« L’excuse d’une guerre contre la Russie nous dirige vers une dictature globale » Karine Béchet-Golovko
"L’Ukraine est occupée, non par la Russie, mais par l’OTAN" Karine Béchet-Golovko

Ce qui se passe en Ukraine a de très graves implications géopolitiques. Cela pourrait nous conduire à un scénario de troisième guerre mondiale.
Il est important qu’un processus de paix soit engagé afin d’éviter une escalade.
Mondialisation.ca n’est pas en faveur de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Un accord de paix bilatéral est nécessaire.
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Chers lecteurs, je voulais partager avec vous, à l’heure où l’hystérie remplace la réflexion, mon interview pour France Soir. Puisque les pays européens se lancent dans une folle course-poursuite à celui qui criera le plus fort, qui tapera le plus fort, qui crachera le plus loin, manifestement au nom de « valeurs » occidentales directements descendues des années 30, puisque ce sera à l’Europe, une fois de plus, d’en payer le prix, il est important de comprendre les enjeux de ce qui se déroule sous nos yeux. Pourquoi la Russie est intervenue, qui occupe réellement l’Ukraine et beaucoup d’autres questions.
Karine Bechet-Golovko
Russie politics
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« La guerre réelle qui se joue est de savoir si nous allons vivre dans un monde unipolaire atlantiste. Dans ce cas-là, l’Europe disparaitra dans sa dimension civilisationnelle et culturelle et les États européens n’existeront plus que pour transmettre les ordres pris ailleurs », affirme Karine Béchet-Golovko, docteur en droit public et professeur invité à l’université d’État de Moscou. En septembre, nous l’avions reçu pour qu’elle nous parle de la gestion de la crise Covid en Russie. Cette fois-ci, Mme Béchet-Golovko nous livre son point de vue sur la guerre en Ukraine :
Karine Béchet-Golovko, docteur en droit public et professeur invité à l’université d’État de Moscou.
Dans cet entretien, la juriste explique que la population russe était depuis longtemps dans l’attente d’une réaction de la part de la Russie contre le gouvernement de Kiev, ce dernier, sous tutelle des Américains, menant depuis pas moins de huit ans des opérations militaires contre les populations ukrainiennes russophones. Ce qui a été le déclencheur de l’intervention militaire russe, nous dit-elle, c’est la volonté affichée de l’Etat ukrainien de se renucléariser, une ambition annoncée par la voix de son président Volodymyr Zelensky le 19 février.
L’enseignante nous relate qu’à l’inverse des États-Unis, qui ont envahi l’Irak en bombardant les civils irakiens, la Russie ne s’en prend aucunement à la population civile, ciblant spécifiquement les infrastructures militaires. A contrario, l’armée ukrainienne place son artillerie lourde dans les quartiers d’habitation jusque dans les cours d’école, ce qui a conduit à la défection de nombreux soldats dans leurs rangs. Aussi, en plus de « dénazifier et de démilitariser l’Ukraine », l’objectif de Vladimir Poutine serait d’œuvrer à faire prendre à la population ukrainienne qu’elle n’est qu’un instrument au service des forces atlantistes. Karine Béchet-Golovko en est certaine : « L’opération militaire russe se déroule sur le territoire ukrainien, mais elle n’est pas contre l’Ukraine. »