Les graves erreurs de Macron et ses conséquences

Depuis le 14 juillet dernier, fête nationale française, nous avons assisté à l’étalage des erreurs du nouveau venu à l’Elysée. Il est évident que les « qualités » d’Emmanuel Macron ne sont pas à la hauteur de sa tâche actuelle. Un bon gestionnaire de capitaux, même formé à l’ENA et directement exporté de la banque Rothschild, ne peut pas être automatiquement un leader politique efficace, ni un chef d’Etat à la hauteur et encore moins un chef des Armées compétent!

Or, ce nouveau venu à l’Elysée s’est risqué à borner le militaire au rôle d’exécutant ! Grave erreur, faite sur cette loi d’équilibre qui avait été trouvée dans la République Française à la faveur de sa riche histoire. L’Armée Française n’a jamais été un simple exécutant des volontés contradictoires des politiques, mais un partenaire des décisions politiques de la France. C’est tout autre chose et c’est à cette condition là que nous n’avons plus été concernés, en France, par les coups d’Etats, ni putschs militaires intempestifs, ni pressions d’un complexe « militaro industriel »… De plus, Macron n’a pas réalisé qu’il prenait le risque d’une désarticulation complète de notre système de défense basé sur la dissuasion nucléaire. Sans la cohésion des militaires avec les politiques au pouvoir, la France est en danger immédiat sur tous les plans, y compris sur le plan économique!

Le gestionnaire Macron s’est retrouvé piégé par les effets négatifs des aventures guerrières de Hollande qui s’est engagé tête baissée dans des dépenses pharaoniques militaires pour se montrer bon et fidèle serviteur de l’Empire prédateur en chef des nations. Toutes ces guerres en Afrique, en Syrie (par le financement, l’encadrement, le ravitaillement des criminels de Daech, qui « faisaient du bon boulot » disait Fabius)… ont été financées à tort et à travers, de manière complétement inadéquate.

Ces engagements insensés et dispendieux de la France servant de suppléance aux USA pour que ces derniers puissent encore mieux abuser le monde et les Français eux-mêmes au passage, ne sont pas abandonnés par Macron. Au contraire, il persiste et signe, tout en se permettant de réprimander publiquement la réaction de bon sens et de responsabilité du général de Villiers qui a vu dans la manière de faire de Macron, une trahison concernant le rôle et la place que tenait l’Armée dans les décisions prises sur la politique extérieure et intérieure de la France. En ne cherchant caractériellement qu’à afficher son autorité, le petit Macron, chef des Armées, n’ayant jamais fait de service militaire, ne pouvait que choquer profondément les militaires.

Les conséquences vont donc s’enchaîner les unes après les autres. On va assister à un cafouillage inédit sur les bancs de l’Assemblée Nationale, au spectacle d’une débâcle due à l’amateurisme de la « majorité présidentielle » et à son incompétence avérée. Face à tous ces députés inexpérimentés, affichant déjà les symptômes de leur chaotique dispersion, le Sénat est parti à l’assaut des initiatives pour sauver l’image de la France d’une dérision annoncée. Avec un rapport, adopté à la quasi-unanimité, le Sénat a plaidé pour une nouvelle loi de programmation militaire qui sera votée dès cet automne, mais qui est un camouflet direct fait au nouveau monarque absolu de cette cinquième République !

Ce qui se passe actuellement en France doit être replacé dans le contexte plus général de la mondialisation.

La toute première chose qu’il faut admettre, c’est que nous sommes les otages d’une réalité factice. Mais cette réalité factice est considérée justement par les défenseurs du système financier International, comme étant incontournable et « réaliste », « obligatoire », critère « d’objectivité pragmatique » et comme « impératif » de toute l’organisation des pays du bloc atlantiste… Il s’agit évidemment du système financier qui dépend encore des Etats-Unis et de la City, et de ses défenseurs comme Macron avec tous ceux qui le soutiennent.

Pourtant, il faut aussi admettre que l’Islande, l’Argentine, la Bolivie, l’Equateur et d’autres pays, en 2008, ont démontré la « facticité de la dette » et sa réalité parfaitement aléatoire. Le président Rafael Correa avait décrété que son pays allait supprimer 39% de la dette appartenant à des investisseurs étrangers, parce qu’il estimait, à juste titre, que cette dette était « illégitime, malhonnête et illégale ». Pour lui, les institutions financières détentrices des obligations d’État étaient en partie responsables du creusement de la dette équatorienne parce qu’elles spéculaient très ouvertement sur son dos.

Mais, c’est le cas précisément dans la quasi totalité des pays sous influence des USA: les investissements ne sont pas là pour le développement des pays mais pour leur pillage… Qui a le courage de voir et de dire cela en face, à part des Rafael Correa …?

En 2007, lors de la crise financière provoquée par les « Subprimes » américains, la Commission équatorienne, pour l’audit complet du crédit public (CAIC), estima que « la dette commerciale extérieure avait servi de mécanisme illégitime et illégal de pillage entre 1976 et 2006 », la dette passant de 16 millions de dollars en 1976 à 4,2 milliards en 2006, pour des raisons bien connues et analysées par la Commission, débusquant la spéculation abusive des investisseurs US, qui n’étaient présents dans ce pays, encore une fois, que pour son exploitation radicale et non pas pour son développement … Bref, un échantillon significatif de la prédation habituelle des USA sur le monde entier.

Aujourd’hui, et Macron le sait forcément, il y a une transformation des risques et une sorte de « migration » de ces risques hors du secteur bancaire.

En 2015, les spécialistes de la Finance Internationale disaient que le risque ayant été poussé hors de l’économie, il allait fatalement provoquer un cancer du système, une sorte d’excroissance anachronique qui allait provoquer une explosion métastatique de produits à nouveau hautement toxiques. Ils concluaient : « Il en est de même avec les mesures destinées à rendre le système financier plus sûr depuis la crise financière ». Nous savons, grâce à l’histoire, que les peuples sont à ce moment là plus exposés que jamais à la violence d’une déflagration de toute l’économie entraînant avec elle la ruine et donc les révoltes sanglantes…

Macron est un fervent partisan de l’ultra libéralisme mondialisé et « pragmatique », disait-il dans sa campagne : justement ce qui a entraîné tous les malheurs que nous connaissons depuis les accords de la Jamaïque en 1976, eux qui ont ouvert la boîte de Pandore de la prédation marchande.

Pour celui qui se penche attentivement sur la nature intrinsèque de l’ultra libéralisme, il découvre que cette idéologie sournoise est un fascisme authentique entraînant avec lui la logique inévitable de l’autoritarisme déjà visible dans les comportements d’un Macron accumulant les erreurs… Il va favoriser, avec sa bande, cette situation explosive, comptant sans doute sur les forces armées du 4ème Reich, l’OTAN, au service exclusif du « pragmatisme » matérialiste de l’Empire, éclipsant la défense autonome de la France ou la reléguant au rang de « troupes auxiliaires » des légions de l’Empire, pour les sales besognes de la répression des peuples Européens récalcitrants !

Qui peut sérieusement défendre la légitimité démocratique de Macron, lorsqu’on sait que le scrutin a été saucissonné par 90% des médias qui ont fait campagne pour ce client? Quelle est la pertinence d’un scrutin qui, dicté par le mot d’ordre du « vote utile », a forcé des millions d’électeurs à voter pour un candidat qui ne représentait pas leurs choix? Quelle est la légitimité d’un « candidat missionnaire » qui représentait 18% des électeurs inscrits au premier tour ?

Jean-Luc Mélenchon écrivait dans un texte récent que :

« Dans la quasi-totalité des pays démocratiques européens, c’est le résultat des élections législatives qui détermine la nomination du gouvernement. En France, c’est l’inverse ! On se retrouve ainsi avec des élections législatives auxquelles personne ne participe et des majorités parlementaires extravagantes, détenant 60% ou 70% des sièges en représentant 15% des électeurs inscrits. »

L’ensemble de ces observations nous dit ce qui est déjà hautement prévisible : c’est que Macron va se retrouver prochainement dans la situation difficile de « l’homme seul », parce qu’il n’a pas de légitimité. Compte tenu de ce qu’il nous a déjà montré de lui, il est fort probable qu’il va alors être tenté par l’autoritarisme qu’il a manifesté dans ses relations avec les journalistes, bien surpris par un tel retour de bâton aussi imprévu que déconcertant et aujourd’hui, dans ses relations avec les plus hautes autorités militaires qu’il veut dominer en affirmant son absolutisme souverain, les réduisant à de simples exécutants !

Le risque d’une dérive autoritaire de toute la gouvernance Macron, est une évidence désormais acquise et en particulier dès qu’elle va être forcément confrontée aux explosions sociales qui viennent et à la défiance inévitable de la « France périphérique», celle des humbles travailleurs qui vont être en réalité associés aux militaires dans un devoir de se serrer la ceinture pour le programme d’austérité fait sur mesure à leur intention. Les militaires, comme le peuple des travailleurs, n’ont ni l’opportunité ni le choix de placer leurs avoirs dans les paradis fiscaux ou dans les citadelles européennes attitrées de la complicité des riches ! Comme d’habitude, seule la masse des humbles avec ceux dont la mission est d’être au service du peuple, sont plus faciles à dominer par la manipulation et la peur, voire l’outil pratique du « terrorisme » ! Ce contingent principal du peuple est celui qui peut changer la donne, mais toujours en faveur de ceux qui servent le Capital pour le Capital …

La conséquence majeure de toutes ces erreurs, à commencer par celle de l’illégitimité, va plonger la France dans une crise de confiance, déjà présente chez les militaires et depuis longtemps formatée dans le mental citoyen, crise qui aura forcément des répercutions sur toute l’Union Européenne. L’Italie est déjà fâchée avec Macron. Elle lui a vertement rappelé qu’elle n’était « pas une colonie de la France » ! Les conceptions de Macron sont authentiquement néo colonialistes, en effet. La crise ira en s’aggravant avec de telles conceptions alignées sur l’idéologie du Nouvel Ordre Mondial et en particulier sur la question essentielle de la défense, face au prédateur OTAN qui fourgue la haine et le sang dans une Ukraine destinée à être le détonateur de l’embrasement généralisé pour le dressage des peuples européens jugés trop « insoumis » et dans la foulée, leur exploitation tranquille par les nouveaux « plans Marshal » appelés aujourd’hui TAFTA ou TTIP ou CETA …

Macron n’est pas « Jeanne d’Arc » venant sauver la France ou un « Général de Gaulle » travaillant d’arrache-pied à sa libération, ni même le « Roland de Charlemagne à Roncevaux », il est un Ulysse des temps modernes fabriquant un « cheval de Troie » pour la fin de la souveraineté française…

Jean-Yves Jézéquel

 

Notes

A consulter : études universitaires

  • Bulgarie Contre la dérive populiste, des « think tanks de gauche » La Vie des Idées numéro de mai/juin 2007 La Vie des Idées est rattachée à l’Institut du Monde Contemporain (Collège de France) et dirigée par Pierre Rosanvallon.(financement Henry Hermand)
  • A propos de la NED, voir Ghilhot Nicolas, « Les professionnels de la démocratie : logiques savantes et logiques militantes dans le nouvel internationalisme américain », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 139, Septembre 2001, pp. 53-65.
  • A propos de Jacques Attali son livre « Demain, qui gouvernera le monde ? », Fayard, 2011.


Articles Par : Jean-Yves Jézéquel

A propos :

Jean-Yves Jézéquel, philosophe et psychanalyste, diplômé du troisième cycle en sciences humaines, est l’auteur d’une trentaine d’essais en philosophie, spiritualité, religion, psychologie. Il publie également depuis 2014, une série d’analyses sur les grandes questions actuelles de société.

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