La réalité des récits religieux: La science en face de la foi

«Dieu ne joue pas aux dés.»

Albert Einstein

 

Une émission sur RMC, la semaine dernière, a tenté de donner une explication scientifique à un fait décrit dans la Bible comme étant une conséquence de la colère divine contre le peule de Loth coupable d’être inhospitalier et aussi d’avoir des moeurs dépravés. Sodome est une ville mentionnée dans la Genèse. «Son récit, lit- on sur Wikipédia, fait partie de la Genèse: Dieu, alerté par «le cri contre Sodome», dont le «péché est énorme», est résolu à détruire la ville pour punir ses habitants (Genèse 18:20-21). Il envoie alors deux anges vérifier si le «péché» est avéré. Ces anges arrivent à Sodome et Loth, le neveu d’Abraham, les invite à loger chez lui. Tous les hommes de la ville entourent la maison de Loth en demandant qu’il leur livre les deux étrangers pour qu’ils les «connaissent» (Genèse 19:5). Dans ce passage, les habitants de Sodome disent à Loth: «Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit? Amène-les nous pour que nous les connaissions.» Loth propose ses deux filles vierges en échange mais les habitants refusent. Convaincu de leur crime, Dieu détruit la ville par «le soufre et le feu» en même temps que la cité voisine de Gomorrhe: «Le soleil se levait sur la terre quand Lot entra dans le Tsoar. Alors l’Éternel fit tomber sur Sodome et sur Gomorrhe une pluie de soufre et de feu; ce fut l’Éternel lui-même qui envoya du ciel ce fléau. Il détruisit ces villes et toute la plaine et tous les habitants de ces villes. La femme de Loth regarda en arrière et elle devint une statue de sel. Abraham se leva de bon matin et se rendit à l’endroit où il s’était tenu en présence de l’Éternel. De là, il tourna ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe et vers toute l’étendue de la plaine; et il vit monter de la terre une fumée, semblable à la fumée d’une fournaise.» (1)

L’approche scientifique pour vérifier les faits décrits par les Livres religieux

«L’objet initial du texte est de condamner la transgression des traditions de l’hospitalité, qui était une valeur fondamentale des civilisations antiques L’idée de la punition de toute une ville par un déluge est un thème de la mythologie antique attesté. Dans la tradition juive, l’accent est davantage mis sur le caractère «égoïste» des Sodomites, et leur rejet de l’hospitalité.
Dans la tradition chrétienne, ces passages bibliques sont invoqués comme fondements de la condamnation de la sodomie et de l’homosexualité. L’interprétation chrétienne est utilisée par les traités d’éthique chrétienne qui fondent sur cette lecture particulière du passage Genèse 19 et inspire la plupart des traités de droit criminel condamnant l’homosexualité jusqu’au xviiie siècle avec une rigueur inouïe» (1)

«Le Coran ne mentionne pas Sodome – pas plus que Gomorrhe – mais y fait allusion dans les récits présentant le personnage de Lût (Loth) dans une histoire dont le déroulement est assez proche dans ses indications factuelles de ce qui figure dans la Genèse. Dans le récit coranique (…) dans un prélude, Ibrahim reçoit la visite de «messagers» d’Allah qui lui annoncent la naissance de son fils Isaac et la destruction de la «cité de Lût» dont ce dernier et sa famille seront épargnés, à l’exception de son épouse dont un verset explique qu’elle a «trahi» son époux. Ensuite, le récit présente une scène d’émeute provoquée par le fait que Lot a accueilli des «hommes» chez lui alors que l’hospitalité est proscrite dans la ville. Les habitants massés autour de la maison le somment alors de leur livrer ses hôtes tandis que Lût tente de les raisonner allant jusqu’à leur proposer, en vain ses propres filles. C’est alors que les messagers révèlent à Lot, en plein désarroi leur vraie identité et la nature de leur mission, recommandant à celui-ci de fuir avec sa famille car la ville sera détruite à l’aube. C’est ainsi qu’aux premières lueurs du jour, le peuple de Lot est détruit, la cité est «renversée» et victime d’une série de phénomènes atmosphériques qui participent à l’anéantissement de la ville: une «pluie» de «pierres d’argile» – préalablement «entassées» et «gravées» -, un «nuage chargé de cailloux» et enfin un «cri» habituellement assimilé au claquement de la foudre, dans une richesse de vocabulaire qui tranche avec l’aspect plutôt sobre du récit, même si la scène de châtiment n’est pas très descriptive. (1)

S’il est avéré que Sodome ait été effectivement anéantie, diverses hypothèses ont été avancées pour expliquer sa destruction. Selon l’une des hypothèses énoncées, elle serait située sur les rivages de l’ancien lac salé entourant l’un des volcans submergé par la montée brutale de la mer Noire lors de l’effondrement du barrage du Bosphore il y a environ 9000 ans, en donnant naissance aux récits repris dans la fameuse épopée de Gilgamesh, ayant elle-même inspiré le récit de Noé dans la Bible hébraïque.

Un autre récit plus cohérent parce que basé sur une démonstration scientifique s’appuie sur une découverte. En effet, une tablette d’argile assyrienne fait référence à l’astéroïde de «Sodome et Gomorrhe»: «Cette tablette sumérienne défiait les tentatives d’interprétation depuis plus de 150 ans. Elle décrit un impact d’astéroïde qui a frappé Koefels (Autriche) en 3123 BC, laissant sur son passage une traînée de destruction, qui pourrait expliquer l’histoire biblique de Sodome et Gomorrhe. La tablette «Planisphère» (écrite aux environs de 700 BC) fut déterrée par Henry Layard dans les restes d’une bibliothèque du palais royal assyrien de Nineveh (Ninive) proche de la ville actuelle de Mosul (Irak). C’est la copie des notes nocturnes d’un astronome sumérien contenant des dessins de constellations et les «noms connus des constellations», mais ce n’est que grâce au recours a un ordinateur moderne que l’on a pu révéler sa signification exacte.» (2)

«Alan Bond, directeur de «Reaction Engines Ltd» et Mark Hempsell, conférencier senior en aéronautique à l’université de Bristol, ont soumis la tablette a un programme qui «peut simuler des trajectoires et reconstituer l’état du ciel des milliers d’années en arrière». Ils ont découvert qu’elle décrivait «des événements célestes avant le crépuscule du 29 Juin 3123 BC», dont plus de la moitié constituait «des positions de planètes et des couvertures nuageuses semblables à toute autre nuit». Cependant, l’autre moitié décrit un objet «suffisamment grand pour noter sa forme bien qu’étant toujours dans le ciel» et enregistre sa trajectoire par rapport aux étoiles, laquelle, «avec une marge d’erreur meilleure qu’un degré est cohérente avec un impact à Koefels». (2)

Le récit  religieux de la  destruction des deux villes confrontée à la science

 «On suspectait depuis longtemps qu’un objet de grandes dimensions avait touché Koefels, à cause d’un éboulement gigantesque de 500 m d’épaisseur et 5 km de diamètre. Le site ne possédait pas de cratère d’impact pour appuyer cette théorie, mais les chercheurs croient maintenant détenir une explication plausible. Le compte rendu de l’université de Bristol explique: «L’observation suggère que l’astéroïde est de plus d’un kilomètre de diamètre et que son orbite originelle autour du soleil était de type «Aten». Cette trajectoire explique pourquoi il n’y a pas de cratère à Koefels. L’angle d’incidence était très faible (6 degrés) et a fait que l’astéroïde ait rasé une montagne appelée Gamskogel au-dessus de la ville de Laegenfeld, à 11 km de Koefels et c’est ce qui a provoqué l’explosion de l’astéroïde avant qu’il n’atteigne son point d’impact final.» «Alors qu’il progressait dans la vallée il s’est transformé en boule de feu d’environ 5 km de diamètre (la taille de l’éboulement). Lorsqu’il a touché Koefels il s’est créé une pression énorme qui a pulvérisé la roche et créé l’éboulement mais, comme ce n’était plus un objet solide, il n’y a pas eu de cratère d’impact classique.» (2)

«Mark Hempsell, évoquant le possible destin de Sodome et Gomorrhe, ajoute: «Une autre conclusion peut être tirée de la trajectoire. La partie arrière de l’explosion (le champignon) se serait courbée sur la Méditerranée, pénétrant à nouveau l’atmosphère vers le Levant, le Sinaï et l’Égypte du Nord. La chaleur au sol, bien que de très courte durée, aurait été suffisante pour enflammer toute matière combustible, humains et vêtements inclus. Il est probable que plus de personnes sont mortes du nuage que de l’impact même dans les Alpes.» Alors que le destin biblique des légendaires «repaires du vice» correspond bien avec l’hypothèse d’astéroïdes, il n’avait jamais été catégoriquement prouvé qu’ils existèrent dans cette contrée proche de la mer Morte. Les légendes d’ardentes destructions pleuvant du ciel ne sont pas, cependant, l’apanage de la Bible.» (3)

La théorie des terrains bitumineux couplés à des séismes

Cette hypothèse n’est pas la seule. Une autre qui tient compte de la nature pétrolière et gazière de la région donne des arguments de vraisemblance. L’auteur rejette toutes les autres explications mais comme celles-là il prend ses distances avec le récit biblique qui y voit une punition divine. Nous la restituons: «Mais alors que s’est-il passé? Dom Calmet nous met sur la voie, avec ses «exhalaisons sulfureuses enflammées» tombant sur un terrain bitumineux. Diodore de Sicile, Strabon, Pline et Tacite sont d’accord pour affirmer que le lac produisait du bitume. Diodore et Strabon mentionnent des éruptions de gaz fétide ternissant les métaux. Tacite parle d’une odeur pestilentielle. Tout cela est symptomatique d’éruptions périodiques d’hydrogène sulfuré. Ces éruptions semblent s’être calmées aujourd’hui et le bitume ne remonte plus que par petits morceaux, mais il est probable que dans la haute antiquité, elles étaient plus violentes que du temps de Diodore et Strabon. L’archéologie et la géologie viennent encore nous livrer des pièces du puzzle, en révélant l’existence de séismes dans la région, deux millénaires avant notre ère.» Une partie du puzzle se met alors en place: un séisme aurait ouvert des failles et fait jaillir d’importantes quantités d’asphalte et d’hydrogène sulfuré. Il ne suffit plus alors que d’un coup de foudre pour provoquer un embrasement général, d’où les traces de villes dévastées et de terrains brulées. Finalement, c’est à peu près l’hypothèse de Dom Calmet, en remplaçant Dieu par un séisme.» (4)

Localisation des villes de Sodome et Gomorrhe

La tradition biblique la situe au sud de la mer Morte, dans l’actuelle Jordanie, en face de la forteresse de Massada. Pas de trace archéologique même si le texte biblique situe les deux villes à proximité d’une plaine ou d’une mer de sel – qui suggère évidemment la mer Morte – dans une région alors florissante. Plusieurs sites ont été proposés pour situer la ville mais rien ne permet actuellement d’arrêter une localisation définitive. Les archéologues s’accordent pour dire qu’il semble y avoir eu un phénomène de régression de la civilisation urbaine en Palestine vers le milieu du troisième millénaire avant notre ère, les villes étant abandonnées et leurs habitants se tournant alors vers un mode de vie pastoral, nomade ou villageois. On a notamment proposé la localisation de Sodome sur le site archéologique de Bab edh-Dhra (en), en Jordanie, découvert dans les années 1920 dans la péninsule d’El Lisan et qui laisse apparaître dans la région les vestiges d’une cité forteresse très ancienne, habitée de 3200 à 1900 avant notre ère. (1)

Cela résout-il le problème de la destruction de Sodome et Gomorrhe? Pas vraiment, car il faudrait encore savoir où se trouvaient ces villes. Or si les récits des voyageurs parlent de zones brûlées à l’ouest, les fouilles archéologiques situent la pentapole à l’est, au niveau de la péninsule de Lisan. En effet, des tablettes cunéiformes découvertes à Ebla, mentionnent un itinéraire où figurent Adma et Sodome, deux villes de la pentapole biblique. Des fouilles archéologiques à Bab ed-Dhra, au niveau de la péninsule de Lisan, pourraient bien avoir retrouvé la mythique Sodome, qui se trouverait alors à bien plus de quatre lieues de Ségor/Zoar. Et par conséquent, les villes brûlées pourraient n’avoir rien à voir avec Sodome, qui de son côté aurait pu être détruite par le séisme. (3)

Comment lire les récits religieux  en contradiction avec la science?

Il est admis que les livres religieux et la science présentent deux approches de la réalité en apparente contradiction. La science permettrait de comprendre le monde naturel à l’aide de la raison, sur la base d’observations objectives. Les Livres sacrés sont à accepter par la foi, sans justification logique. En fait, les interférences sont nombreuses. Souvenons -nous de l’affolement de l’Eglise quand Galilée annonce que c’est la Terre qui tourne autour du soleil et non l’inverse. Le mythe géocentrique de la Terre venait de s’écrouler et du même coup le récit de Gabaon demandant à Dieu de laisser le jour durer pour qu’il puisse terminer d’occire ses ennemis, tombait définitivement Galilée et son télescope ont triomphé sur l’Église catholique qui persistait dans l’affirmation que la terre ne bouge pas. De même la théorie du Big-bang a relégué l’idée d’une création en six jours au rang des mythes primitifs.

Qu’en est-il?: «Dans la pratique, il existe écrit Jonathan Vaughan, très peu de passages bibliques qui touchent à des domaines scientifiques -contrairement au Coran ndr-. (…) Une interprétation est donc nécessaire des deux côtés et puisque les êtres humains ne sont pas infaillibles, il y aura toujours un risque d’erreur. La science peut se tromper quant à l’interprétation des phénomènes de la nature, et les lecteurs de la Bible peuvent se méprendre sur son sens. (…) Pour les passages où le sens n’est pas évident, il existe des principes d’interprétation qui peuvent servir de guides. Prenons pour exemple le conflit entre la théorie du Big-bang et une interprétation littérale des premiers chapitres de la Bible. La première donne à l’univers un âge d’environ 13 milliards d’années, la seconde voit une création de l’univers dans son état actuel en six jours de vingt-quatre heures. Quelle démarche devons-nous adopter? On aurait tort de supposer d’office que l’interprétation scientifique est juste et que la Bible ne dit pas vrai. De même, on aurait tort de dire que les données scientifiques sont nécessairement fausses, parce que la Bible est la Parole de Dieu et donc sans erreur. (…) Cependant, la plupart s’accordent pour dire que l’univers date de plusieurs milliards d’années. La lecture littérale du début de la Bible, d’autre part, est loin d’être la seule proposée par les théologiens. Un bon nombre d’entre eux pensent que le récit de la Création en six jours est une présentation «littéraire», une sorte de poème ordonné, sans prétention chronologique.» (5)

On l’aura compris, il ne faut pas parler de concordisme, car la science évolue. Les anomalies ne peuvent être expliquées que par l’interprétation et là, la foi est déterminante dans le jugement. Ce qui est en jeu, c’est en fait la nécessité ou non, pour le croyant, d’un accordeur transcendant et la nécessité d’un ordre, d’une mélodie secrète qui exclut le hasard. La boutade d’Einstein traduit la condition du scientifique qui fut dérouté quand d’autres scientifiques comme Niels Bohr et Heisenberg parlent de la création du monde en terme de probabilité….

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

1.Sodome et Gomorrhe: Encyclopédie Wikipédia

2.http://www.elishean.fr/?p=8521

3. http://www.elishean.fr/?p=8521, http://wikistrike.over-blog.co

4. http://oncle-dom.fr/paranormal/ovni/catalogue/prod-1913.htm

5. http://www.publicroire.com/croire-et-lire/bible/article/la-bible-est-elle-en-contradiction-avec-la-science

 

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/214041-la-science-en-face-de-la-foi.html

 

 



Articles Par : Chems Eddine Chitour

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