ENCORE le pétrole : Le rendez-vous secret de Condi avant l’invasion

Il y aura quatre ans cette semaine, les tanks roulaient pour ce que le Président Bush appelait à l’origine, « Opération de Libération Irakienne » — OIL. Je ne plaisante pas [le mot anglais oil se prononce pétrole ou huile en français, NDT].

Et c’était il y a quatre ans que, depuis la Maison Blanche, George Bush, déclarant la guerre, a dit, « Je veux parler aux irakiens. » Ce Dick Cheney n’a pas dit à Bush que les Irakiens parlent Arabe… eh bien, ça ne fait rien. Je m’attendais à ce que le président dise un truc comme, « Nos troupes viennent vous libérer, alors ne leur tirez pas dessus. » À la place de ça, M. Bush a dit aux Irakiens, « Ne détruisez pas les puits de pétrole. »

Néanmoins, l’administration Bush a déclaré que la guerre n’avait rien à voir avec le pétrole irakien. En effet, en 2002, le département d’état, et son bulletin d’information officiel, le Washington Post, répétaient ce que le groupe d’étude sur l’Iraq déclarait, « [L’Iraq] n’a pas le pétrole dans sa liste de problèmes. »

Mais maintenant, nous avons appris que, en dépit des protestations du contraire, Condoleezza Rice a tenu une réunion secrète avec Fadhil Chalabi, un Irakien ancien secrétaire général de l’OPEP, et lui a offert le boulot de ministre du pétrole en Irak. (Il est bien établi que le président US puisse nommer les membres des ministères des autres nations quand cette nomination est entérinée par la 101ème Airborne [le fameux régiment de cavalerie héliportée du peuple bombardeur, NDT].)

Dans tout ces battements de cœur au sujet de la façon dont la guerre faisait mal, personne ne semble se souvenir à quel point la guerre faisait beaucoup, beaucoup de bien — à la Grosse [industrie] Pétrolière.

La guerre a maintenu la production pétrolière de l’Irak aux 2,1 millions de barils par jour d’avant la guerre, la production avant l’embargo dépassait 4 millions de barils. Dans le jeu pétrolier, c’est beaucoup de perte. En fait, la perte de 2 millions de barils par jour de l’Irak est égale à la capacité de production des réserves de la planète entière.

En d’autres termes, la guerre a provoqué une ahurissante restriction des approvisionnements — et la Grosse Pétrolière apprécie. Le pétrole atteint aujourd’hui 57 dollars le prix du baril contre 8 sous Bill « Amour-Pas-Guerre » Clinton.

Depuis l’inauguration de l’OIL, l’actions Halliburton a triplé à 64 dollar la part — non pas en croyance, mais en raison des contrats de reconstruction de l’Irak — deux fois rien pour Halliburton. Les principales affaires de l’ancienne compagnie de Cheney sont les « services pétroliers. » Et, comme un expert pétrolier s’en est plaint à moi, l’ancienne compagnie de Cheney a récolté une gros morceau de l’augmentation des prix du pétrole en relevant les charges des équipements de forages et de canalisations d’Halliburton.

  
Mais avant de jeter des larmes pour la Grosse Pétrolière qui doit remettre à Halliburton sa part, laissez-moi remarquer que la valeur des réserves des cinq plus grandes compagnies pétrolières ont plus que doublé pendant la guerre, jusqu’à 2.360 mille milliards de dollars.

Et c’était le plan : relever le plancher des prix pétroliers. J’avais cela en écrit. En 2005, après une bataille de deux ans avec les départements d’état et de la défense, ils ont libéré pour mon équipe de BBC Newsnight les « Options pour une industrie pétrolière irakienne durable. » Il se peut présentement que vous pensez que notre gouvernement ne devrait pas écrire le plan pétrolier d’une autre nation. Eh bien, notre gouvernement ne l’a pas écrit, en dépit du seau du département d’état sur la couverture. En fait, nous avons découvert que ce plan de 323 pages a été rédigé à Houston par des cadres et des consultants en matière d’industrie pétrolière.

Le soupçon est que Bush a fait la guerre pour s’emparer du pétrole irakien. Ce n’est pas vrai. Le document, et les consignations écrites secrètes de ceux [impliqués] dans la magouille, font bien comprendre que l’administration a voulu s’assurer que les USA n’obtiendraient pas le pétrole. En d’autres termes, fermer le robinet de la production de pétrole irakienne — et maintenir de ce fait le prix du pétrole élevé.

Bien entendu, le langage était beaucoup plus subtil que, « Coupons la production de pétrole de l’Irak et relevons les prix. » Le rapport se sert plutôt du jargon industriel et d’euphémismes qui demandent que l’Irak demeure un membre obéissant du cartel de l’OPEP et soit coincé par les limites de production pétrolière — « les quotas » — ce qui maintient les prix du pétrole.

Le plan de Houston, imposé par une armée d’occupation, voulait « renforcer [les relations de l’Irak] avec l’OPEP, » le cartel pétrolier.

Et c’est indubitablement pourquoi Condoleezza Rice a demandé à Fadhil Chalabi de prendre en charge le ministère du pétrole de l’Irak. En tant qu’ancien fonctionnaire d’exploitation en chef de l’OPEP, Fadhil était un favori de la Grosse Pétrolière, certain d’assurer que l’Irak ne permettrait plus jamais au monde de revenir à l’ère des prix et profits bas de Clinton. (En enquêtant pour la BBC, il m’a été dit par l’ancien chef de l’unité pétrolière de la CIA qu’il avait rencontrée Fadhil à propos du pétrole à la demande de Bush. Fadhil s’est récemment plaint de la BBC. Il a refusé d’admettre la réunion avec l’émissaire de Bush à Londres parce que, a-t-il constaté, il avait un rendez-vous secret avec Condi cette semaine-là à Washington !)

À propos, Fadhil a rejeté l’offre de Condi de diriger le ministère du pétrole de l’Irak. Finalement, ce dernier a été donné à Ahmad Chalabi, un camarade membre de la tribu de Fadhil, condamné pour escroquerie bancaire et idole néo–conservatrice. Mais bien que ce soit Chalabi le nom de la tête de l’industrie pétrolière irakienne à Bagdad, les ordres viennent de Houston. En effet, la règle pétrolière adoptée ce mois-ci par le gouvernement branlant de l’Irak est pratiquement une photocopie du plan « Options » conçu d’abord au Texas longtemps avant la « libération » de l’Irak. 

En d’autres termes, la guerre a exactement réalisé le plan — le plan de Houston. Oublier aussi le naïf habillage au sujet d’un conflit perdant la boule. Exxon-Mobil a signalé un bénéfice record de 10 milliards de dollars le dernier trimestre, le plus grand de toutes les compagnies de l’histoire. Mission accomplie.

Greg Palast est l’auteur de Armed Madhouse: From Baghdad to New Orleans — Sordid Secrets and Strange Tales of a White House Gone Wild.

Article original en anglais: It’s STILL the oil: Secret Condi Meeting on Oil before Invasion
http://www.thepeoplesvoice.org/cgi-bin/blogs/voices.php/2007/03/20/it_s_still_the_oil_secret_condi_meeting_

Traduction de Pétrus Lombard pour Alter info.



Articles Par : Greg Palast

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