« L’opération antiterroriste » ukrainienne a échoué, étape après étape.

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Au début de Juillet 2014, l’état-major général ukrainien a déclenché une vaste offensive contre les forces d’auto-défense dans l’optique de leur infliger une défaite totale. Le résultat a été une  pour l’armée ukrainienne.

La junte de Kiev avait ordonné à l’armée ukrainienne d’occuper le , de capturer ou détruire les forces d’auto-défense. La conception de l’opération offensive ukrainienne avait prévu plusieurs étapes :  des forces d’auto-défense concentrées dans les grandes villes de Donetsk et de Lougansk, suivi d’une opération d’enfoncement sur l’axe Nord-Sud visant à séparer la région de Donetsk de Lougansk.

À cette fin, l’état-major de l’Armée ukrainienne a créé le groupe d’assaut Alfa concentré dans les districts pour le départ de l’offensive, et de grandes unités du 13ème corps d’armée déployées dans l’ouest de l’, renforcées avec 6-8 bataillons de réservistes et des du Ministère de l’Intérieur.

Pour assurer la réussite de la percée du groupe d’assaut Alfa, il a été créé, en plus, un fort détachement servant de groupe de substitution appelé groupe d’assaut Bravo. Il était composé d’unités appartenant au 8ème corps d’armée stationnées dans le nord de l’Ukraine et 4-5 bataillons de réservistes formés de bénévoles appartenant au parti du . Le groupe d’assaut Bravo devait exécuter de manière indépendante une manœuvre en tenaille le long de la frontière avec la Russie sur une bande de 150 km de long.

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Lors de la préparation de l’opération offensive de l’armée ukrainienne, les dirigeants des républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk ont réussi à exploiter à leur profit certaines erreurs commises par les dirigeants de Kiev. La première réalisation des indépendantistes a été la création d’un état-major unifié des forces d’, aussi compétent que l’état-major ukrainien qui dirige les opérations soi-disant de lutte contre le terrorisme au Donbass.

En 2008, lors du sommet de l’OTAN à Bucarest, l’Ukraine, dirigé par un pouvoir pro-américain issu de la «révolution orange», avait été invité à adhérer à l’OTAN. Sous prétexte de compatibilité avec les forces de l’OTAN, le Pentagone avait imposé à l’Ukraine un soi-disant «plan de modernisation et de développement. » L’armée ukrainienne retira une grande partie de son  technique militaire, qui lui restait de la première purge provoquée par l’application du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe.

Le Pentagone cherchait ainsi à saper les capacités de défense de l’Ukraine en vue de l’adapter à ses intérêts, à savoir servir comme une force d’occupation en Irak et en Afghanistan. Dans le même temps, le Pentagone avait réduit les techniques de combat, envoyant en réserve jusqu’à 3.500 officiers du commandement et de l’état-major ukrainiens âgés de 35 à 45 ans, tous originaires du Donbass. Ils forment aujourd’hui l’état-major des forces d’auto-défense et le commandement des bataillons et des compagnies de volontaires.

Un deuxième succès obtenu par les forces d’autodéfense a été la détection et la capture de trois grands dépôts d’armes et de munitions dans le Donbass. La défense du sud de l’Ukraine à Kharkov, à Odessa, y compris en Crimée, était sous la responsabilité du 6e corps d’armée. Dans le plan de mobilisation de l’armée ukrainienne, le 6ème Corps d’armée devait créer trois nouvelles brigades mécanisées et d’artillerie composée de réservistes, avec leur équipement de combat et des munitions stockés dans plusieurs lieux secrets.

En capturant ces trois grands entrepôts, les forces d’auto-défense ont pris possession de 140 chars T-64, 280 MLI et APC, 34 lance-roquettes multiples 9P140 ouragan de calibre 220mm, 24 canons de calibre 152 mm (2S3 Aktsiya et 2S19), auxquels s’ajoutent environ un millier de lanceurs de missiles mobiles antichars 9M113 Koncurs (dirigés par fibres optiques) et 9K111 Fagot, ainsi que des lanceurs portables de missiles sol-air 9K35 Strela-2 et 9K38 Igla. Mais ce qui a été le plus utile aux forces d’auto-défense a été la capture de systèmes de transmissions et de brouillage, et des centaines de stations portables de l’Occident qui leur ont permis de communiquer entre eux et de pénétrer dans les réseaux de contrôle des troupes ukrainiennes sans être détectés.

Bien qu’elle ait été au courant de toutes ces actions des forces d’auto-défense, la junte de Kiev a choisi de manipuler l’opinion publique internationale, en proclamant une  militaire russe inexistante. Et le siège de l’OTAN produit des images satellitaires pour appuyer les aberrations de la junte de Kiev.

Pendant les deux premières semaines de l’offensive, l’armée ukrainienne a réussi à progresser, mais était loin du schéma des opérations qu’elle s’était fixées, à savoir, réussir à bloquer les deux plus grandes villes de Donetsk et de Lougansk, réaliser une ouverture sur l’axe nord-sud sur une profondeur de 40 km et créer un couloir de sécurité de 80% le long de la frontière avec la Russie. L’accumulation de la fatigue, les pertes importantes et le ravitaillement des troupes qui n’arrivait que par intermittence ont obligé l’offensive de l’armée ukrainienne à marquer une pause.

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L’attentat contre le vol MH 17 de la Malaysia Airlines a coïncidé avec la reprise de l’offensive de l’armée ukrainienne. Seulement cette offensive s’est faite en l’absence totale d’aviation d’observation. Des brigades entières de l’armée ukrainienne se sont avancées à l’aveuglette devant des forces de défense qui jouaient habilement de la diversion, utilisant avec succès les véhicules spéciaux de transmission capturés à l’armée ukrainienne pour transmettre de faux ordres au nom de l’état-major ukrainien. Pour exécuter ces faux ordres, certains bataillons mécanisés ukrainiens sont tombés dans des embuscades des forces d’auto-défense, et ont été complètement détruits par les lance-roquettes 9P140 ouragan des séparatistes.

Ces victoires des forces d’autodéfense ont considérablement élargi le dispositif créé le long de la frontière avec la Russie, une bande trop grande pour les possibilités du groupe d’assaut Bravo (longueur 150 km). Cette situation a permis aux forces d’auto-défense de fragmenter le groupe Bravo et d’encercler chaque brigade ukrainienne. Afin de sauver leur vie et d’échapper à l’encerclement, près de 500 soldats ukrainiens qui constituaient le reste de la 72ème brigade mécanisée ont traversé la frontière vers la Russie, préférant se rendre aux Russes.

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Au début du mois d’Août, l’armée ukrainienne marqua une deuxième pause dans ses opérations afin de redéployer ses forces pour tenter de dégager le groupe Bravo de son encerclement. La mission échoua, parce que trois bataillons du 13ème corps d’armée étaient tellement démoralisés qu’ils avaient refusé de se battre. Les soldats étaient déployés dans leurs garnisons dans l’ouest de l’Ukraine, leurs techniques de combat étant enseignées par des volontaires réservistes dont le niveau de qualification pour le combat était insuffisant.

Donc, à la mi-Août l’initiative des combats a été reprise par les forces d’auto-défense. Ils ont finalement réussi à faire échouer la mission du groupe d’assaut Bravo, récupérant complètement la bande de 150 km le long de la frontière avec la Russie. Les actions offensives des forces d’auto-défense visaient le groupe d’assaut Alfa qui a été repoussé à 40 km au nord, restaurant ainsi la ligne de défense sur l’alignement de départ du début de Juillet.

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Au moment où je fais cette analyse, les forces d’autodéfense ont atteint les rives de la mer d’Azov, aux portes de la garnison de Marioupol. Dans le même temps, ce qui reste du groupe d’assaut Bravo, c’est à dire 7000 soldats disposant de chars, MLI, APC et de pièces d’artillerie, est dans une situation critique, encerclé depuis deux semaines et à cours de munitions. C’est pourquoi le président Vladimir Poutine a proposé aux commandants des forces d’auto-défense d’ouvrir un couloir pour permettre aux soldats de se retirer vers l’Ukraine.

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Valentin Vasilescu

Traduit par Avic – Réseau International



Articles Par : Valentin Vasilescu

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