Lettre ouverte à M. le Président de la République (France)
Lettre de l'association des victimes civiles et militaires de la guerre du Golfe
Cela fait 8 ans, au mois de juin, qu’avec Christine Abdelkrim-Delanne, journaliste qui enquêtait depuis plusieurs années sur la réalité chimique et radiologique de la guerre du Golfe, j’annonçais la création de l’Association des Victimes civiles et militaires de la guerre du Golfe, AVIGOLFE.
Nous avons lancé ensuite, une enquête sur questionnaire mis au point par nos soins, auprès des personnes qui nous contactaient. Elles nous informaient qu’elles souffraient de différentes maladies depuis leur retour du Golfe, ou que leur fils ou mari était décédé. Cette enquête a montré la similitude de situation avec ce que vivaient les vétérans américains, britanniques ou australiens.
Nous avons alors demandé la mise en place d’une commission parlementaire d’enquête. La commission Défense de l’Assemblée nationale présidée par M. Paul Quilès (PS) répondait par une mission parlementaire d’information. Ce qui nous avait paru très insuffisante. Nous avons rejeté son rapport qui par son caractère partial et manipulateur, permettait au gouvernement de ne pas conclure.
Nous avions demandé également une enquête épidémiologique exhaustive permettant de faire le bilan exact de la situation des anciens de la guerre du Golfe, et des examens médicaux et scientifiques en lien avec les toxicités que nous avions mises en évidence (Uranium, fumées de puits de pétrole, pesticides, pyridostigmine, Virgyl, vaccins, particules neurotoxiques des gaz de combat). « L’enquête Salamon » et les examens médicaux qui l’accompagnaient ont permis, par leur insuffisance, au ministère de la Défense de classer le dossier.
Aujourd’hui, nous continuons à dénoncer les manoeuvres du ministère et du Gouvernement et à nous battre pour la reconnaissance des effets de cette guerre sur la santé des militaires et des civils.
Nous avons également déposé des plaintes en pénal. L’instruction est en cours, diligentée par une juge spécialisée dans les affaires sanitaires.
Aux Etats-Unis, le ministère aux Anciens Combattants a changé totalement sa façon d’aborder la question depuis un an. Partant du principe que pour soigner, il faut connaître exactement la cause des maladies, un rapport, publié en 2004, reconnaît la réalité des faits que nous avons exposés depuis cinq ans. Ce rapport fait référence aux soldats français. Le ministère français de la Défense refuse de prendre en compte ce rapport (lire un résumé du rapport).
Notre combat a été, et est, difficile, nous avons traversé des périodes très dures, connu le harcèlement des autorités, combattu la désinformation, enquêté, apporté toujours plus de preuves de ce que nous affirmions. Ce combat sera long. Il paraîtra inutile à certains. Mais nous ne devons pas nous décourager. Avec tous ceux qui nous ont rejoints et qui nous rejoignent encore chaque jour, nous le poursuivrons jusqu’à la totale reconnaissance de la réalité de cette guerre et de ses conséquences sur notre santé et celle des populations civiles.
Annexe: Nouvelles de l’AFP
L’Association des victimes civiles et militaires de la guerre du Golfe (Avigolfe) a demandé jeudi… AFP – Jeudi 21 février, 14h57
BORDEAUX (AFP) – L’Association des victimes civiles et militaires de la guerre du Golfe (Avigolfe) a demandé jeudi au président Nicolas Sarkozy de faire avancer le dossier pour la reconnaissance officielle de « la réalité chimique et radiologique » de la guerre du Golfe et de ses conséquences sur la santé des militairess et civils français.
Avigolfe, qui demande cette reconnaissance depuis huit ans et à laquelle 1.300 familles ont adhéré, a demandé une entrevue à M. Sarkozy se déclarant « choquée par le mépris du ministère de la Défense ».
Elle avait soumis le 13 novembre 2007 au ministère de la Défense une entrevue une série de questions à laquelle le ministère s’était engagé à répondre avant le 13 décembre, a indiqué le président d’Avigolfe, Hervé Desplat dans sa lettre ouverte à M. Sarkozy.
« Nous avions eu l’impression alors, que, pour la première fois, nous étions entendus avec une certaine ouverture et bienveillance. Mais malgré nos multiples relances, aucune réponse ne nous a été adressée. C’est la première fois que le ministère de la Défense ne juge pas utile de nous répondre », a indiqué Avigolfe.
Selon Avigolfe, les autorités françaises se basent sur « un code des pensions obsolète », avec notamment les dispositions de l’article L.3 qui écartent la présomption d’imputabilité et exigent une déclaration dans les soixante jours après la fin du service.