Bain de sang dans l’Amazonie péruvienne

Lima . Au moins cinquante personnes, majoritairement indigènes, ont été tuées dans l’ouest du pays alors qu’elles protestaient contre le bradage de leurs terres.

Aux manifestations et barrages avec les symboliques flèches et lances indiennes, le gouvernement péruvien a répondu par des rafales de tirs et des bombes lacrymogènes depuis des hélicoptères. Vendredi, la petite localité de Baguas, dans le nord oriental de l’Amazonie, a été le théâtre d’une sanglante répression policière contre des rassemblements pacifiques d’Indiens. Au moins cinquante personnes auraient trouvé la mort mais le décompte des victimes pourrait être encore plus important. La seule donnée officielle faisait état de vingt-deux policiers tués, selon un communiqué gouvernemental qui n’a reconnu que neuf assassinats côté Indiens. Le quotidien, la Primera avançait quant à lui le nombre de 57 « disparus » et des corps jetés dans les rivières. Face à l’escalade de violence, des manifestants s’en sont pris à des bâtiments officiels ainsi qu’au siège du parti APRISTE (Alliance

populaire révolutionnaire américaine), du président de l’ultradroite, Alan Garcia.

Le gouvernement a depuis placé cinq départements en état d’urgence. « Nous nous étions déplacés pacifiquement depuis quarante-cinq jours et nous ne nous attendions pas à cette réaction et encore moins à cette attaque aérienne et terrestre, a rappelé Alberto Pizango, président de l’Association interethnique de développement de la forêt péruvienne (AIDESEP). Le gouvernement a utilisé des armes de guerre comme si nous étions des délinquants, nous dénonçons ce fait comme un génocide. »

Depuis le 9 avril, près de 60 ethnies de l’Amazonie réclament l’abrogation de plusieurs décrets relatifs à des lois sur la faune et la flore, et les ressources hydrauliques de cette région, ouvrant droit à l’exploitation par des multinationales étrangères de ressources sur des terres qu’elles revendiquent comme les leurs. Sans concertation, le Congrès a reporté, jeudi, le débat sur le controversé décret 1090, méprisant ainsi plus d’un mois de mobilisation.

« Que peut faire un gouvernement sinon agir avec énergie pour mettre de l’ordre », s’est contenté de rétorquer Alan Garcia dont l’implication, par le passé, dans des exactions, fait l’objet de sévères accusations.

Les principales confédérations nationales, appuyées par des formations politiques, ont décidé de se constituer en « front de défense de la vie et de la souveraineté nationale ». Ce « frente » a prévenu qu’il appellerait à une grève nationale si le gouvernement refuse de revenir sur les dispositions législatives incriminées, repabtisées depuis de « décrets de la mort ».



Articles Par : Cathy Ceïbe

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