Grippe aviaire : l’OMS exhorte les États à préparer des plans de lutte contre une future pandémie
Le docteur Klaus Stohr, responsable du nouveau département de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) chargé de la lutte contre la future pandémie grippale d’origine aviaire, a, mercredi 14 septembre, dénoncé l’incurie de nombreux gouvernements vis-à-vis de ce risque émergent et d’ampleur planétaire.
S’exprimant dans le cadre de la deuxième conférence européenne sur la grippe, le docteur Stohr a lancé un appel pour que les responsables gouvernementaux et sanitaires de chaque pays élaborent des plans nationaux visant à prévenir au mieux les principales conséquences que provoquerait le passage dans l’espèce humaine du virus H5N1, responsable de l’épizootie qui sévit chez des oiseaux dans 12 pays asiatiques.
Rappelant que ce nouveau risque n’a, depuis 1997 et la flambée épidémique de « grippe du poulet » survenue à Hongkong, jamais pu être contrôlé, le docteur Stohr a souligné que la menace ne cessait de croître. Après celle de 1918 (« grippe espagnole ») et celle de 1958 (« grippe asiatique »), la dernière pandémie (« grippe de Hongkong ») date de 1968.
INDICATEURS SCIENTIFIQUES
« Tous les indicateurs scientifiques nous disent que la prochaine pandémie peut sévir dans les prochains mois ou les prochaines années , explique le docteur Stohr. Ce type d’événement peut provoquer, en très peu de temps, des dizaines de millions de morts. Il y a urgence à ce que chaque pays bâtisse des plans permettant de réduire les possibilités de contagion interhumaine (notamment grâce au port systématique de masque), d’organiser la prise en charge des personnes infectées et de maintenir coûte que coûte les activités indispensables à la survie de la collectivité. »
« On ne compte qu’une cinquantaine de pays à avoir réfléchi à cette question et à avoir défini une série de mesures concrètes « , souligne le responsable de l’OMS. Les pays a priori les mieux préparés sont la Grande-Bretagne, l’Australie, les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne, la Slovénie, l’Autriche et la France.
L’OMS estime à environ 550 millions de dollars la somme nécessaire pour aider les pays les plus pauvres à bâtir de tels plans. « Nous avons bien conscience que le risque de passage à l’espèce humaine du virus de la grippe aviaire n’est pas une priorité sanitaire pour la plupart des pays en développement , confie le docteur Stohr. Ainsi, au Vietnam, l’un des pays aujourd’hui les plus touchés par la maladie animale et donc a priori les plus exposés , on recense chaque année 32 000 décès dus à la circulation automobile. Pour autant, la menace est d’une telle ampleur qu’elle impose, de manière urgente, une nouvelle prise de conscience, à la fois nationale et planétaire. »