Alep/Syrie : Silence ! Toute vérité n’est pas bonne à dire, surtout pas les crimes du Sultan et l’intensification du terrorisme…

Rien ne sera donc épargné à la ville d’Alep… Un proverbe local dit : « Ils tuent, puis se recueillent derrière le corbillard de celui qu’ils ont tué ! ». Et c’est à cela que revient indirectement, volontairement ou involontairement, l’invitation adressée à tous les établissements supérieurs de France pour « une minute de silence en solidarité avec l’Université d’Alep le Mercredi 23 Janvier à 12h » [1]. Certes, il est fort charitable de manifester sa solidarité avec des étudiants, qui malgré les menaces répétées de terroristes obscurantistes, ont choisi de se rendre à leurs examens. Encore faudrait-il ne pas les tuer une deuxième fois !

Vous paraissez, Messieurs et Mesdames les recteurs et rectrices des académies, très renseignés sur le bilan des bombardements du 15 Janvier de « l’université historique d’Alep » ; laquelle, selon certains de vos communiqués, serait « visée de longue date par des forces du régime Al-Assad », alors que d’autres se contentent d’exprimer leur « solidarité avec le peuple syrien » sans toutefois contredire vos accusations premières [2]. Pourtant les rapports et articles de presse dénonçant les véritables assassins ne se comptent plus. Mais pourquoi lire et se renseigner quand, par définition, votre fonction est de mettre en œuvre et de contrôler l’ensemble de la politique académique conformément aux directives du ministre chargé de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur ?

Oui, Alep a désormais le triste privilège de figurer aux premiers rangs des « villes symboles » par leur résistance, malgré les morts par attentats individuels ou de masse, malgré les destructions de ses infrastructures privées et publiques, malgré la profanation de ses trésors archéologiques… mais l’ennemi et les assassins ne sont pas ceux que vous désignez !

Oui, Alep carrefour des civilisations depuis des millénaires, est [devrions-nous dire : était ?] une ville magnifique et a toujours été l’objet de toutes les convoitises. Ses habitants savent que même en cas de victoire, la partie n’est que remise. Tel est leur destin, comme nous le dit le Général Amin Hoteit dans son article traduit ci-dessous.

Oui, il est toujours possible de traduire les articles et déclarations de témoins légitimes et crédibles, mais comment traduire l’infamie ? Comment vous raconter l’horreur indicible, les dépeçages des cadavres, les attentats individuels et de masse, les têtes ou membres tranchés de compatriotes vivants, le nombre incalculable de toutes sortes de viols ? Comment vous dire le nombre d’avortements, consécutifs à ces viols, communiqué par un ami médecin hospitalier à Alep ? Infamies que vous ne contribueriez pas à couvrir si vous preniez la peine de vous renseigner. Vous, dont la raison d’être est d’éclairer les générations futures ; non de contribuer à leur faire avaler, toute crue, la propagande d’une guerre médiatique, élément essentiel des « guerres par procuration » qui plongent des peuples et des peuples dans le malheur et l’obscurantisme. Les Universités n’ont pas été créées pour cela !

Sachez quand même que ces terroristes, que le Quai d’Orsay qualifie d’admirables révolutionnaires », ont détruit plus de  2362 écoles syriennes, parfois sur la tête de leurs élèves et enseignants. Sachez que pendant que vous invitiez au silence sur leurs véritables assassins, 20000 d’entre eux se sont engagés dans les « Forces de défense spéciales » pour défendre leur patrie, leur Armée, et leurs autorités légitimes menées par un Président devenu le symbole et le garant de leur indépendance. Deux courtes vidéos suffiront pour en témoigner [3] [4]. Nul besoin de traduire, malgré les experts [5], les éditorialistes [6], et les nombreux orientalistes qui persistent à vous induire en erreur sous prétexte qu’ils sont arabophones. [NdT].

 

Attentat à l’université d’Alep


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Crimes et illusions du sultan imaginaire

C’est avec le secret espoir d’accéder à la charge grandiose de « Gouverneur de l’une des futures provinces syriennes du néo-empire étasunien », en l’occurrence la province d’Alep, que M. Erdogan s’est jeté à corps perdu dans les rouages du projet occidental visant la destruction de l’État syrien, lequel était supposé abandonner toute dignité et sortir de « l’Axe de la résistance » pour s’incliner devant celui de la servitude et de la dépendance. C’est pour la réussite de ce projet essentiellement étasunien que M. Erdogan a échafaudé ses plans en « toute amitié simulée » pour le peuple syrien, après avoir reçu l’insigne honneur d’en être le fer de lance oubliant qu’il n’était, en réalité, qu’un exécutant parmi tant d’autres ! Il n’a jamais imaginé que l’agression échouerait, que ses délires se dissiperaient aux vents, et que ses rêves se briseraient aux pieds des Syriens. Et, c’est habité par cette illusion que depuis bientôt 22 mois il mène, pas à pas, « sa guerre » contre le peuple syrien.

Au commencement, alors que les voies diplomatiques entre Ankara et Damas étaient largement ouvertes avec le « respect supposé mutuel » entre les deux capitales, il s’est contenté de prodiguer les précieux conseils d’un donneur d’ordre qui entend être obéi. En bref, les autorités syriennes seraient bien inspirées de «  remettre le pouvoir à ceux qui ont été choisis pour les gouverner ; ces heureux élus étant évidemment les Frères Musulmans  » ! La réponse ne s’est naturellement pas fait attendre signifiant, poliment et fermement, que le peuple syrien était souverain en la matière et qu’à lui seul revenait le droit de choisir ses dirigeants, malgré l’obligeance de n’importe quel ami ou allié ; la Syrie refusant les diktats et ne retenant des conseilleurs que ce qui ne nuisait pas à sa souveraineté et à son indépendance. Dès lors, poussé par la déception, la vanité et la paranoïa, le prétendu « ami et allié stratégique » s’est subitement transformé en un ennemi menaçant de toutes sortes de représailles qu’il n’a pas tardé à mettre à exécution.

En effet, le « sultan imaginaire » s’est empressé de déchainer ses médias contre le soi-disant « vieil ami » qu’était la Syrie et d’accorder son hospitalité bienveillante aux syriens égarés qui partageaient ses illusions et sa folie, pour les réunir en un conseil qui la dirigerait sous ses ordres et sous le fallacieux vocable de « Conseil National de Transition ». Puis, il s’est démené à organiser congrès sur congrès pour de prétendus « Amis de la Syrie », ou quel que soit le nom qu’on puisse leur donner aujourd’hui…

Surtout, et bien avant que les Syriens ne soient obligés de fuir la catastrophe que M. Erdogan avait si bien programmée, il a fait dresser sur le sol turc les fameux « camps pour réfugiés syriens » destinés au ralliement de mercenaires venus du monde entier, et occasionnellement aux familles de combattants syriens, dupés ou complices, chargés de concrétiser ce dont il avait rêvé… Des camps censés leur permettre d’aller tranquillement guerroyer contre leur patrie, mais qui se sont vite transformés en havres de misère, de viols et de toutes sortes d’agressions contre leurs malheureuses familles.

Puis, le moment venu, et avec l’aide de ses acolytes, il a réussi à transformer la frontière syro-turque en « passoire pour terroristes », bardés de tous les moyens logistiques possibles et imaginables pour perpétrer les crimes les plus odieux contre la population syrienne prétendument amie ! Et c’est justement sur Alep [1] et sa région que ces bandes de faux révolutionnaires, voleurs, violeurs et assassins se sont particulièrement acharnés. Sous la supervision de « spécialistes du démontage » dépêchés sur les lieux, ils ont démantelé la majorité des usines de toute cette région, avant de transférer le maximum de machines et d’équipements vers la Turquie et, évidemment, de saccager tout ce qu’ils ne pouvaient emporter. C’est ainsi que M. Erdogan, motivé par son désir de mettre fin à toute concurrence régionale et internationale entre les exportations de la Turquie et celles d’Alep – ville syrienne industrielle par excellence – a porté son coup fatal à sa  vie  économique et à sa population détestée pour la simple raison qu’elle a refusé de se plier à ses ordres, de se laisser vendre, et de trahir !

Et maintenant, son égo démesuré incomplètement satisfait des crimes perpétrés sans relâche et son appétit colonialiste inassouvi, malgré l’annexion du « Sandjak d’Alexandrette » au lendemain de la chute de l’Empire ottoman, il voudrait redevenir le  « Sublime  maître » de la Syrie par l’intermédiaire de la nomination d’un obscur  « Wali » [gouverneur des provinces ottomanes du temps des Sultans] qui continuerait à duper ceux qu’il a réussi à piéger dans des camps de malheur, dressés pour des raisons prétendument humanistes et humanitaires !

M. Erdogan persiste et signe, sa vanité le rendant incapable de tenir compte des nouvelles donnes sur le terrain syrien, le terrain régional et le terrain international. Il n’a pas encore accepté l’idée que l’agression « otano-arabo-turco-sioniste » n’a pas réussi à briser la résistance de la Syrie et des Syriens. S’il avait un minimum de bon sens, il cesserait ses attaques meurtrières et, par conséquent, cesserait de nuire à son parti et à son peuple ; les antimissiles « Patriot » qu’il a quémandés auprès de ses amis de l’OTAN ne pouvant lui servir ni à protéger sa personne, ni à soutenir son agression contre la Syrie.

Car la Syrie, malgré tout ce qu’elle a vécu depuis 22 longs mois, comme horreurs, ravages et destructions, et en dépit des assassinats, sanctions, et souffrances imposées à son peuple, a réussi à créer une situation qui ne permet, ni ne permettra  à M. Erdogan de concrétiser ses ambitions. Le peuple syrien a pris la résolution indépendante de placer sa confiance dans son État et ses représentants qu’il a lui-même élus, et qui ne pourront être remplacés que par les voix des urnes, lors des prochaines élections. La Syrie gère sa bataille défensive en toute confiance et refuse toute intervention étrangère d’où qu’elle vienne, quoi qu’en pense le fameux wali délégué par M. Erdogan, tous les nostalgiques de la « Sublime Porte » de l’Empire ottoman, et les poseurs otanesques de « Patriot » à ses frontières. Ceux qui, par déraison, s’obstine à espérer le contraire doivent comprendre qu’ils courent après les chimères.

En effet, il n’est plus possible d’envisager une intervention militaire étrangère comme il n’est pas possible d’envisager une solution pacifique, si celui qui la propose espère toujours obtenir la part du butin ayant motivé sa coalition avec le camp des agresseurs. Désormais la solution pacifique implique de commencer par faire le tri entre les Syriens et les non Syriens ; puis, le tri entre les Syriens armés contre l’État et ceux qui ne le sont pas ; ensuite, par la sortie de tous les combattants étrangers ; et enfin, par l’arrêt du soutien armé et logistique de tous ces mercenaires par les puissances qui couvrent leurs crimes. Sinon, aucun dialogue n’est possible et il est évidemment déraisonnable de penser que le « Droit du citoyen syrien » cède devant quelques Syriens armés ou des pays étrangers, y compris la Turquie. La Syrie a gagné, et le vainqueur n’offre pas de butin au vaincu !

D’ailleurs, la haute direction du camp des agresseurs est parfaitement au fait de la situation et a commencé à pratiquer « la politique du délestage de l’inutile », parce qu’elle sait que ce qu’elle pourrait obtenir par les négociations ne suffira pas pour contenter et sauver la face de tous les alliés. C’est pourquoi elle a encouragé la France à s’impliquer au Mali, a inspiré à la Grande-Bretagne de se retirer discrètement, et a laissé à l’Allemagne le choix de sa porte de sortie. Reste le facteur essentiel  correspondant à  la Turquie, facteur que les USA voudraient épuiser un peu plus  pour qu’il lui reste totalement inféodé ainsi qu’à l’OTAN, même si cela devait se faire au détriment de la dignité de son peuple, voire au prix de son sang comme cela s’est produit lorsqu’il s’est agi récemment de sa relation avec Israël.

Par conséquent, M. Erdogan doit comprendre, dans son propre intérêt, qu’il est temps d’abandonner les pantins qu’il héberge, bien qu’ils aient fermé les yeux sur les vols, assassinats, et destruction des infrastructures de leur patrie, et qu’ils n’aient rien trouver à redire devant l’atteinte à sa souveraineté par la nomination d’un Wali turc sur la région Nord de leur pays. Ceux-là sont des traîtres aux yeux de l’opinion publique syrienne et arabe et n’ont pas leur place en Syrie !

Raisons de l’intensification des actes terroristes

Toute personne qui observe avec objectivité les affrontements qui se déroulent actuellement sur la scène syrienne ne peut ne pas constater que les groupes terroristes et les combattants armés qui rêvaient d’abattre l’État syrien par le feu et le sang, selon des opérations baptisées du nom de toutes les intempéries ou séismes, n’ont pas réussi à étendre leur autorité, du moins dans le vrai sens de ce terme.  Bien qu’ils soient entrés, sortis, puis revenus dans plusieurs régions du pays, ils n’ont pas réussi à garder leurs positions et sont même devenus incapables d’en visiter de nouvelles, pour pratiquer leur terrorisme professionnel à tout va.

Aujourd’hui, nous voyons que l’Armée arabe syrienne est passée à la contre-attaque leur infligeant de lourdes pertes, et que le peuple syrien participe à sa propre défense à travers des Comités populaires et des Forces spéciales constituées par des volontaires à travers tous le pays. Les terroristes, se voyant acculés à l’échec, redoublent de violence et tendent à pratiquer un maximum de massacres collectifs avec la mentalité du joueur et l’énergie du désespoir. Ceci pour quatre raisons :

1. Relever le moral de leurs troupes.

2. Maintenir la confiance et les aides de leurs « souteneurs ».

3. Se venger du peuple syrien qui les aurait laissé tomber.

4. Faire pression sur les parties concernées par les négociations pour les sauver, sans qu’ils en sortent totalement perdants.

Autrement dit, ils sont engagés dans un cul de sac. Leur pari consistant à cibler les civils par des voitures piégées, des attentats suicides, et des bombardements à distance signent leur incapacité militaire, tandis que leur choix de jouer avec la vie et le sang des Syriens, avec autant de sauvagerie, les a démasqués et a poussé ceux qu’ils avaient égarés à soutenir leur État et leur Armée.

Assistons-nous aux signes avant-coureurs de la victoire de la Syrie ? Ici, il nous faut dire que le destin des Syriens est de payer le prix cher pour leur liberté et leur souveraineté, un prix qui reste cependant moins élevé que le prix payé par celui qui les perdrait pour devenir l’esclave de l’étranger, comme c’est le cas de beaucoup d’Arabes et de Musulmans !

Dr. Amin Hoteit

24 /01/ 2013

 

D’après 2 articles originaux : Al-Tayyar / Cham Press

http://www.tayyar.org/Tayyar/News/PoliticalNews/ar-LB/amine-hoteit-hh-9562.htm

http://www.champress.net/index.php?q=ar/Article/view/13889

 

Article traduit de l’arabe par Mouna-Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

 

Notes :

[1] Une minute de silence en solidarité avec l’Université d’Alep – Mercredi 23 janvier à 12h

http://www.univ-paris-diderot.fr/sc/site.php?bc=accueil&np=pageActu&ref=4712

[2] Université d’Alep (Syrie) bombardée: une minute de silence à l’université de Rennes 2

http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Universite-d-Alep-Syrie-bombardee-une-minute-de-silence-a-l-universite-de-Rennes-2_40771-2156191-pere-bre_filDMA.Htm

[3] Minutes de silence et manifestations des étudiants syriens de toutes les universités de la patrie, pour affirmer que le terrorisme ne pourra les empêcher de poursuivre leur objectif d’apprendre et de comprendre.

وقفات حداد نظمها طلاب سورية على امتداد جامعات الوطن ليعلنوا ان الارهاب لن يثنيهم عن متابعة رسالة العلم والمعرفة

http://www.youtube.com/watch?v=vzXlgvLUu30

[4] German Journalist Manuel Ochsenreiter on RT about Aleppo University bombing

http://www.youtube.com/watch?v=ZRsipX6kytc

[5] Alep assiégée, future «ville symbole»? Par le colonel Jean-Louis Dufour

http://www.leconomiste.com/article/897159-alep-assi-g-e-future-ville-symbole-par-le-colonel-jean-louis-dufour

[6] Le tweet de Jean-François Kahn – Alep, ce carnage qui nous laisse froid

http://www.huffingtonpost.fr/2013/01/16/mali-carnage-conflit-tweet-kahn_n_2486185.html

 

Le Docteur Amin Hoteit est libanais, analyste politique, expert en stratégie militaire, et Général de brigade à la retraite.



Articles Par : Amin Hoteit

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