« L’Ukraine » dans tous ses Etats : une application de l’éthologie politique

Une excuse et un bref rappel : pour se conformer au langage actuel, le titre mentionne « l’Ukraine », qui « n’existe pas ». En réalité, il n’y a qu’une région amorphe de la planète, dont les limites ont considérablement fluctué au cours des siècles, sans langue, peuplement ou religion propre (tapez SVP les mots-clés « FSSPX, uniates, Ukraine » sur Google par exemple — durant plus de quarante ans, les prêtres de la FSSPX  ont aidé et caché Paul Touvier, le Kollabo du SS Klaus Barbie à Lyon pendant l’Occupation ; à présent ces gens travaillent à Kiev et autour). « L’Ukraine » en 2014 a une frontière de plus de quinze cents kilomètres avec la Russie, mais elle a été partie intégrante de ce pays pendant près d’un millénaire ; la Crimée, elle strictement russe, lui a été ajoutée il y a un peu plus d’un demi-siècle, dans l’espoir de diluer le tout en quelque chose de plus proche encore de la Russie ; et « l’Ukraine » a été récemment séparée de cette dernière dans des conditions dépourvues de sens historique ou géographique.

Un tel commencement de raison et de vérité, à partir de l’exigence d’une vue globale  des choses, est massivement embué dans les media courants d’Occident par une brume de fumées intitulée actualité, mêlant stupidité pure et propagande vicieuse. En affaires plus « froides » telles que la géologie par exemple, il est universellement admis que la connaissance des ondes de surface ou la capacité à avertir de tsunamis ne suffit pas : il faut absolument comprendre les énormes tensions tectoniques. Mais en affaires humaines la vue globale est complètement pervertie : ainsi les médias d’Occident et la CIA utilisent l’éthologie politique (appliquée), alors que leurs opposants n’en usent ni en théorie ni en pratique. Or c’est là qu’elle serait la plus utile : l’effort pour dégager les forces fondamentales est encore bien plus important en politique qu’en géologie.

Pendant quatre ou cinq cents siècles d’histoire, quelque chose qui est (mal) appelé l’agressivité a été terriblement présent dans le comportement de la sorte actuelle d’animaux humains — tout à fait comme ça été le cas pour bien d’autres espèces —. Son expression directe et primitive en politique est souvent appelée volonté de pouvoir. Guerres, conquérants, peuples, langages, religions, nations, frontières, Etats, techniques, économies et encore d’autres parts de réalité ne sont que des conséquences plus ou moins apparentes, plus ou moins proches ou éloignées de cette force énorme, brute et encore centrale. Son vecteur le plus évident en 2014 est connu en tant que gouvernement des Etats-Unis d’Amérique. Mais cette organisation a encore certains rivaux : d’où le présent affrontement. De façon assez amusante, certains rêveurs adjoignent à cette rivalité bien réelle des illusions telles que « la classe ouvrière internationale » — mais nous nous en tiendrons à la réalité.

Bien entendu l’exercice du pouvoir peut passer par toute une variété de procédés, tels que propagande ou économie, et l’économie à son tour peut dépendre du pétrole, de drogues, d’autres ressources matérielles et, encore aujourd’hui, du travail productif ; etc. Mais les grands traits viennent du pouvoir même : ce qui signifie contrainte, et exige toujours puissance et violence. Ainsi, la principale question pour l’immense majorité demeure : les pouvoirs utiliseront-ils les armes ? Traduction pour « l’Ukraine » : est-ce que ce sera tout de suite l’OTAN, ou d’abord l’UE, le FMI et de semblables prédateurs plus « pacifiques », contre la Russie ?

Naturellement, les militaires et leurs principales dépendances industrielles et commerciales (usines et trafics d’armements) poussent à la guerre de toutes leurs forces : ils veulent que leur pouvoir soit le plus important. Ceci est particulièrement vrai pour le gouvernement des Etats-Unis, tandis que la fortune de gens comme les milliardaires russes repose sur des sources plus diverses. Mais enfin pouvoir, c’est la lutte pour davantage de pouvoir en déroulement sans fin, et après une incroyable suite d’abdications depuis Eltsine les milliardaires russes sont à présent confrontés à la toute proche éventualité de devenir de simples vassaux du groupe de Bilderberg, de l’OTAN et des systèmes les mieux organisés. Certains auteurs espèrent qu’ils réagissent enfin. D’autres se souviennent de l’incroyable inertie de Poutine tout au long de la crise, nonobstant la très longue frontière russo-ukrainienne : sa référence principale semble être « Gros richards de tous les pays, unissez-vous ! » De plus, ce slogan semble fonctionner tout aussi bien avec les milliardaires chinois, qui ont été cordialement visités quelque six douzaines de fois ces dernières années par leur bon ami M. Paulson, ex-PDG de Goldman Sachs etc. Plus fort encore, quand leur alliance contre les dirigeants des Etats-Unis aurait été particulièrement nécessaire et efficace, les gouvernements de Chine et de Russie se sont très constamment renvoyé l’un à l’autre les rôle et appui de planche pourrie aux moments les plus critiques et les plus chauds.

Alors ? Laissés libres en pleine crise, les psychopathes sont imprévisibles. Mais, bien au-dessus des détails de la situation, peut-être la survie de l’humanité demande-t-elle quelque action contre les milliardaires et leurs laquais (nombreux et bien organisés). Les manifestations de masse sont maintenant improbables : elles ont trop souvent viré en occcasions pour les pouvoirs de répressions féroces et très bien ciblées.

Concluez s’il vous plaît, à l’aide de la vue d’ensemble, avec à l’appui expérience historique et extraordinaires Résistances contre les pouvoirs bruts. Si les risques vous effraient, c’est que vous voyez clair : il s’est déjà trouvé que de grands progrès s’accompagnent de grands risques. Mais avant que vienne le temps de ceux-ci, la diffusion du savoir et de liens entre des domaines tels que l’éthologie politique, l’économie, la géopolitique et certaines techniques physiques n’est pas encore interdite. Dès lors, bien des questions intéressantes peuvent être soulevées, ainsi : « le rôle du travail productif est-il aussi fondamental aujourd’hui qu’il l’a été dans le passé ? » ou même « est-il en parfaite conformité avec la loi internationale que les minidrones ne soient utilisés que pour tuer des innocents et des gens sans pouvoir ? » Des meetings, le débat et la pensée en de tels termes seraient peut-être un peu plus en phase avec notre temps et plus constructifs que des fantasmes du genre « classe ouvrière internationale », dialectique et oscillations entre triomphalisme et catastrophisme.

Un politicien très bourgeois, mais sûrement pas un lâche, a dit en 1938 à propos des « accords » de Munich : « Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre ; vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre. » Ceci demeure hélas vrai pour aujourd’hui : simplement désormais la guerre n’est plus entre nations, mais entre peuple et gouvernement — en 2014 : gros richards —. En l’absence actuelle d’éthologie politique dans l’éducation, bien des gens préparent leur propre défaite par le choix du déshonneur (et de l’abjection) : nationalismes, extrême droite et autres fanatismes. Voir et montrer cette structure est au commencement de toute action correcte — et servira de guide pour ce qui doit suivre ce commencement.

Il fut un temps où il n’y avait pas eu de révolutions : seulement quelques révoltes ; et pourtant les progressistes ont tenté des choses, et partiellement réussi. A présent nous disposons d’expériences et d’exemples, et nous connaissons de bien meilleures voies de compréhension profonde. Est-ce le moment de capituler ?

Le fondateur de l’éthologie politique, Konrad Lorenz, a dit : « la guerre est une institution humaine, et comme telle elle peut être abolie » — mais il savait que cela implique « la victoire ultime de la vérité ».

Dépêchons-nous de répandre la vérité, la vue d’ensemble, LA vérité : globale.

André Avramesco



Articles Par : André Avramesco

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