La malédiction des va-t-en-guerre.

Une constante depuis une trentaine d’années et depuis l’effondrement de l’Union soviétique est la sanction des urnes pour les dirigeants politiques qui ont entraîné leur pays dans des aventures militaires scabreuses et souvent, si pas toujours, illégitimes et illégales.

Les guerres de l’Occident « otanisé » ont la particularité de se faire contre des pays faibles qui ne l’ont ni militairement agressé ni même menacé. Les motivations sont diverses et inspirées de think tanks néoconservateurs anglo-saxons ou de lobbies divers.

Qu’il s’agisse de guerres préventives, d’interventions au nom du devoir d’ingérence humanitaire ou de
guerres de changement de régime, la caractéristique de ces guerres est la présentation d’un « fake » de départ pour sensibiliser une opinion publique, les médias et les élus parlementaires qui sont généralement hostiles à l’aventurisme militaire et de cacher les multiples raisons économiques, géopolitiques voire personnelles de ces agressions.


L’opération « Desert Storm » en 1991

La longue liste des recalés commence par le président Georges H W Bush. Pour avoir l’aval du Congrès, ses conseillers inventèrent le « fake » de l’affaire des couveuses.i

L’opération « Desert Storm » ii fut un succès militaire mais les conséquences seront un désastre humanitaire. Les dix ans de sanctions coûteront la vie à 500.000 enfants irakiensiiiqui continuent à être honteusement ignorés par les médias maintream et donc forcement par le grand public.

On pouvait mettre au crédit du président Bush que cette opération avait été entièrement remboursée par les monarchies du Golfe mais malgré cela Georges H W Bush fut battu à la présidentielle par un démocrate inconnu au programme pacifiste du nom de Bill Clinton.

Son fils, Georges W Bush qui succéda à Bill Clinton huit ans plus tard eut plus de succès à la présidentielle de novembre 2004. Il fut réélu grâce à l’atmosphère belliqueuse quasi hystérique qui régnait dans le pays après le 9/11 et grâce à ses guerres faussement victorieuses et toujours pas terminées en Afghanistan et en Irak. Il fut cependant accroché par John Kerry, un spécialiste de la politique internationale.

A noter que le candidat Wesley Clark fut largement battu lors des primaires démocrates malgré son auréole de vainqueur de la guerre en ex-Yougoslavie.

Il est inutile de rappeler le « fake » de la fiole d’anthrax que Collin Powell présenta à l’ONU ivpour essayer d’avoir l’aval du Conseil de Sécurité pour lancer une guerre contre l’Irak.

Tony Blair peint par Georges W Bush.

Au Royaume-Uni, les travaillistes de Tony Blair subirent un net recul aux législatives de 2005 et la popularité du Premier ministre déclinait avec les révélations des mensonges ayant entraîné le Royaume-Uni dans la Guerre d’Irak. En 2007, Tony Blair dut céder sa place à Gordon Brown.

L’agression contre la Libye en 2011 fut aussi précédée de mensonges, concernant notamment un massacre imaginaire à Benghazi.

Nicolas Sarkozy fut battu à la présidentielle suivante par un candidat se disant « normal » et il subit encore maintenant, sept ans plus tard, les retombées de cette aventure catastrophique.

Il faut aussi mentionner une victime collatérale de cette campagne de bombardements : il s’agit d’Alain Juppé.

Je ne peux m’empêcher de penser que s’il avait démissionné en 2011 au lieu d’entériner une décision prise en son absence par le président Sarkozy sous influence de Bernard-Henri Lévy, Alain Juppé serait aujourd’hui président et qu’il jouirait d’une grande popularité.


 Une autre recalée à cause de l’aventure libyenne est Hillary Clinton. Sa rhétorique guerrière ne l’a pas rendue plus populaire dans un pays où la classe moyenne s’effondre et dont les préoccupations sont davantage centrées sur les problèmes intérieurs.

François Hollande, le candidat normal, s’est engagé dans le conflit syrien dès le début de son mandat comme si l’ivresse du pouvoir rend fou. Son alignement sur le duo Obama – Clinton et la présence du très sioniste Laurent Fabius lui a fait perdre le sens des réalités au point d’armer les terroristes islamiques au mépris de la décence la plus élémentaires pour les victimes de ce qu’il faut bien appeler des coupeurs de têtes.

Son bilan fut tellement négatif qu’il renonça à un deuxième mandat en 2017.

« Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre » (Karl Max)

Nous voyons à nouveau une invention, un montage de studio avec des casques blancs qui évacuent de faux blessés plein de poussière et semblant suffoquer. La sensibilité populaire est à nouveau sollicitée pour justifier une nouvelle agression.

Que les Trump, May et Macron sachent qu’aujourd’hui, il n’est plus possible de tromper les peuples comme il y a trente ans.

Le scénario commence à être connu et les lanceurs d’alerte sur Internet veillent.

Vos missiles intelligents dont les shrapnels contournent les civils innocents ne changeront pas la donne. Les terroristes ont perdu et il vous faudrait un nouveau « Desert Storm » puissance dix pour retourner la situation parce que cette fois-ci, il y a du répondant en face.

Est-ce un dernier baroud d’honneur pour vous venger de votre défaite ? Peut-être mais souvenez-vous que les pires conflits de l’histoire ont souvent commencé par un acte insignifiant.

Vos avenirs politiques sont en jeu. Les peuples ont une mémoire et un subconscient qui leur indiquent ce qui est juste ou pas. Ils ne veulent pas être manipulés par des inventeurs de « fakes » qui entraînent leur pays dans des tragédies dont il ressort que les contre-effets retombent sur eux.

Deux choses sont inéluctables et c’est la marche de l’histoire qui le veut.

  • L’éphémère monde unipolaire a vécu et tout ce qu’il y a moyen de faire, c’est de retarder l’échéance.
  • Ce siècle sera celui d’une transmutation du monde unipolaire vers une multitude de pôles ayant leurs systèmes économiques propres, leurs cultures et leurs systèmes politiques.

La sagesse voudrait qu’on cesse de se servir de la guerre comme instrument politique mais y a-t-il encore des sages qui commandent dans ce monde de plus en plus chaotique.

Pierre Van Grunderbeek



Articles Par : Pierre Van Grunderbeek

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