Wikileaks, bras armé d’un « coup d’état » silencieux aux USA?

La fuite continue de scandales émanant de Wikileaks et impliquant le couple Clinton semble avoir fait perdre la majeure partie de sa crédibilité à Hillary Clinton qui se retrouverait en cas de victoire, de plus en plus improbable, à l’élection présidentielle en position de justiciable potentielle et privée de légitimité.

La réouverture de l’enquête du FBI concernant le serveur de mails privé de Mme Clinton s’est ainsi traduite par un décrochement spectaculaire de la candidate démocrate dans les dernières enquêtes d’opinion. Ce énième scandale impliquant l’ancienne secrétaire d’Etat semble avoir achevé d’écœurer une partie de l’électorat américain.

Un sondage d’ABC / Washington Post, connus pour être des soutiens d’Hillary, publié mardi, c’est à dire après la divulgation de la réouverture de l’enquête du FBI, donne pour la première fois Donald Trump gagnant avec 46% des intentions de vote au niveau national contre 45% pour Hillary Clinton. L’échantillon du sondage d’ABC présente de plus une surreprésentation démocrate, ce qui laisse supposer que l’avance réelle de Donald Trump pourrait raisonnablement être plus conséquente…

Le même renversement de tendance s’observe dans les « swing states » qui font traditionnellement basculer l’élection. Selon l’institut Real Clear Politics, au 1er novembre, Trump devance Clinton de plus de neuf points dans le Missouri, d’un point en Floride, de quatre points en Géorgie, de presque un point en Caroline du nord, de plus de deux points dans l’Ohio, de plus d’un point en Arizona ainsi que dans l’Iowa. Il est à égalité avec la candidate démocrate dans le Névada. Au total, Trump est ainsi donné gagnant dans sept des seize « swing states » contre huit pour Hillary Clinton…

Plus inquiétant pour la candidate de Wall Street et des médias, la courbe de tendance des intentions de vote en faveur de la candidate démocrate dans les Etats susceptibles de basculer pour l’un ou l’autre camp, montre un véritable plongeon.

Le staff de campagne d’Hillary Clinton a ainsi réagi en mode panique à l’annonce de la réouverture de l’enquête concernant son serveur de mails privé, dénonçant une manœuvre « politique » visant à influencer l’élection de la part du directeur du FBI James Comey, relayé par une partie du département de la justice. L’ancien procureur général Eric Holder l’a ainsi accusé de vouloir « jeter le discrédit » sur la candidate démocrate et le Département de la justice, relayé par de nombreux procureurs fédéraux. Pourtant, selon le Daily mail, citant une source « proche de James Comey », sa décision aurait été motivée par le fait : « qu’il ne pouvait plus résister aux pressions venant des agents du FBI et de ses principaux adjoints », elle aurait donc été largement contrainte.

Selon la même source : « l’atmosphère était devenue toxique au FBI depuis que Jim avait annoncé en Juillet qu’il ne recommanderait pas de poursuites à l’encontre d’Hillary ». Il semble donc que, plus que la décision d’un homme, la réouverture de l’enquête concernant le serveur de mails d’Hillary Clinton soit l’aboutissement de pressions d’une partie de l’appareil de renseignement US opposé au « système de corruption » mis en place par le couple Clinton. C’est ce qu’affirme Steve Pieczenik dans une vidéo publiée par divers sites américains.

Pieczenik fut l’assistant du secrétaire d’Etat américain d’Henry Kissinger ; il a occupé les fonctions de sous-secrétaire adjoint sous les administrations Ford, Carter, Reagan, et Bush; il fut également membre du Council of Foreign Relationsjusqu’en 2012. En 2014, il fut accusé par les magistrats italiens enquêtant sur l’assassinat de l’ancien premier ministre Aldo Moro, d‘avoir été directement impliqué dans son élimination. Il semble ainsi avoir joué un rôle de premier plan au sein des services et de la communauté du renseignement US, une des composantes essentielles du « Deep state ». Il déclare aujourd’hui que les révélations de Wikileaks sur le couple Clinton ont été fournies à l’organisation par une partie de la communauté du renseignement US, et qu’il s’agit d’un « contre coup d’état » qui répond au système de corruption mis en place par le couple Clinton. Selon lui, les Clinton ont ainsi réalisé un « coup d’état silencieux » en utilisant la corruption et la co-optation, comme je l’avais exposé dans un précédent article à propos du système de collusion mis en place par le staff de campagne d’Hillary Clinton avec les médias mainstream.

assange WikiLeaks founder Julian Assange © Peter Nicholls / Reuters

Julian Assange © Peter Nicholls / Reuters

Selon Pieczenik, le système de collusion mis en place par le couple Clinton, pour ce qui concerne les Etats-Unis, touche également le système judiciaire et les grandes agences de renseignement, CIA et FBI. Il cite à ce propos nommément son directeur James Comey. Pieczenik déclare ainsi qu’une partie de la communauté du renseignement s’est organisée en conséquence de manière à réaliser un « contre coup d’état », par l’intermédiaire de Julian Assange et Wikileaks auxquels elle a fourni ses informations. Le degré de corruption et de perversité du système et du couple Clinton a été l’élément déclencheur de ce « contre coup d’état » destiné à « sauver la république ». Il s’agit selon Pieczenik, d’une « seconde révolution américaine » engagée par des « vétérans » et une partie de l’appareil de renseignement US contre un pouvoir qui à leurs yeux a dépassé toutes les bornes de la corruption et de la compromission, notamment par l’intermédiaire de la fondation Clinton.

Voilà peut-être ce qui explique, malgré l’engagement massif des médias en faveur de la candidate démocrate, d’où Donald Trump tire l’assurance et l’aplomb avec lesquels il ne cesse de dénoncer la corruption du couple Clinton, allant jusqu’à affirmer que toute victoire d’Hillary serait entachée de fraude électorale.

Une partie du « Deep State » semble avoir lâché Hillary et s’être engagée de tout son poids pour lui barrer la route à la présidence. Si un « coup d’état silencieux » est bien engagé aux Etats-Unis à l’occasion de l’élection présidentielle, les semaines à venir seront sans nul doute historiques.

Guillaume Borel 

 

Guillaume Borel, documentaliste, analyste politique, est l’auteur de l’ouvrage Le travail, histoire d’une idéologieÉditions Utopia: 2015. Il s’intéresse aux questions de macro-économie, à la géopolitique et aux questions de propagande et d’intoxications médiatiques.



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