Accord sur l’arrêt des activités nucléaires en Corée du Nord : avoir les mains libres pour le conflit avec l’Iran

férences tactiques existant à la Maison-Blanche à propos de la Corée du Nord, il y a consensus sur la confrontation violente et irresponsable qui se prépare contre Téhéran. Comme le laisse entendre le Wall Street Journal, l’explication logique de l’entente avec la Corée du Nord est que cela fait un problème de moins.
Dans le débat public, une voix est restée remarquablement silencieuse, celle du vice-président Dick Cheney, dont le soutien d’une politique agressive contre la Corée du Nord et d’un « changement de régime » à Pyongyang est bien connu. Cheney s’était auparavant vigoureusement opposé à toute atténuation de la position américaine envers la Corée du Nord ou à toute concession à Pyongyang, même minime.
En 2003, alors que le département d’Etat américain était engagé dans une activité diplomatique fiévreuse afin de ranimer les discussions à six, Cheney a effectivement saboté le processus en rejetant les termes de la négociation. Le journal Knight Ridder avait rapporté dans son édition du 19 décembre 2003 que Cheney avait dit lors d’une réunion : « J’ai été mandaté par le président pour faire en sorte qu’il n’y ait de négociation avec aucune tyrannie dans le monde. Nous ne négocions pas avec le mal; nous le battons. »
En septembre 2005, dans une précédente ronde de négociation à six, un cadre avait été adopté par toutes les parties en vue d’un accord. Presque aussitôt l’arrangement éclata, lorsque la Corée du Nord découvrit que le département du Trésor américain avait gelé 24 millions de dollars d’avoirs dans la banque Delta Asia basée à Macao, affirmant que l’argent provenait d’activités illicites. Ce geste et les efforts subséquents des Etats-Unis pour imposer un embargo financier ont provoqué l’indignation à Pyongyang, qui accusa Washington d’avoir négocié de mauvaise foi et refusa de retourner à la table de négociation.
Plusieurs reportages ont indiqué que le département de Cheney était impliqué dans le sabotage des négociations. Les tensions refirent surface lorsque la Corée du Nord, ignorant les avertissements internationaux, testa un missile balistique de longue portée et fit ensuite exploser une petite bombe nucléaire en octobre. Le Japon et les Etats-Unis firent adopter, avec l’appui de la Chine et de la Russie, deux résolutions imposant des sanctions contre la Corée du Nord.
Si les éléments les plus militaristes de l’administration Bush, menés par Cheney, n’ont pas imposé leur veto ou saboté, pour le moment, ce dernier accord, ce n’est pas parce qu’ils ont changé d’idée sur cette question. Mais c’est plutôt parce qu’ils ont conclu qu’avec l’armée américaine concentrée sur l’escalade guerrière en Irak et sur les préparatifs d’une nouvelle agression contre l’Iran, les Etats-Unis ne sont pas en mesure de répondre immédiatement à une troisième crise en Corée du Nord.
À long terme cependant, les Etats-Unis ne peuvent pas éviter un conflit dans l’Asie du Nord-Est. Tout comme les guerres au Moyen-Orient visent à subjuguer cette région riche en pétrole, la confrontation de l’administration Bush avec la Corée du Nord est liée aux intérêts stratégiques et économiques américains. Les tensions au sujet du programme nucléaire nord-coréen ont été un prétexte commode pour maintenir et renforcer la présence militaire américaine dans la région, et faire pression sur les rivaux des Etats-Unis dans la région, sur la Chine en particulier.
Comme le notait le Wall Street Journal, l’accord récent était « une victoire pour la Chine, qui cherche à prendre plus de place dans la diplomatie internationale et a joué un rôle majeur pour que les discussions aient lieu ». En d’autres termes, le « succès diplomatique » de Bush a affaibli la position américaine dans l’Asie du Nord-Est. Une telle situation est simplement inacceptable pour l’élite dirigeante américaine.
Article original en anglais paru le 16 février 2007.