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Politiques d’austérité en Roumanie : Le trésor de Ceausescu et le rôle du FMI
Par Valentin Vasilescu
Mondialisation.ca, 15 octobre 2014
reseauinternational.net
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À la fin de 1982, la  a atteint le sommet de la  extérieure de 11 milliards de dollars, dépendant du FMI, en accord avec la Open Society Foundations, dont l’implication dans les événements de 1989 a été avérée par la suite, et qui avait prévu une série d’opérations spéculatives désastreuses pour la .

Après ces opérations spéculatives, la Roumanie entrait dans un état de blocage financier et de cessation de paiement. Mais Ceausescu a pris le FMI par surprise, s’engageant après 1985 à payer toute la dette extérieure avant la date prévue, évitant à la Roumanie de tomber dans le piège des grandes transactions boursières du  FMI. Soros a réussi plus tard à réaliser un coup de  1,1 milliard de livres Sterling par l’intermédiaire de la Bourse de . Malgré cela, le FMI a imposé des sanctions contre la Roumanie pour  le paiement anticipé. Parce que le FMI, dirigé par les , a exigé de la Roumanie le remboursement de la dette avec un intérêt triplé, une grande partie de la production agricole et industrielle du pays devait prendre le chemin de l’exportation, créant les célèbres  files d’attente alimentaires que nous avons connues. L’énergie thermique fut rationnée et l’essence distribuée à la carte. C’est ainsi que, depuis 1987, les  ont déclenché une intense campagne de diabolisation de Ceausescu par les médias occidentaux. Les stations de radio Radio Free  et Voice of America ont lancé la première fausse rumeur que Gorbatchev avait créé un remplaçant pour Ceausescu. En Mars 1989, quand Ceausescu eut réussi à rembourser intégralement toutes les dettes, la Roumanie disposait d’un avoir de 3,7 milliards de dollars déposés dans les banques et des créances d’un montant de 7-8 milliards de dollars. A ce montant il faut rajouter les exportations roumaines en 1989 qui étaient de l’ordre de 6 milliards de dollars. Les archives officielles, couvrant les 24 années qui ont suivi la révolution, ne peuvent pas justifier l’existence aujourd’hui d’un trou de 2 milliards de dollars. Pourquoi cet argent s’est-il « volatilisé » ? Qui l’a fait disparaître ? Il est inutile d’expliquer plus en détail. Si la Roumanie avait eu après 1989, dans ses services de renseignement et au parquet, des roumains patriotes, on le saurait déjà.

 

Il y a des indications que dans la nuit du 14/15 Décembre 1989 un avion Il-18 de la flottille présidentielle d’Otopeni aurait décollé, pour effectuer un transport spécial à destination de Téhéran. Et l’avion avait à son bord 24 tonnes de lingots d’or. En effet, il a été enregistré sur les documents aériens que l’avion était revenu  vide de l’, le 4 Janvier 1990. Si les choses se sont réellement passées ainsi, l’explication peut être extrêmement simple. Ceausescu a découvert depuis 1987 que la Roumanie avait dans son jardin tous les «trésors» qui lui permettaient de ne jamais dépendre du FMI et de ne plus avoir à subir la pression de cet organisme. Une première étape consistait à s’associer avec la Chine, l’ et la Libye dans une banque pour accorder des prêts à intérêts bas destinés aux pays en développement. La banque en question s’appelait BRCE (Banque roumaine pour le commerce extérieur) par l’intermédiaire de laquelle, les entreprises commerciales extérieures à la Roumanie effectueraient des opérations avec apport de devises spéciales, ce qui permettra de rembourser la dette extérieure de la Roumanie.

Le FMI peut se permettre d’accorder des prêts pour plusieurs décennies, à la condition d’une ingérence brutale dans l’économie des pays crédités, à cause de la réserve de 2996 tonnes d’or qu’il détient. La cartes des gisements de minéraux ont commencé à être placées sur ordinateur en Roumanie, au siège de l’entreprise d’exploration et de forage « Géophysique » depuis 1971 et ont été constamment mises à jour ; ainsi Ceausescu apprit qu’il avait été extrait, à partir des montagnes de la Roumanie, jusqu’en 1987 environ 2070 tonnes d’or et que la Roumanie avait 6000 tonnes d’or, soit trois fois l’exploitation entre cette époque et 2013, pour atteindre une valeur de 250 milliards d’euros. Mais à côté de l’or Ceausescu savait que dans les mêmes gisements il y avait de l’argent et des métaux rares extrêmement précieux comme l’arsenic, le gallium, le germanium, le molybdène, le titane, le vanadium, le tungstène, etc. Et il comptait beaucoup sur eux parce qu’ils sont aujourd’hui estimés à 100 milliards d’euros. A cette époque, les applications grand public de la technologie utilisée par les Américains et les Soviétiques dans leurs programmes spatiaux Apollo et Soyouz commençaient tout juste à apparaître sur le marché. Lecteurs Vidéo / enregistreurs, caméras vidéo, ordinateurs et téléphones mobiles sont à base de microprocesseurs fabriqués avec des matières premières qui sont des métaux rares trouvés en abondance, ainsi que des gisements d’or, dans les Monts Apuseni (les mines Rosia Montana, Almas, Baia de Aries, klaxon, Brad et Sacaramb).

Après 1990, il y avait beaucoup de fabricants européens de téléphones mobiles tels que Nokia qui ont dû importer ces métaux rares d’Afrique centrale et d’Australie, bien que la Roumanie soit plus proche. Le boom de la production mondiale d’ordinateurs et de téléphones mobiles a eu lieu après 1990, lorsque la Roumanie avait déjà été court-circuitée en Décembre 1989. Malgré cela, Ceausescu avait prévu cette évolution et avait construit conjointement avec la société américaine, Texas Instruments, une industrie entière consacrée à la plate-forme électronique, appelé IPRS Băneasa , qu’il laissa en héritage aux Roumains. Parce qu’un investissement minimal aurait permis à la Roumanie de produire et d’avoir des ordinateurs, des téléphones cellulaires, son propre réseau internet et de téléphonie. Mais peu après 1990, les droits de propriété intellectuelle ont été délibérément démantelés et transformés en placements immobiliers. Le général Saadi Predoiu , diplômé de la faculté de géologie, qui a travaillé comme géologue à ICE Geomine (1984-1985) et à la société des métaux rares à Bucarest-IMRB (1985 -1990), qui dirige «de facto» la SIE, ignorait-il ces choses-là ? Le géologue président Emil Constantinescu, qui a eu la révélation de la non rentabilité des mines en Roumanie, entrainant la fermeture de la moitié des mines, ignorait-il cela ? Ne parlons même pas de son  chef de la chancellerie présidentielle Dorin Marian, géologue de profession. De même, les premiers ministres Teodor Stolojan et Nicolae Văcăroiu, qui était au conseil de planification économique avant 1989, n’étaient-ils au courant de rien ? Et Ion Iliesc, ancien membre de la CPEx, au parti communiste, non plus ?

Selon les estimations de ses spécialistes, Ceausescu a fait un plan minier massif jusqu’en 2040, en sorte que les banques d’investissement dans les pays en développement bénéficient d’un flux constant de financement, couvert par l’or. Donc, Ceausescu avait prévu que dans un demi-siècle l’extraction de l’or et des métaux rares roumains serait plus difficile, mais assurerait un fonds annuel d’au moins 8 milliards de dollars à la Roumanie pour le lancer à travers la BRCE (qui elle-même a  un capital de plus de 10 milliards de dollars), en investissant dans la construction d’infrastructures et des objectifs économiques à l’étranger,basés sur des projets conçus par des architectes roumains avec la main-d’œuvre comprenant des ouvriers et des ingénieurs roumains avec des outils et des machines conçues et produites en Roumanie. Où? Principalement en Chine et ses pays amis en Asie du Sud, en Iran et dans les pays musulmans alliés en Afrique et au Moyen-Orient et même en Amérique du Sud. C’est exactement ce que fait la Chine maintenant, alors que Victor Ponta et Traian Basescu sont assis, la main tendue pour mendier un éventuel investissement de 8 milliards d’euros.

http://romanian.ruvr.ru/2013_11_29/Cati-bani-este-dispusa-China-sa-investeasca-in-Romania-7554/

Je dois admettre que ce plan, conçu par l’esprit pas trop scolarisé de Ceausescu, un homme d’un patriotisme extraordinaire au milieu d’un peuple manquant de reconnaissance, était génial. Et peut-être peut-on parler de Testament de Ceausescu. Ce serait intéressant de regarder ce qui s’est passé avec le «trésor», après l’assassinat de Ceausescu. La BRCE, dont la révolution a changé le nom, devenant Bancorex a fait faillite en 1999, après que, à travers elle, Ion Iliescu ait octroyé des prêts illégaux ou non remboursés à des dizaines de milliers de membres de la nomenklatura post-révolutionnaire, provenant des faux dissidents et même suspects de terrorisme pratiqué après le coup du 22 Décembre 1989. Sous le regard du gouverneur de la banque centrale. Bancorex a fusionné par absorption avec la Banque Commerciale Roumaine (BRC), qui fut privatisée ensuite en 2006. Le gouverneur de la banque centrale avec le Premier ministre , Tariceanu, a forcé la population à payer la somme de 3,75 milliards d’euros à Erstebank, en Autriche, pour les trous noirs de Bancorex. Comme dans l’opération de privatisation la BCR n’a encaissé des autrichiens que € 2,25 milliards, ils doivent payer encore 1,5 milliards d’euros. Si, par hypothèse, la direction roumaine avait à sa tête un homme aussi patriotique que Ceausescu et se serait mis en tête d’appliquer le Testament Ceausescu, cela aurait été impossible, car il manquerait une des pièces du mécanisme qu’il a conçue, la banque roumaine.

http://romanian.ruvr.ru/2013_11_27/Cum-a-subminat-Nicolae-CeauSescu-economia-nationala-3348/

De Septembre 1990 à aujourd’hui, le nom de l’homme qui a servi comme gouverneur de la Banque nationale de Roumanie était Isarescu. Il a été jusqu’en Décembre 1989, chercheur à l’Institut de l’économie mondiale, obtenant un doctorat en économie, en raison de la participation à des cours organisés aux États-Unis. Au cours de Janvier-Septembre 1990 Isărescu a travaillé comme attaché commercial de l’ambassade de Roumanie à Washington. En 2002, la Bourse de Londres, la plus grande bourse du marché de l’or dans le monde, a décrété que l’usine de production à Baia Mare Phoenix (reconnue dans le monde entier depuis 1970 en tant que producteur garanti) ne respectait pas les normes internationales. La Roumanie perdait ainsi le droit d’utiliser le poinçon International NBR appliqué aux lingots d’or. Le poinçon imprime le numéro de série, le poids, la concentration, le nom du producteur et le logo de la Banque nationale. La Roumanie a ainsi été interdite de la liste des producteurs et exportateurs d’or, et la banque centrale a la meilleure excuse pour ne pas faire de dépôts de lingots d’or roumain. Seulement le hasard a fait que, dans une conférence de presse du PRM (NDT : parti politique roumain) où est révélé un document secret, daté du 25 Mars 2002, qui montre que, par une étrange coïncidence, sur ordre du gouverneur de la NBR, à l’aéroport d’Otopeni, ont été retirés du pays 20 tonnes de lingots d’or à destination de l’. Dans la période de 2002-2013, le même Mugur Isarescu disposa des deux tiers des réserves d’or que  Ceausescu a laissé en Roumanie, soit 61,2 tonnes, pour les déposer dans des banques à l’étranger, privant ainsi la Roumanie de la seconde pièce du mécanisme conçu par Ceausescu.

 

 

Pour compléter le travail du blocage d’accès des roumains à leurs propres or et métaux rares, la proposition du ministre de l’Industrie, Radu Berceanu sur le permis d’exploitation d’or et de métaux rares N° 47/1999, est octroyée par GD 458/1999 (dont les dispositions sont encore aujourd’hui secrètes) à une société privée étrangère Rosia Montana Gold Corporation, ayant comme écran Vasile Frank Timis. Depuis lors, le gouvernement roumain n’a pas vu une once d’or à partir de ses propres mines, tandis que l’Agence nationale pour les ressources minérales (ANRM) a accordé des licences à huit autres entreprises étrangères pour l’exploration et l’exploitation de l’or et des métaux rares roumains d’Apuseni, en se basant sur les cartes géologiques faites au temps de Ceausescu. La loi sur les mines a été modifiée de sorte que la Roumanie reçoit des sociétés étrangères qui exploitent ses ressources souterraines, un revenu de seulement 4% de toutes les extractions, tandis que ce que l’Afrique du Sud reçoit pour l’or est de 20%. Ainsi, la dernière pièce du mécanisme imaginé pour la survie de la Roumanie par Ceausescu est déjà vendue.

Valentin Vasilescu

Traduction du roumain Avic

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