A son retour du front, le « soldat Ryan » se suicide

Los. Angeles
Aux Etats-Unis, la guerre tue beaucoup plus chez soi qu’au front. Selon les données recueillies par l’ « Army Times » on en est même à 950 vétérans étasuniens qui se suicident chaque mois : 18 par jour, un soldat se suicide toutes les 80 minutes. Aux Etats-Unis, les soldats meurent 25 fois plus de leurs propres mains que sur le champ de bataille. Ce sont des nombres effroyables, qui démontrent le manque de soins pour les soldats revenant de guerre. D’autant plus si l’on considère qu’il y aura rapidement plus de 2 millions d’anciens combattants des guerres afghanes-irakiennes, dont plus de 30% affectés de troubles post-traumatiques et/ou traumas cérébraux, syndromes qui se manifestent par des décompensations émotionnelles, dépressions et épisodes de déséquilibre comme ceux qui amènent aux récents épisodes (connus, NdT) de violence, parmi lesquels le raptus homicide du sergent Bales en Afghanistan[1]. Chaque guerre expose militaires et civils à des horreurs qui marquent profondément et à jamais le psychisme de celui qui les vit : phénomène amplifié par la gestion « professionnelle » de conflits menés avec des armées de volontaires où les soldats sont souvent employés des années durant sur des engagements répétés au front. Pour « faire leur travail » loin de la conscience publique.
Edition de mardi 17 avril 2012 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20120417/manip2pg/09/manip2pz/321287/
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
[1] Si tant est que le soldat Bales ait été victime d’un « raptus » psychique et qu’il ait été le seul exécuteur. Voir aussi : Meurtre de 17 civils afghans : vengeance préméditée selon les témoins. Un soldat aurait dit aux villageois : « Vous allez payer. » par Julie Lévesque,
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=29937 .
Hypothèse qui n’exclut pas de toutes façons la version d’un passage à l’acte chez ce soldat mais au contraire, élargit le problème à l’utilisation consciente de la pathologie mentale ou de la fragilité des individus dans des méthodes de guerre partagées, tolérées voire enseignées aux combattants (réguliers, mercenaires et bandes armées entraînées par nos « forces spéciales ») dans les guerres d’agression et d’occupation.
Pour ne donner qu’un exemple proche : qui est allé en Syrie, pas clandestinement, et a vu non seulement des victimes (jeunes soldats et civils) mais aussi des vidéos revendiquées et postées par les combattants « rebelles » ou « opposants » au gouvernement en place, filmant complaisamment leurs horreurs perpétrées contre la population civile et l’armée de conscription, a une idée de la pathologie mentale gravissime des membres de ces bandes armées opérant sur le terrain. NdT.