L’immense espace ouvert devant les « droits de l’homme à coups de fusils »

Le terrain de chasse des multinationales en quête de travailleurs pauvres est aujourd’hui d’une dimension proprement colossale, ainsi que permet de le constater le rapport de l’Organisation internationale du travail (O.I.T.) : « Tendances mondiales de l’emploi 2011.«

Ce document montre que « sur un total de près de 1,2 milliard de travailleurs dans le monde« , on estime à 20 % ceux qui vivent et font vivre leur famille avec moins de 1,25 dollar EU par personne par jour ; et à 39 % ceux qui le font avec moins de 2 dollars US.

Ces sommes, si modestes, sont-elles réellement un acquis ? Un minimum garanti ? Évidemment, non. Dans le monde tel qu’il est, centré sur une valeur économique qui doit s’engouffrer dans la rotation des capitaux internationaux avides de plus-value, il serait criminel de ne pas permettre à la grande majorité de la population du globe de faire l’expérience, directe pour les uns, indirecte pour les autres, de la possibilité, voire de l’imminence, de la mort par perte de tous ses moyens de subsistance.

Pour que le profit soit maximisé, il importe que la rémunération la plus faible possible – celle qui ne fait qu’assurer le maintien de l’état physique, intellectuel et psychique permettant le travail – se laisse démontrer comme étant bien à la limite où se décide la mort par inanition physique, intellectuelle et psychique.

Rassurons-nous donc. C’est bien ce qui se passe, s’il faut en croire l’O.I.T. :

« L’ampleur du nombre de travailleurs vivant sous le seuil de pauvreté de 2 dollars US par jour laisse entrevoir une vulnérabilité considérable à de nouveaux chocs économiques. » (page 26)

Or, il existe une arme de dimension planétaire qui permettrait de faire plier le genou à tous ces braves gens à la minute même. C’est la finance internationale qui en dispose, et c’est bien normal, puisque c’est elle qui exerce la souveraineté sur le monde en étant maîtresse de cette valeur d’échange qui, comme chacun sait, commande la valeur d’usage, au beau milieu de laquelle il y a la vie humaine.

Lisons avec attention ce qui nous est ici indiqué par les experts internationaux du travail :

« [Il existe un] risque croissant, en dépit de la poursuite ou même de l’accélération de la reprise, d’assister à une hausse des taux d’inflation dans de nombreuses économies en développement. Dans la mesure où cette inflation aboutirait à une hausse des prix des denrées alimentaires et des produits de base, ce phénomène pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la population mondiale pauvre […]. » (page 26)

D’où l’intérêt d’avoir organisé, dans les dernières années, des bourses où se décident les cours mondiaux des matières premières agricoles… sur des critères évidemment spéculatifs… si possible. En effet :

« […] dans la mesure où une augmentation de la masse monétaire dans les économies développées provoque dans les économies en développement des afflux de capitaux accrus à la recherche de rendements supérieurs, les mesures d’assouplissement quantitatif récemment adoptées pourraient renforcer la probabilité de niveaux d’inflation plus élevés dans les pays en développement. Les risques courus par les plus démunis dans ces économies en développement seraient ainsi accrus, puisqu’ils sont les plus vulnérables aux hausses de prix. » (page 26)

Ça fait plaisir à entendre…

Or, l’expérimentation grandeur nature a eu lieu, puisque :

« On estime en effet que quelques 100 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans l’extrême pauvreté en raison de la crise alimentaire de 2008, faisant ressortir les vulnérabilités des défavorisés de la planète à des hausses de prix supplémentaires. » (page 27)

Encore un petit coup de pouce, et c’est bon…

Cependant, le malheur lui-même peut devenir très créatif. Nous allons en avoir la preuve immédiatement. Ce travailleur qui permet, à lui-même et à sa famille, de tout juste ne pas mourir de faim ne sera pas longtemps à être seul à devoir travailler pour arracher la pitance du groupe dans son entier. Non, non, non. Il faut ne pas perdre cela de vue :

« À cause de l’augmentation des coûts supportés par les ménages du fait de la hausse des prix alimentaires, d’autres pourraient être forcés de travailler, par exemple les enfants et les personnes âgées. » (page 28)

Nous allons ainsi pouvoir frapper la structure familiale (tribale) elle-même… Et la fracasser plus ou moins…

Sera-ce suffisant pour nous rassurer pleinement ? Oui, parce qu’il va y avoir également quelques résultats à court, moyen et long terme :

« Lorsque les enfants doivent renoncer à l’éducation pour travailler, les conséquences sont préjudiciables non seulement pour les perspectives d’avenir de l’enfant mais aussi pour la base de compétences dont l’économie a besoin. » (page 28)

L’éducation, certes… Mais pas n’importe laquelle. Pas celle qui pourrait être le fait, par exemple, de l’islam – dont on voit bien que l’implosion de la structure familiale (tribale) ne peut que le mettre en rage. Non, mais de cette éducation (à la valeur d’échange et à sa tyrannie) qui forme « la base de compétences dont l’économie a besoin« .

Voici donc le cadre général, et à usage planétaire, dans lequel s’inscrit cette petite initiative française pour accaparer une partie du gâteau à attendre de l’extorsion de la plus-value fournie par des pays plus ou moins lointains : l’opération Charlie.

(Pour les aspects militaires : http://www.micheljcunysitegeneral.sitew.fr)

Michel J. Cuny



Articles Par : Michel J. Cuny

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