Alerte au virus porcin dans un train en gare de Lausanne
FRAYEUR | Des fioles contenant des échantillons de virus de la grippe porcine se sont cassées dans l’Intercity Saint-Gall – Genève, hier en début de soirée. D’impressionnantes mesures de précaution ont été prises rapidement. Selon les autorités, les produits transportés ne sont pas infectieux pour l’homme.
© | Patrick Martin. Au moment où l’emballage contenant des échantillons de virus a explosé, peu avant l’arrêt à Fribourg, des passagers ont été éclaboussés par ce liquide inconnu. Ils ont été retenus longuement dans leur wagon avant d’entrer en gare de Lausanne.
«Les petits containers ont explosé tout d’un coup et sans raison. Ce qu’il y avait à l’intérieur s’est répandu partout dans l’habitacle!» Nicolas Gomez a eu la peur de sa vie. Pour cet employé du métro de Medellín, Lausanne ne sera jamais associée au M2, mais bien à l’alerte au virus porcin qu’il a subie. «Personne ne parlait anglais ni espagnol pour expliquer ce qui se passait», témoigne-t-il.
Dans l’Intercity en provenance de Saint-Gall et bloqué à quelques centaines de mètres de l’entrée en gare de Lausanne, les soixante et un passagers n’ont pas cru très longtemps le message faisant part d’une panne technique. D’autant plus que les téléphones portables les informaient petit à petit de l’impressionnant comité d’accueil les attendant sur le quai. Une trentaine d’agents de la police cantonale et de la police du rail y faisaient le pied de grue. Puis ils apprenaient la rumeur de plus en plus insistante de la contamination d’un wagon par des échantillons d’un «virus animalier».
L’emballage a explosé avant Fribourg
Et en effet, peu avant l’arrêt de Fribourg, un emballage contenant huit fioles avait explosé, blessant légèrement une passagère. Cette dernière a quitté le train pour subir un examen médical à Fribourg. Le convoyeur a immédiatement pris les premières mesures pour récupérer les fragments du colis et aviser le personnel d’accompagnement du train. L’alerte a ensuite été donnée via la police ferroviaire et les CFF à la police cantonale vaudoise. Un médecin infectiologue du CHUV est venu en gare de Lausanne pour rassurer les passagers.
A l’intérieur du paquet, trois récipients contenaient de l’acide nucléique. Mais dans les cinq autres, il y avait un millilitre d’un virus porcin de nature H1N1. «Il est très différent de celui présent au Mexique, souligne Laurent Kaiser, responsable du laboratoire central de virologie des Hôpitaux universitaires de Genève. Il n’est pas infectieux pour l’homme et il n’est pas volatil.»
Le scientifique est bien informé. C’était l’un de ses collaborateurs qui transportait le produit dans l’Intercity 730. Ces échantillons de virus devaient servir à valider des tests de dépistage dans l’optique d’une éventuelle arrivée sur sol helvétique de l’épidémie de grippe porcine.
Mais l’homme s’est montré terriblement gêné devant la presse, hier soir. «Je suis désolé pour ce qui s’est passé!» lâche-t-il. S’il est persuadé que les pendulaires du wagon n’ont rien à craindre, il affirme qu’un paysan avait tout de même été touché par un virus ressemblant à celui transporté hier. Mais il avait rapidement guéri de lui-même.
Malgré tout, l’incident d’hier a été qualifié de grave par plusieurs spécialistes présents lors du point de presse. Il aurait évidemment pu être évité, étant dû à une erreur humaine.
Lors de son conditionnement, de la glace dite sèche a été mise dans la boîte contenant les fioles. En fondant, elle a libéré du gaz qui a fait augmenter la pression dans la petite caisse en plastique. Celle-ci a alors explosé, détruisant les deux couches supplémentaires protégeant les produits dangereux.
Est-il courant de transférer des virus dans les transports publics? «Oui, répond Laurent Kaiser. Mais jamais des virus potentiellement dangereux pour l’homme. Dans ce cas-là, les normes de sécurité sont beaucoup plus sévères.»
Les passagers de l’Intercity ont tous pu regagner leur domicile hier soir.