Auschwitz : mensonge et … ridicule

A plusieurs reprises, un  journaliste radio belge a rapporté l’opinion (polonaise) selon laquelle les derniers prisonniers d’Auschwitz auraient été libérés par « les Ukrainiens », présentés comme distincts de l’Armée Rouge, dont le rôle serait ainsi minimisé.
C’est scandaleusement mensonger mais surtout ridicule : les armées soviétiques faisaient toutes partie de l’Armée Rouge et rassemblaient les soldats russes, ukrainiens, biélorusses et autres de l’Union soviétique . Il n’y avait pas d’unité « ethniquement » distincte. Ce qui n’empêche qu’un général et des soldats ukrainiens aient fait partie des troupes soviétiques qui découvrirent « par hasard » le camp nazi.

Sept millions d’Ukrainiens soviétiques ont combattu au sein de l’Armée Rouge, quatre millions sont morts. Quelque 200.000 ont servi au sein de la Wehrmacht et d’armées alliés à l’Allemagne.

Mais le mensonge précité a pour source le gouvernement polonais qui croit, par ce biais, encourager l’actuel pouvoir ukrainien et discréditer la Russie, dont le président n’a pas été « expressément » invité à Auschwitz, contrairement aux années précédentes.

C’est probablement le signe avant-coureur de la grande manœuvre idéologique qui, à l’occasion des 70 ans de la « Victoire sur le fascisme », parachèvera la disqualification de l’URSS contre laquelle étaient pourtant mobilisés les trois quarts de la machine militaire nazie, battue devant Moscou (octobre 1941-janvier 1942), à Stalingrad (juillet 1942-février 1943) et à Koursk (été 1943).

La propagande occidentale tend à mettre en valeur le débarquement en Normandie – 6 juin 1944- et en général les seuls exploits des armées américaine et britanniques, alliées de l’Armée Rouge.

Le comble de la provocation vient d’être atteint par le premier ministre de Kiev, Arseni Yatseniouk, qui a évoqué l’invasion de l’Allemagne et de l’ Ukraine » par les Soviétiques.

Quant au président Petro Porochenko, présent à Auschwitz en cet anniversaire du 27 février, il a récemment valorisé « l’héroïsme » des soldats de Stepan Bandera, l’une des armées pronazies des nationalistes ukrainiens. En février 1945, ils avaient été refoulés dans les Carpathes.

Il est bon de rappeler qu’outre les Juifs exterminés dans les camps et, avant cela, dans les territoires, occupés en URSS, le génocide nazi a également frappé les tsiganes, que plus de trois millions de prisonniers de guerre soviétiques ont été mis à mort (dont deux millions liquidés dans les six premiers mois de la guerre), que les pertes civiles soviétiques dans les territoires occupés par les nazis s’élèvent à plus de dix millions, s’ajoutant aux huit millions de combattants de l’Armée Rouge tués sur les champs de bataille. Au total, plus de 26 millions de Soviétiques ont perdu la vie au cours de la seconde guerre mondiale, toutes catégories de mortalité confondues. Sans parler des millions de blessés, estropiés, des dizaines de millions de sans logis dans les villes et les villages détruits… Mais qui le sait, chez nous ?

Ce sont ces « Untermenschen » (sous-hommes dans le vocabulaire nazi) que certaine propagande occidentale et néofasciste entreprend d’injurier !

Jean-Marie Chauvier

 

Une prise de position de Jacques Sapir, qui interpelle le président Francois Hollande

Auschwitz: rien ne justifie les mensonges 

Rien ne justifie les mensonges du gouvernement polonais. Mais, sa complicité avec le gouvernement de Kiev, au sein duquel on trouve, hélas, les descendants idéologiques des Ukrainiens qui se sont associés aux nazis l’explique, écrit  sur son blog l’économiste français Jacques Sapir.

Le ministre polonais des affaires étrangères prétend qu’Auschwitz aurait été libéré par « des troupes ukrainiennes « . On ne sait ce qui doit le plus retenir l’attention: l’énormité du mensonge ou l’impudence avec laquelle il fut prononcé.

L’ensemble des dirigeants de l’Europe devrait le dire haut et fort et refuser de participer à ce qui n’est plus une commémoration mais une mascarade. Si François Hollande se rend à Auschwitz, dans ces conditions, qu’il sache qu’il salit alors son nom et celui de la France, estime Jacques Sapir.

© AFP 2014 Yad Vashem Archives

Auschwitz: les horreurs de l’Holocauste

Auschwitz (Osewiscim) fut libéré par des hommes de la 332ème Division d’Infanterie de l’Armée Rouge, appartenant au  » 1er Front d’Ukraine « . Il faut savoir que dans l’organisation adoptée par l’Armée Rouge, un  » Front  » désigne un groupe d’armées chargées d’opérer sur une  » direction stratégique « . Le 1er Front d’Ukraine était le nom du groupe d’armées qui avait combattu en Ukraine et qui, de là, remontait vers la Pologne. Ce n’était nullement une désignation « ethnique ». Cela, tout historien le sait.

Il sait aussi que les troupes du 1er Front d’Ukraine (2ème armée de tanks, du général Bogdanov) avaient libérées le 25 juillet 1944 le camp de Maïdanek, découvrant l’horreur de l’extermination systématique et industrielle qui caractérise le nazisme. Les principaux correspondants de guerre soviétiques, Vassily Grossman (auteur de « Vie et destin »), Konstantin Simonov (auteur de  » Les Vivants et les Morts »), Boris Gorbatov et Evgeni Kryler se rendirent les lieux. Leurs articles firent la une des quotidiens soviétiques. Mais, il fallut attendre avril 1945, que les anglo-américains découvrent à leur tour Bergen-Belsen et les camps situés à l’ouest, pour qu’on leur accorde un quelconque crédit.

Jacques Sapir



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