Irak : Heritage Oil au coeur d’une controverse
Radio-Canada Photo: La pétrolière albertaine s’est vu octroyer un contrat d’exploitation pétrolière par le gouvernement régional du Kurdistan. La manoeuvre est critiquée par le département d’État américain.
Le département d’État américain critique la décision du gouvernement régional du Kurdistan (GRK) d’accorder quatre contrats d’exploitation pétrolière à des firmes étrangères, dont la pétrolière albertaine Heritage Oil.
Le contrat accordé à la filiale Heritage Energy Middle East Limited a été annoncé par le gouvernement kurde plus tôt cette semaine, malgré le fait qu’un précédent contrat du même genre ait été jugé illégal par le gouvernement irakien.
Le gouvernement du premier ministre Nouri Al-Maliki tente depuis plusieurs mois d’adopter une loi sur le partage du revenu du pétrole, qui doit déterminer comment les mirobolants revenus que pourrait générer l’industrie seront redistribués aux provinces irakiennes.
La conclusion de ce contrat est l’une des 18 mesures préconisées par Washington afin d’encourager la réconciliation nationale entre sunnites, chiites et kurdes irakiens et mettre un terme aux violences interconfessionnelles qui déchirent le pays. Le projet de loi en question fait l’objet de négociations depuis le mois de février.
« Je ne suis pas certain que cela aide les entreprises ou le GRK de signer des contrats dont les termes pourraient être changés », a commenté un porte-parole du département d’État américain, Tom Casey.
Un commentaire similaire avait été formulé lors de la signature, au début du mois de septembre, d’un premier contrat du GRK avec une filiale de l’entreprise américaine Hunt Oil. Ce contrat a été accordé après que le parlement kurde eut adopté une nouvelle loi sur le pétrole et le gaz plus tôt cet été.
Un porte-parole du ministère irakien du Pétrole, Assem Jihad, a également dénoncé l’entente. Il soutient que le gouvernement a clairement indiqué qu’aucun contrat ne devait être signé avant que la nouvelle loi soit adoptée, selon des propos cités par Associated Press.
Jusqu’à 1 milliard de barils
Les Kurdes, qui ont des visées autonomistes, s’opposent au projet de loi national parce qu’il stipule que les contrats d’exploration sont du ressort du gouvernement central. Leur propre contrat leur accorde 85 % des revenus potentiels extraits des champs pétroliers.
Le contrat signé par Heritage Oil concerne l’exploitation d’un champ pétrolier baptisé Bloc Miran, situé dans le sud-ouest du Kurdistan irakien. La firme albertaine souligne qu’elle prévoit entreprendre ses activités d’exploration au début de 2008. Son secteur, dit-elle, pourrait contenir plus de 1 milliard de barils.
Heritage Oil a également signé une entente de partenariat avec le GRK pour gérer les opérations d’une raffinerie d’une capacité de 20 000 barils par jour.
Le groupe franco-britannique Perenco S.A est l’autre entreprise qui a conclu un contrat de partage de production avec le GRK. Deux autres contrats ont été approuvés par la GRK, mais l’identité des entreprises concernées n’a pas été dévoilée.
Heritage Oil, dont le siège social se trouve à Calgary, possède des concessions pétrolières sur la rive ougandaise du lac Albert, ainsi qu’en République démocratique du Congo, en Russie et à Oman. L’entreprise est dirigée par Tony Buckingham, qui fut autrefois l’un des principaux dirigeants d’Executive Outcomes, un groupe de mercenaires particulièrement actifs en Afrique dans les années 90.