La diplomatie de l’Empire

La subtilité de la diplomatie qui consiste, entre autres, à dénouer les noeuds qui se nouent dans les relations entre nations, peuples, gouvernements, devient de moins en moins subtile et de plus en plus fondée sur la force :  » tu te rends ou je te soumets « .  Les questions de droit, de respect, d’équité ne sont plus à la base de la diplomatie de l’empire. Toutes les mises en scène de sa diplomatie internationale se révèlent être qu’une couverture dilatoire à une détermination de conquête et de domination.

Hier, à Valdaï, le président Poutine, lors de sa conférence annuelle  devant les diplomates russes et étrangers, a eu cette réponse à la question qui lui fut posée sur la plus grande erreur de la Russie dans ses relations avec l’Occident (comprendre l’empire) :

« «La plus grande erreur de notre part dans les relations avec l’Occident, c’est que nous vous avons fait trop de confiance, et votre erreur réside dans le fait que vous avez pris cette confiance pour une faiblesse et en avez abusé», a déclaré le Président lors de la session plénière de clôture du Club de Discussion Valdaï, à Sotchi. »

« On ne veut pas que vous perdiez, mais on est pas non plus certain si on veut que vous gagniez . »

Les exemples de tromperies en Syrie, en Irak, en Ukraine ne manquent pas. Derrière les nombreuses séances de négociation fixant des paramètres aux interventions des uns et des autres, il y avait toujours une porte secrète pour leur y échapper. Les diplomates de l’Empire pouvaient toujours mettre sur le dos de la CIA, du Pentagone ou des terroristes ces interventions qui ne respectaient pas les paramètres convenus. Dans son jeu de la diplomatie, il a ces cartes cachées qui lui permettent de poursuivre ses objectifs comme si de rien n’était de cette dernière.

Il y a deux ans, Cuba et les États-Unis ont procédé à la normalisation de leurs relations diplomatiques. Pour les États-Unis c’était l’ouverture d’une porte pour s’infiltrer à visage découvert dans ce pays de manière à y générer un soulèvement du peuple, genre révolution de couleur comme celles réalisées en Europe de l’Est au cours de la dernière décennie. Cuba, les voyant venir, n’a pas permis que s’ouvre cette porte. Devant cette situation, les États-Unis ont mis fin à cette espérance pour Cuba d’une relation de respect entre les deux peuples. Il prend pour prétexte le fait que Cuba se refuse à la démocratie en ne s’exprimant qu’à travers un parti unique.

Le cas du Venezuela met également en évidence cette diplomatie de l’Empire qui n’a que faire du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Au Venezuela, sont nombreux les partis politiques qui participent aux élections. Au cours de 19 dernières années, le Venezuela a procédé à 22 élections allant du référendum à l’élection de l’Assemblée nationale constituante et aux élections présidentielles, à celles des gouverneurs et des maires. Qui plus est, il dispose d’un système électoral qualifié comme l’un des plus fiables au monde. Chaque électeur et électrice est identifié par son empreinte digitale et le logiciel des équipements électroniques dont il dispose ne permettent pas aux morts et aux étrangers de voter pas plus qu’ils rendent possible la manipulation de bulletins de vote comme c’est souvent le cas dans nos systèmes de démocratie représentative où le comptage et recomptage des bulletins de vote sont souvent le résultat de fraudes.

Le refus des États-Unis d’avoir avec le Venezuela des relations diplomatiques d’égal à égal et de respect ne peut reposer sur le fait que le Venezuela n’est pas un pays démocratique. Pourtant c’est ce qu’il dit  en le qualifiant de dictature. Lors des dernières élections pour les gouverneurs, le parti au pouvoir a obtenu plus de 54% des voix sur une participation des électeurs et électrices de plus de 61%. Dans ce cas, parler d’une victoire déterminante du peuple n’est pas un euphémisme. Dans ce cas, Donald Trump est mal placé pour faire des leçons de démocratie, lui qui est devenu président des États unis que grâce aux votes des grands électeurs. Nous savons que le suffrage populaire avait donné la victoire à Hilary Clinton avec plus de 50% des voix. La question pour l’Empire n’est pas la démocratie, mais le pétrole et les richesses minières. À ces deux éléments s’ajoute la mauvaise influence que représente le Venezuela pour le reste de l’Amérique latine. Sa démocratie à toute épreuve de fraude, ses politiques économiques et sociales orientées vers les intérêts prioritaires du peuple, à commencer par les plus démunis et les laissés pour compte. Cela, l’Empire ne peut le tolérer d’autant moins qu’il considère toujours l’Amérique latine et les Caraïbes comme son arrière-cour.

On ne peut reprocher aux peuples de prendre leur destin en main et aux États et gouvernements qu’ils se sont donnés de s’accrocher à leur souveraineté et indépendance.

Tant et aussi longtemps que les États-Unis d’Amérique se considèreront et se comporteront comme un Empire, aucune diplomatie ne saurait être possible dans le respect et l’égalité des droits. L’empire se situe au-dessus des lois et impose au monde ses droits. Tout ceci est subtilement couvert d’un soi-disant humanisme qui en fait le sauveur des peuples en dérive et un mandataire divin qui se réclame du « God bless America » pour mener sa campagne de conquête et de domination du monde.

La confiance de Poutine à l’endroit de ce partenaire qu’est l’Empire fut trahie à maintes reprises et aujourd’hui cette confiance n’y est plus. L’erreur de cette confiance ne saurait se répéter, mais comment, dans pareil contexte, dénouer en toute confiance, par les voies diplomatiques, ces conflits qui nous mènent directement aux abords du conflit nucléaire? L’Occident qui se dit chrétien, démocratique, libérateur des peuples est devenu, avec cette emprise de l’Empire sur ses propres gouvernants, un allié de ce dernier et une menace pour l’Humanité.

Oscar Fortin

 



Articles Par : Oscar Fortin

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