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Algérie – Abdelhak Bouhafs, Messaoud Chettih: Moudjahidine du développement technologique du pays nous ont quittés
Par Chems Eddine Chitour
Mondialisation.ca, 07 novembre 2019

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Photo : Abdelhak Bouhafs

«Aux grands hommes la patrie reconnaissante»

Cette fin d’octobre a vu l’Algérie perdre trois de ses meilleurs fils dans l’indifférence la plus totale des médias et des pouvoirs publics si ce n’est celle de leurs frères de combat du domaine pétrolier, ceux qui les ont connus et appréciés. On l’aura compris, ces cadres de valeur étaient les pionniers d’une certaine vision de l’engagement d’un grand djihad toujours renouvelé pour l’émergence d’une Algérie du développement à laquelle ils avaient cru de tout leurs cœurs. Je veux nommer Abdelhak BouhafsMessaoud Chettih Hammoutène qui iront rejoindre l’armée des sans-grade à l’instar de ceux qui les ont précédé dans l’échelle actuelle des valeurs, dans ce pays où c’est mal vu d’être compétent. Quelques fulgurances aussi : les noms d’Ali Boudjadja et Mohamed Rafaâ Babaghayou, Ramdane Hammoutène me viennent aussi à l’esprit pour illustrer le combat de ces  pionniers du développement.

Abdeljak Bouhafs Un homme de conviction intransigeant

C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de Abdelhak Bouhafs. On aura tout dit de son parcours sans faute  dans le domaine des hydrocarbures et notamment comme président directeur général de Sonatrach . Je l’ai connu sur le tard et nous nous sommes, dès le départ, entendus. C’était le début pour moi des Journées sur l’énergie. Comme j’avis décelé chez lui cette disposition pour les sciences et la recherche, je le sollicitais souvent. C’est avec lui que nous avons pensé aux Journées scientifiques et techniques qui ont vu le jour à l’IAP avec un autre pétrolier, directeur général de l’IAP, père fondateur de l’AIG. Nous garderons de lui le souvenir de quelqu’un d’intègre qui a su insuffler à Sonatrach un souffle de modernisme à travers le projet Promos. C’est un dirigeant qui avait pour Sonatrach de grandes ambitions. Il s’investissait corps et âme dans tout ce qu’il entreprenait. Il a fait de l’AIG (Association des Ingénieurs du Gaz) qu’il a aussi mis sur pied, une des associations les plus actives d’Algérie. Il a milité pour que les actions de l’AIG, tant sur le plan national qu’à l’international, contribuent à promouvoir l’image du gaz naturel comme énergie propre.

Pour l’histoire, les « Journées scientifiques et techniques » ont été initiées à la faveur de la célébration du trentième anniversaire de Sonatrach. Abdelhak Bouhafs en parle : « J’ai dit à la faveur, je devrais ajouter avec la ferveur qu’exprime naturellement, à des dates symboliques, une population animée d’un projet d’avenir, fédérée sur des valeurs et motivée par des objectifs qualitatifs. C’est une manifestation qui procédait du projet Promos (Processus de modernisation de Sonatrach) Le souvenir qui me revient, est celui de l’engouement des cadres de Sonatrach, ingénieurs, financiers, juristes, pour cette manifestation. Ils se sont emparés de cet espace de rencontre et d’échange, pour faire part de leur expérience et pour écouter celle des autres. (…) » (1)

« Dans le monde actuel  poursuit il , les changements s’opèrent à un rythme accéléré et ont généralement une ampleur planétaire, n’épargnant aucun havre, aucune citadelle. Il n’y a pas de situations acquises, mais des positions dynamiques, conquêtes permanentes dans un espace concurrentiel. L’innovation technologique constitue le point nodal dans la conquête dynamique de position compétitive et par conséquent de survie. Il ne faut pas cependant oublier que l’innovation technologique et sa mise en œuvre est l’affaire des ressources humaines. C’est la première richesse de l’entreprise. » (1)

La philosophie  avant gardiste du développement de Sonatrach 

Abelkaks Bouhafs, avec ses conviction voulait toujours convaincre  à partir d’une ambition pour Sonatrach.  Ainsi à  une question d’un site étranger :

« Comme vous le savez, nos lecteurs sont en perpétuelles recherches d’opportunités d’investissements. Dans quel secteur d’activités souhaiteriez vous attirer des partenaires ? »

Bouhafs répond :

« La première opportunité est traditionnellement l’exploration et l’association pour développer la meilleure récupération du gisement qui est déjà exploité par Sonatrach. Nous avons un projet de développement important dans la pétrochimie, dans la transformation des hydrocarbures. La pétrochimie constitue le deuxième secteur où il existe de nombreuses opportunités de partenariats qui peuvent intéresser des partenaires de taille et de caractéristique très différenciées, car dans un programme de pétrochimie nous avons des petits projets de transformation qui nécessitent de petits capitaux. Créer de l’emploi est un retour en capital rapide aux grands complexes, et la production de produits de base ne peut être faite qu’avec des partenaires qui peuvent partager les capitaux, apporter une part de technologie et développer une part de marché. » (2) 

Abdelhak Bouhafs était conscient qu’une entreprise pétrolière qui n’investissait pas dans la recherche n’irait pas loin. Cette préoccupation il me la faisait partager quand nous en parlions. Il voulait mettre en place non seulement un Centre de recherches digne de ce nom, mais de plus, il voulait que Sonatrach, à l’instar des grandes entreprises, devrait avoir son université conçue comme un lieu d’échanges, de débats et de création de savoir qui rassemble des experts de tous horizons: chercheurs, entrepreneurs, dirigeants ou encore étudiants. Créant ainsi une pluralité de parties prenantes qui permet d’engager des débats contradictoires, stimulés par une entière liberté de parole. 

Les Journées Scientifiques et techniques ( JST ) étaient un premier jalon. Le centre de recherches prévu à Oran devait être l’un des maillons de l’ouverture scientifique de la Sonatrach. La dernière fois que je l’ai vu, il était venu la veille à Polytechnique et nous avions discuté outre des JST, de la Journée de l’énergie de l’Ecole polytechnique prévue comme de tradition le 16 avril de chaque année. Journée durant laquelle je lui avais demandé d’intervenir.

Il m’avait invité à aller avec lui à Hassi Messaoud à ce fameux meeting où il a appris en pleine réunion qu’il n’était plus président-directeur général après avoir été abîmé une première fois dans les mêmes conditions au milieu des années 90, et avoir accepté de reprendre le harnais de la gestion d’une entreprise aussi importante pour le pays. On l’aura compris, cette belle utopie s’effilocha au fil des ans, à ma connaissance la recherche n’est pas à l’ordre du jour des préoccupations actuelles du pays. 

Messaoud Chettih : Une compétence et un patriotisme permanent

Un autre cadre de valeur et non des moindres qui vient de nous quitter, Messaoud Chettih, a montré lui aussi, la pleine mesure de son talent de dirigeant dans la gestion optimale du complexe d’El Hadjar. La conjoncture des années de braise, le manque de moyens, la gestion approximative du pays et surtout l’avènement d’une faune de trafiquants en tous genres, malgré les difficultés du pays amenèrent par une série de circonstances, mais aussi par l’injustice des puissants, des cadres de haut niveau de Sider à subir les accusations de mauvaise gestion, la gestion ayant décidé à tort de leur incarcération ; ce sera le cas de monsieur Messaoud Chettih et de ses collaborateurs. Ils seront réhabilités quarante mois plus tard sans aucune reconnaissance. Tout ceci pour s’être opposés à la mafia du béton qui aura raison de leur patriotisme.

Le plaidoyer de Messaoud Chettih à la barre

Accusé de tous les maux même les plus dégradants Messaoud Chettih  a voulu convaincre rationnellement le président du  tribunal  La journaliste  Shehrazad Hadid  du journal Le Matin   rapporte : 

«Dans cette affaire Sider, Monsieur le président du tribunal, , déclare  Messaoud  Chettih , vous ne connaissez que les 10% de l’iceberg apparents. Les 90 % autres de la partie cachée, nul ne pourra mesurer son ampleur, ni sa gravité.» Cette introduction à la barre de M. Chetih, ex-P-DG de Sider, au sixième jour du procès au tribunal criminel d’Annaba, sera suivie par des révélations fracassantes. En novembre 1995, l’entreprise Sider s’est redressée en couvrant 80 à 90% de l’approvisionnement du marché national en rond à béton. Ce redressement, selon M. Chetih, a dérangé les intérêts de certaines forces occultes qui sont passées à l’action pour détruire l’entreprise dont il est responsable. (…).

«Nous avons été confrontés à moult opérations illégales manifestées par ces mêmes barons», avouera M. Chetih, avant de révéler un secret devenu trop lourd à supporter. Il s’agit de la ligne de crédit BCI dite à tirage rapide de 300 millions de dollars que le gouvernement italien avait accordée à l’Algérie pour l’achat de matériaux de construction fabriqués en Italie. L’interlocuteur affirme que les opérateurs privés ont pris plusieurs dizaines de millions de dollars de ce crédit sans fournir la contrepartie en dinars. Trafic et complot ont caractérisé toutes les démarches. Il en est ainsi des 240 000 tonnes de rond à béton fabriqué en Yougoslavie à partir de rail déclassé, qui ont fait l’objet de trafic sur l’étiquetage, et ce, avec la complicité d’un trader allemand qui délivrait de faux certificats d’origine, avant de faire embarquer la marchandise à destination de l’Algérie » (3)

«  Selon Chetih,  poursuit la journaliste  Shehrazad Hadid   deux sociétés écrans dans ce domaine ont été créées, une en Italie et l’autre en Autriche. La première gérée par des Algériens est une société d’ameublement. Quant à la seconde, elle avait pour objectif de surfacturer les produits en provenance de l’Ukraine et de les vendre en Algérie. La différence dans les bénéfices sera versée dans des comptes spéciaux. Plus grave encore, cette société autrichienne faisait entrer en Algérie un rond à béton radioactif fabriqué à Tchernobyl. Des centaines de logements et villas furent ainsi construits à travers le territoire national avec ce produit aussi dangereux que mortel.  «Le rond à béton se vendait au port et parfois même avant que le bateau n’accoste. A titre d’exemple, 17 500 tonnes de rond à béton radioactif ont été importés en une seule opération», affirme Chetih. Outre ces pratiques mafieuses, était fixé à la clientèle par les barons privés le prix du rond à béton en ajoutant un supplément sur les prévisions de pertes de change. «Voici les 90 % de l’iceberg masqués», conclura M. Chetih avant de rejoindre le box des accusés ». (3)

Comme rapporté par le journal, Le Libre Penseur, en substance, toute la stratégie de la mafia du béton était d’écarter par tous les moyens Sider. Pour casser les prix. Elle importe du rond à béton chez des traders inconnus russes et surtout ukrainiens qui après Tchernobyl ont réussi à vendre du rond à béton irradié. Une vive polémique éclata à l’époque lorsque les responsables de Sider eurent pointé du doigt les importateurs privés, leur reprochant de se fournir, à vil prix, auprès d’un trader algérien basé en Italie, qui importait de l’acier ukrainien irradié transitant par la péninsule. 

Ce qu’il faut savoir c’est que l’irradiation neutronique de l’acier provoque des évolutions microstructurales qui, à la longue, modifient les propriétés de cet acier. En règle générale, un réacteur nucléaire utilisant des cuves en acier devrait être démonté au bout de 25 ans limites supérieures de résistance, avec naturellement des contrôles permanents de l’état de fragilisation de l’acier qui, graduellement, ne remplit plus son rôle. C’est à n’en point douter, un danger réel qu’il ne faut pas sous-estimer. D’autant que des dizaines de milliers de logements ont été construits avec cet acier. 

Le témoignage, poignant, que livrera un des ex-cadres dirigeants de feue Sider, qui n’est pas près d’oublier ce qu’Ouyahia et ses protégés avaient fait subir à ses ex-collègues : « Dans le bâtiment, ces orientations avaient un double objectif : à l’arrêt, du fait de la longue pénurie sévère de rond à béton, les chantiers relatifs au programme de réalisation de milliers de logements sociaux devaient être relancés. C’est dans ce cadre que l’État s’était appuyé sur Sider, qui avait ses réseaux commerciaux sur le marché international à l’effet de satisfaire les besoins dudit programme gouvernemental, à lui seul, le complexe El Hadjar était incapable de couvrir ces besoins. C’est ce que fera Sider avec les premiers achats d’importantes quantités de rond à béton auprès de différents fournisseurs connus sur le marché international. » (4)

Ainsi, un cadre de très haute valeur de la sidérurgie algérienne qui avait été jeté en prison pour privatiser El Hadjar. Le 21 février 1996, les principaux dirigeants de Sider qui coiffait le complexe sidérurgique d’El Hadjar, alors public, étaient mis en prison avec des chefs d’inculpation gravissimes. Le principal inculpé était Messaoud Chettih, alors P-DG de Sider. Il sera condamné, le 23 octobre 1997, à dix ans de prison. Quarante mois après, un nouveau procès l’innocentera, ainsi que ses collègues. Les responsables abîmés sont légion et l’Etat actuel ne reconnaît pas ses fautes, il ne réhabilite pas les cadres injustement accusés. Comment dans ce cas ne pas comprendre cette frilosité des dirigeants de société qui sont littéralement tétanisés, ne prenant plus aucune initiative du fait de la pénalisation arbitraire de l’acte de gestion? 

Décidément, le sort s’est acharné sur lui car à l’arrivée de Bouteflika,Messaoud Chettih est désigné au poste de P-DG d’Algérie télécom (entre 2002 et 2004). Toutefois, dès le retour de Ahmed Ouyahia au Premier ministère, Chettih est limogé et même accusé dans une affaire qu’il avait lui-même dénoncée auprès de la justice. Curieusement, en allant dans le privé, Messaoud Chettih a fait fructifier une entreprise dans de grandes proportions. C’est dire son potentiel, lui qui avait choisi d’abord de servir son pays avant d’être abîmé comme l’a été aussi Abdelhak Bouhafs

L’entreprise de détricotage minutieux de l’outil industriel

 On ne peut pas comprendre le sort de ces hauts cadres au service du pays sans avoir connaissance de la vision des dirigeants de l’époque .Sans verser dans la nostalgie, l’impression que nous avons est que les gouvernements à partir de 1980 ont minutieusement cassé les outils de production existants, au nom de la mondialisation. Pis encore, la décennie noire l’a été aussi pour le tissu industriel. Le rouleau compresseur mis en branle, dès la décennie 1990, a désarticulé les entreprises publiques. La privatisation anarchique a cassé le reliquat des défenses immunitaires Rien n’a échappé à la curée. L’entreprise Snic qui avait investi dans trois complexes de 80 000 tonnes de détergents chacun, a été dissoute. Achetés pour une bouchée de pain par une firme allemande, licencié les travailleurs, fermé les usines. Ce qui l’intéressait en fait, c’était le marché algérien. Le détergent que nous fabriquions de bout en bout, était importé et conditionné. C’était la régression totale. Ce sera aussi le sort des entreprises du batiment, de la Snlb, de la Snmc. C’est un miracle que la capacité du raffinage n’ait pas été bradée. Et nous sommes bien contents d’avoir cette capacité de 22 millions de tonnes, d’autant que rien de pérenne n’a été construit depuis. 

Il vient que le secteur public fort de ses ressources humaines peu nombreuses, mais de haute compétence, compétentes et engagées, fut mis parterre. La machine à broyer judiciaire va s’en charger opportunément. Plus de 6000 cadres furent incarcérés. Des dizaines d’entreprises publiques économiques nationales (EPE) et près de 1 000 entreprises publiques locales (EPL), et par le licenciement de plus de 600 000 travailleurs. 

Conclusion

L’Algérie à travers la  perte de ces pionniers  des frères de combat dans toutes les luttes que nous avons menées sur le front du développement avec, le feu sacré qui les habitait pour seul récompense et ambition celui   de voir l’Algérie réussir. Ils auront connu la souffrance digne, ils auront connu l’ingratitude des hommes et ont toujours su rester dignes. De cette dignité de l’Algérie profonde, aussi bien à  l’ouest et au Sud du   Ils n’ont pas jailli du néant,  il ont  fait le parcours complet du combattant du développement pétrolier en en gravissant toutes les échelles. Pour notre génération, le 24 février qui fut, à bien des égards, un marqueur identitaire. 

Qui se souvient en effet,  du fameux coup d’éclair dans un ciel serein que fut la décision de Houari Boumediene qui annonçait à la face du monde par son mémorable «Kararna ta’emime el mahroukate» «Nous avons décidé souverainement de nationaliser les hydrocarbures». Ayant fait partie de cette génération, de pionniers des années 1970 qui avaient le feu sacré. Nous avons cru et donné le meilleur de nous-mêmes car il y avait une utopie mobilisatrice. 1971 la force de frappe de toute l’Algérie (environ un millier de diplômés se trouvaient à Cherchell). 

Après le discours, toute cette intelligence était répartie sur les différents challenges du pays (hydrocarbures, Transsaharienne, Barrage vert, les 1 000 Villages agricoles, l’éducation, l’université, la santé militaire). Tout était à construire, tout était à inventer.   L’amour du pays était la défense de ses intérêts étaient logiciel de fonctionnement de ces battants intransigeants avec eux-mêmes et incorruptibles  Cela me rappelle la phrase de Mohamed Rafaâ qui acceptait de négocier jusqu’à une certaine limite, mais quand cela devenait inacceptable avec du chantage presque, il disait alors non, avec les termes du terroir suivant : «Tebki mou, matebkich ma.» (Que sa mère pleure, mais pas la mienne).  On aura compris sa mère, c’était l’Algérie. 

A la tête de Sonatrach, Bouhafs en a payé le prix à deux reprises. Nommé DG de Sonatrach en 1989, Abdelhak Bouhafs apprendra son limogeage en 1995, en lisant une dépêche de l’APS. Revenu aux commandes de l’entreprise en janvier 2000, il sera de nouveau démis de ses fonctions 13 mois après sa nomination. Messaoud, lui aussi, connut les foudres des dirigeants sans être réhabilité. 

L’expérience des industries industrialisantes qui avait bien démarré avec des jeunes cadres compétents a explosé en plein vol en moins de deux décennies. Les jeunes cadres qui étaient sur le front du développement n’ont pas démérité. Même actuellement à la retraite, ils se sentent concernés par le destin du pays et ne s’empêchent pas de donner leur avis. L’Algérie actuelle ne leur fait pas de place, alors que c’est un vrai think tank valable, qui est payé avec une monnaie qui n’a plus cours :  l’amour du pays. 

Des hommes dont l’honnêteté, la foi, la droiture, la sincérité, les compétences, le patriotisme et l’ouverture d’esprit durant toute leur carrière étaient des exemples d’intégrité, à suivre, mais qui n’ont pas cours dans l’échelle actuelle des valeurs. C’était des météores, qui ont sacrifié leurs vertes années au service d’un honorable idéal : l’algérianisation à outrance de l’encadrement de l’amont, l’ouverture sur l’universel et l’ambition pour faire de l’Algérie, un pays moderne, fasciné par le savoir. Je garde d’eux l’image d’hommes accomplis, modestes, c’était des êtres entiers, mêlant rigueur, intelligence, clairvoyance et esprit, tout en finesse. Ils ont fait leur devoir dans toute la noblesse du terme. Nous ne les oublierons pas et nous n’oublierons pas leur combat pour une Algérie fascinée par l’avenir et qui doit garder son rang dans un monde de plus en plus difficile. Que Dieu vous fasse miséricorde vous avez bien mérité de la patrie. 

La Deuxième République, à laquelle nous aspirons, remettra les choses à leur place et il est à espérer que nous avons divorcé définitivement avec les comportements mafieux au sommet de l’Etat. Chacun sera jugé à l’aune de sa valeur ajoutée et non de sa capacité de nuisance. A l’instar de Bouhafs et de Chettih, des moudjahidine sur le front du développement. Ce seront les compétences technocratiques patriotiques et intègres qui sauveront le pays.

Professeur  Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

 

 

Notes :

1.http://www.eldjazaircom.dz/index.php?id_rubrique=294&id_article=3282

2.11 septembre 2000 http://www.winne.com/topinterviews/Algeria-Sonatrach.htm

3. Shehrazad Hadid  Les révélations de Chetih Le Matin  5 décembre 1999  

4.https://www.lelibrepenseur.org/affaire-sider-ouyahia-la-tache-indelebile/

Article de référence :  https://www.lexpressiondz.com/nationale/bouhafs-chettih-nous-ont-quittes-323252

 

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