Le réarmement nucléaire à l’agenda des superpuissances. Des perspectives semées d’inquiétudes.

Hiroshima. Nagasaki. Jamais plus d’Hibakusha. Nous avons tous dans la mémoire cette hécatombe. L’humanité depuis plus de 70 ans a déployé des efforts considérables afin que cette destruction massive de villes ou de régions toutes entières ne se reproduise jamais plus et c’est ainsi que les organismes de lutte contre les armements nucléaires n’ont pas cessé de travailler afin de parvenir à l’élimination complète des stocks nucléaires. Nous présentons brièvement, ici, le panorama du monde nucléarisé dans le contexte des déclarations récentes des superpuissances nucléaires que représentent les États-Unis et la Fédération de Russie.

I. Des déclarations inquiétantes. La manifestation d’une agression persistante contre l’humanité

Le processus du désarmement nucléaire vient d’être fortement affecté par les déclarations du Président élu des États-Unis et par le Président de la Fédération de Russie. Ceux-ci, presqu’au même moment, ont manifesté leur volonté de procéder à la modernisation de leur armement nucléaire et même d’en augment la capacité. Donald Trump a déclaré : « Les États-Unis doivent fortement renforcer et développer leur capacité nucléaire jusqu’au moment où le monde reviendra à la raison en ce qui concerne les armes nucléaires ». Il a ajouté : « S’il le faut, nous aurons une course aux armements ». De son côté Vladimir Poutine avait annoncé en juin 2015 le renforcement de son arsenal nucléaire. Il a renouvelé en décembre 2016 cet objectif en mettant l’accent sur le renforcement des dispositifs situés près de la frontière délimitant la Russie et les pays membres de l’OTAN et tout particulièrement avec la Pologne et les pays baltes (figure 1: Vladimir Poutine annonce le renforcement de son arsenal nucléaire d’ici fin 2015, source France 24).

Ces positions affirmées par les tenants de 97% des ogives nucléaires dans le monde nous interpellent tous. C’est la survie de l’humanité qui est en jeu. Une mobilisation générale de toutes les instances qui peuvent s’opposer aux intentions exprimées dans ces déclarations est une nécessité absolue. Nous pensons, notamment, aux États membres parties des zones exemptes des armes nucléaires (ZEAN), aux membres de l’Assemblée générale de l’ONU qui prônent le désarmement général et complet, le Bureau International de la Paix (BIP), le PUGWASS, bref il est urgent que l’opinion publique soit saisie de la nécessité d’agir contre ces projets odieux maintenant.

II. Les stocks nucléaires dans le monde (figures 2 et 3)

Selon les données analysées par Robert S Hans et M. Kristensen en 2006:

« malgré les incertitudes, nous savons que le total mondial des armes nucléaires entreposées est considérablement inférieur à ce qu’il était pendant le pic de la Guerre Froide en 1986 avec 70 000 têtes nucléaires. Par le biais de toute une série d’accords sur le contrôle des armes et des décisions unilatérales, les états possédant des armes nucléaires ont réduit le stock mondial à son niveau le plus bas en 45 ans. Au cours de la même période, le nombre d’états puissances nucléaires est passé de 3 à 9 ».

« Nous estimons que 9 états possèdent environ 27 000 têtes nucléaires intactes, dont 97% font partie des stocks des États-Unis et de la Russie (figure 3). Environ 12 500 de ces têtes nucléaires sont considérées comme étant opérationnelles, le reste étant en réserve ou en attente d’être démantelée parce que plus opérationnelles. Nous sommes à même de faire nos évaluations en surveillant tous les développements sur les armes nucléaires, en étudiant les tendances à long terme et en traquant la mise en application des traités de contrôle des armes » (Robert S. Hans et M, Kristensen, Atomics Scientists, 16 octobre 2006).

Figure 2. Stock d’armes nucléaires en 2009

 

 

Figure 3. Le monde nucléarisé selon le Ploughshares Fund – Mars 2016

 

 

Source : http://www.ploughshares.org/world-nuclear-stockpile-report

 

III. Déclarations, appels et résolutions répétés dans l’enceinte des Nations Unies pour l’éradication de l’armement nucléaire.

Voici, à titre d’exemple, le libellé d’une résolution de l’Assemblée générale émise en décembre 2015 lors de la soixante-dixième session 67E séance : L’Assemblée générale adopte 57 résolutions et décisions sur le désarmement.

« Paragraphe 2. L’Assemblée générale a adopté le paragraphe 2 de cette résolution par 143 voix pour, une contre (Inde) et 35 abstentions.

Projet de résolution XVIII: « Hémisphère Sud et zones adjacentes exempts d’armes nucléaires »

« Aux termes de cette résolution adoptée par 178 voix, 4 voix contre (France, États-Unis, Royaume-Uni et Fédération de Russie) et une abstention (Israël) intitulée Hémisphère Sud et zones adjacentes exempts d’armes nucléaires contenue dans le document (A/70/460), l’Assemblée générale se déclare de nouveau convaincue du rôle important que jouent les zones exemptes d’armes nucléaires dans le renforcement du régime de non-prolifération nucléaire et l’extension des régions du monde exemptes d’armes nucléaires, et demande que davantage de progrès soient faits dans l’élimination totale des armes nucléaires.  Elle demande à tous les États intéressés de continuer d’œuvrer de concert afin de faciliter l’adhésion de tous les États concernés qui ne l’ont pas encore fait aux protocoles relatifs aux traités établissant des zones exemptes d’armes nucléaires.  L’Assemblée générale demande, en outre, aux États dotés d’armes nucléaires de retirer toute réserve ou déclaration interprétative contraire à l’objet et au but des traités portant création de zones exemptes d’armes nucléaires » (http://www.un.org/press/fr/2015/ag11735.doc.htm).

IV. La longue route vers l’élimination des armements nucléaires : La conclusion de Traités créant des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN). La ratification du Traité de non-prolifération nucléaire. Les Accords visant la réduction des arsenaux nucléaires (START).

Les zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN). Le confinement des pays nucléarisés (figure 4)

« Une zone exempte d’armes nucléaires (abrégé par le sigle ZEAN, ou NWFZ pour l’anglais Nuclear-Weapons-Free Zone) est définie selon l’ONU par un accord, généralement sous la forme d’un traité internationalement reconnu, qui bannit l’utilisation ou le déploiement d’armes nucléaires sur une région ou un pays donné. De plus, cet accord doit disposer de mécanismes de vérification et de contrôle pour appliquer les engagements des pays signataires » (Zone exempte d’armes nucléaires).

 Figure 4. Les zones exemptes d’armes nucléaires

 

Violet – États ayant ratifié le traité de Tlatelolco

Jaune États ayant ratifié le traité de Pelindaba

Vert – Autres États de l’Union africaine

États ayant ratifié le traité de Semipalatinsk

ZEAN de la Mongolie

Bleu – États ayant ratifié le traité de Bangkok

Jaune – États ayant ratifié le traité de Rarotonga

Marron – Traité sur l’Antarctique

Source : Zone exempte d’armes nucléaires

 

Les ‘zones exemptes d’armes nucléaires’ (ZEAN) : état des lieux, bilan et nouveaux enjeux

Selon l’Observatoire des armements, une « analyse a été présentée le 30 avril 2010 à la Conférence internationale organisé par l’Université libre de Bruxelles (ULB) et l’Université de Montréal sur le thème « L’Alliance atlantique et l’Europe face au défi de l’armement et du désarmement nucléaires ».

« Le droit pour un État ou un groupe d’États de se déclarer « zone exempte d’armes nucléaires » (ZEAN) est clairement reconnu depuis la résolution 2028 adoptée lors de l’Assemblée générale des Nations unies du 19 novembre 1965. Cinq ZEAN ont été constituées depuis lors, auxquelles s’ajoutent quelques initiatives individuelles et des traités multilatéraux sur l’espace ou les océans ».

« La création de nouvelles ZEAN, notamment au Moyen-Orient et en Europe, serait une contribution tangible au renforcement du régime international de non-prolifération et de désarmement nucléaire » (http://www.obsarm.org/spip.php?article232).

« Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) publie chaque année des données sur les forces nucléaires, des données qui dressent les tendances et les développements actuels des arsenaux nucléaires mondiaux. Les données montrent que, bien que le nombre total d’armes nucléaires dans le monde continue de baisser, aucun des États dotés d’armes nucléaires n’est prêt à abandonner ses arsenaux dans un avenir prévisible ».

« En se basant sur les données du SIPRI, l’Observatoire des armements note qu’en début 2014 « neuf États — États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord — possédaient près de 4 000 armes nucléaires opérationnelles. Si toutes les ogives nucléaires étaient comptabilisées, l’ensemble de ces États posséderaient un total d’environ 16 300 armes nucléaires, contre 17 270 début 2013 ».

Cet organisme ajoute qu’ « Au cours des cinq dernières années, il y a eu une baisse constante du nombre total d’ogives nucléaires dans le monde… La diminution est principalement imputable à la Russie et aux États-Unis — qui, à eux deux, détiennent encore plus de 93 % des armes nucléaires dans le monde — en dépit de la réduction de leurs stocks d’armes nucléaires stratégiques conformément au nouveau Traité sur les mesures pour la poursuite de la réduction et la limitation des armes stratégiques offensives (New Start) ».

« Dans le même temps, les cinq États dotés d’armes nucléaires légalement reconnus — Chine, France, Russie, Royaume-Uni et États-Unis — ont, soit déployé de nouveaux vecteurs d’armes nucléaires, soit annoncé des programmes pour le faire. L’Inde et le Pakistan continuent de développer de nouveaux systèmes capables d’emporter des armes nucléaires et développent leurs capacités de production de matières fissiles à des fins militaires ».

« Cette année encore, les États dotés d’armes nucléaires ont engagé peu d’actions allant dans le sens d’une véritable volonté de travailler au démantèlement complet de leurs arsenaux nucléaires. Les programmes de modernisation à long terme en cours dans ces pays laissent entendre que les armes nucléaires resteront des éléments profondément ancrés dans leur calcul stratégique », affirment les chercheurs du SIPRI, Shannon Kile et Phillip Patton Schell ».

(http://www.obsarm.org/spip.php?article232).

Traité sur la non-prolifération nucléaire

Ce Traité multilatéral a été ouvert à la signature le 1er juillet 1968 à Londres, Moscou et Washington.

« Il est entré en vigueur le 5 mars 1970, pour une durée initiale de 25 ans. Les conférences d’examen ont lieu tous les cinq ans. Lors de la Conférence de 1995 chargée d’examiner le Traité et la question de sa prorogation, le Traité fut prorogé pour une durée indéfinie. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est un traité presque universel. Un État partie qui veut se retirer doit le notifier avec un préavis de trois mois ».

« Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires distingue les États dotés d’armes nucléaires des États non dotés d’armes nucléaires. Les États dotés d’armes nucléaires sont ceux qui ont fait exploser une arme nucléaire ou un autre dispositif explosif nucléaire avant le 1er janvier 1967. Ces pays sont la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Union soviétique (aujourd’hui la Fédération de Russie). Réviser cette définition de façon à permettre à d’autres États ayant déclaré leurs capacités d’armement nucléaire d’adhérer au Traité nécessiterait un amendement du Traité. Les États non dotés d’armes nucléaires sont les États parties qui renoncent à acquérir des armes nucléaires » (http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/npt.shtml).

Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires comporte quatre dispositions principales inscrites dans ses six premiers articles. L’un de ces articles stipule que « les États dotés d’armes nucléaires s’engagent à ne pas transférer d’armes nucléaires ni à aider un États non dotés d’armes nucléaires à acquérir d’armes nucléaires, de technologies connexes, ou le contrôle de telles armes et dispositifs; et les États non dotés d’armes nucléaires s’engagent à ne pas accepter le transfert d’armes nucléaires et à ne pas en fabriquer.

Des garanties sont créées pour garantir que les produits fissiles spéciaux fabriqués ou utilisés dans les installations nucléaires des États non dotés d’armes nucléaires servent uniquement des fins pacifiques. Ces garanties sont gérées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ».

(http://www.un.org/fr/disarmament/instruments/npt.shtml)

Traités de réduction des armes stratégiques – START (Strategic Arms Reduction Treaty)  Un court rappel des événements

START désigne deux traités conclus entre les USA et l’Union soviétique visant à réduire la totalité des arsenaux nucléaires des deux superpuissances (aussi bien les missiles terrestres que sous-marins et aériens).

Selon les données présentées par la Federation of American Scientists (FAS), les traités START ont été conclus après la chute de l’URS durant  la décennie des années 1990 et au début des années 2000 :

« Après près de 10 années de négociations difficiles les États-Unis et l’Union soviétique ont signé le Traité de réduction des armes stratégiques (START), le 31 Juillet 1991. Cinq mois plus tard, l’Union soviétique a été dissoute et quatre États indépendants dotés d’armes nucléaires stratégiques sur leur territoire sont entrés en existence – La Biélorussie, le Kazakhstan, la Russie et l’Ukraine. En prévision de l’entrée en vigueur quelques mois après la signature des traités, des dispositions techniques caractéristiques des missiles balistiques stratégiques et d’autres dispositions sur les caractères distinctifs des bombardiers lourds a commencé en septembre 1991 et ont été achevés en mars 1992. Les deux parties ont également commencé l’élimination de leurs missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) et de leurs lanceurs de missiles sous-marins (SLBM) de même que de leurs lanceurs et bombardiers lourds…

« Dans le cadre du Protocole de Lisbonne le traité START I, signé le 23 mai 1992, le Bélarus, le Kazakhstan, la Russie et l’Ukraine sont devenus parties au Traité START I en tant que successeurs juridiques à l’Union soviétique. L’éclatement de l’Union soviétique a retardé l’entrée du GTSR en vigueur trois ans et demie plus tard et jusqu’à ce que le Bélarus, le Kazakhstan et l’Ukraine, qui avait hérité des armes nucléaires stratégiques de l’Union soviétique, aient ratifié START et aient adhéré au Traité de non-prolifération nucléaire. Le 5 décembre 1994, les parties ont échangé les instruments de ratification lors du sommet de Budapest. Avec une durée de 15 ans, laquelle peut être prolongée pour des périodes successives de cinq ans avec l’accord conclus entre les Parties. Toutes les ogives nucléaires START sont retirées de la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine. La Biélorussie et le Kazakhstan ont également éliminé toutes leurs armes stratégiques offensives, tandis que l’Ukraine continue d’éliminer ses armes offensives stratégiques. Le 5 Décembre 2001, les États-Unis et la Fédération de Russie ont réussi à atteindre les niveaux START I de 6000 ogives déployées. Le Kazakhstan, la Biélorussie et l’Ukraine, ont complètement éliminé ou retiré de leur territoire Les arsenaux nucléaires laissés par l’Union soviétique. »

(https://fas.org/nuke/control/start1/)

V. Le mouvement mondial pour l’élimination des armements nucléaires (figure 5)

Les organismes anti-guerre et les militants pour le désarmement et la paix mondiale sont notamment les suivants :

L’International Physicians for the Prevention of Nuclear War, l’Appel de La Haye pour la Paix, le Stockholm International Peace Institute (SIPRI), le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), Greenpeace, l’Alliance canadienne pour la paix, le PUGWASS, l’Organisation Mondiale pour la Paix (OMPP), le Bureau international pour la paix (BIP) et le Cercle universel des Ambassadeurs pour la Paix.

(Figure 5. The Campaign for Nuclear Disarmament symbol, designed by Gerald Holtom in 1958)

 

Il convient de présenter, ici, la Charte de la Paix mondiale promue par l’Organisation Mondiale pour la Paix (OMPP).

« Celle-ci est une institution à but non lucratif dont la fonction est de préserver la vie humaine dans le monde et au-delà. L’OMPP/WOPF se conforme aux directives des Nations unies, organisation mère et souveraine qui, avec ses pays membres, détermine et offre des destins à notre humanité. Le but spécifique de l’OMPP est de proposer le cessez-le-feu partout sur la planète et de promouvoir un dialogue de paix sur les innombrables chemins qui nous mèneront à une culture de paix et au bien-être général. Jusqu’à présent, l’homme n’a eu pour unique ciment historique que des guerres constantes et des affrontements injustes responsables de la mort d’innombrables innocents. Après tout ce qu’il a traversé, l’homme est aujourd’hui devenu conscient, il sait clairement distinguer le bien du mal et comprend qu’il est capable de contribuer à la construction d’un monde meilleur ».

« Jusqu’à présent, l’homme n’a eu pour unique ciment historique que des guerres constantes et des affrontements injustes responsables de la mort d’innombrables innocents. Après tout ce qu’il a traversé, l’homme est aujourd’hui devenu conscient, il sait clairement distinguer le bien du mal et comprend qu’il est capable de contribuer à la construction d’un monde meilleur ».

« C’est pour cela que l’OMPP fait appel en permanence aux bonnes volontés de tous les milieux, aux organismes d’éducation et aux médias du monde entier : pour qu’à leur niveau ils mettent en marche une culture de paix et s’appliquent à la propager. Pour cette raison, l’OMPP demande L’ELIMINATION DE TOUT ARMEMENT NUCLEAIRE ET DE TOUT AUTRE TYPE D’ARMES ».

« L’OMPP se bat pour la dignité humaine, pour le droit à une existence saine et à des droits justes, ainsi que pour un cessez-le-feu sous toutes ses formes. Par ailleurs, notre organisation combat tout ce qui peut constituer une atteinte à la santé ou à la vie de l’être humain. L’OMPP souhaite promouvoir le dialogue comme véritable chemin vers une meilleure coexistence pacifique »

« Notre organisation est composée de personnes de bonne volonté, de nationalités, religions et cultures diverses, qui se proposent bénévolement de servir leurs prochains et de se consacrer à la construction d’un monde meilleur et pacifique ».

« La PAIX est un bien digne de l’être humain et dont il a besoin; c’est un bien inaliénable qu’on ne peut obtenir qu’avec des efforts, de la tolérance et la contribution de chacun ».

(http://www.ompp.org/fr/inicio.htm)

Conclusion

Les intentions exprimées par le président élu des USA et le Président de la République de Russie concernant le processus de modernisation des armements nucléaires et celui de l’augmentation de cette capacité soulèvent des inquiétudes à travers le monde. Il s’agit d’un processus qui va à l’encontre des efforts déployés depuis 70 ans, efforts ayant comme objectif l’élimination complète des armements nucléaires. Au cours des dernières décennies les stocks des principaux États nucléarisés ont diminué de façon significative, mais le taux d’efficacité de leurs vecteurs (sous-marins nucléaires, bombardiers stratégiques et missiles balistiques intercontinentaux) n’a pas cessé d’augmenter.

Les rapports du SIPRI contribuent à la compréhension de l’ensemble du monde nucléarisé, ce monde ayant encore la capacité d’anéantir 13 fois la planète. Au cours des deux dernières années, l’Occident avec l’OTAN n’a pas cessé de rassembler une force de frappe nucléaire considérable non loin de la frontière entre les pays de l’Europe orientale et la Russie. Des ogives nucléaires et leurs vecteurs sont donc à tous instants opérationnels. Le durcissement des propos du président des États-Unis, Donald Trump ,aura-t-il raison des tentatives d’apaisement de ceux de Vladimir Poutine?

Les travaux visant à créer de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires doivent se poursuivre en mobilisant le plus grand nombre dans ces opérations de confinement des États nucléarisés. En outre, la non-prolifération doit être constamment à l’agenda des comités sur le désarmement de l’ONU. Ces processus font en sorte d’exercer une pression continue sur les puissances nucléarisées en les invitant à la retenue.

Les déclarations des grandes puissances nucléarisées s’inscrivent dans un processus de réarmement généralisé et planétaire. Nous l’avons analysé dans quelques articles publiés en 2015 et 2016 (voir la liste des références).

Est-ce que les traités START I et II seront mis en veilleuse dans ce contexte d’une nouvelle course aux armements nucléaires? Est-ce que la raison guidera l’action des superpuissances pour que perdure l’esprit de ces traités et que se poursuive l’entreprise du désarmement?

 Jules Dufour

 

Références

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DUFOUR, Jules. 2015. L’aube du XXIème siècle. Plus d’armements. Plus de guerres. La spirale de la terreur et de la mort se poursuit.  Les interventions et occupations militaires de l’Occident dans le monde. Irak, Syrie, Libye et Gaza (2ième partie). Mondialisation.ca. Le 6 avril 2015. En ligne : http://www.mondialisation.ca/laube-du-xxieme-siecle-plus-darmements-plus-de-guerres-la-spirale-de-la-terreur-et-de-la-mort-se-poursuit-2ieme-partie/544098 

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WIKIPEDIA. START ii. Dernière mise à jour : Le 2 février 2017. En ligne : https://en.wikipedia.org/wiki/START_II



Articles Par : Prof. Jules Dufour

A propos :

Jules Dufour, Ph.D., C.Q., géographe et professeur émérite. Chercheur-associé au Centre de recherche sur la Mondialisation, Montréal, Québec, Canada.

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