11 décembre 1960: Un exemple pour la Révolution Tranquille du 22 février 2019 en Algérie

« Le colonialisme se bat pour renforcer sa domination et l’exploitation humaine et économique. Il se bat aussi pour maintenir identiques l’image qu’il a de l’Algérien et l’image dépréciée que l’Algérien avait de lui-même. » Frantz Fanon ( An V de la Révolution Algérienne)
Dans l’anonymat le plus strict s’est passé le 59e anniversaire des évènements tragiques du 11 décembre 1960 où le peuple en bravant le pouvoir colonial pour donner une impulsion décisive à la cause de la Révolution au niveau des Nations Unies paya le prix fort le pouvoir oppresseur reconnait 120 morts et des centaines de blessés. Qui était ce peuple monolithique pour la cause qui a su déjouer toutes les manœuvres coloniales pour le diviser ?
L’approche vaine du pouvoir colonial pour casser la Révolution
Durant la Révolution, la femme algérienne pour les besoins de la lutte a certaines fois , pour celles qui le portaient, enlevé le haïk pour aller dans les quartiers européens et faire son devoir. « Convertir la femme, la gagner aux valeurs étrangères, l’arracher à son statut, c’est à la fois conquérir un pouvoir réel sur l’homme et posséder les moyens pratiques, efficaces, de déstructurer la société algérienne » (Fanon, 1959 )
La guerre perdurant le pouvoir tenta toutes les manœuvres pour casser la Révolution. Le pouvoir colonial pensait avoir trouvé la solution en misant sur le maillon qu’il croyait faible : « La femme » objet de tout les fantasmes de puis l’orientalisme voyeur .Il est utile de savoir que la femme algérienne qu’elle soit rurale ou citadine avait pas accès à l’éducation à la fois de par le système colonial mais aussi du fait d’une chape pesante de la société traditionnelle algérienne. Dans cet atmosphère délétère la femme algérienne voilée est un enjeu pour le pouvoir colonial « le regard colonial n’accepte pas de limites et se fixe maladivement sur le corps féminin. Il veut voir pour imposer son autorité : « révéler » équivaut à conquérir. La femme incarne l’Algérie toute entière, la maxime du gouvernement français à l’apparition des premiers mouvements révolutionnaires semble être : « Prenons les femmes et le reste viendra ».
Un autre fait qui participe à la construction du mythe de la dilution de la société algérienne par les femmes est la mise en scène du dévoilement des femmes sur la place du forum d’Alger et dans d’autres villes (Oran et Philippeville/Skikda) en mai 1958, supposée illustrer la « fraternisation » entre « Européennes » et « Musulmanes » pour maintenir l’Algérie française.
La suspicion vient aussi des timides réformes, entreprises très tardivement, par le Premier ministre Debré et par Nefissa Sid Cara C’est dans cette atmosphère difficile pour la Révolution avec les opérations Jumelles, les ratissages de Challe les glacis des lignes Morice et Challe, les camps de rétention de plus de 2, 5 millions d’Algériennes et d’Algériens retenus pour empêcher le contact avec le maquis que le peuple voyant les atermoiements de De Gaulle continuer, notamment avec son utopique troisième voie, que le FLN comprit qu’il fallait sortir de cette situation très difficile pour les maquis.
Le 11 décembre 1960 : le tournant décisif
C’est dans cette atmosphère difficile pour la Révolution avec les opérations jumelles, les ratissages de Challes les glacis des lignes Morice les camps de rétention de plus de 2, 5 millions d’Algériennes et d’Algériens retenus pour empecher le contact avec le maquis que le peuple voyant les atermoiements de de Gaulle continuer notamment avec son utopique trosième voie, que le FLN comprit qu’l fallait sortir de cette situation très difficile pour les maquis,. La proximité de la Question algérienne à l’ONU sera le catalyseur du ras le bol du peupple qui par son insurrection totale monolithique fit la décision. Les Nations Unies votèrent la fameuse révolution qui vota la nécessité de l’autodétermination de l’Algérie. Mongi Slim diplomate tunisien présida la fameuse séance qui donna une visibilité importante à la Révolution
«Un seul héros le peuple». Slogan à l’indépendance. Cette citation répétée à l’infini a été vidée de son signifiant au fil du temps, à telle enseigne que l’on constate un hold-up sur la glorieuse révolution par, à la fois, les révolutionnaires de la vingt-cinquième heure, les Martiens d’Algérie, et une nouvelle caste qui n’a aucun rapport avec la glorieuse révolution, mais qui se veut la seule dépositaire de ce patrimoine commun. Et pourtant, sans le peuple qui a donné ses meilleures filles et ses meilleurs fils à la révolution, point de victoire.
On aura tout dit de cette date vue comme un accélérateur de la cause légitime de la révolution. Ces femmes qui confectionnaient des drapeaux pour aller manifester, que personne n’encadrait ni ne leur avait donné de consignes; la plupart des femmes avaient oeuvré, incognito, pour la révolution. Leur prise de conscience leur faisait comprendre que la seule issue était de se battre pour l’avenir de l’Algérie.
«Les Algériennes ont été en première ligne des manifestations, elles ont aussi porté toute une part invisible de l’auto-organisation des soulèvements. Les enterrements des martyrs, qui permettaient de faire partir de nouvelles manifestations après les mises en terre, étaient aussi organisés principalement par des femmes. Dans le même temps, des centres de soins étaient installés dans des appartements ou des mosquées, avec des médecins et des infirmières algériens. Des cantines de rue permettaient à tous de manger dans les quartiers bouclés. Dans toutes ces expériences, on retrouve l’implication déterminée des femmes, des enfants et des anciens, et en général des civils jusque-là considérés comme la «population à conquérir» par les états-majors politiques et militaires français et par certaines fractions du FLN/ALN. Or, presque partout, les troupes ont été déployées et avec l’accord des autorités politiques, elles ont tiré et tué. Elles ont raflé et torturé. Les méthodes de guerre policière n’ont pas été empêchées par l’État gaulliste, mais débordées par le peuple algérien. Les autorités françaises reconnaissent alors officiellement 120 morts, dont 112 Algériens et des centaines de blessés, indique l’historien Gilbert Meynier. Des dizaines de colonisés, dont des adolescents ont été arrêtés, «interrogés» et pour certains ont «disparu» dans les jours et les semaines qui ont suivi».
Le rôle de la femme, maillon fort du peuple
Il serait mal venu de minimiser le rôle du peuple à l’occasion d’un autre de ses engagements. Chaque fois qu’une échéance importante se profilait notamment l’inscription de la Question algérienne à l’ONU, le peuple en sortant dans la rue faisait la décision en payant le prix fort. On sait que chaque fois que la Révolution a besoin d’un nouvel élan , c’est au peuple qu’elle s’adresse pour une nouvelle impulsion . C’est comme le lancement d’une fusée qui nécessite des impulsions correctives pour mettre la Révolution sur la bonne orbite .
Nous l’avons vu avec le tir initial du premier novembre, ensuite le congrès de la Soummam, les évènements du Constantinois du 20 Août , ensuite ce sera l’homérique bataille d’Alger, pour arriver à une nouvelle impulsion nécessaire du fait que le combat peinait à concrétiser avec les opérations Challe et les glacis des lignes Morice et Challe. Le 11 décembre 1960 actionna d’une façon décisive la prise de conscience mondiale sur la cause algérienne aux Nations unies et le timing de décembre 1960 est venu à point nommer le vote concernant la question algérienne fut une victoire acquise par notre diplomatie le 19 décembre 1960. Ce sera enfin le 17 octobre 1961 les Algériennes et Algériens défileront sans armes en face d’une police et du préfet Papon ancien tortionnaire à Constantine : 200 morts, des dizaines de personnes jetées dans la Seine, des centaines d’arrestations, parquées elles aussi dans le même vélodrome d’Hiver… Tous ces sacrifices du peuple. Ce qui a amené le pouvoir colonial a négocier avec le GPRA les conditions de l’indépendance.
Il serait mal venu en définitive de minimiser le rôle du peuple à l’occasion d’un autre engagement du peuple. Chaque fois qu’une échéance importante se profilait notamment l’inscription de la question algérienne à l’ONU, le peuple en sortant dans la rue faisait la décision en payant le prix fort. On sait que chaque fois que la Révolution a besoin d’un nouvel élan , c’est au Peuple qu’elle s’adresse pour une nouvelle impulsion. C’est comme le lancement d’une fusée qui nécessite des impulsions correctives pour mettre la Révolution sur la bonne orbite . Nous l’avons vu avec le tir initial du premier novembre, ensuite le Congrès de la Soummam , les évènements du Constantinois le 20 aout , ensuite ce sera l’homérique Bataille d’Alger, pour arriver à une nouvelle impulsion nécessaire du fait que le combat peinait à concrétiser avec les opérations Challes et les glacis des lignes Morice.
Le 11 décembre 1960 actionna d’une façon décisive la prise de conscience mondiale sur la cause algérienne aux Nations Unies et le timing de décembre 1960 est venu à point nommer le vote concernant la question algérienne fut une victoire acquise par notre diplomatie le 19 décembre 1960. Ce sera enfin le 17 octobre 1961 les Algériennes et Algériens défiler sans arme en face d’une police et du préfet Papon ancien tortionnaire à Constantine , : 200 morts, des dizaines de personnes jetées à la Seine, des centaines d’arrestations parquées elles aussi dans le même vélodrome d’hiver… Toutes ces sacrifices du peuple Ce qui a amené le pouvoir colonial a négocier avec le GPRA les conditions de l’indépendance.
La Révolution Tranquille du 22 février n’a pas terminé sa mission
Est-ce que la révolution tranquille qui depuis 43 semaines dénonce le système n’était pas dans son bon droit ? John Kennedy avait coutume de dire : « Ceux qui rendent une révolution pacifique impossible rendront une révolution violente inévitable » Grâce à Dieu nous n’en sommes pas là ! Le peuple du 22 février a ébloui le monde par sa résilience , son attitude non violente , aidée il faut le reconnaitre par des corps de sécurités qui globalement se sont maitrisés à telle enseigne que 43 semaines d’affilé, il n’ y a pas , il faut s’en féliciter de pertes humaines. Il devra continuer dans le calme et la sérénité à militer pour une Algérie de Droits mais aussi une Algérie de rigueur de travail et d’ambition
Les élections qui sont un mal nécessaire pour mettre en place des institutions devront nous permettre de sortir de l’errance actuelle Nous ne nous faisons pas d’illusion quant à la solution de nos problèmes par un coup de baguettes magiques. Le président élu a beaucoup à faire pour montrer qu’il est en phase avec le la Révolution Tranquille du 22 février Ses voeux maintes fois réitérés à savoir le divorce d’avec les moeurs passées, les droits et les devoirs de chacun, l’indépendance réelle de la justice sont toujours d’actualité et doivent continuer à être revendiqués.
Cependant, il est un autre combat aussi important que le peuple de la Révolution Tranquille du 22 février, c’est celui du projet de société dans un monde de plus difficile et que partout l’Etat recule devant le néo-libéralisme avec comme corollaire une régression des acquis sociaux . Nous devons militer pour un Etat de tout les Algériens , un Etat stratège qui protège les classes vulnérables sans pour autant en faire des assistés comme les pouvoirs précédents ont créé un peuple de tricheurs, qui ne respecte pas la loi et qui pense que tout lui est dû du fait qu’il mise sa capacité de nuisance qui fait peur aux gouvernants illégitimes en quête de paix sociale pour continuer à voler en rond !
C’est tout cela qui doit être changé. Chaque Algérien dans la transparence la plus totale de la loi et de la protection de la justice, doit montrer sa valeur ajoutée. Des jours sombres se profilent et il est important de veiller que l’oligarchie ne perdure pas même avec les miettes de la rente qui restent. Si cette feuille de route est acceptée par les patriotes sincères qui veulent pas que leur pays tangue dangereusement vers un Etat où d’un côté il y aura de plus de 3araya ( les démunis, les sans dents, les sans droits) et de l’autre une nouvelle oligarchie tant il est vrai qu’elle est protéiforme , je serais de ces combats et je reprendrai mon bâton de pélerin à ma façon pour protester contre ce type de société qui broie les faibles. Cette nouvelle révolution tranquille du 22 février devra faire sienne les acquis sociaux et prôner plus que jamais les vrais droits humains, ceux de s’instruire, de vivre dignement d’avoir un toit d’être soigné. Toute chose qui ne seront pas évidentes dans l’avenir
Pour cela point de perte de temps ! Cela se fera par la nécessaire dissolution de la chambre basse du parlement. Les personnes ressources qui activent au sein de la Révolution Tranquille du 22 févier d’une façon patriotiques auront toute latitude pour se présenter aux élections. Les partis politiques auront la possibilité réelle et pour la première fois depuis l’indépendance de prouver qu’elle est leur emprise réelle sur le peuple
Il est de plus un autre enjeu de taille. Celui de remettre la machine en marches. 2020 2021 le bas de laine qui nous sert d’amortisseur comme reliquat de la rente des 1000 milliards de dollars sera épuisé. Le gouvernement aura fort à faire pour expliquer au peuples les enjeux et les efforts proportionnels de chacun pour aller à l’essentiel diminuer d’une façon drastique les importations inutiles. Mettre en place un Plan de rigueur en diminuant pour commencer le train de vie de l’Etat. Dans ce cadre, la transition énergétique peut rapidement nous permettre de faire des économies substantielles. Il reste le chantier du temps long celui du système éducatif et là il est nécessaire de se hâter avec lenteur.
Il est important que cette Révolution Tranquille qui a éblouie le monde, continue sa formidable mission de vigie et de boussole. D’une façon apaisée . Sylmia plus que jamais Sa mission ne s’arrêtera que quand véritablement nous sommes citoyens d’une Algérie unie, qui grave dans le marbre les libertés fondamentales de démocratie, de libertés individuelles d’alternance . nous serons alors autant que nous sommes dignes de l’immense sacrifice du peuple durant la Révolution de novembre .
Leur sacrifice ne sera pas vain si on arrive par une abnégation et la conviction que nous sommes du bon coté de l’histoire à montrer notre détermination à faire partir tout ce qui rappelle la double décennie du mépris et de la rapine du pouvoir précédent. Plus que jamais et au risque de me répéter les patriotes sincères de la Révolution Tranquille du 22 février devront continuer dans le calme et la sérénité à militer pour une Algérie nouvelle qui fait sa place à toutes les Algériennes et Algériens sans exclusif pour enfin, sortir de cette situation délétère où le pays parait installé dans les temps morts. Non l’Algérie du million de martyrs l’Algérie des patriotes du 11 décembre 1960 qui ont donné à la Révolution 120 de leurs enfants , mérite mieux que cela ! A nous d’y veiller par notre détermination et notre valeur ajoutée à la richesse multidimensionnelle de notre pays.
Prof. Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger
Source de la photo en vedette : algerie360.com