Pourquoi la France aurait été choisie comme coordinatrice des opérations de l’UE contre les terroristes revenant de Syrie ?

D’aucuns affirment que la Syrie vivrait le dernier quart d’heure d’une agression quasi-universelle, une sale guerre qui a dépassé toutes les horreurs sans jamais dire son nom. Cette agression a échoué, ce qui ne saurait être reconnu comme une victoire. Ceci, parce que les agresseurs ont lâché des monstres qui leur ont échappé et qui risquent de les menacer à leur tour. La Syrie doit les vaincre pour son salut et le leur. Mais cela, les agresseurs ne le reconnaitront pas non plus !? [NdT].


Le 5 décembre 2013, le ministre français de l’Intérieur M. Manuel Valls et son homologue belge Mme Joëlle Milquet – réunis à Bruxelles – ont mis en garde contre le nombre croissant de jeunes Européens qui se rendent en Syrie pour combattre dans les rangs de groupes affiliés à l’organisation d’al-Qaïda, et qui constituent un « potentiel dangereux » pour les pays de l’Union européenne et de leurs alliés états-uniens, canadiens et australiens !

Premièrement : Lors de leur déclaration commune [1], Mme Milquet a fait savoir que le nombre de jeunes Européens partis combattre en Syrie était estimé à « plus ou moins 1500 à 2000 » – contre 600 en Juin dernier – et qu’en ce qui concerne la Belgique, ce chiffre oscillait toujours « entre 100 à 150, avec des mouvements ! ».

Quant à la France, M. Valls a déclaré : « Avant l’été, moins d’une centaine se trouvaient en Syrie. Aujourd’hui, au moment où je vous parle, c’est plus de 180 ! On peut imaginer qu’il y’ait davantage d’individus… 14 Français ou résidents en France sont, par ailleurs, décédés là bas à l’occasion des ces combats. Et ensuite, 80 sont revenus. Une centaine souhaiteraient y aller, et 80… tout cela s’additionne… sont en transit… D’où le chiffre évoqué de plus de 400 individus qui sont concernés par le phénomène, mais aujourd’hui précisément c’est plus de 184 personnes qui se trouvent là bas ».

Justifiant les facilités offertes par les gouvernements européens aux terroristes en partance pour la Syrie, M. Valls a fait remarquer : « La difficulté depuis le début [du conflit syrien] sur ce phénomène compliqué, c’est qu’il s’agissait d’aller combattre un régime condamné par tous. D’où la difficulté de l’incrimination » !

Comme si, les prérogatives d’un ministre de l’Intérieur consistaient à davantage expliquer les facilités accordées aux groupes armés expédiés en Syrie qu’à prendre les mesures requises pour régler le problème.

Ceci dit, lorsque le ministre français dit « tous », il faut comprendre l’ensemble des pays qui se sont alliés contre la  Syrie pour détruire son État et son Armée, c’est-à-dire, les pays de l’OTAN, Israël, les régimes marionnettes du Golfe, et la Turquie agent des premiers. Mais voilà, toujours selon M. Valls, les choses ont changé car « la plupart de ces individus quand ils y arrivent [en Syrie]… ils sont enrôlés ou ils souhaitent combattre dans les rangs du jihadisme » !

Bien sûr que les choses ont changé. Mais ce que le ministre français ne dit pas est que l’agression contre la Syrie, par l’intermédiaire de ces « terroristes » soutenus par le bloc occidental, a échoué ! Il ne dit pas, non plus, que ces terroristes « aguerris » par leur expérience syrienne et qui risquent de retourner en Europe, sont nourris par l’Arabie saoudite ; laquelle est bel et bien l’alliée de la France, de son Président et de ses ministres salivant devant les contrats mirobolants… Ce qui ne les empêchera pas d’être tenus pour responsables de chaque goutte de sang français versée, au cas où ils reviendraient indemnes après leur défaite retentissante en Syrie.

Deuxièmement : Minimisant les dangers, pour masquer la peur de l’Occident face à ce nouveau terrorisme européen, né du soutien militaire et de la couverture politique de l’OTAN en vue de son agression criminelle contre la Syrie, le ministre français a ajouté : « Aujourd’hui, nous ne constatons pas – sinon ce qui vient d’être dit à travers un certain nombre d’informations ou de bribes d’informations – de menaces directes ou avérées sur nos pays respectifs à l’égard de nos propres intérêts et de nos compatriotes, concitoyens, ou d’intérêts de pays amis. Mais, évidemment, nous suivons cela avec beaucoup d’attention ; la somme des individus qui sont concernés pour chacun de nos pays, et au niveau de l’Europe, représentant en soi un potentiel dangereux ».

En réalité, l’information essentielle du jour est que la France et la Belgique sont en charge de la coordination des opérations et de la mise en place d’une formule, commune aux pays de l’Union européenne, leur permettant de poursuivre les terroristes revenus de Syrie ; les deux ministres ayant déclaré avoir déjà participé à trois réunions avec leurs homologues de Grande Bretagne, d’Allemagne, de Hollande, d’Espagne, d’Italie, de Suède, et du Danemark [2].

Dès lors, la question qui se pose est : pourquoi la France a-t-elle été choisie pour cette tâche de coordinatrice des opérations anti-terrorisme de l’Union européenne ? La réponse est  que ces opérations nécessitent une coopération avec les autorités syriennes pour la simple raison que les volontaires européens, engagés dans le soutien des révolutionnaires otanesques, sont désormais face aux multiples ramifications d’une néo-organisation que seul l’État syrien connait ; mais, étant donné que le gouvernement français s’est révélé être le plus agressif des pays de l’OTAN vis-à-vis de la Syrie, il fallait bien trouver un moyen qui puisse lui permettre de reprendre contact avec les Syriens. D’où cette fonction coordinatrice de la France dans la lutte contre le terrorisme avec la bénédiction des USA, telle qu’en témoigne la présence de M. Rand Beers, à Bruxelles, lors de la réunion élargie précédant celle des Ministres de l’Intérieur de l’Union européenne à laquelle ont aussi participé des représentants du Canada et de l’Australie ; ce qui prouve bien que le danger terroriste concerne tous les pays occidentaux ayant contribué à l’agression contre la Syrie.

Troisièmement : Il est désormais de notoriété publique que nombre de fonctionnaires chargés de la lutte  contre le terrorisme dans certains pays européens, dont l’Allemagne, se sont rendus à Damas à la recherche d’une certaine coordination de leurs efforts avec l’État syrien [3], lequel exige naturellement des positions politiques claires reconnaissant son agression, préalablement à toute coopération. C’est justement le problème du Président Hollande qui a mis le gouvernement français au service d’un Bandar bin Sultan ! Et c’est aussi ce que les USA essayent de contourner en déléguant des représentants de l’OTAN pour la coordination des efforts des pays occidentaux dans la lutte contre le terrorisme.

Le gouvernement français a mené la campagne mensongère soutenant la prétendue « modération » de groupes terroristes sévissant sur le territoire syrien, tout comme il y a expédié des armes payées par des fonds saoudiens ; armes finalement tombées entre les mains d’al-Qaïda… Il est aujourd’hui confronté à un moment de vérité. Il lui faudra régler la facture des mensonges couvrant son partenariat avec Bandar, les deux Hamad et Erdogan ; un partenariat ayant abouti au lancement d’une nouvelle génération de réseaux d’al-Qaïda qui ne resteront certainement pas confinés à l’intérieur des frontières syriennes, comme l’appréhende son ministre de l’Intérieur…

À l’avenir, le bloc occidental devra bien négocier avec le Commandant en chef, Bachar al-Assad, qui n’offrira plus gratuitement sa coopération. Le prix à payer sera politique et à régler par avance : cesser toute agression contre la Syrie et déclarer publiquement sa solidarité avec l’État syrien dans sa guerre contre le terrorisme !

Finalement, c’est l’histoire de l’empoisonneur empoisonné… la malédiction de ceux qui ont contribué à l’agression de la Syrie ?

 Ghaleb kandil

06 /12/ 2013

 

Article original : New Orient News

http://www.neworientnews.com/news/fullnews.php?news_id=120583

Article traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

 

Notes :

[1] Vidéo : Déclaration commune de Mme Milquet et M.Valls sur la thématique des combattants étrangers en Syrie, à l’issue des discussions à ce sujet au Conseil JAI des ministres européens.

http://ec.europa.eu/avservices/video/player.cfm?ref=I084523

[2] Combattants étrangers en Syrie : la Belgique et la France assurent une plus grande coopération au niveau européen, ainsi qu’avec les Etats-Unis, le Canada et l’Australie

http://www.joellemilquet.be/spip.php?article1049

[3] Quand les Européens reprennent discrètement le chemin de Damas

http://www.lorientlejour.com/article/844918/quand-les-europeens-reprennent-discretement-le-chemin-de-damas.html

 

Monsieur Ghaleb Kandil est le Directeur du Centre New Orient News (Liban)



Articles Par : Ghaleb Kandil

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