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A Gaza, le spectre d’une guerre «à la libanaise»
Par Serge Dumont
Mondialisation.ca, 19 octobre 2006
Le Temps 19 octobre 2006
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https://www.mondialisation.ca/a-gaza-le-spectre-d-une-guerre-la-libanaise/3542

Israël est prêt à lancer une offensive d’envergure pour empêcher les organisations palestiniennes de se doter d’armes modernes.


Deux soldats sur un char Merkava. La branche armée du Hamas se déclare «en mesure de décimer les chars israéliens». Photo: Keystone

«Le problème n’est pas de savoir si elle aura lieu, mais de savoir quand.» Se basant sur des fuites provenant de l’état-major de Tsahal (l’armée), les médias israéliens estiment qu’une opération militaire de grande envergure sera prochainement lancée dans la bande de Gaza. Objectif? D’abord, interrompre les tirs de roquettes Qassam sur la ville de Sderot, qui sont certes moins nombreux mais beaucoup plus précis que par le passé. Ces derniers jours, la cité où réside le ministre de la Défense, Amir Peretz, a d’ailleurs été privée d’électricité à trois reprises parce que des Qassam s’étaient abattues sur des installations électriques situées au milieu de quartiers résidentiels.

Ensuite, empêcher les organisations palestiniennes de se doter de matériel de guerre moderne. Selon l’Aman (renseignements militaires israéliens), les Brigades Ezzedine El-Qassem (la branche armée du Hamas) seraient parvenues à acquérir une trentaine de missiles antichars russes semblables à ceux qui ont causé des ravages dans les colonnes de blindés Merkava durant la guerre au Liban. Quant aux Brigades Al-Quds (la milice du Djihad islamique), elles se seraient dotées de lance-roquettes Grad identiques à ceux utilisés par le Hezbollah dans le courant de l’été. Des fusées susceptibles de s’abattre sur le centre de l’Etat hébreu et qui ont été introduites dans la bande de Gaza.

A tort ou à raison, l’Aman affirme que les tunnels de contrebande serpentant sous la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza se sont multipliés. C’est par ce biais que les organisations palestiniennes seraient notamment entrées en possession de 20 tonnes d’explosif et de quelques missiles sol-air capables d’abattre en plein vol les chasseurs-bombardiers et les hélicoptères de combat survolant quotidiennement les Territoires.

«Dans ces conditions, nous n’aurons pas d’autre choix que de lancer une opération de type «Rempart» (ndlr: l’invasion de la Cisjordanie en avril 2002) afin d’empêcher la constitution d’un nouveau Liban à nos portes», a estimé mardi le ministre de l’Immigration, Zeev Boïm, un homme qui passe pour dire tout haut ce que le premier ministre, Ehoud Olmert, pense tout bas.

Le lendemain, intervenant à la tribune de la Knesset, Amir Peretz a déclaré qu’Israël «n’a pas l’intention de reconquérir la bande de Gaza», mais qu’il devrait y intervenir «car, si les organisations terroristes se sont déjà procuré quelques missiles maintenant, elles en auront sans doute des milliers dans quelques mois». Ce qui explique sans doute pourquoi le Yedot Aharonot (le quotidien israélien le plus lu) estime que «la guerre nous attend au coin de la rue».

S’attendant également à une offensive, les branches armées du Hamas, du Djihad islamique, ainsi que les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa (proches du Fatah) ont publié des tracts promettant «des surprises de taille pour l’envahisseur sioniste». Affirmant «avoir achevé ses préparatifs de combat», la branche armée du Hamas se déclare «en mesure de décimer les chars israéliens». Quant aux miliciens impliqués dans l’enlèvement, le 25 juin dernier, du caporal Gilad Shalit, ils ont publié un communiqué promettant que leur prisonnier serait tué si Tsahal devait pénétrer en force dans la bande de Gaza.

Mais ces menaces ne semblent guère impressionner les stratèges israéliens puisque l’armée de l’Etat hébreu durcit considérablement ses incursions dans la bande de Gaza en prélude à la grande offensive. Dans la nuit de lundi à mardi, elle a d’ailleurs lancé une attaque le long du «couloir Philadelphie» (la frontière entre Gaza et l’Egypte). Vingt et un tunnels de contrebande ont alors été découverts à proximité de la ville de Rafah, et quatre militants du Hamas ont également été tués. A en croire le porte-parole de l’état-major israélien, l’un d’entre eux serait «l’instigateur de l’enlèvement de Shalit».

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