : André Bouny

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