L’Allemagne : moteur de l’Europe, et courroie de transmission de la Russie

Entre les grandes entreprises allemandes et les entreprises françaises, américaines,italiennes, néerlandaises, il y a une concurrence féroce pour obtenir la primauté sur le marché . Jusqu’ici la proportion est de 65 % en faveur de l’Allemagne.

Plutôt que d’importer, la Russie a préféré encourager les entreprises d’État à former des joint-ventures avec des sociétés étrangères afin de les convaincre de relocaliser les capacités de production sur le territoire russe. Dans ces conditions, à court et moyen terme, les trois séries de sanctions économiques imposées à la Russie par l’ sont comme de l’emplâtre sur une jambe de bois, car elles ne ciblent pas les compagnies occidentales qui développent des produits sur le territoire de la Russie. De leur côté, les Russes ont fait suffisamment « de cadeaux » aux entreprises occidentales, particulièrement celles qui se spécialisent dans la production militaire, et peuvent facilement en obtenir un retour d’ascenseur.

Ce n’est pas un secret que l’avion M-346 Master produit par les italiens d’Alenia Aermacchi et exporté vers Israël (30 exemplaires), Singapour et la Pologne (12 exemplaires pour chacun) est en fait l’appareil russe Yakovlev Yak-130.

 

 

Le groupe Français Thales (anciennement Thomson CFS) spécialisé dans les travaux d’optoélectronique pour , assure la surveillance de la sécurité de tous les objectifs en Russie, avec sa technologie la plus avancée. Il en est de même entre Thales et les objectifs de Lukoil dans le monde entier.

Toutefois, n’oublions pas que l’Allemagne s’est réunifiée en 1989 avec la volonté d’établir un partenariat avec la Russie, ce qui explique que la Russie s’est battue pour cette réunification. N’oublions pas non plus qu’avant 1989, le lieutenant-colonel  était chef du KGB en RDA, ce qui a accentué le partenariat avec la Russie pour aider à la modernisation des secteurs économiques russes et donnait à l’Allemagne le principal marché européen : la Russie.

Siemens est entré dans le marché russe en gagnant les appels d’offre pour la construction de stations de liquéfaction de gaz naturel pour le compte des compagnies russes Gazprom et Transneft. Joseph Kaiser, le patron de Siemens est lié par une longue amitié avec l’ancien Chancelier social-démocrate Gerhard Schroeder, membre du Conseil d’administration de Gazprom. Siemens est un des maillons importants qui rendent possible l’exportation de gaz liquéfié russe, extrait de l’Arctique et transporté vers les bénéficiaires par les méthaniers dans le monde entier.

La Russie est le seul pays au monde à posséder une flotte de brise-glaces nucléaires (construit après 1985) destinés à l’Arctique, qui maintient en permanence ouvertes les voies de navigation maritime pour le transport de produits pétroliers.

Siemens fabrique en Russie des moteurs électriques silencieux- Permasyn, des cellules génératrices d’énergie (aussi appelés Système de propulsion indépendant anaérobie – AIP), tous deux utilisés en immersion, dans les sous-marins d’attaque modernes russes, comme les dernières versions de sous-marins  produits par ThyssenKrupp Marine Systems. Siemens, qui a plus de 10 000 employés dans ses usines dans les montagnes de l’Oural en Russie, a enregistré l’année dernière des ventes d’une valeur de 2,17 milliards d’euros.

 

 

Le convertisseur catalytique est un appareil contenant du Palladium, qui sert à réduire la toxicité des émissions provenant des moteurs à combustion interne, et est devenu obligatoire avec l’application des règles sur les voitures européennes et américaines. De 1980 à aujourd’hui, le prix du Palladium a crû de façon exponentielle, atteignant une valeur de 4 fois plus que l’or. Les principaux producteurs de Palladium dans le monde sont la Russie (50-60 %) et l’Afrique du Sud (27 %), deux États membres des BRICS. Un  de la Russie sur les exportations de Palladium créerait de gros problèmes aux constructeurs automobiles.

La Russie est un vaste marché pour l’automobile. Ainsi, l’année dernière, 2,78 millions de véhicules ont été vendus en Russie, autant qu’en Allemagne qui est considérée comme le plus gros marché européen. Après l’achat d’un ensemble cohérent d’actions de Renault-Nissan par RT-Auto (une division du consortium d’état Rosteh), les Russes ont fait des investissements majeurs dans le groupe  Daimler, par la société OAO KamAZ, malgré les avantages offerts par les autres constructeurs. Une des raisons étant la Division Camions de Daimler, la plus grande du monde. De 2011 à aujourd’hui, les camions Kamaz russes ont toujours occupé les trois places du podium au rallye Paris-Dakar, bénéficiant des mêmes innovations de professionnels de Mercedes-Benz de Daimler.

 

 

Une autre conséquence de la collaboration avec Daimler a été l’émergence de la filiale ZAO Mercedes-Benz RUS. Depuis sept ans, elle produit ou assemble en Russie des limousines, des fourgonnettes Mercedes-Benz Sprinter (27 % des ventes Daimler dans cette catégorie) et des véhicules à moteur de conception russe mais à l’aide de robots, des installations ou des solutions de conception des ingénieurs allemands de Daimler. Toujours dans cette tendance, il y a également les nouveaux produits militaires : GAZ-2975 Tigr (similaire au HMMWV américain), VPK-3927 Volk et URAL- 63099 MRAP.

 

 

 

 

 

 

Plus de 6 000 autres entreprises allemandes opèrent en Russie, fournissant au moins 300 000 emplois chez leurs sous-traitants en Allemagne.

Les grandes entreprises allemandes reliées au gaz russe à travers le gazoduc Nord Stream et celles dépendantes des ressources minérales de la Russie estiment que la décision de Washington d’obliger l’Europe à mettre en place un vaste blocus économique contre la Russie n’est destinée qu’à éliminer la concurrence posée par l’Allemagne. Les États-Unis espèrent que les investissements allemands de l’an dernier en Russie, d’une valeur de 20 milliards d’euros, et qui se sont avérés rentables, seront mis à mal et que le Kremlin les laissera aller à vau-l’eau. Mais ces espoirs seront vains.

Valentin Vasilescu

Traduit du roumain par Avic – Réseau International



Articles Par : Valentin Vasilescu

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