Au-delà de la Libye, nous sommes tous bombardés.

Les groupes multinationaux d’information-communication, attachées à l’or, à la hausse et à la baisse des bourses et impliqués dans le vol de pétrole, poussent et poussent leurs journalistes les plus obéissants – et aux nouveaux ignorants – à tomber à nouveau sur la même pierre : Kadhafi, le diable, comme hier Saddam Hussein – exécuté – et le féroce Ben Laden : exécuté ?

Rappelons-nous  : une historiette d’armes chimiques, invasion en Irak – avec les caméras de la chaîne officielle des invasions du XXIe Siècle encastrées dans les chars libertaires – un million de victimes, les Etats-Unis en s’appropriant le pétrole et en se positionnant à un tir de fusil de l’Iran. Une avance géostratégique. Mort à un ex-allié historique : le Lucifer Saddam.

Continuons  : « un groupe d’élite d’Al Queda se jette contre les Tours Jumelles et le Pentagone » ( ?). La chaîne officielle des invasions du XXIe Siècle, et ses répétitrices, mijotent l’invasion à l’Afghanistan. Des dizaines de milliers de morts. Parmi ceux-ci, il ne fait pas tant – selon la presse occidentale – le Satan Oussama Ben Laden, un autre ex-allié d’Etats-Unis. Appropriation de la production et commercialisation de l’opium et de l’héroïne, du gaz et du pétrole, et une grande avancée dans le positionnement géostratégique, sans quitter du regard l’Iran.

Maintenant  : montage d’une « guerre civile » en Libye, les images et les histoires se référant à « la ténébreuse famille Kadhafi » – ex-alliée des Etats-Unis – invasion avec entée dans Tripoli, massacre de milliers de civils, des chants de victoire et des drapeaux au vent captés par la chaîne officielle d’information des invasions du XXIe Siècle. Il y a du pétrole en abondance. 80 % des hydrocarbures seront répartis entre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France.

Attaché  : Kadhafi avait rendu publique son intention lâcher le dollar et l’euro, en proposant une monnaie une unificatrice pour l’Afrique : le dinar d’or.

Données non collatérales  : aucune causalité avec ce qui est arrivé et arrive en Tunisie et en Égypte. Une pure hasard. Rébellions « spontanées » des masses et derrière, montant dans l’euphorie sociale pour le changement – et en l’absence d’une organisation politique qui soutenait les demandes avec un programme minimal – le pari gatopardiste pour un plus grand contrôle militaire, avec un œil mis sur l’Algérie. Dans la manœuvre, comme d’habitude, l’approfondissement du discours en faveur de la démocratie et de la liberté : le gant blanc de la main qui berce le berceau depuis Washington. Ensuite, pour que rien ne sorte du rail  : des injections de fonds – « argent frais » – pour le développement et l’annulation de dettes pour l’Égypte et la Tunisie, en évitant – dans l’avancée géostratégique – de possibles fissures dans le cercle à la Libye. Avec l’Iran, toujours, entre deux yeux. On ne fait pas le voyage pour rien.

Au Pakistan – rappelons nous – avant et bien plus après l’épisode versus Ben Laden, l’administration locale et les chefs militaires, soupçonnés de désobéissance au Pentagone, ils sont contre les cordes, ce qui habilite la CIA à se promener, encore plus à ses aises, dans une scène minée d’indics et de mercenaires, achetés pas pour beaucoup plus d’un plat de lentilles. Tandis que, on avance dans le géostratégique. Il y a là, du gaz et du pétrole.

Michel Collon, journaliste et écrivain belge soutient que la leçon à Kadhafi est dans la réponse – entre autres – à son refus de faire partie de l’Africom et de l’OTAN, voies rapides de désintégration aux mains du néo-colonialisme. Le même sort que la Libye auront à courir, selon Collon, le Soudan, la Côte d’Ivoire, Zimbabwe et l’Érythrée, sont des marches de différentes tailles pour atteindre la reconquête de l’Afrique.

D’autre part, et en même temps  : une cataracte de mots de la bouche d’analystes économiques nous assomment jour et nuit en nous recommandant « le meilleur refuge financier du moment » : sa majesté, l’or. Un bombardement qui ne cesse pas, sur les populations qui vieillissent, au milieu des jeunes sans travail, de riches qui n’arrêtent pas de s’enrichir, de massacres « narcotrafiqués », d’occupations de terres – achetées à un vil prix dans des pays divers – par des multinationales de l’agriculture, l’industrie minière, hydroélectriques et de déforestation. Invasions d’« investisseurs » à moyen et à long terme. Pour l’instant, sans soulèvements de « rebelles », ni présence explicite de « forces de paix » en distribuant des aliments entre cadavres et décombres.

Et sans solution de continuité, l’industrie du divertissement, usine d’aliénations mondiales. Information-sans-information. Une communication-d’incommunication, au galop avec des « merveilles » technologiques, produites, reproduites et consommées à la vitesse de la lumière : un échantillon de l’irrationalité d’un système prédateur.

Et dans le fatras du JT-sans-info, David Camerón, Premier ministre de la Grande-Bretagne, en essayant de savoir ou est passé cela de la flegme anglais, brûlé par les flammes d’une révolte avec nuances de lutte de classes, des insatisfactions juvéniles et indignation des immigrants, des discriminés, des ceux sans toit et sans avenir.

Et Sarkozy, plus Merkel, sévères, sur jouant des avertissements depuis la cabine de la double locomotive d’une « Europe qui ne déraillera pas ». Une témérité rhétorique pour faire face aux humeurs du marché, qui en retour ont renvoyé la locomotive marche arrière, en obligeant durant quelques jours toutes les bourses du monde – et spécialement à la politicaillerie sans aucun homme d’Etat dans ses files – à se vautrer en dessous de la ligne du sous-sol.

Dans un panneau gigantesque, de dynamique diabolique, les Etats-Unis « avancent » désespérés en Libye et au-delà de la Libye : en provoquant de très graves pertes à l’ensemble de l’humanité. D’une manière ou d’une autre, nous sommes tous bombardés. Dans une telle situation, l’info-com dominante a recours aux euphémismes face à des génocides de l’OTAN, sans rappeler qu’il y a quelques minutes – disons des mois – le Prix Nobel de la Paix était octroyé à monsieur Barack Obama, commandant chef des Forces armées des États-Unis de l’Amérique du Nord. La machine à tuer.

Juan Carlos Camaño. Est président de la Fédération Latinoaméricaine de Journalistes, FELAP.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par  : Estelle et Carlos Debiasi

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El Correo. Paris, le 1er septembre 2011.



Articles Par : Juan Carlos Camaño

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