La situation sociale en Chine : Perspectives et défis

1. L’industrialisation n’a rien d’une partie de plaisir

« Le présent en Chine change constamment
et accélère sans cesse.
Un Européen devrait vivre quatre cents ans
pour pouvoir vivre un changement aussi radical. »
Yu Hua, romancier
[1]

Entre la réalité et ce qu’on perçoit, il existe souvent un large fossé. C’est certainement le cas pour la Chine. Le moins qu’on puisse dire de ce pays, c’est qu’il a un sérieux problème d’image en Occident. Quand les médias traditionnels parlent de la situation sociale en Chine, ils sont habituellement tout, sauf élogieux. Les sujets favoris sont les catastrophes, depuis les accidents de chemin de fer jusqu’aux immeubles qui s’effondrent, ou encore toutes sortes de scandales comme les intoxications alimentaires et les accidents miniers, les conditions de travail effarantes, les énormes problèmes environnementaux, l’agitation sociale, les avortements obligatoires, un bébé qui se retrouve dans la conduite d’évacuation d’un WC, etc., etc.

L’information dans le monde capitaliste cherche la sensation et se concentre souvent sur tout ce qui est négatif. D’autres pays aussi, surtout dans le Sud, sont généralement présentés sous un mauvais jour. Mais, dans le cas de la Chine, au contraire de l’Inde, par exemple, le dénigrement domine et il est systématique, quand il n’est pas organisé de toutes pièces.

L’industrialisation en Europe occidentale a été un processus brutal et très radical. Elle a créé des problèmes sociaux et écologiques sans précédent. En Chine, elle concerne cinq fois plus d’êtres humains et il s’agit d’un processus qui se déroule quatre fois plus rapidement.[2] Par conséquent, cette ruée vers la modernisation ne peut faire autrement qu’entraîner des problèmes et défis gigantesques. Il serait peu avisé de le nier, voire de le minimiser. Par exemple, la désorganisation psychique et existentielle réclame un lourd tribut, suite à cette turbulence historique. Selon la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet, un Chinois sur huit souffrirait d’une maladie mentale.[3] En Chine le taux de suicide est parmi les plus élevés au monde.[4]

Mais, à la lumière de notre propre industrialisation ou de l’actuelle modernisation à laquelle on assiste dans le reste du Tiers monde, et des problèmes qui l’accompagnent, il est nécessaire de situer les choses dans une perspective correcte. C’est ce que nous allons faire dans la première partie du présent article. Dans la deuxième partie, nous nous arrêterons sur trois défis importants.

2. La situation globale (en proportions réelles)

« Bien des pays en voie de développement
iraient jusqu’au meurtre
pour pouvoir être confrontés aux problèmes de la Chine. »
The Financial Times[5]

2.1 De grandes différences

La Chine est un État-nation, mais, en fait, c’est un pays avec les proportions et la diversité d’un grand continent. Elle compte autant d’habitants que l’Europe occidentale, l’Europe de l’Est, les pays arabes, la Russie et l’Asie centrale ensemble. En outre, sur le plan du niveau de vie, elle présente les mêmes différences que les régions précitées. Dans les provinces côtières, les habitants disposent d’un revenu moyen comparable à celui de la Roumanie. Certaines régions se situent même aux environs de la Belgique ou de la France. Dans le centre du pays, les gens ont un niveau de vie comparable à celui de l’Albanie et, dans l’ouest, qui compte pourtant une population de 200 millions d’habitants, ce niveau descend jusqu’à celui de l’Égypte[6]. En Chine, sur une distance de cent kilomètres, il est parfois possible aussi de remonter de cent ans dans le temps. Et nous ne parlons pas des cinquante et quelques ethnies et des dizaines de langues du pays.

La Chine est donc tout sauf un pays homogène. C’est en fait un ensemble de territoires très différents les uns des autres. De même que l’Eurasien n’existe pas, « le » Chinois type n’existe pas vraiment non plus. Il serait donc totalement hors de propos de vouloir généraliser.

2.2 Tiers monde

En Chine, il existe des régions qui soutiennent très bien la comparaison avec les pays riches. Mais, si nous considérons le pays dans son ensemble, c’est encore jusqu’à nouvel ordre un pays du Tiers monde. Pour ranger un pays dans cette catégorie, on recourt à trois critères : l’Indice de développement humain (IDH), le PNB par habitant et le salaire moyen. Les trois critères ne laissent subsister aucun doute : La Chine est toujours un pays « en voie de développement ».

Si on examine l’IDH, le pays figure au 104e rang mondial (sur 186 pays). C’est nettement plus haut que l’Afrique, mais encore en dessous de l’Amérique latine. Pour le PNB par habitant, il se situe au 91e rang. Le PNB par habitant en France est huit fois plus élevé que celui de la Chine[7] et le salaire moyen est presque neuf fois plus élevé.[8]

 

Cela n’a donc guère de sens de comparer la Chine aux pays du Nord. Pourtant, c’est ce qui arrive constamment. La Chine est considérée avec un regard européen et ses prestations sont mesurées à l’aune de celles de pays riches. C’est comme si on comparait les prestations sportives d’un amateur débutant à celles d’un athlète professionnel de haut niveau. Si on veut comparer la Chine, qu’on le fasse avec des pays comparables, c’est-à-dire avec des pays du Sud. C’est ce que nous allons faire dans le paragraphe suivant.

2.3 La comparaison avec des pays comparables

Afin d’évaluer la situation sociale de la Chine, nous recourons à un certain nombre de critères qui sont indicatifs d’un développement social minimal : le logement, les infrastructures et, plus particulièrement l’électricité, la violence, la sécurité alimentaire, l’alphabétisme, la mortalité infantile, la pauvreté, l’emploi et la situation des enfants et des femmes.

Le logement

L’une des plaies les plus frappantes des pays du Sud, ce sont leurs gigantesques bidonvilles. Dans des villes comme Manille, Mumbai, Lagos, Buenos Aires et bien d’autres, des millions et des millions de gens vivent entassés les uns sur les autres dans des conditions indignes. Pas la moindre trace de cela, en Chine. C’est le résultat du système hukou, dont on a beaucoup parlé.[9] Entre 2005 et 2015, on estime qu’un tiers de tous les Chinois occuperont un nouveau logement. C’est presque autant que toute la population de l’Europe[10].

L’électricité

Sans électricité, pas de réfrigérateur, d’éclairage, de ventilateur, de télévision, de machine à laver, ni d’autres appareils ménagers. Environ 27 % des gens des pays en voie de développement doivent pourtant se passer de ces équipements élémentaires. En Chine, ils ne sont plus que 0,6 %.[11]

La violence

La plupart des pays du Sud sont infestés par un taux élevé de violence. Sur ce plan, la Chine présente des statistiques excellentes. Les pays riches comptent deux fois plus d’homicides par habitant que la Chine. En Asie, on en est à quatre ou six fois plus et, en Amérique latine, vingt fois plus, même.[12] L’image est similaire pour le nombre de journalistes assassinés. Avec ces chiffres il vaut mieux rester modeste en Europe.[13]


 

 

La sécurité alimentaire

En Chine, 5,5 % de la population est encore confrontée à la sous-alimentation. Ce nombre diminue progressivement. En Inde, par contre, il est de 24 %. Le nombre de gens souffrant de la faim y a même augmenté, ces dix dernières années, et de près d’un cinquième.[14]

 

La mortalité infantile, l’analphabétisme et la pauvreté

La mortalité infantile est peut-être encore le meilleur indicateur du développement social d’un pays, parce qu’on y retrouve un ensemble de facteurs : les soins de santé, l’alimentation et l’eau potable, le taux de scolarité de la mère, le logement, l’hygiène. Sur ce plan, la Chine s’en tire nettement mieux. Au Pakistan, il meurt cinq fois plus d’enfants et, en Inde, 3,5 fois plus.[15] En Inde, l’analphabétisme est six fois plus élevé et, au Pakistan, sept fois. Le pourcentage de pauvreté extrême est environ deux fois plus élevé au Pakistan et trois fois en Inde.[16]

 

L’emploi

En Chine, les conditions de travail sont loin d’être idéales et, plus particulièrement, pour les 150 millions de migrants internes. Mais, une fois encore, il est bon de mesurer cette question à l’aune de la situation dans la région et dans d’autres pays du Tiers monde.

Une grande plaie, sinon la pire, pour les travailleurs, c’est le travail informel. Il n’offre pas la moindre sécurité juridique, ni sécurité sociale, mais, à coup sûr, un revenu particulièrement bas et incertain. Sur ce plan, la Chine est nettement mieux lotie que les pays de la région.[17] Il convient en outre d’ajouter que le travail informel en Chine est dans bien des cas du travail semi-formel, avec une certaine forme de sécurité juridique et de sécurité sociale.[18]

Cette année, l’objectif est de conclure des conventions collectives de travail (CCT) dans 80 % des entreprises où un syndicat est présent.[19] Dans la plupart des grandes entreprises, ainsi que celles à capitaux étrangers, il y a une représentation syndicale. À l’échelle mondiale, 15 % seulement des travailleurs bénéficient d’une CCT.[20]

Jusqu’il y a peu, la Chine passait pour un pays à très bas salaires. Cette époque est révolue. En 2009, le salaire minimal en Chine était environ le double de celui de l’Inde.[21] Le salaire moyen chinois était quatre fois plus élevé qu’au Vietnam, trois fois plus élevé qu’aux Philippines, deux fois plus élevé qu’en Indonésie et une fois et demie plus élevé qu’en Thaïlande.[22]

 

Les enfants

En Chine, on ne rencontre pas ces nuées d’enfants mendiants qui constituent une composante du paysage des rues dans de nombreuses villes du Tiers monde. Le travail des enfants a pratiquement été éliminé. Sur ce terrain, l’Organisation internationale du travail (OIT) met en exergue la Chine et le Brésil en tant que pays modèles.[23] Cela contraste étonnamment avec l’Inde, par exemple, où 17 millions d’enfants n’échappent pas au travail et 1,2 million à la prostitution.[24]

Les femmes

Un travail décent dans l’existence n’est pas tout, mais, pour les femmes, c’est souvent une condition de base pour l’émancipation et l’autonomie financière. En Chine, 70 % des femmes ont un emploi ou en cherchent un ; en Inde, elles ne sont qu’un quart. 81 % des femmes diplômées en Chine ont du travail, alors qu’elles ne sont que 34 % en Inde.[25] Dans le reste de l’Asie, la situation ne diffère guère de celle de l’Inde.[26]

2.4 Évolution

Telle est la situation en ce moment. Mais, dans le cas de la Chine, cette situation évolue à la vitesse de l’éclair. Tout d’abord, sur le plan de l’économie. Une croissance annuelle de 10 % signifie un doublement tous les 7 ans et donc une multiplication par 4 après 14 ans, par 8 après 21 ans et par 16 après 28 ans. Entre 1980 et 2015, le PNB par habitant au Brésil aura crû d’environ 50 %, en Inde de 300 % et en Chine de… 1850 %.[27]

Au début de la révolution chinoise, le pays était l’un des plus pauvres et des plus arriérés de la planète. Le PNB par habitant était à la moitié de celui de l’Afrique noire et au sixième de celui de l’Amérique latine. Avec de tels chiffres sous les yeux, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi « devenir riche » constitue une telle obsession pour les Chinois. Ils viennent réellement de très loin. Soixante ans plus tard, cette situation a considérablement changé. La Chine se situe aujourd’hui au niveau de l’Amérique latine et elle a laissé l’Afrique loin derrière elle.


 

Dans de nombreux pays, la croissance économique ne se traduit pas par une diminution (proportionnelle) de la pauvreté. En Chine, c’est pourtant le cas. Les différences avec deux autres pays du BRIC sautent aux yeux.[28]

 

Au niveau mondial, ces vingt dernières années, on a assisté à une forte diminution de l’extrême pauvreté ($ 1,25). La chose a été toutefois due en grande partie aux efforts de la Chine sur ce plan.[29] Une telle élimination massive de la pauvreté, comme c’est le cas pour la Chine, était quoi qu’il en soit sans précédent dans l’histoire du monde.

 

Cette forte régression de la pauvreté découle surtout de l’augmentation des salaires. Pour l’instant, le salaire, en Chine, double tous les six ans.[30] Aucun autre pays ne propose des prestations similaires. La Chine est occupée à perdre son statut de pays à bas salaire à une cadence rapide. Une belle illustration de la chose, c’est l’évolution des salaires chinois comparée à celle du Mexique.[31] Ce qui impressionne surtout, c’est la vitesse à laquelle cela se produit, combinée au nombre particulièrement élevé de travailleurs concernés.

 

Il ne faut donc pas s’étonner que le nombre de revenus moyens en Chine ait très fortement augmenté. En vingt ans, au moins 800 millions de Chinois sont passés dans la catégorie des « revenus moyens » ($ 2-13). Cela équivaut à peu près à toute la population de l’Afrique noire et c’est quatre fois plus qu’en Inde.[32]

 

Le Chinois moyen n’a certes pas encore atteint notre niveau de vie. Mais, vu ce rythme de croissance, ce n’est qu’une question de temps et il ne faudra même plus attendre très longtemps. Si nous extrapolons la croissance du PNB par habitant durant la période 1970-2004, les Chinois nous auront rattrapés d’ici 25 ans.[33 ] À ce moment, la Chine ne sera plus en effet un pays du Tiers monde. En raison de la crise actuelle, cette situation sera même atteinte plus tôt. Inversement, un « ralentissement de croissance » de l’économie chinoise à 7 % par an pourrait allonger ce laps de temps d’une dizaine d’années.

 

L’augmentation accélérée du PNB par habitant en Chine est également allée de pair avec une augmentation rapide de son Indice de développement humain (IDH). Cet indice mesure les progrès sociaux d’un pays. Ces trente dernières années, l’augmentation de l’IDH de la Chine a été la plus élevée du monde entier et a été trois fois supérieure à la moyenne mondiale.[34]

 

La Chine va atteindre plus tôt que prévu les Objectifs du Millénaire pour le développement. Voici ce que dit à ce propos un rapport de l’ONU : « Globalement, la Chine a enregistré une importante progression vers la réalisation des Objectifs du Millénaire. La plupart de ces objectifs ont été atteints ou dépassés avec sept années d’avance. Il s’agit de la pauvreté, de la faim, de l’analphabétisme et de la mortalité infantile. La Chine est également en voie de réduire la mortalité des parturientes et de tenir sous contrôle le VIH, le sida et la tuberculose, dans l’espoir très réel d’atteindre les OMD (Objectifs du Millénaire pour le développement) en 2015. »[35]

3. D’importants défis

« L’une des pires menaces pour notre bien-être au 21e siècle
réside dans l’échec de la Chine et non dans son succès. »
Ian Bremmer[36]

3.1 Agitation sociale croissante

On ne peut le nier, en Chine, l’agitation sociale s’accroît rapidement ou du moins, ses signes. En 2002, il y a eu environ 40.000 manifestations ou conflits sociaux. En 2010, il y en a déjà eu 180.000.[37] Dans le seul delta de la rivière des Perles (province de Guandong), on compte 10.000 conflits par an.[38] Les raisons de ces conflits sont très diverses : mauvaises conditions de travail, pollution de l’environnement, corruption, migrants internes qui ne sont pas payés ou qui le sont en retard, paysans qui perdent leurs terres ou qui sont bien trop peu indemnisés, etc.

Comme nous l’avons vu plus haut, le groupe de revenus moyens a connu une augmentation exponentielle. Ce groupe nourrit de plus grandes espérances, pose plus de revendications que naguère et se profile également de façon plus affirmative. Le nombre croissant de manifestations est en outre favorisé par les nouveaux médias sociaux. Les tentatives pour censurer ces dernières ne sont que partiellement probantes.

Il est toutefois surprenant que ces manifestations soient généralement spontanées et qu’elles concernent toujours des problèmes locaux, à l’exception des bouffées de colère nationaliste contre le Japon.[39] En d’autres termes, elles ne s’adressent pas aux autorités de Beijing et ne portent pas atteinte à la légitimité du Parti communiste et de la direction nationale. Des sondages d’opinion dans plusieurs nations montrent que la satisfaction de la population, ainsi que la confiance dans le gouvernement dépassent de très loin (et continuent à le faire) la moyenne mondiale.[40]


 

 

Le nombre croissant de protestations de rue n’est pas tant une menace pour l’ordre, mais on peut même le percevoir plutôt comme un signe de normalisation. The Economist fait remarquer laconiquement ce qui suit : « Elles [les protestations] sont presque toujours suscitées par des doléances locales et non par de l’antipathie à l’égard du pouvoir du parti. Avec cette agitation, la Chine semble, sous certains aspects, ressembler nettement plus à un pays développé normal qu’à un système contrôlé de façon stricte qu’il était jusqu’au début des années 1990. Les protestations à petite échelle sont de plus en plus fréquentes, dans les villes chinoises. Il y a quelques années encore, elles auraient été perçues avec répugnance par des cadres obsédés par l’ordre »[41].

Pourtant, les autorités réagissent encore régulièrement de façon exagérée à l’agitation sociale et aux manifestations de protestations. Par exemple, à l’occasion du Printemps arabe, en 2011. Chaque manifestation, aussi modeste a-t-elle été, fut alors étouffée dans l’œuf via un important déploiement de force[42]. Cette nervosité cadre très bien avec la répulsion largement répandue et culturellement profonde à l’égard des changements rapides et le fait qu’on associe généralement ces derniers à l’apparition du chaos et de graves désordres. Les changements sociaux radicaux au cours des cinquante années qui ont précédé l’arrivée des communistes au pouvoir et durant la période de Mao (le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle), ont été traumatisants et n’ont pas été perçus comme un progrès. De même, les événements de Tien Anmen, en 1989, ont laissé des traces profondes.[43]

Les conflits sur les lieux de travail sont d’un autre ordre et constituent à terme une menace plus grande. Dans le passé, les syndicats n’étaient guère plus qu’une courroie de transmission du management et du parti. Tant que les autorités ont été l’employeur, cette situation n’était peut-être pas parfaite, mais néanmoins gérable. Maintenant qu’un nombre croissant d’entreprises est aux mains du privé et que la logique du profit a également conquis les entreprises publiques, cette situation n’est plus tenable. Des conflits sociaux et grèves passés ont éclaté en dehors du syndicat officiel, et même contre ce dernier. C’est une situation dangereuse. Le parti et le syndicat officiel l’ont tous deux très bien compris. À l’avenir, le syndicat doit acquérir plus d’autonomie et pouvoir défendre les intérêts des travailleurs sans ingérence d’en haut. On tente actuellement des expériences avec des élections directes de dirigeants syndicaux désignés par les travailleurs. Cela s’est passé pour la première fois en mai 2012, dans une filiale de Panasonic et ç’a également été le cas dans l’entreprise Foxcom en février 2013. Il s’agissait là d’un groupe de 1,2 million de travailleurs.[44] L’avenir nous apprendra si ces expérimentations vont assez loin afin d’assurer à l’avenir la paix sociale au sein même des entreprises.

3.2 Le fossé entre riches et pauvres

Un autre aspect surprenant de la ruée chinoise vers la modernisation réside dans l’élargissement du fossé entre riches et pauvres. Les habitants des provinces côtières gagnent plus du double de ce que gagnent les gens de l’intérieur du pays et la consommation d’un paysan représente moins d’un quart de ce que consomme un citadin.[45] Le graphique ci-dessous montre l’évolution de ces vingt dernières années.[46]

 

Entre 1990 et 2010, le fossé n’a cessé de s’élargir. Mais – et il s’agit d’un grand « mais » – au contraire de ce qu’on voit dans la plupart des pays, l’enrichissement de l’un ne se fait pas au détriment de l’autre. En Chine, toute la population profite de l’accroissement de la prospérité, même si cela n’est pas de façon égale. Ces trente dernières années, le revenu réel des pays a plus que quintuplé.[47] C’est tout bonnement spectaculaire et les 2,5 milliards de paysans des pays en voie de développement ne peuvent qu’en rêver.

Afin de chiffrer ce fossé, on se sert généralement du coefficient Gini. Mais la question est avant tout de savoir si ce coefficient convient vraiment. En général, les pays plus grands ont un coefficient Gini plus élevé en raison de leur plus grande diversité sur le plan des richesses naturelles et sur celui de l’accessibilité au marché mondial. Les pays ethniquement plus hétérogènes ont également un coefficient plus élevé que les pays homogènes. Ensuite, généralement, les pays à bas et moyen revenu ont un coefficient plus élevé aussi que les pays au revenu élevé.[48] De plus, la façon dont le coefficient est calculé diffère aussi d’un pays à l’autre. Officiellement, le coefficient de la Chine est de 0,48 et celui de l’Inde de 0,33. Mais celui de la Chine mesure l’inégalité sur le plan du revenu, alors que celui de l’Inde concerne la consommation. Si le coefficient de l’Inde était calculé de la même façon que celui de la Chine, on arriverait à 0,54, un peu plus haut que la Chine et dans les parages du Brésil.[49] La Belgique a un coefficient de 0,26 et la France de 0,29. Mais quand on tient compte de tous les revenus, c’est-à-dire en ajoutant ceux des fortunes et du capital, ces coefficients augmentent et passent respectivement à 0,41 et 0,43[50]. En d’autres termes, le coefficient Gini est peu fiable pour qu’on le compare entre pays, mais il est toutefois utile pour examiner l’évolution d’un même pays[51].

Le fossé croissant résulte surtout d’une donnée : la productivité dans l’industrie et dans le secteur des services a augmenté bien plus rapidement que dans l’agriculture. Ce n’est pas une loi économique de fer, mais un choix politique des autorités chinoises. Encore qu’elles n’aient guère eu le choix, en fait. Ces trente dernières années, un taux de croissance de 10 % a été nécessaire pour créer annuellement au moins 10 millions d’emplois. Si la productivité dans l’agriculture avait grimpé au même rythme que dans l’industrie, il y aurait eu chaque année, par-dessus le marché, quelques millions de paysans en trop aussi. Pour pouvoir aider cette armée de réserve à trouver un emploi, il aurait fallu un taux de croissance de 15 %, peut-être, ce qui était et reste quasiment exclu. Donc, si on avait augmenté la productivité de l’agriculture aussi rapidement que celle de l’industrie, nous aurions peut-être bien connu le plus grand exode rural de l’histoire du monde, avec toutes les conséquences néfastes qui en auraient découlé. Nous parlons ici, potentiellement, de quelques centaines de millions de personnes. C’est d’ailleurs pour éviter un tel exode rural que l’on accorde (provisoirement) aux migrants internes moins de droits, tels que la sécurité sociale et l’enseignement.

Plus généralement, nous avons sans doute affaire ici avec ce qu’on appelle l’hypothèse de Kuznets, qui dit que l’inégalité des revenus dans un pays augmente durant l’industrialisation et diminue à nouveau par la suite[52]. En tout cas, cette hypothèse semble s’avérer exacte en grande partie pour la région de l’Asie de l’Est. Dans le graphique ci-dessous, on voit de gauche à droite l’augmentation du PNB par habitant et du bas vers le haut l’augmentation de l’inégalité selon l’indice de Theil[53] (Le petit cercle est la position de l’année 1990 et le petit triangle celle de l’année 2002.) Dans la phase initiale, on voit pour tous les pays de la région une hausse simultanée des deux paramètres. Une fois qu’un certain PNB par habitant a été atteint, l’inégalité semble stagner ou descendre en direction de la Corée du Sud, qui a une importante avance sur le reste de la région. Remarquez également que tous les pays ont tous une augmentation plus ou moins égale de l’inégalité, si on la compare à leur croissance économique (même angle d’inclinaison) et que, sur ce plan, la Chine, en d’autres mots, n’a rien d’une exception.

Ces données semblent étayer l’hypothèse de Kuznets. Si elle s’avère exacte, nous pouvons alors nous attendre que, dans un proche avenir, le fossé en Chine puisse éventuellement se rétrécir. Nombre de signes le montrent en effet. Ces deux dernières années, et pour la première fois depuis des décennies, le revenu rural a augmenté plus rapidement que celui des villes[54] et, depuis 2008, le coefficient Gini s’est mis à diminuer légèrement.[55]

Ce qui est remarquable aussi, c’est que l’inégalité croissante en Chine n’est pas une raison d’importants mécontentements. Bien des Chinois (72 %) estiment que le fossé dans leur pays est trop large ; 89 % estiment même qu’il constitue un « important problème ». Aux États-Unis, 65 % des gens estiment que le fossé est trop large et, en Europe de l’Est, il s’agit de 85 à 95 % des gens. Mais, en Chine, il y a sans doute une tolérance plus grande à l’égard de cette inégalité ou, du moins, on voit ses causes d’une autre façon que chez nous. Si on fait un sondage sur les causes de l’inégalité sociale, on entend dire dans les pays occidentaux que c’est une conséquence de l’injustice, de la corruption ou de la malhonnêteté. En Chine, par contre, on impute plutôt cette inégalité au fait qu’on ne travaille pas assez dur, à l’absence de talent ou à l’éducation que l’on a reçue[56]. Selon Whyte, de l’Université de Harvard, « c’est une erreur de penser que les différences croissantes de revenus constituent la principale, voire même la cause centrale du mécontentement de la population chinoise ». Il faudrait plutôt aller voir du côté de l’abus de pouvoir et du fonctionnement déficient de l’appareil judiciaire[57].

Le fait que le pouvoir d’achat de la population fasse des bonds en avant doit sans doute être une importante raison pour laquelle on tolère le fossé des revenus. Nous avons vu ci-dessus que le fossé n’apparaît pas au détriment des plus pauvres, car personne n’est laissé sur la touche. Entre 2001 et 2012, le revenu réel en Chine a augmenté de 350 %.[58] C’est incomparablement plus que dans les autres pays de la région (voire graphique).[59] C’est quelque chose qui n’engendre pas tout de suite un sentiment de douleur.

 

Le fossé est surtout un problème sur le plan idéologique. Le socialisme signifie très certainement l’éradication de la misère et de la pauvreté et la réalisation d’un bien-être matériel suffisant. Mais les valeurs fondamentales du socialisme sont la justice sociale, l’égalité et la solidarité. Celles-ci ne peuvent être conformes avec la richesse exceptionnelle d’une élite, d’une part, et le fait qu’il y a encore 160 millions de Chinois qui doivent toujours se débrouiller avec moins de 1,25 $ par jour, d’autre part[60]. De la sorte, on évide le concept de socialisme de son contenu substantiel et on fait le jeu de la dépolitisation, tant des membres du parti que du Chinois moyen.[61]

3.3 La corruption

La corruption est largement répandue, en Chine. Ces seules cinq dernières années, 660.000 membres du parti ont été sanctionnés parce qu’ils ne respectaient pas les règles[62]. La corruption guette toujours sur le côté lorsque, d’une part, de très grosses sommes d’argent se mettent à circuler et que, d’autre part, il y a peu de règles et que les institutions ne sont pas adaptées pour contrôler l’un et l’autre[63]. Cela a été le cas en Chine avec les réformes, à partir de 1978. En outre, le guanxi y fait le jeu de la corruption[64].

La corruption est méprisable, sur le plan moral, mais, sur le plan économique, elle peut également être fonctionnelle. Sans doute la corruption « à caractéristiques chinoises » a-t-elle contribué aux chiffres élevés de la croissance, ces trente dernières années.[65]

Contrairement à ce que l’on pense souvent, la corruption en Chine n’a pas continué à augmenter, ces dernières années, et elle n’est pas non plus si exceptionnellement élevée[66]. Selon l’Indice de perception de la corruption, la Chine se situe en 80e place, soit 11 places au-dessus de son ranking sur le plan du PNB par habitant, et 24 places au-dessus de son ranking sur le plan de l’Indice de développement humain[67]. On ne peut en tout cas pas comparer la corruption en Chine avec la « kleptocratie stéréotypique » d’un grand nombre de pays du Tiers monde où la corruption est tolérée et systématiquement organisée et, en même temps, néfaste au développement économique[68]. En Chine, les sanctions contre la corruption sont également bien plus lourdes qu’en Occident. Des cadres supérieurs peuvent même être condamnés à la peine de mort. La crise financière en Occident a été en partie provoquée par l’attitude irresponsable et même criminelle de banquiers et de traders et ce, avec la complicité et le soutien d’hommes politiques de premier plan. Aucune de ces personnes, jusqu’ici, n’a été condamnée et jetée en prison[69]. Une telle chose est impensable, en Chine.

Tout cela ne veut pas nécessairement dire que ce n’est pas un problème grave. La corruption des fonctionnaires et des membres du parti renforce le sentiment d’injustice et d’abus de pouvoir. Elle sape la légitimité du parti et du gouvernement, surtout s’il s’agit de personnages haut placés. Sur le graphique, on voit que les Chinois perçoivent la corruption comme l’un des principaux problèmes de leur pays[70]. Un quart des Chinois seulement croient que la direction dit la vérité[71]. Les membres du parti sont trop motivés par des intérêts opportunistes et trop peu animés de motivations idéologiques. Il manque un « esprit » dans le parti et, tant que ce sera le cas, on ne parviendra pas à maîtriser la corruption.[72]

 

Mais le problème va bien plus loin. Afin d’assurer le développement accéléré des forces productives, la Chine a ouvert toute grande son économie et y a introduit d’importantes relations de marché, même si cela s’est fait sous un contrôle politique strict. Ce contrôle est de nature multiple et va bien plus loin qu’on ne l’admet généralement[73]. Tant que les intérêts économiques resteront inféodés aux priorités politiques et sociales, la Chine pourra poursuivre sa quête en direction du socialisme[74]. Mais si la corruption devient de nature à éroder toute forme de contrôle, le parti communiste peut dès lors oublier sa voie socialiste et, tôt ou tard, il sera envahi par la classe capitaliste. Il foncera alors à coup sûr vers une « perestroïka à caractéristiques chinoises ». En ce sens, cette lutte contre la corruption est une question de vie ou de mort.

La direction politique s’en rend très bien compte. Dans le rapport de Hu Jintao pour le 18e Congrès, on peut lire : « La lutte contre la corruption et la promotion de l’intégrité politique est une question politique importante et une grande préoccupation, pour les gens ». Si on ne parvient pas à endiguer la corruption, cela peut « devenir fatal pour le parti ». Tous ceux qui ont enfreint la discipline du parti et les lois de l’État « doivent être traînés sans pardon devant la justice », quelle que soit leur position hiérarchique[75]. En juin 2013, le président Xi a recommandé à ses camarades de parti d’adhérer de nouveau à la fameuse « ligne de masse »[76] et de rompre avec le formalisme, la bureaucratie, l’hédonisme et le sens de l’extravagance. Selon des observateurs, cette campagne est bien plus radicale que les campagnes anticorruption de ses prédécesseurs Hu Jintao et Jiang Zemin[77]. Ici aussi, l’avenir nous dira s’ils seront allés assez loin.

4. Quelques conclusions

L’agitation sociale croissante, le fossé entre riches et pauvres et la corruption sont des problèmes sérieux, mais pas sans espoir. À court terme, ils ne constituent pas une menace vitale pour le système chinois. Mais, à plus long terme, ils pourraient toutefois saper la viabilité du projet socialiste. Ils renforcent le vide idéologique et la dépolitisation. Ensuite, ils sapent également la légitimité et l’hégémonie du parti. Les deux sont d’ailleurs érodés par un manque de participation, les abus de pouvoir et un fonctionnement défectueux de la justice[78]. Il y a donc beaucoup de pain sur la planche. Mais il ne peut non plus en être autrement, vu le bouleversement gigantesque que traverse la société chinoise.

La Chine dispose de trois importants atouts pour aborder ces défis. Un premier atout consiste dans le fait que les problèmes sont explicitement reconnus et cités. Les faiblesses et les questions à problème ne sont pas passées sous silence ni enjolivées. Ce n’est pas évident, mais c’est toutefois très important, parce que c’est une condition pour s’en prendre effectivement aux points douloureux. À l’occasion du 18e Congrès, par exemple, les principaux problèmes du pays ont été passés en revue l’un après l’autre[79]. C’est tout autre chose que cet étalage de bonnes nouvelles auxquels nous sommes généralement habitués en Occident.

Un deuxième atout, c’est la capacité d’agir. Francis Fukuyama, qu’on peut difficilement soupçonner de sympathie à l’égard de la gauche ou de la Chine, dit à ce propos : « La principale force du système politique chinois, c’est sa capacité à prendre rapidement des décisions importantes et complexes, et aussi de les appliquer relativement bien, du moins dans le domaine de l’économie politique. La Chine s’adapte rapidement en prenant des décisions difficiles et en les appliquant efficacement »[80]. La capacité d’action de la Chine oppose un étonnant contraste aux interminables discussions et impasses auxquelles on assiste aux États-Unis quand il s’agit d’approuver le budget ou au sein de l’Union européenne quand celle-ci aborde la crise de l’euro, ou encore à la léthargie et au manque de cohésion du gouvernement indien ces dernières années.[81]

Un troisième atout, c’est le parti communiste même. Tout appareil politique est le résultat d’un processus historique et s’il s’est développé organiquement à partir des circonstances concrètes. L’actuelle structure de la Chine tire ses racines dans la lutte contre l’occupation japonaise du pays, contre le Guomindang réactionnaire et contre l’effroyable misère dans lequel le pays était plongé. C’est dans cette lutte que le parti communiste a occupé le premier plan en tant qu’organe dirigeant du pays et qu’il s’est donné pour tâche de sortir le pays du sous-développement, de garantir sa souveraineté et de lutter pour une société humaine, socialiste. À propos de ce système politique, on peut avoir des divergences de vues, mais il a en tout cas prouvé son efficacité. Mahbubani, l’écrivain connu, a écrit à ce propos : « Loin d’être un système dictatorial arbitraire, le Parti communiste chinois est sans doute parvenu à créer un système lié à des règles, fort et durable, pas du tout fragile ni vulnérable. Ce qui impressionne plus encore, ce système lié à des règles a sans doute mis en évidence les meilleurs des dirigeants que la Chine n’aurait jamais pu produire »[82].

Marc Vandepitte

 

Marc Vandepitte, économiste (Belgique), un des auteurs de La Chine et le monde, ouvrage collectif, Le temps des cerises, septembre 2013

 

Notes


[1] The Financial Times, 9-10 avril 2005, p. W3.

[2] Nous prenons 1870 pour année de départ, en Europe occidentale, et 1980, pour la Chine. Nous mesurons la rapidité du processus d’industrialisation d’après la croissance du PNB par habitant. Les chiffres ont été calculés sur base de : Maddison A., Phases du développement du capitalisme, Utrecht, 1982, pp. 20-21 et UNDP, Human Development Report 2005, p. 233 en 267.

[4] Il s’agit de 22 pour 100.000 habitants. Ce n’est cependant pas exceptionel à la lumière de ses riches voisins. Au Japon, on trouve le même chiffre et en Corée du Sud le chiffre est beaucoup plus haut : 32 pour 100.000. http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_suicide_rate.

[5] The Financial Times, 16 mars 2008, p. 9.

[8] Les salaires sont exprimés selon les taux de change. Selon le pouvoir d’achat réel le salire en France est 4,4 fois plus élevé. OIT, http://1-million-dollar-blog.com/average-monthly-salary-for-72-countries-in-the-world/.

[9] Le système hukou (système d’enregistrement) consiste en ce que, dès sa naissance, chaque Chinois est catalogué comme citadin ou campagnard. Un habitant avec un hukou citadin peut bénéficier de services sociaux urbains, un habitant de la campagne dispose d’un lopin de terre avec lequel il peut acquérir un revenu. Le Financial Times dit à ce propos : « La Chine a su éviter les slums, qui constituent une plaie dans bien des villes des pays du tiers monde, en appliquant un système strict d’autorisations de séjour, connues sous l’appellation de hukou. Ce qui fait que, pour les personnes originaires des régions rurales, il est malaisé de s’installer en permanence dans les villes. » The Financial Times, 4 août 2010, p. 7.

[10] The Economist, 12 mars 2005, p. 60.

[11] UNDP, Human Development Report 2013, New York 2013, p. 187 en 189; http://www.voanews.com/content/decapua-un-energy-28apr10-92323229/154303.html.

[12] UNDP, Human Development Report 2013, pp. 174-177.

[13] http://www.newssafety.org. Seuls les chiffres de l’année 2007 manquent.

[14] Basé sur l’indice de la faim. Celui-ci tient compte de la sous-alimentation, de l’insuffisance pondérale chez les enfants et cde la mortalité infantile.

http://www.ifpri.org/sites/default/files/publications/ghi11.pdf, p. 49.

[15] UNDP, Human Development Report 2013, pp. 167-8.

[16] L’analphabétisme : UNDP, Human Development Report 2013, pp. 145-146 ; nombre de personnes dans la pauvreté extrême : UNDP, Human Development Report 2013, pp. 160-161 et http://data.worldbank.org/indicator/SI.POV.DDAY.

[17] Il s’agit ici du travail informel dans les secteurs non agricoles.

http://laborsta.ilo.org/applv8/data/INFORMAL_ECONOMY/2012-06-Statistical%20update%20-%20v2.pdf.

[21] ILO (OIT), Global Wage Report 2008/09, Genève, 2008, p. 87.

[22] The Economist, 4 septembre 2010, p. 54.

[27] The Financial Times, Special Report: The New Brazil, 29 juin 2010, p. 11.

[28] UNDP, Human Development Report 2013, p. 26.

[31] The Economist, 24 novembre 2012, Special Report : Mexico, p. 5.

[32] The Economist, 14 février 2009, Special report: Middle classes, pp. 4 et 9 ;

http://data.worldbank.org/indicator/SI.POV.2DAY.

[33] Graphique original en provenance de The Financial Times, 12 octobre 2005, p. 13 ; j’ai moi-même pratiqué l’extrapolation graphique. Elle concorde avec une extrapolation arithmétique.

[34] UNDP, Human Development Report 2013, pp. 149-151. Il est question ici de l’IDH comprenant le PIB par habitant. Le rapport ne fait pas état de l’évolution de l’IDH hors revenu.

[35] United Nations System in China & Ministry of Foreign Affairs of the People’s Republic of China, China’s Progress Towards the Millennium Development Goals. 2008 Report, Beijing 2008, p. 15.

[36] Cité dans The Financial Times, 9 avril 2012, p. 6.

[37] The Financial Times, 18 août 2011, p. 2.

[39] The Economist, 17 décembre 2005, pp. 57-58.

[41] The Economist, 1er octobre 2005, pp. 52-53

[42] The Economist, 28 mai 2011, pp. 53-54.

[43] Porter R., « From Mao to Market. China Reconfigured », Londres, 2011, pp. 182-183 ; Zheng Yongnian, « The Chinese Communist Party as Organizational Emperor », Londres, 2010, p. 138.

[44] The Financial Times, 4 février 2013, p. 3.

[45] The Economist, 16 juin 2012, p. 57 ; The Financial Times, 18 décembre 2009, p. 11.

[46] The Financial Times, 20 décembre 2006, p. 11 ; The Economist, 9 juillet 2011 ; Naughton B., « The Chinese Economy. Transitions and Growth », Londres, 2007, p. 133 ;

http://hdr.undp.org/en/reports/global/hdr2009/papers/HDRP_2009_09.pdf, p. 27 ;

http://en.wikipedia.org/wiki/Rural_urban_income_inequality_in_China.

[48] Naughton B., op.cit., pp. 217-218.

[49] The Economist, Special Report on World economy, 13 octobre 2012, p. 8.

[51] Cf. Amin S., « China 2013 », http://www.marx.be/fr/content/chine-2012.

[54] The Financial Times, 12 septembre 2012, p. 2.

[57] The Economist, 16 juin 2012, p. 57.

[58] The Financial Times, 7 février 2013, p. 9.

[59] The Financial Times, 16 février 2011, p. 3.

[61] Amin S., art. cit.

[63] Lampton D., « The Three Faces of Chinese Power », Berkeley, 2008, p. 236.

[64] Guanxi signifie littéralement « relation » ou « connexion ». C’est un concept central dans la société chinoise. C’est un lien personnel entre deux personnes et dans lequel il existe une sorte d’obligation mutuelle à se rendre l’un l’autre un service ou une faveur si le besoin s’en fait sentir. Les deux personnes ne doivent pas nécessairement avoir le même statut social. Dans un sens plus large, c’est un réseau de contacts sur lequel, au besoin, un individu peut retomber si nécessaire ou par lequel il peut exercer de l’influence au nom de quelqu’un d’autre. Dans le monde des affaires, le « guanxi » est un concept très important.

[65] Porter R., op. cit., p. 189.

[66] Wedemann A., Double Paradox: Rapid Growth and Rising Corruption in China, New York, 2012.

[66] The Economist, 4 mai 2013, p. 63.

[68] Wedemann A., op. cit.

[69] The Economist, 4 mai 2013, p. 63.

[71] C’est encore presque le double du monde (13 %), mais c’est quand même relativement peu. Cela ne se traduit pas par une totale méfiance vis-à-vis du gouvernement, car on en est à 71 %. (Voir plus haut.) http://www.reply-mc.com/2013/02/11/edelmans-trust-barometer-crisis-of-leadership-calls-for-social-architecture/.

[72] Xie Chuntao, (réd.), « Why and how the CPC works in China », Beijing, 2011, p. 204 ; Shambaugh D., « China’s Communist Party », Berkeley, 2009, p. 167.

[73] Voir par exemple Hsueh R., « China’s Regulatory State. A New Strategy for Globalization », Ithaca, 2011.

[74] Cf. Arrighi G., Adam Smith in Beijing. Lineages of the Twenty-Firs Century, Londres, 2007, p. 332.

[76] La ligne de masse est un concept dont Mao s’est servi durant la Révolution culturelle. Cela revient, entre autres, à adhérer aux idées des petites gens et au monde dans lequel ils vivent ; c’est aussi la faculté de pouvoir écouter leur voix, de comprendre leurs besoins urgents et aussi d’apprendre à leur contact.

[77] The Financial Times, 21 juin 2013, p. 2.

[78] Cf. Shambaugh D., « China’s Communist Party », Berkeley, 2009, p. 167 ; Wang Hui, « Depoliticized politics, multiple components of hegemony, and the eclipse of the Sixties », http://www.forumdesalternatives.org/docs/bruselas/Wang_Hui_Sixties.pdf ; Zheng Yongnian, op. cit., pp. 173ss.

[80] The Financial Times, 18 janvier 2011, p. 9.

[81] Pour l’Inde, voir par exempel Guha R., « India. De geschiedenis van de grootste democratie ter wereld », Amsterdam, 2007, pp. 762ss ; Elliott J., « India’s lethargy »,

http://www.ft.com/intl/cms/s/0/a51ba57a-b89a-11de-809b-00144feab49a.html#axzz2WxX9WT8K.

[82] Mahbubani K., « Is China’s slowdown just western wishful thinking ? », http://blogs.ft.com/the-a-list/2012/10/11/is-chinas-slowdown-just-western-wishful-thinking/#axzz2GumuOxsH.

 



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