Le Liban sous la menace israélienne

Israël dévoile son jeu, devrait-on dire. Une telle situation est loin d’être inédite dans les rapports entre les deux pays, mais un tel rappel aiderait à mieux appréhender la fameuse résolution 1559 du Conseil de sécurité demandant le retrait du Liban de toutes les forces militaires.

On savait alors que l’armée syrienne en était la première visée, et ensuite les organisations palestiniennes qui ont pour la plupart la particularité d’être opposées à tout processus politique avec Israël. Le temps a fini par leur donner entièrement raison, même si le président de l’Autorité palestinienne demeure partisan de la voie politique. C’est aussi le mouvement de la résistance libanaise, le Hezbollah, qui vient de rappeler à l’occasion d’une nouvelle flambée de violence qu’une portion du territoire libanais, même pris aux Syriens il y a 40 ans, est toujours sous occupation israélienne, ce que de grandes capitales refusent de prendre en ligne de compte. Mais cette fois, Israël entend interférer dans le jeu politique libanais en décidant des règles du jeu. Son ministre des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, a affirmé hier que la « situation actuelle au Liban ne peut plus durer », à propos du refus de désarmer le Hezbollah. « Personne n’ose désarmer le Hezbollah et déployer l’armée libanaise dans le sud du Liban (près de la frontière israélienne), cette situation ne peut plus durer et Israël saura réagir de façon appropriée au bon endroit », a déclaré M. Shalom à la radio publique. C’est pourtant Israël qui refusait le déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière internationalement reconnue, et y aller consiste pour l’Etat libanais à entériner une situation de fait, c’est-à-dire accepter l’occupation de la zone des Fermes de Chabaâ. 4 combattants du Hezbollah ont été tués et 11 Israéliens blessés dans des combats qui ont éclaté lundi à la frontière et se sont poursuivis mardi par des raids aériens israéliens sur le Liban. M. Shalom s’est également livré à des critiques voilées contre une partie de la communauté internationale, notamment des pays de l’Union européenne qui refusent de qualifier le Hezbollah comme une organisation terroriste. Le Hezbollah est le seul groupe libanais à ne pas avoir été désarmé à la fin de la guerre civile au Liban (1975-1990), et personne à vrai dire n’envisage de le faire, car il est considéré, même par ses plus farouches ennemis, comme un mouvement de résistance, et que dans le pire des cas, cela doit se faire dans le cadre d’un dialogue national. Selon la radio israélienne, M. Shalom va tenter de nouveau de convaincre l’Union européenne d’inscrire le Hezbollah dans sa liste noire des organisations terroristes lors du Sommet euro-méditerranéen qui se tiendra les 27 et 28 novembre à Barcelone. Ce sera alors la plus belle occasion de mener à l’échec ce processus qui s’était constamment heurté au débat sur le terrorisme et la résistance. C’est donc un véritable climat de terreur avec, par ailleurs, des lâchers de tracts par des appareils israéliens hier sur Beyrouth, sa banlieue et le sud du Liban, mettant en garde contre le Hezbollah, qui, selon Israël, « porte un fort préjudice au Liban. C’est un instrument entre les mains des maîtres syriens et iraniens », lit-on sur des tracts signés de l’Etat d’Israël et adressés aux « citoyens libanais ». Selon un communiqué de l’armée libanaise, « des avions de combat israéliens ont lâché à l’aube des tracts sur Beyrouth, le Mont-Liban et le Liban Sud, signés de l’Etat d’Israël et qui montent les esprits contre la résistance (le Hezbollah) ». « Cet acte révèle des intentions agressives de la part de l’ennemi israélien qui a dernièrement intensifié ses violations par air, par mer et par terre », ajoute le communiqué du département d’information militaire. Les habitants des quartiers du front de mer à Beyrouth et de la banlieue sud, ont retrouvé des tracts devant leur maison. A Sour, ville portuaire à une vingtaine de kilomètres de la frontière nord d’Israël et à 80 km au sud de Beyrouth, trois hélicoptères ont lâché 3 gros paquets retenus par des parachutes. Peu après, 6 avions de combat israéliens ont survolé de manière intense et à moyenne altitude le secteur oriental du Liban Sud, notamment les villes de Nabatiyé et de Marjayoun, et par la suite Sour, a indiqué la police libanaise. On relèvera que la police libanaise a bien décrit dans son communiqué le contexte actuel, en appelant les choses par leur nom. A moins que cette fois aussi, il faille désarmer cette dernière et en faire une cible au même titre que le Hezbollah.



Articles Par : T. Hocine

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