L’intervention miliaire en Libye, un «fiasco» selon Juppé

Le maire de Bordeaux et néanmoins candidat aux primaires républicains à la présidentielle française, Alain Juppé a fait ce matin à Alger son mea culpa au sujet de l’intervention militaire de la France et ses alliés de l’OTAN en Libye. Juppé a fait ces aveux devant des journalistes algériens qui l’ont interrogé alors qu’il fut le chef de la diplomatie française. «Oui, c’est un fiasco et un chaos», a-t-il reconnu, bon joueur contrairement aux autres responsables français notamment Nicolas Sarkozy qui se vante à ce jour d’avoir «libéré» la Libye de Kadhafi.

Au-delà de la rectitude morale et de l’éthique politique dont a fait preuve Juppé en reconnaissant que ce fut une erreur d’avoir installé le chaos en Libye, cet aveu, tardif il est vrai, souligne à grands traits la politique des puissants de ce monde qui se permettent de se jouer du sort des millions de personnes et peut être pour des décennies. Et pour cause, la France était en 2011 aux avant-postes de l’attaque des alliés de l’OTAN contre la Libye en proie à un conflit interne entre le régime de Kadhafi et des dissidents hétéroclites qui ne possédaient aucun agenda.

Malheureusement, ce pays a été mis à genoux par les bombardements de l’OTAN qui ont détruit toute ses infrastructures et provoqué une guerre civile qui dure depuis cinq ans. L’armée française par l’entremise des va-t-en-guerre Sarkozy et son ami BHL, a envoyé un déluge de feu sur la Libye avant de l’abandonner à son funeste sort.

Aveu 

Alain Juppé a tenté cependant de se défiler en faisant remarquer que cette intervention s’était faite dans «un contexte de Printemps arabe», où «les peuples demandaient une instauration de la démocratie». Et Juppé de d’ajouter : «On nous reprochait à l’époque, nous, grandes puissances, de soutenir les dirigeants». Ce qui est tout à fait vrai puisque sa collègue de la défense d’alors, Michelle Alliot Marie, proposait des bombes lacrymogènes et des matériels anti-émeutes pour mater les jeunes révoltés en Tunisie.

Aussi, le président Sarkozy avait même autorisé le colonel Kadhafi d’installer son immense tente au palais de l’Elysée moyennant un gros chèque pour financer sa compagne électorale. Cela dit, un péché avoué et à demi pardonné et Alain Juppé a eu l’honnêteté de reconnaitre son erreur. Sera-t-il prêt à cautionner la réédition de cette expédition punitive aujourd’hui qu’on parle de nouvelles frappes contre la Libye ? «Je ne crois pas à une intervention militaire, mais je crois, comme en Syrie, qu’il faut trouver une solution politique». Oui, mais qui va payer les pots cassés en Libye ?

Hakim Megatli

Photo : Alain Juppé

 

Vidéo (1’09) : Le 1er septembre 2011, ce que disait Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy :



Articles Par : Hakim Megatli

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