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Alerte ! Alerte ! Débarquement de gros renforts US en terre Dominicaine
Par Iván Rodríguez
Mondialisation.ca, 12 février 2006
Le Grand Soir 12 février 2006
Url de l'article:
https://www.mondialisation.ca/alerte-alerte-d-barquement-de-gros-renforts-us-en-terre-dominicaine/1960

Plus de 800 soldats nord-américains, appartenant à un contingent de plusieurs milliers d’hommes arrivés par petits groupes, portent le nombre total de soldats à 14 000 (quatorze mille). Ils ont été débarqués à Barahona, ville située au sud de notre territoire, provoquant la surprise de la population, non seulement dans la ville-même mais dans tout le pays.

Ce nouvel affront à notre souveraineté s’est produit en plein processus électoral haïtien. À Haïti, les candidats qui ont la faveur de l’empire n’ont pas le soutien de la population, ou dans de très faibles proportions, ce qui soulève de nombreuses inquiétudes : en effet, les troupes américaines sont d’abord intervenues dans ce pays, puis cette intervention a été légitimée par les Nations Unies, avec la MINUSTAH et les Casques Bleus.

Les Dominicains n’ont pas oublié l’histoire : au cours du siècle passé (en 1915) appliquant ce que l’on nomme la doctrine Monroe – l’Amérique aux Américains -, les Américains envahissaient la patrie des Haïtiens, ce peuple frère, puis un an seulement après ( !), en 1916, ils envahissaient le territoire dominicain, en contrôlaient les douanes ; leurs troupes d’intervention devaient y rester huit ans (1916-1924), elles restèrent 19 ans à Haïti (1915-1934).

Après que le gouvernement des États-Unis ait renversé, par un coup d’état, le gouvernement du président Aristide, et que l’ONU ait légitimé cette intervention militaire par le biais de la MINUSTAH ou des Casques Bleus, l’empire peut faire circuler sa version des faits :qu’il s’agisse de la République Dominicaine ou de Haïti, ces états constituent des ratages qu’il faut évidemment remplacer par des états conformes au modèle nord-américain.

Pour cette raison, le débarquement surprise de marines gringos est totalement suspect : ils utilisent peut-être notre territoire au cas où se produiraient dans le pays voisin des événements qui ne seraient pas du goût du gouvernement fasciste de Bush, ou alors ils projettent d’envahir toute l’île, ce qui cadrerait bien avec leurs projets de recolonisation et de pillage de pays qu’ils considèrent comme leur arrière-cour.

La manière dont l’empire soumet nos peuples, nous impose sa politique de mondialisation néolibérale, pille nos ressources, exploite sans pitié nos frères travailleurs, détruit notre appareil productif national, nous impose le TLC et nous tranforme en marché pour ses produits est scandaleuse, ainsi que le débarquement belliqueux de leurs troupes, et ce à un moment tout à fait inattendu, avec tout un tas d’armes sophistiquées, même s’ils prétendent venir remplir une mission humanitaire !

Le pire qui puisse arriver à une nation est d’avoir un gouvernement à la botte de l’empire, qui ne garantit pas le respect de notre statut de nation libre et souveraine et qui se prosterne devant les représentants de l’ambassade américaine, en acceptant ou en justifiant toutes les formes d’ingérence dans nos affaires internes et les agressions que l’empire commet contre notre pays, sans faire entendre sa voix pour défendre notre dignité. Mais quand le gouvernement permet en plein mois de célébrations patriotiques [1], le débarquement de troupes étrangères, il dépasse les bornes !

Revendiquant l’héritage de notre père et fondateur Juan Pablo Duarte qui nous a appris que « notre patrie doit être indépendante de toute puissance étrangère, ou périr » la population de Barahona et le peuple dominicain ont réagi au débarquement des envahisseurs avec indignation : ils ont organisé des actions de protestation, rejetant les arguments ou les prétextes du gouvernement pour tenter d’expliquer cette présence sur notre territoire.

Les forces patriotiques, progressistes et de gauche ont commencé à organiser un grand mouvement où s’implique la majorité de la population, afin de refuser la présence de ces intrus sur le sol dominicain et il est déjà prévu d’organiser un piquet devant l’ambassade américaine mardi 12 février à 9h30, et de remettre une pétition, signée par de très nombreuses organisations, qui s’élève contre cette présence et exige que les troupes se retirent du territoire national.

Dans le cadre de la lutte pour le retrait des troupes américaines, on a prévu de mettre en route un vaste plan d’actions, comprenant des piquets, des manifestations, un défilé patriotique partant de la capitale pour rejoindre Barahona, des veillées et des marches et toutes sortes de formes de résistance auxquelles nous devons avoir recours pour défendre dignement notre territoire, et auxquelles doit participer l’ensemble de la société dominicaine dans toute sa variété.

Il faut dénoncer cette agression impérialiste de notre pays devant l’opinion internationale, solliciter l’appui des gouvernements, des mouvements, des organisations et des personnalités qui s’identifient avec notre décision de lutter pour chasser ces soldats du sol de la patrie.

Il est inacceptable d’envahir quelque pays que ce soit, ou d’y débarquer des troupes sous quelque prétexte que ce soit, il faut respecter la souveraineté des pays, or la République Dominicaine est un pays souverain, donc YANKEES GO HOME !

Que ce soit à Cuba, au Vénézuéla, en Afghanistan, à Haïti, en Colombie, en Palestine, en Bolivie, en Irak, en Iran, en Corée, au Brésil, en Uruguay ou dans n’importe quel autre pays, nous ne pouvons pas tolérer une agression sans que nos voix s’élèvent pour protester contre cette injustice et sans que nous nous solidarisions avec ceux qui lui résistent. La République Dominicaine pourra être détruite… mais asservie de nouveau. ? JAMAIS.

Les Yankees doivent quitter Quisqueya… [2]

En 1916 nous les avons combattus et en 1965 aussi : nous sommes persuadés que nous les affronterons et que nous les battrons à chaque fois qu’ils oseront fouler aux pieds le sol de la patrie de Duarte, de Sánchez, de Luperón, de Manolo, de Caamaño et des milliers de héros, héroïnes et martyrs qui ont donné leur vie pour notre indépendance et notre souveraineté.

Iván Rodríguez, Président du PTDML – Partido de los Trabajadores Dominicanos Marxista Leninista (Parti marxiste-léniniste des travailleurs dominicains).

Santo Domingo, D.N., Repúblique Dominicaine.

Traduction : Catherine – Françoise Karaguézian.

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