Syrie, la nouvelle croisade

Je pensais que mes reportages, et ceux de Serkan Koc, Huseyin Guler et d’autres, feraient éclater le mythe d’un « soulèvement spontané contre le président al-Assad ». Mais évidemment, nos efforts n’étaient pas à la hauteur de la formidable campagne de propagande et de lavage de cerveau déclenchée par les médias occidentaux.

L’Occident frappe de nouveau ; il frappe le centre, le cœur du monde arabe.

Cette fois, il vise le groupe – Daech/EI – qu’il a lui-même créé, et qu’il a armé, nourri et choyé jusqu’à tout récemment.

Les avions et missiles volent, et les bombes tombent. La guerre a commencé.

Mais est-ce vraiment une guerre, ou tout simplement un jeu brutal, un gigantesque console de jeu exploité par des milliers d’accros fous au Pentagone et partout à Washington, Bruxelles et d’autres capitales serviles du Moyen-Orient ?

Une guerre est, après tout, lorsque deux parties s’affrontent, lorsque deux camps se battent, lorsque chacun risque sa vie.

Dans cette « guerre » surréaliste et post-moderne, les seules victimes seront les gens du Moyen-Orient, probablement des civils. Leurs vies seront risquées par ceux qui sont assis, en toute sécurité, sur leurs destroyers et dans les salles de contrôle, à des centaines et des milliers de kilomètres de là, en train de boire du café et de faire des blagues.

Les Ubermenschen de l’Occident ne descendront pas du ciel, pour combattre, – d’homme à homme – afin de minimiser les pertes au sein d’une population pacifique. Le massacre s’accomplira par des missiles Tomahawk et des F22 (ces derniers au moins sont pilotés par de véritables pilotes), et par des drones.

Ce n’est effectivement pas une guerre mais un massacre, un assassinat en masse.

Un massacre de plus. Celui-ci pourrait durer très longtemps et prendre des millions de vies dans les conditions les plus brutales.

Les dirigeants occidentaux sont prêts … à sacrifier la vie des « autres » ; le régime est prêt. Vous pouvez le lire sur le visage d’Obama, et sur celui de Cameron.

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L’Empire a commencé les attaques contre sa propre création – l’État islamique ou Daech comme on l’appelle ici au Moyen-Orient. D’innombrables cadres d’EI ont été armés et entraînés dans les camps de réfugiés gérés par l’OTAN en Turquie et en Jordanie, à la frontière syrienne. Et le but principal du groupe de l’État islamique était de déstabiliser et de détruire le gouvernement de Bachar al-Assad à Damas.

L’EI ne tombe pas du ciel. Il n’est pas non plus une sorte de mouvement spontané. Comme les forces moudjahidines en Afghanistan, qui ont combattu à la fois la République démocratique d’Afghanistan (RDA) et plus tard l’Union soviétique, l’EI a été financé, armé et entraîné par les États-Unis et leurs alliés.

C’est une tactique couramment utilisée par l’Occident, repérer et encadrer les formes les plus radicales de l’islam, y compris le wahhabisme, qui est actuellement en train d’étouffer l’Arabie saoudite et d’autres pays de la région.

Un grand documentariste turque de Ulusal TV, Serkan Koc, qui a produit plusieurs reportages chocs sur « l’opposition syrienne », m’a dit à Istanbul :

« Bien sûr, vous vous rendez compte que ces gens ne sont pas vraiment une « opposition syrienne ». Ce sont des légionnaires modernes ramassés dans différents pays arabes, y compris au Qatar en Arabie saoudite, et payés par les puissances impérialistes occidentales. Certains sont des membres d’Al-Qaïda et d’autres organisations terroristes. La plupart sont des militants musulmans sunnites. On pourrait les décrire comme des éléments incontrôlés engagés pour lutter contre le gouvernement Assad. »

J’ai couvert ces camps frontaliers pendant plus de deux ans, souvent au péril de ma vie, parfois harcelé et détenu par les services de renseignement turcs.

En 2012 et 2013, j’ai visité les zones autour de la ville turque d’Hatay, et des camps comme Apaydin, où divers combattants de l’EI ont été formés par les services de renseignement occidentaux et le turcs. J’ai étudié la situation à la frontière et aussi autour de la base aérienne d’Incirlik, près d’Adana, utilisée à la fois par l’armée de l’air britannique et US. Et j’ai travaillé en Jordanie, dans les camps qui sont ouvertement utilisés pour la formation de « l’opposition syrienne », un fait qui n’est même pas caché, même par la presse régionale.

Je pensais que mes reportages, et ceux de Serkan Koc, Huseyin Guler et d’autres, feraient éclater le mythe d’un « soulèvement spontané contre le président al-Assad ».

Mais évidemment, nos efforts n’étaient pas à la hauteur de la formidable campagne de propagande et de lavage de cerveau déclenchée par les médias occidentaux.

Dans une pirouette totalement irrationnelle, d’une logique bizarre, les États-Unis accusent la Syrie de ne pas détruire l’Etat islamique, ce fruit peu recommandable de la politique impérialiste occidentale.

Voici ce qu’écrit (l’agence de presse) Reuters :

« Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, l’ambassadrice américaine aux Nations Unies, Samantha Power, a écrit : « Le régime syrien a montré qu’il ne peut pas et ne fera pas face avec efficacité à ces zones de refuge ».

Les frappes étaient nécessaires pour éliminer une menace contre l’Irak, les Etats-Unis et ses alliés, écrit-elle, en citant l’article 51 de la Charte des Nations Unies, qui couvre le droit individuel ou collectif à l’auto-défense contre une attaque armée ».

Pour décrypter ce qui est écrit ci-dessus : « Bachar al-Assad, nous avons contribué à créer l’EI pour vous renverser … Maintenant, nous vous tenons responsable de ne pas parvenir à détruire notre création.., Par conséquent, nous allons bombarder votre pays, tuer des milliers de vos concitoyens, et peut-être vous renverser dans le processus ».

Le public occidental est totalement ignorant ; il est endoctriné et lavé du cerveau car sinon des centaines de millions de citoyens européens et nord-américains se répandraient dans toutes les rues, beaucoup en train de mourir de rire.

Les déclarations faites par Obama et Power sont tellement absurdes et philosophiquement tordues, qu’elles feraient rougir de honte Orwell et Huxley. Même le plus brillant des romanciers ne pouvait inventer de raisonnements aussi tordus !

Le Moyen-Orient est bien informé, il est conscient de la partie qui est en cours, mais les gens dans de nombreux pays ici ont trop peur pour protester, ou même de parler. L’Occident a renversé des gouvernements progressistes et véritablement patriotiques, et a soutenu les tyrannies les plus oppressives.

Il y a encore un certain bon sens à gauche, bien sûr. Au Liban, le Hezbollah a répliqué, en exprimant probablement les sentiments d’une grande partie de la population du Moyen-Orient. Dans son allocution télévisée, le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a clairement indiqué sa position :

« Les Etats-Unis ne sont pas moralement qualifiés pour mener une coalition anti-terroriste. À notre avis, l’Amérique est la mère du terrorisme et de la cause du terrorisme dans le monde… Tout le monde sait que le Hezbollah s’oppose aux groupes ISIS et Takfiristes et les combat… Toutefois, cela ne signifie pas que nous appuyons l’intervention militaire des États-Unis dans la région. Le Hezbollah est contre toute coalition anglo-américaine qui utilise le terrorisme comme une excuse pour une intervention militaire en Syrie et en Irak. »

Et on pourrait ajouter : et très probablement, un jour, en Iran…

Il est clair que dans cette région, pratiquement personne n’est dupe de tous ces clichés creux et ces torsions de langage. L’EI est un bâton souple à multi-usages entre les mains de l’Occident. Il est « utile » aussi lorsqu’il fonctionne en mode autonome, lorsqu’il « échappe à tout contrôle ». Il a servi comme arme contre M. al-Assad et maintenant il est en train de devenir un épouvantail parfait, une justification pour une invasion directe de la Syrie, pour le redéploiement, ou plus précisément pour une augmentation, de la puissance militaire occidentale dans la région, pour la la création d’un Etat kurde marionnette pro-occidental, et très probablement pour le renversement du gouvernement de Damas.

Le gouvernement turc à la gâchette facile est déjà en train de s’agiter, en promettant de s’impliquer militairement, mais uniquement à condition que l’objectif soit concrètement et clairement défini : renverser M. Al-Assad.

Le renversement du gouvernement de Damas est, bien sûr, aussi l’objectif principal de Washington, mais M. Obama n’est pas aussi honnête et franc que son homologue et allié d’Ankara.

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Bien sûr, tout ceci pourrait n’être que le début de quelque chose de vraiment horrible. Il ne faut jamais oublier que l’Empire et ses alliés saoudiens, qataris et israéliens sont toujours en train de « penser grand ».

Il y a toujours plus à déstabiliser, à ruiner, et à conquérir – l’Iran est à l’horizon, et bien plus encore.

Pour eux – ceux de l’Empire – des endroits comme la Syrie ou l’Iran ne sont pas une des plus anciennes et plus grandes cultures de la planète, habitées par des gens doux et paisibles. Pour l’Empire, ces lieux ne sont qu’un butin, constitué des ressources naturelles et de points stratégiques.

Les gens ne signifient rien à leurs yeux. Si un million meurent, si deux ou trois millions disparaissent, cela ne fait absolument aucune différence. Ces cultures ne signifient rien, car elles ne sont pas occidentales, car elles ne sont pas chrétiennes, car ils ne sont pas « blanches ».

Obama et Cameron sont en train de suivre la grande tradition de l’empire colonial britannique au cerveau dérangé. Après tout, il y a seulement 80 ans que le Premier ministre britannique Lloyd George a commenté le succès de la Grande-Bretagne pour saboter une conférence de désarmement qui aurait interdit l’utilisation de la puissance aérienne contre les civils, en particulier ceux du Moyen-Orient. Il a souligné que ce fut un succès. Sa secrétaire et deuxième épouse Frances a écrit :

« A Genève, d’autres pays ont convenu de ne pas utiliser les avions à des fins de bombardement, mais nous avons insisté pour réserver le droit de, comme dit D [avid], bombarder les nègres ! Sur ce, tout s’est écroulé, et nous pouvons ajouter 5 millions à nos dépenses pour l’armée de l’air… »

Des décennies plus tard, l’Empire conserve ce « droit » et bien d’autres du même type.

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Que reste-t-il, combien reste-t-il, du monde arabe ?

Je ne parle pas de ces quelques aéroports clinquants, complétés par des « hôtels 6 étoiles », ni de ces centres commerciaux pour les élites, et des limousines européennes. Je ne parle pas seulement des puits de pétrole et des îles artificielles en forme de palmier avec des villas.

Cette région du monde était un phare, un des phares de l’humanité. C’est là qu’ont été érigés les premières universités, les premiers hôpitaux publics, et c’est là que les idées mêmes de valeurs « sociales », « égalitaires » et « de compassion », sont nées.

C’est dans le monde arabe et la Perse que les plus grands médecins, architectes, astronomes, scientifiques et poètes choisissaient de résider et créer.

C’est là que beaucoup de grands hommes comme le premier sultan de l’Egypte et de la Syrie – Ṣalāḥ ad-Dīn – ont défendu le monde contre ces hordes européennes brutales, qui envahissaient au nom de la croix tout en étant obsédées par le pillage et le viol.

Après des siècles de guerres coloniales, la cruauté et le militarisme de l’Occident ont enfin gagné. Ils ont conquis l’Arabie, ainsi que le reste de la planète.

Le monde arabe a été réduit des royaumes et Etats inféodés, dirigés par quelques familles outrageusement riches et impitoyables.

En Egypte et en Iran, les tentatives héroïques pour créer des sociétés égalitaires et socialistes après la Seconde Guerre mondiale ont été brutalement écrasées par les puissances occidentales. Le nihilisme, le cynisme, la corruption et le militarisme ont été introduits et cultivés.

Dans les temps modernes, même les États à vocation vaguement sociale, comme l’Irak et la Libye, ont été anéantis, au prix de centaines de milliers, voire des millions, de vies humaines. Le pétrole devait appartenir aux sociétés internationales, pas à l’Etat, pas au peuple.

Il ne reste maintenant que quelques pays totalement ruinés, comme l’Irak, la Libye et la Syrie. Il y a plusieurs alliés fidèles de l’Occident, comme le Qatar et l’Arabie saoudite, régis par des monarchies secrètes et oppressives qui répandent dans toute la région la forme la plus tyrannique de l’Islam, jusqu’en Asie du Sud-Est, tout en bénéficiant du plein soutien de l’Occident, ainsi que de l’impunité.

Que peut-on voir dans cette partie dévastée du monde ? L’Egypte où les élites pro-occidentales et l’armée ont réussi à étouffer tout espoir de ce que l’on appelait le « printemps arabe », ce combat pour la justice sociale et la véritable libération des diktats de l’étranger.

Il y a Bahreïn, où la majorité chiite est paralysée par la peur, le Yémen autrefois socialiste, mais maintenant répressif, « extrémiste » et misérable. Dans des endroits comme les EAU il y a des poches de luxe pour les riches et l’enfer, plus d’humiliation, pour les travailleurs migrants qui ont bâti ce lieu mais qui se retrouvent pratiquement sans droits.

La Palestine saigne de ses blessures, comme elle le fait depuis d’innombrables décennies. Israël et ses partisans bloquent toutes les solutions pour une indépendance palestinienne. Pratiquement le monde entier vote en faveur d’un Etat palestinien et presque tout le monde condamne Israël. Mais cela montre clairement qui contrôle la planète et la région : l’Empire oppose avec détermination son veto à toutes les résolutions et bloque tout ce qui pourrait conduire à la justice pour le peuple palestinien.

La Jordanie est devenue une sorte d’immense camp de réfugiés pour les Palestiniens, les Syriens et les Irakiens, ainsi que la station-service des intérêts occidentaux, militaires aussi bien que ceux des « agences de développement ».

Le Liban, jadis le joyau de la région, souffre des retombées de différents conflits, ainsi que des incursions israéliennes. Il n’a fondamentalement pas de gouvernement qui fonctionne, et le Hezbollah, socialement orienté et anti-occidental, a été placé sur la « liste terroriste » par les Etats-Unis et plusieurs pays européens. Ce qui est évidemment compatible avec la logique tordue de l’Occident : se préoccuper du bien-être de la population est considéré comme le pire des crimes imaginables, punissable par la peine de mort.

***

Tout ceci est dans la logique de l’héritage du colonialisme, du néo-colonialisme et de l’impérialisme.

L’Empire est entré dans sa phase finale sénile. Depuis son époque la plus jeune et la plus puissante, cette nation qui vu le jour grâce à des gens comme Jefferson et Lincoln (qui étaient des géants mais pas des saints) est désormais contrôlée par le souk, les marchands du bazaar. Et ça se voit.

Lorsqu’on s’en détache, tout ceci semble tellement comique et grotesque.

Et extrêmement vulgaire aussi.

On a envie d’en rire, de lancer quelques blagues sarcastiques.

Mais soudain le rire se fige. Lorsque nous nous rendons compte tout à coup que tout cela est bien réel ! Des missiles volent vers la Syrie, et aussi des bombardiers.

Et les enfants hurlent de terreur. Et les corps sont déchiquetés. Des millions de réfugiés sont en mouvement. Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont perdu leurs maisons. Des femmes sont violées. Des communautés entières ont cessé d’exister.

Il était une fois des pays comme l’Irak, comme la Libye, comme la Syrie. Certes, l’Irak fut modelé par le colonialisme britannique, comme le Koweït, mais il était là depuis des décennies. Il n’est plus. A présent, l’impérialisme occidental est en train de remodeler à nouveau la région, à un coût terrible pour la population locale.

L’Empire « expérimente ». Il « tâtonne » et « ajuste » sa tactique. « Nous avons créé l’opposition syrienne et maintenant voyons ce qui va se passer. L’« opposition » se transforme en une force régionale militante, qui ose s’opposer à nos intérêts ? Bombardons-la et armons aussi les Kurdes afin qu’ils puissent former leur propre État, pro-occidental, au centre de la région. Voyons comment ça se passe … Une fois lancés, nous pourrions aussi, peut-être, renverser al-Assad … Et qui sait, peut-être pourrions-nous également trouver une raison pour envahir l’Iran ».

L’Empire utilise les gens comme s’ils étaient des cobayes. Il n’y a aucune considération pour le bien-être de la population arabe, il n’y a aucun respect pour la vie humaine. Tous les chapitres fondamentaux des droits de l’homme sont violés ; la plupart des clauses de la Convention de Genève sont piétinées.

Le monde est si conditionné, si enchaîné, que cette dernière attaque est acceptée sans aucune protestation ou de grands débats.

Lorsqu’il arrive que des questions sont posées, publiquement, ce ne sont jamais des questions essentielles. Tout le débat est tordu. Il est présumé que l’Occident est en train de faire une bonne chose, qu’il défend le monde contre le terrorisme.

Il est également admis par une grande majorité de gens et de pays que l’Empire bénéficie d’une impunité absolue, qu’il est au-dessus des lois, qu’il n’y a aucun organisme international qui peut le contester, ou le faire reculer sur son chemin dévastateur et destructeur.

L’Occident a finalement atteint le plus haut degré de « liberté ». Une liberté pour lui-même – une terrible liberté de jouer avec le monde comme s’il s’agissait d’un vulgaire ballon, de quelque chose d’insignifiant.

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Tout comme al-Qaïda est issu des combattants moudjahidine soutenus par les Américains en Afghanistan, l’EI faisait partie de l’ « opposition » anti-Assad soutenue par l’Occident et ses alliés régionaux. L’Occident a magistralement joué sur les intolérances locales : le président syrien Bachar al-Assad est généralement laïque, mais appartient à la communauté alaouite, qui est considérée comme hérétique dans certains milieux musulmans sunnites, en particulier les plus radicaux. Ce qui a permis de mobiliser et recruter des cadres religieux extrémistes. Et les cadres religieux sont historiquement des combattants très déterminés.

L’Empire a soigné à la fois d’Al-Qaïda (ou plus précisément, ses prédécesseurs) et l’EI comme de véritables groupes « multi-usages ». Un a contribué à détruire l’Union soviétique et l’autre à mortellement blesser la Syrie, puis sont devenus la justification pour une « guerre mondiale contre le terrorisme » et, dans le dernier cas, pour une attaque contre la Syrie.

Les deux peuvent être décrits comme les 5e colonnes de l’Occident dans le monde arabe. Tout comme l’Occident, ils se fichent du bien-être de la population dans cette région. Les vrais groupes à vocation sociale ici, comme le Hezbollah, combattent l’EI, mais sont désignés par l’Occident comme des « organisations terroristes ».

Ainsi la destruction kafkaïenne de la région par les fous Occidentaux se poursuit.

Bien sûr, tout cela n’est pas nouveau. C’est ainsi que, pendant des siècles, la terreur coloniale européenne et plus tard celle des Etats-Unis a fonctionné : diviser pour régner, détruire tout ce qui se dresse sur votre chemin. Sacrifier des millions de personnes pour atteindre vos objectifs économiques et géopolitiques, même si vous n’êtes pas encore tout à fait certain de la nature exacte de ces objectifs.

Sans le domaine sénile/raciste/console de jeu/génocidaire de l’Occident, il n’y aurait pas d’al-Qaeda ni de l’EI. Il y aurait, cependant, plusieurs pays autoritaires, mais riches et socialement équilibrés comme l’Irak et la Libye, ainsi qu’une Syrie éduquée et laïque. Si l’Occident n’avait pas pilonné la région avec ses invasions et coups d’Etat depuis la Seconde Guerre mondiale, il y aurait eu au moins deux pays puissants et socialistes ici : l’Egypte et l’Iran. En fait, le plus probable est que toute la région serait aujourd’hui socialiste.

L’EI est un implant, qui sert maintenant comme justification pour une invasion.

C’est tellement évident. Ne pas le voir requiert une grande discipline. Mais le monde, ou du moins l’Europe et les Etats-Unis, semble être de plus en plus discipliné, obéissant, et même soumis.

Et c’est ainsi que les croisés occidentaux sont de nouveau en selle, comme ils l’ont été pendant des siècles, en train de répandre la dévastation et la terreur partout où ils passent.

Mais aujourd’hui, il n’y a plus de Sultan courageux, éclairé et compatissant – aucun Ṣalāḥ ad-Dīn des temps modernes – pour les arrêter : au nom de la vie elle-même, au nom de la justice et de l’ensemble de notre humanité.

Andre Vltchek

 

Traduction par VD pour le Grand Soir 



Articles Par : Andre Vltchek

A propos :

Andre Vltchek is a philosopher, novelist, filmmaker and investigative journalist. He covered wars and conflicts in dozens of countries. His latest books are: “Exposing Lies Of The Empire” and “Fighting Against Western Imperialism”. Discussion with Noam Chomsky: On Western Terrorism. Point of No Return is his critically acclaimed political novel. Oceania - a book on Western imperialism in the South Pacific. His provocative book about Indonesia: “Indonesia – The Archipelago of Fear”. Andre is making films for teleSUR and Press TV. After living for many years in Latin America and Oceania, Vltchek presently resides and works in East Asia and the Middle East. He can be reached through his website or his Twitter.

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