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Barak Obama, l’audacieux
Par Joël Léon
Mondialisation.ca, 12 mai 2011
12 mai 2011
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Dans un article publié dans « National Journal » sous le titre révélateur : « Le cout de Ben Laden : 3 trillions de dollars… », deux analystes ont présenté un papier très informatif dans lequel est exposé la fortune dépensée pendant 15 ans de chasse contre l’homme qui a fait trembler l’Amérique le 11 septembre 2011.

Barak Obama, le président qui aurait du mettre fin aux deux grandes guerres que mènent le pays depuis 2001, se singularisent comme un autre faucon de plus du militarisme. A l’instar de Richard Nixon, qui promit lors de sa campagne électorale de 1968 de mettre fin a la guerre du Vietnam, qui avait paradoxalement fait le contraire, en additionnant exponentiellement l’effectif et dépenses militaires au Vietnam. Barak Obama a reproduit ce même schéma ! Les guerres se poursuivent en Irak et Afghanistan, les conflits a basse intensité ne se ralentissent pas en Afrique, Asie et Amérique Latine sous le label des États-unis d’Amérique, dont le président fut récompensé par le prix Nobel de la paix de 2009. L’ère d’incroyables paradoxes ! Si l’ancien président George Bush s’était fièrement et honnêtement qualifié de « président de la guerre », Barak Obama, tristement est celui de la « paix du cimetière ». Et pourtant, toute sa campagne électorale de 2008 était axée sur une série de concepts liés a la paix internationale, la fin de l’unilateralisme…

Dans un article publié en 2008, quelques mois après la prise de pouvoir par Barak Obama, sous le titre « Barak Obama, ni Jésus-christ ni Fidel Castro », j’avais mis l’accent sur le fait que le président est a la tête d’un empire intelligent et féroce de plus d’un siècle. Un système qui a sa raison d’être, ses principes fondamentaux, et surtout ses bénéficiaires et défenseurs. Donc, il ne va rien changer, parce que tout simplement il n’a pas le pouvoir. C’est ce qui est toujours arrivé aux leaders peu courageux ou faux, ils se gargarisent autour des thèmes alléchants mais n’ont pas la forte volonté, l’organisation et l’équipe indispensables pour la matérialisation de ces idées. En observant Barak Obama dans les réunions politiques et a la télévision, j’ai toujours eu cet esprit crustateur a son endroit, comme s’il était entouré d’une spirale mystique infranchissable. Est il un démagogue, populiste, farceur, calculateur ou tout simplement chanceux ?

A mon avis, il réunit en soi toutes les qualités qui conduisent au succès personnel. Il a le look, le charme, le discours et surtout le brain-power. Il vient de le démontrer dans sa décision d’ordonner l’assaut contre le bâtiment qui abritait Usama Ben Laden, dont personne n’était sur de sa présence a l’intérieur. L’assaut est venu a un moment ou l’administration, aux abois avec un taux de chômage trop élevé et une campagne électorale débutée trop tôt, en avait le grand besoin. Il a pris audacieusement sa chance en dépit de forts risques de compromettre les chances d’un second mandat. Car, en cas d’échec il aurait pu être tenu responsable de la mort ou kidnapping des militaires des « forces spéciales » dans un pays fortement islamique, ou ben Laden jouit apparemment des complicités de certains haut lieux du pouvoir pakistanais. D’autre en plus, l’opération est une incursion illégale déclenchée dans un état ami mais souverain et incontournable dans la lutte anty-terroriste en Afghanistan et dans toute l’Asie de l’est. L’homme a risqué gros pour gagner l’essentiel.

Au fort Campbell, a Kentucky, le président a qualifié sa décision audacieuse d’autoriser l’attaque contre la forteresse de ben Laden comme « la plus difficile de sa présidence ». C’est a dire la capture ou l’élimination physique du chef d’Al Qaida était sa plus grande priorité. Qu’en est il des grands défis locaux ? Quand il n’y a pas de solutions aux problèmes socio-économiques des États, les élites recourent toujours aux moyens détournés mais légaux afin de les transférer dans des dimensions psychologiques nébuleuses en agitant le spectre émotionnel du nationalisme, du colorisme, de la religion, de la xénophobie…Ils sont les disciples fidèles de l’auteur du « Prince » Nicholo Machiaveli.

Le gouvernement et la presse internationale présentent l’exécution du terroriste comme l’événement du nouveau siècle. Les peuples boivent la coupe de mensonges comme le café aromatique d’Haïti. Après avoir dépensé plus de 3 billions de dollars pendant 15 ans pour l’élimination physique de Ben Laden, ils lui offrent la couverture médiatique la plus complète et la plus totale qu’on pourrait imaginer. Les analystes politiques admettent unanimement que le symbole entourant le chef d’Al Qaida est plus important que l’homme lui-même. En un temps record, celui-ci a pu élaborer un network mondial d’activités extrémistes pour lequel il n’a rien dépensé.

Par contre, le terrorisme islamique, quoique effrayant, n’est pas la principale source de menaces terroristes aux États-unis. D’après un rapport du FBI, 42% des actes terroristes sont latinos, 24% sont extrême-gauche, 7% d’extrémistes juifs, 5% communistes et 16% d’autres groupes. Le rapport est basé sur une période de 25 ans, soit de 1980 a 2005.

La religion islamique a le vent en poupe dans le monde particulièrement en Europe, spécialement en France, en Asie qui abrite déjà plus de 930 millions de fidèles sur un ensemble de 1,3 milliard, l’Afrique etc. Les occidentaux ont raison d’avoir peur, mais cette montée islamiste n’a rien a voir avec ben Laden. C’est plutôt d’autres causes inhérentes au capitalisme qui détournent les citoyens de l’ouest du christianisme, comme le manque d’intérêt, la culture libertaire, l’hypocrisie…Certaines fois, cette peur a pris l’allure de panique. l’Ossrvatore Romano, journal officiel du Vatican, a admis dans ses colonnes, et je cite : « Pour la première fois dans l’histoire nous ne sommes plus en tête, les musulmans nous ont dépassé »( les catholiques).

Ben Laden est un criminel notoire qui n’hésite pas a tuer massivement, comme ce fut le cas du 11 septembre 2001, pour obtenir des gains religieux. Il avait fait un choix qui le plaçait au devant la lutte radicale des islamistes pour la protection de leurs religions. S’autoproclamer scheik, il croyait être le choix d’Allah pour stopper la croisade des infidèles en marche au berceau même de l’Islam, l’Arabie Saoudite. Toutefois, il ne fut pas le pire des criminels de l’histoire. D’ailleurs, Stephen Brock Blomberg l’a reconnu lui-même lorsqu’il a déclaré « mauvais que soit Ben Laden, il n’est pas de près plus criminel qu’Hitler, Mussolini…et de tout le reste ». Comment comprend on cet acharnement a déclarer une guerre contre sa personne qui coute plus de 15 billions de dollars aux contribuables américains. D’après l’amiral Mike Mullen de l’état major des armées américaines « Notre dette nationale est la plus grande menace a la sécurité nationale des États-unis d’Amérique ». National journal a révélé que la prochaine décennie entrainera avec elle un déficit budgétaire de l’ordre de 9 trillions de dollars, dans la mesure ou que les dépenses continuent d’être folles comme c’est le cas aujourd’hui.

Placer le cas de Ben Laden au devant de la situation socio-économique c’est de la politique a l’état pur, Obama utilise la propagande de terreur comme son prédécesseur George Bush pour s’agripper au pouvoir une deuxième fois. Un pays ayant une population de 311 millions d’habitants, dont 24 millions sont au chômage, 44 millions vivent a partir du food stamps fourni par le gouvernement pour nourrir leurs familles, près d’un million de maisons sont déjà saisies ou en état de l’être par les banques pour l’année 2011, une balance commerciale déficitaire de 670 billions de dollars et une dette aux pays étrangers dépassant les 14 trillions de dollars. Quelque chose va mal dans cette société, définitivement !

« Seul les morts contemplent la fin de toutes guerres », les politiciens ou « warmongers » manipulent les peuples au profit du pouvoir. Ces pratiques sont courantes depuis l’empire Romain en passant par les Britanniques pour arriver aujourd’hui, le « nouveau siècle américain ». Tout de suite après l’exécution de Ben Laden, le président américain a fait une remontée spectaculaire de 9 points dans un sondage conduit par Washington post, soit 56%. Le terroriste n’est plus, qu’est ce que cela va changer dans la vie courante de ceux qui vivent aux États-unis,est ce que le gallon de gazoline va passer de 4 a 2 dollars dans les pompes a Philadelphie. Toutefois, il faut admettre qu’un monde sans un criminel notoire comme ben Laden inspire beaucoup plus de confiance. D’autre en plus, les familles des victimes des attentats du 11 septembre peuvent vivre un sentiment de justice qui apaisera leurs peines tout en travaillant pour un meilleur futur quand l’homme cessera d’être la proie des criminels.

La sensation qui accapare le paysage social et politique sera de courte durée. La réalité économique est trop grimaçante pour qu’on l’ignore pendant longtemps. Et, traditionnellement, les campagnes électorales aux États-unis se jouent a partir des problèmes locaux comme le chômage, l’assurance santé, sécurité sociale…La politique internationale, a l’exception du temps de guerre, n’influence pas beaucoup les opinions en Amérique. Donc, Ce fait d’arme réussi du 2 mai ne suffira pas pour hisser Obama au pouvoir pour un second mandat. Toutefois, avec la mort de ben Laden, il s’est fait une autre opinion de lui en termes de courage et de discernement en situation difficile, une bonne qualité pour un grand leaders. En considérant le fait qu’il n’a pas de background militaires et décida de mener l’attaque dans des conditions peu claires va jouer en sa faveur.

Et si le gouvernement américain savait ou se cachait le chef terroriste depuis des années ou mois, mais attendait le meilleur moment pour passer a l’attaque qui coïnciderait avec des gains politiques. Parce que cette affaire rappelle étrangement celle des otages américains tenus captifs en Iran en 1979. Le 24 avril 1980, Jimmy Carter, le président d’alors, avait donne l’ordre d’entreprendre une opération militaire pour tenter de libérer les otages, sous le nom de « Operation Eagle Claw », juste quelques mois avant les présidentielles américaines. Malheureusement, pour le démocrate, l’opération échoua lamentablement. D’aucuns pensent que si Carter avait réussi a libérer les otages, cela lui paverait la route pour un second mandat a la maison blanche. Plus tard, d’après des sources crédibles, le président élu, Ronald Reagan, aurait intervenir pour retarder la libération des otages sous l’administration démocrate. Le paradoxe de cette affaire, c’est que les 52 otages restant furent libérés le jour même où Reagan prêta serment, le 20 novembre 1981.

Pour lancer une opération pareille, il faut être résolu, courageux, et chanceux aussi. L’élimination physique de ben Laden assurera-t-il un second mandat a Barak Obama ? Qui vivra, verra !

Joël Léon

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