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Etats-Unis cherchent nouveau Saddam désespérément !
Par Gilles Munier
Mondialisation.ca, 07 mai 2012
france-irak-actualite.com 3 mai 2012
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Dans la perspective d’une guerre contre l’Iran, les Etats-Unis cherchent de nouveaux alliés en Irak. De leur côté, les Iraniens resserrent leur emprise sur le régime de Bagdad. Fort du soutien des mollahs, Nouri al-Maliki monopolise le pouvoir et « fait le ménage ». Premier ministre, ministre de la Défense, ministre de l’Intérieur, chef des renseignements et commandant en chef des forces armées  – fonctions que n’a jamais eu à la fois Saddam Hussein – il a d’abord lancé un mandat d’amener contre Tarek al-Hachemi, vice-Président de la République, l’accusant d’être à la tête d’ «un gang de tueurs ».  Son crime est d’être l’ancien chef du Parti islamique, issu des Frères Musulmans en vogue en Occident depuis les « Printemps arabes ».

Maintenant, Maliki s’en prend à Massoud Barzani, président de la Région autonome du Kurdistan, dont les partisans pourraient embraser plusieurs villes dont Bagdad, en cas de conflit généralisé ou de sécession du Kurdistan. Le Cheikh Abbas al-Muhammadawi, chef des Braves fils d’Irak, milice pro-iranienne proche des Brigades Badr, a donné une semaine aux Kurdes pour quitter les villes arabes, «sinon ils seront tués ». Barzani qui sent venir le danger a demandé le 4 avril, à Washington, à Barack Obama et à Joe Biden de retarder la livraison de 18 avions de chasse F16s à Bagdad. Il craint qu’ils servent à bombarder Erbil.

Le 13 avril dernier, l’arrestation pour corruption de Faraj al-Haidari, chef de la Haute commission électorale indépendante (IHEC),  a accentué la crise. Lors des élections législatives de mars 2010, ce Kurde fayli – c’est-à-dire chiite – avait refusé un nouveau décompte des voix demandé par Maliki… Devant l’émoi suscité par son arrestation et le communiqué de Massoud Barzani accusant le Premier ministre de «tuer le processus démocratique », il  a été libéré sous caution.

Vers des alliances contre nature ?

Une guerre avec l’Iran mettrait à bas le système confessionnel instauré par Paul Bremer après l’agression. Lésées, les forces politiques sunnites se repositionnent, espérant tirer profit d’une redistribution des cartes. La résistance armée anti-américaine se retrouve assise entre deux chaises. Izzat Ibrahim al-Douri, chef du parti Baas clandestin – que l’on disait mort depuis longtemps –  a posté sur des sites Internet irakiens, le 8 avril dernier, une vidéo invitant les organisations combattantes à s’unir. Aujourd’hui, toutes sont conscientes de l’inanité de leur stratégie, mais aucun chef ne veut céder sa place à un autre. Al-Douri a appelé au djihad contre le régime de Maliki, « perse safawide, ennemi de l’arabité », et a salué « son frère », Abdallah d’Arabie saoudite ! De leur côté, le Groupe islamique en Irak, coalition de 17 organisations, l’Armée islamique en Irak, les Brigades du Djihad Mourabitoun, la Bannière du Droit et du Djihad, se sont engagés à combattre l’Iran avec la même ardeur qu’ils ont combattu les Etats-Unis. L’Etat islamique en Irak, qui comprend Al-Qaïda au pays des deux fleuves, a revendiqué 195 attaques contre l’ « armée safawide et la police », entre le 28 décembre 2011 et le 24 février 2012.  Certains dirigeants de la résistance se verraient bien entrer victorieusement dans Bagdad avec l’aide de leur pire ennemi. Mirage… Comme l’a dit Henry Kissinger au Congrès américain en 1975, après avoir laissé Saddam Hussein écraser la rébellion kurde: « Il ne faut pas confondre opération secrète et oeuvre humanitaire » !

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