Colombie : Guerre sale et terreur contre le mouvement indigène

 

D’où que viennent les balles assassines, cette guerre est contre les peuples. Quelle  que soit l’origine du plan meurtrier, son résultat bénéficie aux intentions de ceux qui veulent nous dépouiller de notre processus et de notre territoire. Ces actes calculés de lâcheté et de cruauté, de la part d’hommes armés de fusils contre des civils et des comuneros*, ont pour objectif  de nous réduire au silence et de nous engager dans une guerre contre nos droits et nos plans de vie.

Plus de 7000 indigènes et  représentants d’autres secteurs sociaux et populaires du Cauca et du Sud-Ouest Colombien sont rassemblés en ce moment dans le Territoire de Paix, de Négociation et de Vie en commun de La María Piendamó dans le Cauca. C’est ainsi qu’a commencé la Minga de célébration des 516 ans de résistance et que se consolide le  “Branle-bas des Peuples” de résistance au régime de terreur du capital transnational. Simultanément, arrivent des rapports sur les actions et rituels qui s’annoncent dans le reste du pays de la part des peuples indigènes.

Dans la soirée du 12 octobre, l’Assemblé des Peuples réunie en Minga à La María a assisté à des actes protocolaires d’installation de la Minga et a écouté les paroles des autorités [communautaires, NdR]. L’agenda des tours à venir prévoit des réunions et des rencontres avec des dirigeants et des représentants d’autres mouvements sociaux et populaires.

La réaction des ennemis des peuples contre notre lutte pour la justice et le respect ne s’est pas faite attendre. Le langage de terreur et de mort assombrit cette heure de dignité.

Nous écoutons les paroles émouvantes de Ligia Coicué, compagne du comunero assassiné Nicolas Valencia Lemus et celles de son frère, le dirigeant indigène Silvio Valencia. Pendant que nous écrivons cette note, affligés par ce crime, nous recevons confirmation de l’assassinat d’un autre comunero indigène identifié comme Celestino Rivera, jeune de 25 ou 27 ans de la réserve indigène de Jambaló et habitant la fraction  de Zumbico. Son corps sans vie a été retrouvé à 2 mètres du chemin de Toribío à Jambaló, dans fraction de Quinamayó. Le cadavre portait au moins les traces de deux coups de fusil dans le crâne. Des comuneros des alentours disent avoir entendus 4 coups de feu vers 9 heures et demie de samedi soir 11 octobre, suivis du bruit d’une motocyclette qui démarrait.

En même temps, la Conseillère Principale du CRIC (Conseil régional indigène du Cauca) a reçu un appel du gouverneur du Cauca l’avertissant de rapports des services de renseignement mettant en évidence l’intention de la colonne Teófilo Forero des FARC d’assassiner le dirigeant indigène et Conseiller du CRIC Feliciano Valencia. Il semble que la Conseillère ait réussi à enregistrer la conversation avec le gouverneur. Il ne nous a pas été possible de contacter la Conseillère au moment de la redaction de ce communiqué.

Depuis les menaces du CEC [« Campesinos Embejucados del Cauca », « Paysans furieux du cauca », groupe terroriste clandestin, NdT], envoyées le 11 Août 2008, ont été assassinés 5 indigènes dans le Nariño, 3 à Riosucio Caldas et 3 dans le Cauca (le gouverneur de Canoas en a réchappé). Ont par ailleurs été assassinés un dirigeant afro (noir, NdT) à Tumaco, deux dirigeants paysans du Cauca ainsi que Olga Luz Vergara -de la Route Pacifique des Femmes- et sa famille à Medellín.

D’où que viennent les balles assassines, cette guerre est contre les peuples. . Quelle  que soit l’origine du plan meurtrier, son résultat bénéficie aux intentions de ceux qui veulent nous dépouiller de notre processus et de notre territoire. Ces actes calculés de lâcheté et de cruauté, de la part d’hommes armés de fusils contre des civils et des comuneros, ont pour objectif  de nous réduire au silence et de nous engager dans une guerre contre nos droits et nos plans de vie. Qu’ils s’en aillent, ceux qui apportent la guerre, ceux qui usent des armes contre la vie, ceux que se servent de la mort pour nourrir leur rapacité. Qu’ils dégagent!

* Comuneros : habitants des communautés (comunidades), paysans indigènes. En 1781, un soulèvement dit des comuneros eut lieu dans l’actuelle Colombie, (vice-royaume de Grenade), annonçant les mouvements d’indépendance du siècle suivant.(NdT)

Pour plus d’information sur la mobilisation en cours, consulter: ONIC et NASACIN  

Écouter les audios sur les mobilisations:

10/12/2008

Asesinado Comunero Indígena vía a Toribío, Cauca

Article original Colombia: Guerra sucia y terror contra el movimiento indíge publié le 12 Octobre 2008

Traduit par Nuria Álvarez Agüí et Fausto Giudice, membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d’en respecter l’intégrité et d’en mentionner les auteurs, la traductrice, le réviseur et la source.



Articles Par : ACIN

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