A quand la naissance d’un enfant dans l’espace?

Quand le premier enfant naîtra dans l’espace extraterrestre, cela représentera un exploit tout aussi extraordinaire que le premier pas de l’homme venu autrefois d’Afrique. Une telle naissance pourrait symboliser le début d’une civilisation multiplanétaire de l’espèce humaine.

Aujourd’hui, toute l’activité dans l’espace est reliée à la Terre. Mais il est à prédire que dans environ 30 ans les gens commenceront à s’installer dans l’espace, et peu de temps après cela le premier enfant verra le monde en dehors de la Terre.

Pendant le premier demi-siècle de l’ère spatiale seuls les gouvernements envoyaient des appareils et des hommes sur l’orbite circumterrestre. Tout a changé à présent. Des centaines de compagnies spatiales privées créent un nouveau secteur avec un chiffre d’affaires annuel qui atteint déjà 300 milliards de dollars.

Les meilleurs exploits affichent les compagnies spatiales privées qui commercialisent l’espace en tant que destination touristique et de loisirs. L’objectif d’Elon Musk pour SpaceX consiste à transporter sur la Lune, sur Mars et plus loin des centaines de personnes en un voyage, même s’il ne précise pas les délais dans ses discours publics. La compagnie de Jeff Bezos, Blue Origins, aspire également à coloniser le système solaire.

La distance à parcourir à bord d’un vaisseau spatial jusqu’à Mars est mille fois supérieure à celle jusqu’à la Lune, c’est pourquoi cette dernière deviendra la première « maison loin du foyer natal ».

La Chine coopère avec la Russie pour construire un site à long terme au pôle Sud de la Lune entre 2036 et 2045. La NASA compte marcher sur la Lune en 2024 pour y installer une colonie permanente appelée Artemis Base Camp dans la prochaine décennie. Dans le cadre de la mission Artemis la NASA compte également lancer en 2024 la station spatiale lunaire Gateway. Pour ce dernier et pour les projets lunaires suivants la NASA collabore avec SpaceX. La station lunaire facilitera l’approvisionnement des réserves de la future colonie spatiale pour SpaceX.

Après la Lune ce sera au tour de Mars, et la coopération entre SpaceX et la NASA accélère l’avancement vers cet objectif. Les plans de la NASA sont grandioses, mais l’agence ne mentionne aucun délai. Elon Musk, au contraire, a annoncé haut et fort qu’il comptait coloniser Mars d’ici 2050. La tentative de l’humanité de coloniser la Lune nous donnera une bonne idée des problèmes auxquels nous pourrions être confrontés sur Mars.

Pour que la civilisation ne dépende pas de la Terre, sa population doit grandir, ce qui implique la naissance d’enfants. La vie sur la Lune ou sur Mars sera très difficile et tendue, c’est pourquoi les premiers habitants y passeront probablement seulement quelques années et il y a peu de chances qu’ils y fondent une famille.

Mais dès que les gens déménageront pour s’installer en permanence en dehors de la Terre, on ignore quel tournant prendront les choses. Il reste encore beaucoup de questions. Premièrement, peu d’études ont été menées pour le moment sur la biologie de la grossesse, de l’accouchement et de la santé reproductive dans l’espace et dans les conditions de faible gravité comme sur la Lune ou sur Mars. Des risques imprévus sont envisageables pour le fœtus ou sa mère. Deuxièmement, les nouveau-nés sont fragiles et il est difficile de les élever. Un semblant de vie familiale normale nécessite une infrastructure complexe de ces stations, or ce processus prendra des décennies.

Compte tenu de tous ces aspects il est fort probable que le premier enfant « extraterrestre » naisse bien plus près de la maison. La start-up danoise SpaceLife Origin voudrait envoyer une femme enceinte à 400 km de la Terre pour y accoucher. L’idée n’est pas mauvaise, mais les obstacles juridiques, médicaux et ethniques sont tout simplement immenses.

Une autre compagnie, Orbital Assembly Corporation, compte ouvrir en 2027 sur l’orbite l’hôtel de luxe Voyager Station. Ce dernier pourra accueillir 280 visiteurs et 112 membres d’équipage, sa structure assurera une gravité artificielle. Cependant, aucune précision n’est apportée quant à la complexité et au coût de ce projet.

Le 12 avril 2021, la NASA a annoncé étudier la possibilité d’autoriser l’envoi d’une émission de téléréalité sur la Station spatiale internationale (ISS) pour filmer des civils pendant dix jours. Cette idée pourrait probablement connaître une évolution si un couple aisé réservait un long séjour sur l’orbite pendant tout le processus de la conception d’un enfant jusqu’à sa naissance.

Jusqu’à présent, il n’existe aucune preuve d’une relation sexuelle dans l’espace.

Il est à supposer que cet enfant unique pourrait voir le jour en 2040. Il pourrait avoir la citoyenneté de ses parents ou naître dans un établissement dirigé par une corporation ou encore se retrouver sans citoyenneté. Mais cette future personne pourrait également être considérée comme le premier véritable citoyen de la galaxie.

Chris Impey

 

Article original en anglais : theconversation.com

Version française : Observateur continental

Chris Impey, professeur émérite d’astronomie à l’université d’Arizona



Articles Par : Chris Impey

Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.

Le Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) accorde la permission de reproduire la version intégrale ou des extraits d'articles du site Mondialisation.ca sur des sites de médias alternatifs. La source de l'article, l'adresse url ainsi qu'un hyperlien vers l'article original du CRM doivent être indiqués. Une note de droit d'auteur (copyright) doit également être indiquée.

Pour publier des articles de Mondialisation.ca en format papier ou autre, y compris les sites Internet commerciaux, contactez: [email protected]

Mondialisation.ca contient du matériel protégé par le droit d'auteur, dont le détenteur n'a pas toujours autorisé l’utilisation. Nous mettons ce matériel à la disposition de nos lecteurs en vertu du principe "d'utilisation équitable", dans le but d'améliorer la compréhension des enjeux politiques, économiques et sociaux. Tout le matériel mis en ligne sur ce site est à but non lucratif. Il est mis à la disposition de tous ceux qui s'y intéressent dans le but de faire de la recherche ainsi qu'à des fins éducatives. Si vous désirez utiliser du matériel protégé par le droit d'auteur pour des raisons autres que "l'utilisation équitable", vous devez demander la permission au détenteur du droit d'auteur.

Contact média: [email protected]