La situation des mouvements de solidarité en Italie après la Gaza Freedom March et le Convoi Viva Palestina

Un mois après mon retour et une analyse à distance de l’expérience vécue pendant les 20 jours de voyage (21 décembre 2009-9 janvier 2010), j’essaie d’analyser la valeur politique du Viva Palestina Convoy à Gaza.

Le long voyage et son issue positive ont été le résultat d’un travail effectué sur la durée, de façon capillaire et à un niveau local, par des activistes britanniques, des militants des mouvements radicaux antiracistes anglais et des jeunes appartenant aux 2ème et 3ème générations d’immigrés du Moyen-Orient. Travail, évidemment, d’années, capable donc d’aboutir à l’organisation de trois voyages à brève distance en un an, sur une idée du député anglais George Galloway après l’agression israélienne à Gaza de début 2009.


7 janvier 2010 – les premiers véhicules du Convoi Viva Palestina entrent à Gaza

 

Aux 350 militants de diverses appartenances politiques et religieuses, musulmans, catholiques, protestants, juifs, représentants d’ONG, journalistes, militants du PSC (Palestine Solidarity Campaign), partis d’Angleterre le 6 décembre, se sont joints une délégation belge composée de 11 personnes et une ambulance, une centaine d’adhérents de l’organisation d’aide humanitaire turque Insan Hak ve Hurriyetleri /Insani Yardim Vakfi (IHH) (63 véhicules), une délégation d’activistes malaisiens et un avocat des droits de l’homme engagés depuis des années dans le mouvement anti-guerre (Perdana Global Peace Organization), une délégation jordanienne, et deux italiens d’ISM-Italia. L’objectif n’était pas seulement humanitaire, car le recueil et le transport de 200 véhicules environ avec du matériel médical et scolaire ont été le résultat de mois, si ce n’est d’années d’intervention politique pour renforcer les liens de solidarité avec les Palestiniens de Gaza dans les pays traversés.

L’entrée à Gaza a été obtenue après une série de négociations, propositions successives et interventions diplomatiques d’« acteurs » institutionnels importants comme le gouvernement turc. Ce qui a pesé aussi est d’être arrivé à activer, avec une bonne visibilité, une partie de l’opinion publique des pays du Moyen-Orient traversés. Comme les rencontres avec les groupes liés au mouvement politique et de résistance Hamas.

L’accueil souvent très « actif » reçu de la part des associations professionnelles proches du mouvement et solidaires avec le gouvernement Hamas, dans les villes traversées, a donné la mesure, même dans des sensibilités religieuses ou laïques diverses des participants, de ce que sont les forces qui ont offert un accueil réel et visible, dans le silence par contre (indifférence ou peur ?) de beaucoup, comme par exemple dans la très moderne capitale de la Jordanie, qui a en son sein une composante très élevée de réfugiés palestiniens. Hospitalité parfois dans les maisons, comme c’est arrivé à Aqaba puis en Syrie, à Damas et Latakia; et comme ces offres spontanées des commerçants, à Aqaba encore, ou de certains propriétaires d’hôtels qui ont mis à disposition des chambres gratuites pour les activistes du convoi.

Un des objectifs du convoi a été justement celui d’organiser dans les pays arabes une liaison entre organisations européennes de solidarité et organisations locales. Importante par ex. la rencontre à Amman non seulement avec les associations professionnelles, mais avec un comité de femmes qui a organisé une réception pour les femmes du Convoi, où la parole a été donnée à chacune pour rapporter les activités réalisées dans leur propre pays, et qui a été un moment d’authentique échange à un niveau personnel.

Dans les discours faits pendant le voyage, à l’occasion des diverses rencontres, G. Galloway a souvent déclaré : « Je ne suis pas un soutien du Hamas, mais je suis en faveur de la démocratie et des droits de l’homme. Le peuple palestinien a été puni par Israël pendant trois longues années pour avoir donné sa préférence électorale au Hamas. Moi je n’accepte pas cette façon de penser. Le peuple palestinien peut se gouverner et élire ses propres gouvernants. Pour cela, je condamne fortement Israël et les gouvernements qui le soutiennent ». Il a ensuite ajouté : « J’ai fait appel aux gouvernements arabes. Il est temps qu’ils se réveillent de leur coma. Le premier ministre Erdogan, Ahmadinejad et le président vénézuélien Chavez soutiennent le peuple palestinien. Quand les gouvernements des pays arabes commenceront-ils à soutenir la cause palestinienne ? La Palestine doit être votre cause pour la justice, votre terre. Le Venezuela est très loin, mais la Palestine est par contre très proche ».

La meilleure participation des musulmans, en particulier des jeunes, peut-elle n’être perçue que comme une adhésion au nom de la foi ? Peut-elle être vue ou représentée comme une adhésion à « une guerre de religion », à une « choc de civilisations » entre fondamentalismes, comme c’est souvent décrit par des experts « analystes » nationaux largement incompétents ? Les plus jeunes, en particulier les jeunes US, physiquement et culturellement « très américains » (par ex. dans leur façon d’être très cordiale avec les femmes) et avec des backgrounds intellectuels différents, faisaient leurs cinq prières rituelles. Mais, dans les déclarations spontanées de certains, par ex. dans l’autobus US avec qui j’ai fait le voyage, peu avant l’arrivée dans la Bande de Gaza, on sentait une préparation politique de grande qualité dans leur façon de saisir la signification d’ensemble de la solidarité avec Gaza, de la lutte contre le projet impérialiste, colonial et raciste de constituer ce « nouveau Moyen Orient » adapté aux objectifs occidentaux.

Après la fin du voyage, après la remise des véhicules, des médicaments et du matériel scolaire, et le retour « forcé » immédiat à l’aéroport du Caire, comme des déportés, de nouveaux voyages sont déjà en préparation, avec des modalités à réexaminer, parce que le gouvernement égyptien a affirmé qu’il interdira la livraison d’aide humanitaire à Gaza sauf à travers le Croissant rouge égyptien (chapeauté par l’épouse de Moubarak, NdT).

Les nouveaux convois seront organisés par mer et prévoient le rassemblement de divers groupes internationaux provenant d’autres aires géographiques, signe manifeste que la mobilisation de solidarité à l’égard de la population de Gaza s’est renforcée avec ce travail unitaire au niveau local.

La situation des mouvements de solidarité en Italie

Venons-en à l’analyse de ce qu’est dans la phase actuelle la situation italienne des mouvements de solidarité avec la Palestine, aujourd’hui, au début de 2010, après les expériences de la Gaza Freedom March (GFM) et du Convoi Viva Palestina et après les attaques égypto-israéliennes contre les groupes qui veulent rompre le siège.

En Italie organiser une initiative semblable à celle du convoi est encore très difficile. Nous ne sommes pas encore à la seconde et troisième génération d’immigrés, comme en Angleterre ou en France. En plus de la crise économique qui touche avant tout les couches les plus faibles, exploités et marginaux de la force travail, c’est-à-dire les immigrés, est en cours une virulente campagne d’incitation au racisme et de négation des droits humains et civils les plus élémentaires. Objets de chantages sur le plan du travail, réprimés dans leurs demandes de dignité et d’identité religieuse et culturelle, il est difficile que puisse se développer à bref délai, dans les communautés d’immigrés arabes musulmans, une solidarité visible et active à l’égard des populations « sœurs » comme celle de Palestine. Même entre les Palestiniens en Italie c’est très difficile, parce que les différences sociales, la sécurité du travail, le prestige acquis, le propre confort, souvent aussi la peur de chantages policiers (parce qu’il est facile d’être immédiatement désignés, même sans Patriot Act comme « terroristes »), tout cela fonctionne pour réduire au silence même les plus préparés et les plus actifs. Ce n’est que l’an dernier, après le massacre de Gaza, que des dizaines de milliers de personnes de la communauté musulmane ont participé aux manifestations locales et à celle nationale du 17 janvier.

Le jugement sur le travail à l’intérieur des mouvement italiens dans la dernière année, tient compte des expériences de travail sur le « terrain », de l’expérience vécue au Caire par la GFM, de la lecture des divers communiqués des dirigeants italiens des deux délégations (Forum Palestina et Action for Peace), de certains dossiers ultérieurs (fin janvier 2010), de deux interviews sur Una Città (février 2010), du document écrit et signé par des dizaines de militants de base, « autonomes critiques », qui ont voulu discuter et critiquer les décisions prises par les sommets de la GFM et organiser des manifestations au Caire, et d’autres articles et documents sortis ces derniers jours. Les manifestations au Caire ont abouti à une bonne visibilité et à donner un sens à ceux qui étaient allés rappeler le massacre et manifester leur solidarité.

Le document officiel de la délégation de Action for Peace-FIOM (principal syndicat des métallos italiens, NdT), reconnaît les lacunes, organisatrices et de préparation politique et le travail qui reste à faire. Les premiers documents de Forum Palestina n’ont pas fait d‘évaluations critiques, en donnant un jugement positif, et ce n’est que ces dernières semaines qu’ils ont reconnu des problèmes dans l’organisation et des erreurs d‘évaluation.

Les défauts rencontrés dans les pratiques des mouvements, et qui sont souvent le résultat de la tradition politique de la gauche, ne s’arrêtent pas là et, sur certains de ceux-ci, il convient de s’arrêter et de discuter car si l’on continue dans cette direction, on ne fera pas que répéter les erreurs du passé mais on contribuera encore plus à augmenter le niveau de division et de fragmentation à l’intérieur des mouvements.

Autoréférentialité, triomphalisme et information à sens unique

J’ai participé au Convoi VP britannique non pas seulement pour une simple expérience de rencontre et connaissance [des groupes organisateurs, NdT], (comme en septembre avec une délégation de Codepink) mais parce que les modalités du convoi britannique me semblaient politiquement très intéressantes. J’ai eu la mauvaise surprise de relever certaines erreurs dans les documents italiens : non seulement pour avoir donné peu de visibilité à l’initiative du Convoi VP, mais pour en avoir parfois donné parfois une information aussi hâtive qu’incorrecte : « une partie [seulement] du Convoi est entrée à Gaza ».

Ce n’est pas vrai (1). Il en ressortait que la GFM, organisée par le groupe états-unien Codepink et d’autres groupes européens, sud-africains et australiens, était la seule initiative importante. Désagréable aussi de trouver toujours dans les documents d’autres inexactitudes ( ?) dans l’information comme par exemple le fait que le Hamas serait intervenu le dernier, en manipulant l’initiative de la société civile de Gaza : en l’utilisant à son avantage, en faisant de la « propagande » [ ?!] en emmenant la petite délégation visiter les lieux de destruction etc. Je suis allée en septembre 2009 (du 16 au 19) dans la Bande de Gaza avec une délégation restreinte de Codepink, qui allait justement déterminer les derniers points de l’organisation de la marche. Nous sommes allés visiter les principaux lieux dévastés par l’agression israélienne et le parcours de la marche, de Jabalya à Eretz, accompagnés par le responsable des relations internationales du Ministère de l’éducation du gouvernement Hamas. On venait à peine d’apprendre que le gouvernement du Hamas aussi avait donné son approbation et une des deux dirigeantes de l’équipe de Codepink était heureuse de cette nouvelle adhésion !! Car, aussi, en même temps que les structures gouvernementales locales, il était nécessaire, et c’était la responsabilité du gouvernement local d’organiser le service de sécurité autour de la manifestation d’un millier d’occidentaux dans une zone « de guerre ». J’ai rencontré Haider Eid, un des organisateurs à Gaza pour la société civile de la GFM, en dehors des réunions de Codepink, j’ai écouté avec d’autres les discussions et les difficultés sur la première phase de l’organisation de la marche, dont certains des premiers organisateurs, comme N. Finkelstein, s’étaient retirés pour des problèmes politiques sur les modifications de la plateforme requises par les Palestiniens.

Paranoïa idéologique et volonté d’ignorer les processus historiques

Il y a dans la gauche italienne, même radicale, une obsession persistante à criminaliser de façon ostentatoire le Hamas, en faisant abstraction d’une évaluation politique sérieuse, fruit de lectures attentives et d’approfondissements, dérivant des analyses les plus récentes des experts, Palestiniens et internationaux (2). De nombreux groupes, pas tous certes, se limitent depuis des années à ne proposer que les lectures les plus banales, comme l’a dit récemment Michele Giorgio (correspondant en Israël du manifesto, NdT) dans un entretien pour la journée à la mémoire de Stefano Chiarini (journaliste au manifesto, spécialiste du Moyen-Orient, fondateur de « Pour ne pas oublier Sabra et Chatyla », décédé en février 2007, NdT), avec des schémas idéologiques et péjoratifs, en utilisant le même langage que les medias occidentaux. Et comme c’est souvent le cas, la communication écrite ou verbale consacrée à discréditer les adversaires est violente. Elle semble proposer et se proposer comme une guerre « de religion », alors que la nature des « conflits » au Moyen Orient est l’énième attaque du néo-capitalisme et du néo-colonialisme.

Quelques exemples seulement parmi tant d’autres. Certains groupes ont continué à affirmer que « Hamas a fait un coup d’Etat » en juin 2007, en oubliant toute l’histoire précédente du refus immédiat de la communauté internationale de reconnaître la victoire du parti Hamas en janvier 2006 : parti dont la candidature politique avait été acceptée par les gouvernements occidentaux en 2005 (3). Ces mêmes gouvernements qui ont refusé de reconnaître la gravité de la tentative faite pour renverser le gouvernement du Hamas à Gaza en 2007, par Mohamed Dahlan, chef des services de sécurité de l’ANP (Autorité Nationale Palestinienne), faite avec la complicité directe d’Israël et de la CIA. En ignorant ou en méprisant les versions des analystes anglo-saxons, et de journalistes accrédités qui par contre concordent sur ce point (4).

Le thème des fillettes mariées à Gaza est revenu dans un document et de façon plus prudente (5). Le sujet est douloureux et compliqué, car le problème a existé et perdure à Gaza, où le niveau de pauvreté des familles a dépassé 60%, comme dans d’autres sociétés et dans les couches le plus pauvres du monde. C’est un problème de pauvreté, bien sûr, et aussi de patriarcat des plus rétrograde, mais non spécifique au Hamas. Déjà en 2002, lors d’une visite au WEP (Women Empowerment Project) de Gaza, Hadja el Serraj, la directrice du Centre WEP et sœur d’Eyal Serraj, psychiatre connu du GCMHP, nous racontait angoissée comment augmentait le pourcentage des mariages précoces, fruit des conditions de vie de plus en plus misérables de la population de Gaza, obligée de « céder » ses filles, bouches en moins à nourrir. Et on était encore dans une administration dirigée par le Fatah.

On pourrait parler sans fin d’une situation sociale qui s’est de plus en plus aggravée : alors qu’on ne parle que de « militarisation » de la Bande, on devrait analyser la situation sociale des jeunes de Gaza, sans autre avenir qu’un salaire de soldat ou de policier, souvent unique soutien de familles entières, aujourd’hui au service de Hamas, comme ils étaient il y a dix ans au service de Fatah et de l’ANP. L’unique dignité pour un jeune reste in fine un uniforme et une arme. Sur ce sujet et les accords d’Oslo, voir l’important travail, ample, précis, de Laetitia Bucaille, sociologue française (6).

Dans une des interviews publiées sur Una città (7) de février 2010, on met en avant, de façon obsédante, aveugle, banalisante aux limites du ridicule, les déclarations de certaines personnes, entrées comme représentants de la GFM, qui affirment « Au jour de l’an, il y a eu une soirée de musique et une fête avec un groupe de rap palestinien de Gaza. Les habitants (sic) ont remercié les internationaux ‘Heureusement que vous étiez là parce qu’ici on n’aurait jamais pu faire la fête. Ici on ne peut pas faire la fête, faire de la musique, danser parce que le Hamas ne l’autorise pas…’ ». Bien sûr à Gaza c’est difficile de faire la fête au jour de l’an ! Bien sûr les jeunes rappeurs et pas qu’eux voudraient faire la fête ! Pas seulement à cause du Hamas. Peut-être y avait-il aussi… l’anniversaire du massacre à commémorer !

Le regard « orientaliste » et paternaliste insistant oublie que le monde musulman fête un « Jour de l’an » à la fin du Ramadan et cette année, en septembre, j’étais présente, et j’ai assisté aux festivités traditionnelles ; on oublie la situation de deuil dramatique de centaines de familles, après le massacre, d’extrême pauvreté d’une bonne partie de la population, de siège et d’attaques qui continuent chaque semaine ; la nuit du 7 janvier une petite fille de 6 mois a été tuée avec deux autres civils, par un tir d’artillerie israélienne contre une maison de Khan Younis ; on oublie qu’une population d’observance musulmane stricte (certes le parti Hamas, gouvernement de facto depuis février 2010, dans un territoire « en guerre », contrôle davantage) n’est pas encline à danser selon les modalités des fêtes occidentales.

On persiste à demander, voir les derniers documents de certains groupes, une « paix juste », à soutenir la solution de « 2 Etats pour deux peuples », alors que depuis des années des observateurs majeurs et des journalistes palestiniens, israéliens et anglo-saxons démentent cette possibilité, étant donnés les faits accomplis (8). Et si l’on arrivait à un « Etat » palestinien, de fait sans frontières libres, ni défense, ni autonomie économique, ce serait une entité subordonnée aux intérêts israéliens, états-uniens et européens. (9)

Dans son intervention au séminaire de Rome en janvier 2009, et il est opportun de le rappeler, Ilan Pappé a affirmé : « Avec l’adoption du modèle de la solution fondée sur deux Etats, nous avons directement contribué à rendre les Israéliens immunes de toute pression importante exercée par la communauté internationale pour qu’ils mettent un terme à cette politique criminelle qu’ils perpétraient sur le terrain. Cela n’a aucune importance que vous croyiez plus ou moins fermement dans la solution des deux Etats ou que vous pensiez qu’il n’y a pas d’autres solutions : le discours des deux Etats est celui qui garantit qu’Israël attaque des palestiniens innocents impunément et il en tuera d’autres, des enfants, des femmes et des hommes la prochaine fois, justement à cause de ce discours des deux Etats. Et l’élite occidentale, même avec Barack Obama ne fera rien ».

L’essai de Meron Benvenisti (« The inevitable Bi-national Regime »), publié dans l’édition en hébreu de Ha’aretz à la mi janvier, décrit la situation tragique mais réelle des Territoires occupés, la fragmentation du peuple palestinien en 5 groupes (ceux de Cisjordanie, de Jérusalem-Est, d’Israël, de la diaspora et de la Bande de Gaza), chacun avec des expériences de vie, des nécessités, des relations, des structures économiques, politiques, administratives désormais diversifiées : fruit du plan stratégique israélien, sioniste, de longue durée (selon la tradition coloniale du « Diviser pour régner» occidental) qui est en train de bouleverser leurs identités, en refusant un Etat et en détruisant l’unité d’un peuple. Et cela contribue à la création de facto d’un seul Etat (juif et non démocratique) avec deux nations, dont une cependant n’a pas de droits, et à qui est nié de fait jusque la reconnaissance de son identité nationale. Benvenisti en arrive à se demander si l’on peut encore parler de « peuple palestinien » dans ces conditions.

L’essai fait aussi de larges critiques aux cercles de la gauche « pacifiste » israélienne qui sont en compétition entre eux, poursuivent des « agendas différents » et contribuent au discours de la solution des « 2 Etats pour deux peuples » avec leur vision de l‘Etat palestinien, « ridicule caricature d’Etat ». Benvenisti termine sans espoir. Son essai écrit-il, n’est pas « prédictif » mais « informatif ».

Un essai important et approfondi en 2009 du sociologue palestinien Jamil Hilal (sous peu suivi en arabe d’un livre d’analyse de l’échec de la gauche palestinienne) met en évidence le système de polarisation et de fragmentation politique de la société palestinienne, accompagné de données mises à jour sur le chômage, les niveaux de pauvreté, la situation économique, etc. C’est une analyse qui part de l‘étude de l’histoire des deux dernières décennies et de la réalité d’aujourd’hui : de la polarisation et de la fragmentation du système politique (due à la fragmentation géographique, et par suite, sociale et politique, programmée par les gouvernements israéliens), du système électoral imposé par le monde occidental, un système mixte de représentation proportionnelle et majoritaire, celui qui a construit la polarisation et favorisé le parti Hamas comme majorité dans le PLC. Et imposé deux entités politiques (avec des programmes politiques très différents), qui ont eu comme issues dramatiques deux gouvernements et deux systèmes de sécurité. Mais ce sont deux entités politiques, avec leur propre base de masse, leurs propres appareils de sécurité et leur propre aile militaire qui suivait et suit son propre programme de résistance à l’occupant. Parce que même celle du Fatah n’a pas démobilisé, sauf dans les dernières années de « normalisation » du gouvernement de Ramallah.

Depuis 2008, des analystes ont dénoncé la « paix économique », c’est-à-dire la normalisation de l’occupation en Cisjordanie opérée par le premier ministre Fayyad (10), avec ses conséquences dramatiques sur la société, typiques du néocapitalisme et de la globalisation : ouverture de l’économie palestinienne aux investissements étrangers privés, qui encouragent la consommation et le crédit sur les maisons, dans les couches sociales actuellement en phase d’ascension (une ONG organise des focus groups et du training pour un programme d’« éducation pour acheteurs de maisons »), activation de zones industrielles légères (et exploitation lourde de la main d’œuvre), ouverture de centres commerciaux, de maisons de prostitution, en échange d’un plan de sécurité dure, avec destruction des groupes de résistance militaire, désarmement et renonciation à la lutte armée des groupes du Fatah en 2008, arrestations en masse des militants du Hamas, organisation et entraînement des forces de sécurité palestiniennes en fonction des stratégies militaires israéliennes, répression de la résistance populaire non-violente contre le Mur, les vols de terre et le nettoyage ethnique à Jérusalem Est.

La « paix économique » de Fayyad (qui a pris la parole le 2 février à la conférence sur la sécurité à Herzliya –Tel Aviv-, avec Netanyahu et Barak, et avec le directeur général du FMI, le français Dominique Strauss-Kahn), dont on a célébré les avantages dans la Palestine Investment Conference de Bethléem en 2008, et dont on parle et discute très peu dans les mouvements de solidarité en Italie (comme en France, NdT), est en train de créer de nouvelles et lourdes différences de classe et des différences dramatiques entre villes et campagne, avec la « désertification » des zones rurales et la poussée des jeunes vers de nouveaux (?) travaux dans les villes ; elle ne crée pas de développement économique, mais ce que Sara Roy et d’autres ont défini comme de-development. Et cela a in fine comme objectif de détruire la lutte de résistance non violente des comités populaires des zones rurales et de séparer et fragmenter l’identité nationale palestinienne.

Ce sont toutes des analyses très lucides sur ce qui est advenu « entre temps », tandis qu’en Italie, à part quelques rares groupes, on s’entretenait dans un infantile « âge de l’innocence » sur le problème « généraliste » de travailler pour arriver à la « paix juste », pour la solution ‘deux peuples-deux Etats’, certains groupes se limitant à des voyages de connaissance et rencontres « paritaires » entre Israéliens et Palestiniens (de préparation à la « normalisation » ?) ; mais tout en s’acharnant de façon obsédante et très peu politique sur l’ennemi juré, Hamas, « unique groupe terroriste », oubliant au passage la corruption ultra décennale et les complicités passées et actuelles des institutions de l’ANP, l’opacité de l’OLP, l’échec total du ‘processus de paix’, et l’impact de plus en plus dévastateur de tout cela sur les structures économiques et sociales des Palestiniens (11). Je me souviens des difficultés à parler ouvertement, après 2006 (sortie du livre de Pappé dans l’édition anglaise), de « nettoyage ethnique », pendant la présentation de l’édition italienne du livre d’Ilan Pappé (2008) ; je me souviens des difficultés, des distinctions subtiles, des longues discussions sur le mot « apartheid » et si l’on pouvait l’appliquer à Israël, et, en 2009 encore, dans certains milieux des mouvements, sur le mot « génocide ». La terreur face à l’accusation d’antisémitisme, utilisée souvent comme forme de chantage, dans un monde européen prône à la menace de la propagande pro-israélienne (12).

Que faire ?

Si on veut vraiment faire un saut qualitatif dans le travail des mouvements de solidarité, les choix à accomplir de la part des groupes devraient être différents : partir d’analyses mises à jour, approfondies, sur la situation réelle, commencer à réfléchir sérieusement sur le Hamas, qui est aujourd’hui un parti et un mouvement de masse, comme l’ont déjà fait des journalistes israéliens et des analystes anglo-états-uniens sur des journaux comme Ha’aretz, et sur des revues en ligne importantes comme Counterpunch (13) et autres. Sans ignorer que le gouvernement Hamas, même indirectement, parle depuis longtemps de négociations pour un Etat palestinien « à l’intérieur des frontières de 67 », en reconnaissant implicitement les frontières avec l’Etat d’Israël et, donc, Israël. Mais pas une reconnaissance comme condition préalable à des négociations définitives (voir encore De Soto). Et sans forcer des conclusions hâtives sur comment avancer « pour l’unité politique des palestiniens », alors que dans cette phase tragique je ne crois pas qu’on puisse parcourir la route tentée en 2005 et perfectionnée en mai 2006 avec le document des prisonniers, dont Paola Caridi (journaliste à Lettera 22, NdT) décrit minutieusement le difficile parcours dans son livre. Ce document a été saboté par Israël en juin 2006, comme toutes les médiations successives (Mustapha Barghouti et Abdullah d’Arabie) de l’automne 2006 et du printemps 2007, pour un Gouvernement d’Unité Nationale, où l’on arriva au seuil de la signature d’une coalition gouvernementale Hamas-Fatah, et où tout s’arrêta dans la tentative d’un coup d’Etat, financé par Israël, de Dahlan (14).

Je crois en outre qu’on ne puisse plus raisonner avec des catégories occidentales pour des situations avec des traditions et des univers mentaux qui fonctionnent selon d’autres catégories ; mais qu’il faut tenir compte au contraire des efforts, dans le monde musulman, de réélaboration des références islamiques, que ce soit dans le domaine économique, qui essaient de résister au système néo-libéral, comme dans le domaine politique, comme par exemple le concept de démocratie et les modalités de gestion du pluralisme (15). Quand, en outre, les catégories politiques occidentales sont elles aussi en crise, et ne fonctionnent pas. Quand même ici ne fonctionne pas l’unité d’une opposition des partis de gauche. Et la situation de fragmentation est cependant différente : là-bas construite stratégiquement de l’extérieur, ici à l‘intérieur des formations politiques. Je crois que ceci est un nœud important à étudier et sur quoi débattre.

L’ignorance persiste encore chez certains groupes sur les séminaires et discussions qu’il y a eu dans la décennie passée sur ‘un Etat unique, laïc et démocratique’ en Israël. On ignore ou on feint de ne pas comprendre, (chez certains groupes, pour ne pas citer des partis et syndicats de la gauche) qu’ « Etat juif » signifie discrimination et oppression à l’intérieur d’Israël. Souvent tout cela se trouve aussi délaissé par une partie des mouvements, qui se limite à des choix purement humanitaires. Il est temps que tout cela soit clarifié sans incertitudes, sans ambiguïtés, et sans références continues aux jeux de la politique, électoraux et pas seulement, maintenant que le gouvernement israélien parle ouvertement d’ « Etat du peuple juif ».

Il faut étudier à fond, et proposer à l’opinion publique des mouvements, une analyse mise à jour du sionisme et de son projet d’occupation, d’expansion et d’expulsion de l’autre, depuis le début du XX° siècle ; thème sur lequel l’an dernier au séminaire de Rome du 24 janvier, l’historien Ilan Papé s’est longuement étendu (16). Pappé avait déjà dit dans un discours à Bi’lin le 18 avril 2007, « Temps expiré »: « Il n’est besoin d’aucune déconstruction sophistiquée pour comprendre qu’en ce point l’élite israélienne ne joue plus un rôle démocratique. Elle est en train de réaliser les derniers chapitres de son idéologie : faire de la Palestine un Etat juif avec une présence la plus réduite possible de Palestiniens ».

Ce thème tabou, volontairement ignoré et refusé jusqu’ici, par tous les partis de la gauche et par les syndicats, pris dans un chantage et des menaces institutionnelles d’antisémitisme, a été depuis peu ‘mis sous observation’ par Forum Palestina dans un premier séminaire à la fin novembre 2009. Mais la route est encore très longue. Il faut démonter l’idéologie sioniste, qui est coloniale et raciste, parce qu’elle veut une terre de Palestine « nettoyée », sans arabes (17). A présent ce discours, avec Lieberman et Netanyahu, revient beaucoup plus explicitement à la rescousse. Il faut dénoncer de plus en plus ouvertement quel rôle menaçant et de chantages continus tient Israël au Moyen-Orient et en Méditerranée, comme puissance militaire nucléaire, comme laboratoire terroriste d’expérimentation et de contrôle de la population civile, d’expérimentation de systèmes et dispositifs électroniques de dernière génération de contre-insurrection coloniale (18).

La « découverte » de BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions)

A partir du printemps 2009, après le massacre de Gaza, de nombreux groupes de solidarité ont « découvert » l’appel au BDS que la société civile palestinienne avait adressé à la communauté internationale le 9 juillet 2005 (19).

A partir du printemps dernier, divers groupes se sont lancés dans l’aventure BDS, avec même de nouveaux sites, mais avec des programmes souvent équivalents aux vieux, comme celui que, ce même 9 juillet 2005, l’ECCP européen avait lancé pour une campagne BDS sans B et sans D mais seulement pour des sanctions des gouvernements.

On assiste aujourd’hui à une agitation frénétique de la part de certains groupes qui ont pendant des années refusé l’idée de BDS, après une rencontre à Pise en octobre 2009, qui a culminé avec la requête de la part des organisateurs de souscrire à un énième document, le document européen de Bilbao sur la campagne BDS, qui prévoyait dans son Plan d’Action certaines distinctions sur comment faire le BDS, « mieux vaut suivre les sensibilités de chacun » (« gradual, sustainable manner that is sensitive to context and capacity »), plus conforme à l’objectif de comment faire BDS en Italie ; s’est ensuite autoproclamé un BDS-Italia, qui a rassemblé certains groupes. Tandis que l’an dernier le Forum Palestina, avec d’autres petits groupes, comme ISM-Italia, avaient lancé le BDS comme boycott des produits d’Israël, des Territoires palestiniens occupés (TPO) et des plus grandes entreprises italiennes qui ont des rapports de collaboration étroite ou des usines en Israël (les initiatives, de réalisation non aisée, auraient pu avoir de bons résultats si elles avaient été organisées ensemble), on est en train d’en revenir maintenant à réfléchir sur comment définir seulement les produits dans les TPO (en créant ainsi d’évidentes difficultés puisque tout est étiqueté ‘Made in Israel’ ou exporté sous contrôle israélien). Pendant ce temps, on a perdu quasiment une année et tout cela pose quelque question, quand justement depuis plusieurs mois fait rage la nouvelle stratégie israélienne de « sabotage » et d’« attaque » contre le mouvement mondial pour la justice et la paix (20).

On cherche avec les mêmes modalités à organiser à présent une campagne alternative à celle pour le boycott universitaire et culturel d’Israël, qu’avait proposé ISM-Italia en juillet 2009 dans un séminaire à Rome auquel avait participé Omar Barghouti, un des promoteurs palestiniens, séminaire qui suivait les indications du PACBI palestinien (21). Mais un document du PACBI du 17.2.2010, “Intellectual responsibility and the voice of the colonized” affirme : “It is responsibility of the boycott supporters to understand the broadly-accepted boycott criteria and guidelines upon which this boycott is based and adhere to it, rather then attempting to invent or suggest idiosyncratic criteria of their own, as the latter would undermine the Palestinian guiding reference for the global boycott campaign against Israel”. [Souligné par l’auteur].

Le document met en garde contre ceux qui créent une confusion et essaient une fois de plus de mettre sous « formaldehyde »(étouffement, mise sous chloroforme, NdT) (22) aussi bien le BDS que le boycott du PACBI, et le travail que des groupes comme ISM-Italia et Forum Palestina font depuis plusieurs années, au milieu de mille difficultés et ostracismes.

Ce qui est décrit ici, et dont nombre d’entre nous sont témoins, est le très triste résultat de la politique à l’intérieur des mouvements de solidarité en Italie, pas seulement celle de ces dernières années. Aurions-nous besoin d’un Meron Benvenisti italien pour déclarer que « le roi est nu » ? Ou d’un George Galloway ?

Qu’est-ce qui empêche un travail unitaire en Italie ? Si les idéologies sont en crise, restent les anciennes appartenances, les références politiques, les vieux schémas idéologiques, la non autonomie par rapport à des positions/collusions partisanes et électorales.

Notre situation est aujourd’hui pire encore qu’il y a quelques années. Nous sommes, par rapport à d’autres pays européens (certes pas par rapport à la France où la « gauche » sioniste tient le haut du pavé dans les mouvements de solidarité, NdT) en retard de plus d’une décennie concernant l’engagement dans l’information, dans la possibilité de n’avoir à disposition que très peu de maisons d’édition pour publier des livres importants mais jugés « dangereux », sur la maigre adhésion des intellectuels, l’absence de courage d’universitaires et d’hommes politiques pour dénoncer la situation. En conséquence, une liberté de discussion devient difficile par rapport à un authentique engagement internationaliste antiraciste et anticolonialiste, comme par exemple en Grande-Bretagne.

Il nous manque aussi en interne une critique, et autocritique, courageuse pour produire ensemble des propositions communes efficaces. Si demeurent les obstacles, les chantages, les manœuvres partisanes, les personnages ambigus et collabos, les tentatives de faire obstacle, de manipuler, de contrôler et d’affaiblir les énergies des minorités « étiques », quelle solidarité peut-on construire en Italie (et en France, NdT) pour atteindre ce résultat vraiment efficient, avec des issues moins négatives que celles d’aujourd’hui ? Ici aussi sont à l’œuvre des stratégies de désagrégation et de polarisation. L’activisme pour l’activisme, sans motivations éthiques, n’a jusqu’à présent abouti à presque rien. Nombre d’entre nous se sont désormais rendu compte de cela. Il est temps d’affronter un débat sérieux, approfondi et positif. Parce qu’il est déjà tard.

Diana Carminati, Turin, 21 février 2010
ISM-Italia

Notes de lecture :

(1) J’en ai été témoin direct : sont entrés les plus de 450 activistes et environ 150 des 200 véhicules (50, bloqués par les Egyptiens, ont été ensuite remis aux camps de réfugiés palestiniens en Syrie et au Liban).

(2) Nombreux travaux en anglais ; en italien voir l’analyse précise de Paola Caridi : Hamas. Ce qu’est et ce que veut le mouvement radical palestinien. Feltrinelli, 2009

(3) Voir le rapport de fin de mission du diplomate onusien Alvaro De Soto de mai 2007, refus accompagné par le blocage immédiat des salaires, par la fermeture quasi complète des passages et blocus des marchandises.

(4) Voir parmi les articles du diplomate Alaistair Crooke, du journaliste David Rose, de l’analyste Julien Salingue (Paris 8), de Paola Caridi dans son livre sur le Hamas, dans lequel pour la première fois en Italie est analysé le parcours et ensuite la décision du mouvement de résistance d’avoir une composante politique forte et de se transformer en parti. Jusqu’ici ce livre n’a eu que très peu de recensions.

(5) Je me souviens des accusations infâmantes et atroces passées sur le net l’été dernier sur les mariées enfants de Gaza, en fait les petites demoiselles d’honneur photographiées heureuses à côté de fiers jeunes gens Gazaouis, « bien sûr pédophiles » ; images reprises avec des légendes truquées par quelque site de propagande. Le crédit qu’on leur accorda alors ne fut heureusement que de quelques semaines.

(6) L. Bucaille, « Gaza : la violence de la paix », Presses de Sciences politiques, Paris (1998).

(7) Interview de « Una città », février 2010, à M. P.M. (Université de Pise et BDS-Italia), participant à la GFM.

(8) Voir comme exemple parmi les plus récents, le dernier article sur Ha’aretz du 24.1.2010 de Moshe Arens, au titre très significatif « Obama chasing rainbows with two-state solution » (« Obama se berce d’illusions avec la solution à deux Etats »), qui traite de pauvres ingénus les « rêveurs infatués. » « The continuing infatuation with the idea of a two-state solution is at the bottom of most of these naive dreams. » Et de nombreux autres ces dernières années.

(9) Voir article de Ziyaad Lunat « The Netanyahu-Fayyad ‘economic peace’ one year on » The Electronic Intifada, 10.2.2010 et autres sur Maan News, février 2010.

(10) Voir l’article de Julien Salingue sur le Palestinian Reform and Development Plan « L’échec programmé du plan ‘silence contre nourriture’. Où va le gouvernement de Salam Fayyad ? », 6.03.2008 in http://www.plomission.us/PRDPFinal.pdf Id., Les dynamiques économiques palestiniennes (1967-2009), I.S.M., 23.11.2009, et de Ziyad Lunat « The Netanyahu-Fayyad ‘economic peace’ one year on », ibid. note 9.

(11) Dans un article récent, on fait passer pour « querelle » avec le Hamas la dernière tentative d’Abu Mazen de ne pas reconnaître le rapport de la mission Goldstone, pendant au contraire qu’un chantage des israéliens frappait son fils, impliqué… dans les intérêts du nouveau réseau de téléphonie Wataniya.

(12) On devrait au contraire mettre en discussion le mot antisémitisme (catégorie linguistique inventée par les philologues européens à la fin du XVIII° siècle, et devenue ensuite une catégorie raciale au XIX° siècle avec Ernest Renan : à ce sujet voir la réflexion de Joseph Massad, élève de Edward Saïd, Columbia University, dans son texte « La persistance de la question palestinienne », La fabrique Editions, 2009) et, en conséquence, antisémitisme, utilisée toujours seulement pour définir les attaques contre les juifs, comme arme terrible de chantage dans un monde européen prône aux menaces de la propagande pro-israélienne.

(13) Dans le dernier document de Forum Palestina, sorti ces jours ci, on parle de « nécessité de définir les points de confrontation et ceux de divergence sur les perspectives ».

(14) Voir encore la description minutieuse de Paola Caridi.

(15) Voir, parmi de nombreux auteurs, Tariq Ramadan, « Nous musulmans européens », datanews, 2008 ; François Burgat, « L’islamisme en face », La Découverte, 2007.

(16) « Tous les efforts faits par les Israéliens pour décrire ce phénomène comme une réalité complexe sont une tentative de cacher une histoire très simple et funeste de colonialisme, d’occupation, de nettoyage ethnique et maintenant de génocide ». Et il se demandait « Comment nous confronter avec cela quand nous avons cette « chape » de propagande au niveau universitaire, au niveau des médias et au niveau politique, quelque chose qui donne l’impunité aux crimes israéliens et sionistes ? »

(17) Outre Pappé, d’autres chercheurs, comme par ex. Jonathan Cook dans ses livres : « Blood and Religion. The Unmasking of the Jewish and Democratic State », Pluto Press, 207 et « Disappearing Palestine. Israel’s Experiments in Human Despair », ZedBook, 2008, dans lesquels le plan du général Yigal Allon de 1967 (trois cantons en Cisjordanie : Naplouse et Jenine, Ramallah et Salfit, et Hébron) et ensuite de Moshé Dayan, pour une option jordanienne et une option égyptienne : c’est-à-dire donner en échange certains territoires ou déplacer la population. Les déclarations et propositions d’Avigdor Lieberman sur les demandes à faire à la population palestinienne d’Israël (ou souscrire une déclaration de fidélité inconditionnelle à Israël comme Etat juif ou devenir résident immigré avec permis de travail et de séjour à temps déterminé ou émigrer). Sur ces thèmes, voir l’article de Marco Allegra dans « Conflits mondiaux » n. 6, « Israël comme paradigme » et sa prévision d’un avenir où il y aura « une entité dominante et un entité dominée ».

(18) Voir rapport de Lalleh Khalidi à la SOAS de Londres le 22 février 2009, et voir l’article de G. Frankel, « le Moyen-Orient et la Bombe : duel atomique ou équilibre entre Israël et Iran ? », in Biblioteca della libertà, n. 189, octobre-décembre 2007.

(19) Voir l’histoire de ces épisodes dans le livre « Boicottare Israele : una pratica non violenta », Derive/Approdi 2009, dont je suis co-auteur (avec Alfredo Tradardi, NdT).

(20) Voir Ali Abunimah, “Israel’s new strategy : « sabotage » and “attack” the global justice movement”, The Electronic Intifada, 16.2.2010. « La nouvelle stratégie d’Israël : “saboter” et “attaquer” le mouvement mondial pour la justice », I.S.M. 18.2.2010.

(21) Alternative parce que c’est un programme d’ « éducation » des Palestiniens, qui veut informer les universitaires italiens ‘sensibles’ sur une situation qu’ils devraient connaître depuis au moins une décennie. Les premières demandes de boycott sont arrivées, en 2002-2003, d’universitaires israéliens et juifs anglais comme Tanya Reinhart, Steve et Hillary Rose, Ilan Pappé et d’autres ; certains d’entre eux sont aussi venus en Italie depuis 2004 et ont parlé de BDS dans différentes rencontres organisées par ISM-Italia. Nombreuses ont été les rencontres sur BDS en Italie promues par ISM-Italia, avec des interventions d’Omar Barghouti et de Jamil Hilal. Important aussi l’article de Judith Butler, « Israël/Palestine and Paradoxes of Academic Freedom », Radical Philosophy, janvier-février 2006, que j’ai plusieurs fois rappelé aussi dans divers séminaires des Donne in nero (Femmes en Noir, NdT) à cette époque. Voir « Boycotter Israël », déjà cité.

(22) Terme utilisé dans son rapport par Alvaro de Soto, le diplomate de la Road Map, citant Eliot Abrams et Dov Weisglass qui avaient « congelé » la Feuille de route : « mise sous chloroforme » avait été utilisé très explicitement par le chef du staff de Sharon, Dov Weisglass, dans une interview par Aron Shavit sur Ha’aretz le 8 octobre 2004 : « J’ai laissé de côté ce cauchemar des colons indéfiniment. Voilà quelle est la signification de ce que nous avons fait. La signification est la congélation du processus politique. Et quand tu congèles ce processus tu empêches que ne se constitue un Etat palestinien, et tu empêches la discussion sur les réfugiés, les frontières et la question de Jérusalem ».

A ce sujet et sur les initiatives du conseiller du Département d’Etat états-unien Elliot Abrams, avec Dov Weisglass, pour congeler la Feuille de route, on se reportera à l’article de Kathleen Christison et au livre de T. Reinhart (L’héritage de Sharon, La fabrique, 2006).

Traduction : Marie-Ange Patrizio.



Articles Par : Diana Carminati

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