Irak: le lanceur de chaussures sur Bush revendique totalement son acte
Le journaliste irakien le plus célèbre au monde pour son lancer de chaussures sur l’ex président américain George W. Bush a justifié ce jeudi devant la justice son acte par l’extrême émotion qu’il avait ressentie face « au responsable des crimes commis en Irak ».
« Il est le plus grand responsable des meurtres commis contre mon peuple et j’ai donc modestement voulu faire quelque chose pour les victimes », a dit Mountazer al-Zaïdi d’une voix posée, au premier jour d’un procès qui a été rapidement ajourné au 12 mars.
Dans une salle bondée, pendant près d’une demi-heure, le journaliste de la chaîne de télévision Al-Baghdadiya a exposé les motifs de sa colère.
A son entrée dans la salle, les membres de sa famille l’ont applaudi et des femmes ont lancé des youyous de joie, criant des slogans à la mémoire de l’imam
Ali, le gendre du prophète (P).
Al-Zaidi a expliqué qu’il était invité normalement à cette conférence de presse mais les agents de sécurité américains ont fait sortir les journalistes irakiens pour les fouiller de manière humiliante alors que les Irakiens sont sur leur sol.
Ce reporter âgé de 30 ans s’est déclaré outré par le président Bush. « Il parlait des victoires et des réussites (américaines) en Irak mais moi ce que je vois en matière de réussite, c’est un million de martyrs, le sang versé, les mosquées perquisitionnées, les Irakiennes violées, les Irakiens humiliés », a-t-il dit.
« Nous, les Arabes, nous sommes fiers de notre sens de l’hospitalité, mais Bush et son armée se trouvent en Irak depuis six ans », a-t-il ajouté.
Mountazer al-Zaidi a assuré avoir été « battu et torturé à l’électricite après l’incident par un général qui travaille dans ce tribunal mais dont je tairai le nom pour protéger sa vie ».
Le procès a été ajourné après un débat entre l’accusé et la Cour sur la nature de la visite du président Bush. « Nous avons décidé de prendre contact avec le cabinet du premier ministre pour savoir s’il s’agissait d’une visite officielle ou non. C’est pourquoi nous reportons l’audience au 12 mars », a déclaré le juge, Abdel Amir Hassan al-Roubaïe.
« Bush est arrivé de manière furtive et par la force. Cette visite n’était donc pas officielle », a affirmé le journaliste.
Selon l’article 223 du code pénal irakien, ce geste pourrait coûter à l’accusé de 5 à 15 ans de prison si le qualificatif « d’agression caractérisée » est retenu. Mais le tribunal peut estimer qu’il s’agit seulement d’une « tentative d’agression », punie d’un à cinq ans de prison.