Affaire Merah: réflexions et questions…
Réflexions sur les récents évènements de France

Récapitulons ce que nous savons:
Dans un premier temps, un jeune homme de 23 ans (Mohamed Merah), se réclamant d’Al Qaïda, ayant séjourné à la frontière de l’Afghanistan et du Pakistan, fiché, connu et suivi par la DCRI depuis lors, vole un scooter, abat à l’arme de guerre 3 militaires français et en blesse grièvement un autre à quatre jours d’intervalle (à Montauban et Toulouse); puis attaque une école juive de Toulouse où il abat un rabbin professeur et trois enfants. Traqué, il se retranche dans un appartement où il est assiégé par la police.
Dans un second temps, à Paris, une bombe artisanale explose devant l’ambassade d’Indonésie (pays musulman) suffisamment tôt le matin pour ne causer (fort heureusement) que des dégâts matériels. Cet attentat, bien que mentionné dans les médias, est complètement sorti du radar médiatique dû à l’importance du siège de l’appartement du suspect des fusillades de Montauban et de Toulouse. Il a pourtant bel et bien eu lieu.
La France n’a pas connu d’attentats à grande échelle depuis la vague d’attentats de 1995 (entre Juillet et Octobre), revendiqués par le Groupe Islamiste Armé (GIA) algérien. Près de 17 ans sans attentats majeurs et tout d’un coup, à moins d’un mois du premier tour d’une élection présidentielle très délicate, la France est victime de quatre attentats en l’espace de 10 jours.
Il y a là de quoi se poser certaines questions sur le timing, l’opportunisme sécuritaire que de tels évènements pourraient avoir sur l’issue d’une campagne électorale plus grand cirque barnum que jamais.
Le terroriste de Toulouse se revendique d’Al Qaïda à la police qui l’assiège. Effet bœuf garanti. Mais qu’en penser lorsque l’on sait qu’Al Qaïda a été créé en Afghanistan à la fin des années 1970 par Zbigniew Brzezinski (alors conseiller à la sécurité, NSA ou National Security Advisor, du président américain Jimmy Carter et qui fut conseiller en politique étrangère du futur président Obama) et par Robert Gates, alors exécutif de la CIA, qui fut ministre de la défense du second gouvernement Bush en remplacement du sulfureux Donald Rumsfeld, démissionnaire, le même Robert Gates qui fut reconduit dans ses fonctions après l’investiture d’Obama et ce pour plusieurs années.
Le recrutement des moudjahidines islamistes luttant contre les soviétiques, contrôlés par la CIA et le MI6 britannique au départ qui avait plus de connexions dans ces contrées ayant apartenu à l’empire britannique et financés par des fonds saoudiens (comme aujourd’hui les oppositions armées en Libye et en Syrie le sont par l’Arabie Saoudite et le Qatar) dont un certain Ossama Bin Laden était le contrôleur financier d’origine.
Les soviétiques battus, les islamistes d’Al Qaïda toujours contrôlés (pas la bases, mais les hautes instances de la nébuleuse) par les services de renseignement occidentaux, CIA en tête (il est prouvé et documenté que Bin Laden hospitalisé pour problème rénaux à l’hôpital américain de Dubaï en Juillet 2001, a été alors visité par le chef d’antenne de la CIA pour la région, alors qu’il était déjà sur la liste des terroristes les plus recherchés au monde. La CIA a toujours su où il était même après le 11 Septembre…), ont été recyclés en Tchétchénie, puis à la fin des années 90 dans les Balkans, notamment au Kosovo.
Al Qaïda est connue pour être la “légion arabe” de la CIA dont les membres sont employés (à leur insu en ce qui concerne les opérateurs de terrain, comme peut-être l’est Mohammed Merah) pour plusieurs missions, l’essentielle étant d’entretenir la peur afin de continuer la “guerre contre le terrorisme”, création des services occidentaux afin de justifier des mesures liberticides prises dans les états occidentaux pour museler les citoyens et la dissidence aux dogmes et bien sûr de justifier des guerres impérialistes d’ingérence au quatre coins de la planètes ainsi qu’imposer la doctrine des “guerres humanitaires”, qui ne sont que des écrans de fumée pour masquer le néo-colonialisme impérialiste d’un occident décadent et condamner à la guerre perpétuelle pour survivre.
Des groupes islamistes “membres” d’Al Qaïda ont combattu contre Kadhafi et aidé à détruire la Libye au profit des multinationales occidentales. Il a été documenté que certains de ces individus ont combattu en Irak et ont tué des soldats américains et de la coalition “des volontaires”. Que certains, comme le sinistre Belhaj du groupe islamiste armé libyen, ont été depuis envoyé par l’OTAN en Syrie pour organiser la lutte armée contre le régime syrien et créer peur, terreur et chaos dans le pays afin de tenter de diviser la population selon les lignes de partage confessionnelles et fomenter une guerre civile justifiant d’une intervention “humanitaire” des missiles de l’OTAN; ce qui pour l’heure échoue en Syrie et avait réussi en Libye où la société est plus clanique que la société syrienne.
Nous atteignons ici le paradoxe ultime d’un occident en guerre perpétuelle contre le terrorisme et qui emploie ces mêmes terroristes qu’il est censé combattre, pour réaliser ses basses besognes de déstabilisation de nations souveraines (quoi qu’on puisse penser des régimes en place…) et de terroriser les populations locales afin de les faire basculer dans une violence confessionnelle induite.
Des cadres des armées française, britannique et américaine ont encadré ces terroristes en Libye et le font en Syrie (surtout depuis les pays limitrophes de la Turquie, du Liban et de la Jordanie); certains sont toujours détenus en Syrie d’après certaines sources. L’occident par le truchement de ses services de renseignement est impliqué jusqu’au cou dans le financement, l’encadrement et l’utilisation des groupes terroristes divers et islamistes en particulier (ceux-ci répondant parfaitement au critère de justification d’une des théories néo-conservatrices du “choc des civilisations” mise en scène par Samuel Huntington), soit qu’ils utilisent pour les basses besognes, soit auxquels ils font porter le chapeau dans le cadre d’opérations bien spécifiques comme les attentats des années 1980 en Europe (attentat de la gare de Bologne, enlèvement et assassinat d’Aldo Moro, etc…) perpétrés ou commandités par le réseau de l’armée secrète de l’OTAN, connu sous le nom “d’opération Gladio” et qui couvrait toute l’Europe à partir de la création de l’OTAN en 1949. Ces opérations avaient pour but de discréditer les partis communistes européns jugés trop politiquement puissants, notemment le PCI, par une stratégie dite de la tension.
A ce sujet nous référons nos lecteurs à l’excellent livre enquête de l’historien suisse, professeur à l’université de Bâle, Daniele Ganser, qui publia en 2007: “Les armées secrètes de l’OTAN” aux éditions Demi-Lune et dont nous mettons ici le lien concernant le chapitre 7 consacré à “La guerre secrète en France”.
Dans le même registre revenons le plus briévement possible sur les attentats de 1995 en France, revendiqués par le GIA afin de voir à quel point la manipulation est à l’œuvre et qu’on ne peut jamais juger une affaire sur ses apparences et encore moins sur la “version officielle” qui est donnée et jettée en pâture aux médias et au public.
Tout est dit (ou presque, nous y reviendrons…) dans cet excellent documentaire enquête de Jean Baptiste Rivoire effectué en 2003 pour l’émission “90 minutes” de Canal +: “Les Attentats de Paris, enquête sur les commanditaires” que nous encourageons nos lecteurs à visionner, c’est passionnnant et montre comment les services de renseignement contrôlent et développent les réseaux terroristes à des fins politiques spécifiques.
Pour résumer, les attentats de Paris entre Juillet et Octobre 1995, revendiqués par le GIA ont commencé le 11 Juillet avec l’assassinat de l’imam Sahraoui par des hommes armés qui n’ont jamais été retrouvé. On apprend dans le reportage que cet imam est sur la liste des gens à exécuter des généraux de l’armée algérienne alors au pouvoir en Algérie alors que le vote populaire avait massivement élu les candidats du FIS ou Front Islamique du Salut en 1992. Des troubles sociaux s’en étaient suivis, l’armée ne voulant pas céder le pouvoir et réprimant les manifestations dans le sang. Afin de discréditer les islamistes (ce qui arrangeait pas mal de monde du reste, y compris en France), les généraux au pouvoir utilisèrent les services du renseignement militaire algérien, la DRS, qui créa le GIA pour semer la terreur, discréditer les islamistes et élimier physiquement leur opposition. Le GIA a été un cas classique d’opération fausse bannière, organisée de A à Z par les services de la DRS (avec le soutien et l’approbation de qui ?), qui ont même recruté (c’est expliqué dans le documentaire) le futur chef du GIA: Zitouni, qui fut recruté par chantage et encadré par les agents de la DRS jusqu’à en faire un cadre puis le chef du GIA.
Ce que le reportage ne dit pas, la question qu’il ne pose pas est: qui a mis l’armée algérienne au pouvoir ?… Quels étaient les intérêts ?. Il y est fait mention de “certaines factions” en France dont l’intérêt pour les ventes d’armes et autres affaires était évident pour qu’elles soutiennent les généraux. Il semble évident également que les Américains alors sous l’administration Clinton, étaient déjà dans la logique de la théorie néo-conservatrice du “choc des civilisations” de Samuel Huntington, dont Clinton fut un ardent promoteur. A ce titre, comme tout régime dictatorial militaire ultra-conservateur soutenu par les Etats-Unis, le maintien des généraux au pouvoir en Algérie faisait partie d’une vision géopolitique globale et régionale. Les Etats-Unis soutenaient les généraux algériens.
Tout cela pour dire qu’il y a de nombreux précédents quant à la manipulation voire même la création pure et simple de réseaux terroristes ou radicaux par les services de renseignement de tout poil. A ce titre certaines questions dans l’affaire courante valent la peine d’être posées:
– Mohamed Merah est-il manipulé à son insu ?
– Quid de l’attentat à la bombe artisanale contre l’ambassade d’indonésie à Paris dans le même temps du dénouement de l’affaire des tueries de Montauban et de Toulouse ?
– A qui tout cela profite t’il ou profitera t’il ? Qui a intérêt à faire monter de plusieurs crans la perception d’insécurité en France à ce moment très précis ?
– Sommes-nous en présence des résultats d’une stratégie de la tension si chère au Gladio et au GIA manipulé du milieu des années 1990 ?
– Comme pour les attentats de 1995, qui sont les commanditaires ?
– Doit-on rappeler qui est Nicolas Sarkozy ?
– Doit-on, peut-on ignorer qu’il est par alliance de côté de sa mère, le beau-petit-fils de Franck Wisner Sr, grand ponte de la CIA et fondateur du Gladio mentionné plus haut ? (légende dernière photo en bas de l’article, filiation expliqué ici)
Autant de questions qui se doivent d’être posées avec la volonté d’y trouver de véritables réponses.
Dans le monde propagandiste dans lequel nous vivons et plus tristement dans lequel nous sommes habitués à vivre sans nous poser les questions qui se doivent de l’être, il est de notre devoir de douter de tout. De poser sans cesse les questions du pourquoi ? et d’à qui le crime profite t’il ? Pourquoi la société fabrique t’elle des Merah, des Breivik (le tueur d’Oslo) ? Ils ne sont que des créations monstrueuses, conscientes ou non, de l’ingénierie sociale contre-nature.
L’histoire récente et moins récente nous montrent qu’il n’y a aucun hazard dans le cheminement des évènements et que ce qui paraît parfois simple à analyser est en fait bien plus complexe dès qu’on y regarde de plus près.
Ces évènements sont-ils des évènements inopinés de l’histoire, des évènements à ranger au rayon des faits divers ? Nous ne le pensons pas. Nous pensons qu’il y a des intérêts sous-jacents à ces évènements et que l’oligarchie et ses chiens de garde sont prêts à bien des choses pour conserver la main, comme cela s’est vu à maintes reprises dans le passé.
Bien sûr nous ne pouvons pas terminer sans une pensée émue et sincère pour les familles des victimes de ces tueries insensées. Rien ne vaut une vie humaine et il est déplorable que tant de vies soient gâchées à Montauban, Toulouse et ailleurs au nom d’idéologies politiques et religieuses aussi futiles qu’obsolètes.
Puisse la vérité, toute la vérité, être établie, la société le doit aux victimes et à leurs familles.