Gaza : la Croix Rouge Internationale abandonne les habitants à leur sort pendant le massacre de Chejaya

Le calvaire de la bande de Gaza sous les attaques des bombardements israéliens a démasqué les organisations internationales qui se dissimulent sous le couvert de l’humanisme et de la protection de la vie humaine. Samedi soir, les cadavres et les parties de corps couvraient les rues et les trottoirs du quartier de Chejaya, dans l’est de Gaza Ville, et le sang coulait dans ses ruelles. Mais la Croix Rouge Internationale n’a pas bougé d’un pouce pour prendre connaissance de ces scènes macabres.

L’organisation internationale a abandonné ses responsabilités envers les habitants de Chejaya à l’heure la plus noire de leurs besoins, pour sauver sa propre peau. Quand les habitants de Gaza ont appelé la Croix Rouge pour les aider à évacuer leurs appels sont restés sans réponse. L’organisation humanitaire internationale a délégué sa responsabilité aux équipes de sauvetage locales qui ont mis leur vie en jeu pour parvenir jusqu’aux blessés. Pour tenter de leur sauver la vie et de les évacuer avant qu’il ne soit trop tard. Un paramédical a d’ailleurs rejoint les martyrs qu’il essayait de sauver à Chejaya.

 

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Des Palestiniens déplacés de al-Chejaya, banlieue est de Gaza, se reposent sur des lits de fortune dans l’école des Nations Unies où ils ont pu se réfugier après le pilonnage intensif de leur quartier, le 21 juillet 2014. (Photo : AFP – Marco Longari)

 

Pendant que la Croix Rouge présentait ses condoléances aux familles de trois colons tués dans l’opération de Hébron, nous la voyons aujourd’hui renier sa responsabilité pour protéger les vies de civils à Gaza.

Le massacre de Chejaya, qui a pris la vie de plus de 70 martyrs, a montré que les devises du Comité International de la Croix Rouge ne sont que rhétorique creuse. Cette organisation qui a été chargée de protéger et d’assister les victimes de conflits armés conformément à la Quatrième Convention de Genève de 1949 et à ses Deux Protocoles Additionnels de 1977, s’est montrée telle qu’elle est, càd « clairement en faveur des Israéliens », comme le disent les militants et les journalistes qui se trouvaient au complexe médical de al-Shifa.

Avant la guerre, l’organisation rabâchait depuis des années sa prétendue neutralité, impartialité et défense des prisonniers. Mais sa décision de laisser les habitants de Chejaya affronter seuls la sentence de mort israélienne a suscité un large mécontentement populaire parmi les Palestiniens qui considèrent la Croix Rouge comme complice du processus de leur élimination.

« Les gens meurent dans la rue, ils ne savent pas quoi faire, les maisons brûlent, il y a du gaz partout et la Croix Rouge nous raccroche au nez et dit « ce n’est pas notre affaire ».

« Si ce n’est pas le boulot de la Croix Rouge, alors qui ? Je ne comprends pas ». C’est avec ces mots et un ton plein de douleur et de colère qu’un des témoins du massacre appelait à l’aide. Rapidement des Palestiniens ont partagé sur les réseaux sociaux les supplications désespérées qu’il a envoyées via une station de radio locale. Il y a eu de nombreux appels radio pour aider à évacuer les blessés de Chejaya après que la Croix Rouge Internationale a failli à sa mission.

Les Palestiniens ont vu cet incident comme une preuve de l’apathie de la Croix Rouge. C’est ce que confirment des survivants du massacre. Al-Akhbar a rencontré certains des survivants qui ont confirmé que la Croix Rouge a ignoré leurs appels répétés avant que le réseau de communications ne soit complètement stoppé, isolant le quartier de Chejaya du monde extérieur.

« Avant que le pilonnage de l’artillerie ne s’intensifie, aux premières heures du matin, nous avons essayé de nous sauver et nous avons demandé l’aide de la Croix Rouge mais ils n’ont pas répondu à nos appels » dit Hajja Omm Raafat Abu al-Qumbuz. Elle ajoute : « Malheur à nous, mes enfants sont sous les décombres, envoyez les ambulances. Les gens se vident de leur sang à Chejaya » C’est ainsi que le massacre a commencé à l’aurore, quand l’artillerie israélienne s’est mise à bombarder la zone à raison d’un obus par minute ».

Ce bombardement et le largage de fusées éclairantes se sont poursuivis jusqu’aux petites heures du matin. Pendant le bombardement, on apprenait que des maisons civiles étaient ciblées.

Certaines personnes piégées par le feu ont réussi à appeler des journalistes et des bénévoles à l’hôpital al-Shifa, qui à leur tour ont envoyé des ambulances sur les lieux, mais elles ont été prises sous le feu de l’artillerie.

Le temps passant, des journalistes ont tenté d’appeler l’état-major de la Croix Rouge, mais sans réponse. Quand ils ont finalement réussi à parler à quelqu’un, on leur a dit : « Ceci n’est pas de notre responsabilité et l’armée israélienne nous a interdit de pénétrer dans la zone parce qu’elle a été déclarée zone militaire » comme le rapporte quelqu’un qui a tenté de joindre la Croix Rouge.

Lorsque l’absence de répondant de la Croix Rouge est apparue sur l’internet, les habitants de la ville cisjordanienne de Hébron ont appelé le bureau central de la Croix Rouge à Jérusalem, mais personne n’a répondu. Certains journalistes palestiniens vivant à l’étranger ont tenté de contacter le siège à Genève. On leur a promis que des ambulances seraient envoyées sur zone.

Mais la promesse n’a pas été tenue. Finalement le Croissant Rouge a tenté d’entrer à Chejaya mais ils n’ont pu rejoindre les blessés. Leurs ambulances ont attendu jusqu’aux première heures quand les habitants ont commencé à quitter leurs maisons.

Mudalala al-Dib a expliqué à Al-Akhbar que sa famille avait tenté pendant deux heures d’affilée d’appeler la Croix Rouge mais sans résultat. Quand ces familles durement frappées ont perdu l’espoir que l’organisation internationale les sauverait, ils ont attendu le matin et ont fui par leurs propres moyens, échappant à la mort jusqu’à présent.

Au milieu de cette condamnation de l’échec de la Croix Rouge à remplir son rôle, l’organisation a tenté d’alléger la colère palestinienne en facilitant une trêve humanitaire de deux heures avec les Israéliens pour retirer les corps de dessous les décombres du quartier.

Mais Israël a violé la trêve une heure après après l’avoir déclarée. L’échéance avait été portée à 5:30 de l’après-midi après avoir été établie de 1 à 3 heures de l’après-midi. Cette tentative de la Croix Rouge n’a pas trompé les Palestiniens et ne les a pas empêchés de déverser leur colère sur l’organisation.

Après des efforts persistants d’al-Akhbr pour joindre le porte-parole du Comité International de la Croix-Rouge dans la bande de Gaza, Nasser al-Najjar, sa réponse n’a pas satisfait les familles des martyrs. Rejetant tous les témoignages des résidents du quartier, Najjar a dit : « Nous avons téléphoné plusieurs fois aux Israéliens pour évacuer les blessés et amener des ambulances et des forces de la défense civile dans l’est de Gaza, mais la puissance du feu israélien nous a empêchés d’achever notre tâche ».

 Orouba Othman

Article original en anglais :  http://english.al-akhbar.com/conten…, 21 juillet 2014

Traduction : AMM, Info-Palestine.eu 



Articles Par : Orouba Othman

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