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Algérie. Le retour du scénario 2014-2015 et le risque du déclenchement d’un conflit armé 
Par Cherif Aissat
Mondialisation.ca, 09 février 2020

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Avec une nouvelle et majeure variable passée d’exogène à endogène qu’est l’apparition d’un mouvement de manifestations qui a engendré un équilibre instable, c’est le scénario qui a prévalu en 2014-2015 en Algérie qui est de retour et à l’identique en 2020. Marqué par la raideur des détenteurs de la décision de cooptation, l’occultation d’un débat sur le régime politique idoine pour la patrie et ses populations qui inclura ses trois composantes principales que sont l’anthropologie de la nation algérienne, les droits humains et de la nature et la nature de l’économie de défi, c’est l’Algérie qui accélère sa descente aux enfers. 

Comme en 2014, dans l’ensemble des vulnérabilités du pays, celui qui incarne actuellement la décision régalienne a choisi de mettre sur le marché de la diversion, instrumentalisation, polémique et surenchère exactement les mêmes. Il s’agit de l’enseignement des mathématiques et de la révision de la constitution. 

De sont de très solides signaux sur ce qui se tramait en Algérie liés à la mathématique ont été tournés en dérision dans les djornanes nationaux et certaines publications sur le Web. Ils ont été l’objet de déclarations ministérielles. Nous nous interdisons de les reprendre. 

La logique dans la première diversion : l’enseignement des mathématiques

Comme dans toutes les religions monothéistes, la mathématique a ses connus inconnus. L’infini représenté par la lemniscate en est un, il est sans valeur tangible. Avec le zéro (0), ils forment son couple infernal. Dans notre monde, aucune valeur de zéro divisé sur zéro, l’infini divisé sur l’infini, l’infini moins l’infini et zéro multiplié par l’infini n’est connue. Dans une divine justice, la mathématique a la magie de donner des parts égales à tous les vivants sur terre dans la répartition d’un grain de blé ou d’une goutte de miel. 

C’est grâce aux brillants en mathématique qu’un peu d’ordre a été mis dans l’économie de la production de biens consomptibles mais c’est aussi à cause d’elle que les magistrats et les avocats sont envoyés dans les ténèbres dans les procès et contrats liés à la finance des produits dérivés (Derivatives), ces produits toxiques qui vendent l’indice des prix à la consommation et la température qu’il fera le 13 février 2026 en Algérie. 

La mathématique de l’économie capitaliste impose la rationalité c’est-à-dire la maximisation du profit et suppose que l’hypothèse (du théorème) de la connaissance commune est vérifiée. Les deux conditions précédentes satisfaites alors les maitres des marchés diront à l’Algérien : ‘Tu es capable de calculer la valeur additionnelle (incrémentale) et jamais différentielle de ton gain quand tu dépenseras (consommeras) une unité supplémentaire de ton moyen principal de négociation qui est en général ta monnaie’. Ils éviteront de lui dire que toute erreur de calcul est à ses risques et périls. Et si l’Algérien en question est le chef de l’État ou le chef d’État-major qui prennent des décisions dont la seule rationalité est la peur imposée par les puissants et non émanant des choix et volonté de la nation ? 

Donc : le forcing imposé par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour l’enseignement des mathématiques en Algérie vise l’introduction du raisonnement marginaliste dans un esprit supposé rationaliste qui aura pour finalité la sacralisation de l’individualisme égoïste peu importe sa base, qu’elle soit celle des préférences ou qu’elle soit celle des utilités ; collectivement au détriment de la patrie. 

La mathématique est si passionnante et repoussante à la fois qu’elle constitue un cheval de Troie. Son coté diversion réside dans la quête d’un objectif certainement noble mais marqué par la rareté des ressources indispensables à son enseignement. Ensuite, viendra la polémique sur la langue de formation : arabe, français, anglais ou tamazight. 

L’aveu dans cette diversion est la reconnaissance que le système éducatif national a produit un désastre contraire aux exigences du développement. De plus et loin de toute rationalité, il a consommé des quantités conséquentes en monnaie. 

Un regard plus pragmatique sur la mathématique appliquée et l’Algérie. Depuis l’indépendance du pays, aucun centre de décision ne s’est soucié de la maitrise du calcul du produit intérieur brut. En pire, l’État algérien et ses démembrements sont incapables de fournir des chiffres précis et exacts sur les variables les plus aisément quantifiables comme le taux de croissance réel de la population, un mois après la naissance de la nouvelle année ou de fournir des études statistiques sur la qualité du système de freinage des véhicules et leurs équilibres sur la chaussée à différentes vitesses. Cette problématique de la mathématique est encore plus aggravée par l’impuissance de la banque d’Algérie qui attend la fin du mois pour publier avec un grand différé le taux de change nominal moyen du dinar pour le positionner à un niveau légèrement plus favorable que celui du New-York Stock Exchange plus connu sous le nom de Wall Street. 

En 2020, Les Algérienne et Algériens attendent des organisations internationales l’annonce dans des termes sophistiqués leurs résultats qui généralement sont contraires aux prédictions et prévisions qu’elles avaient annoncées et vantées par le chef de l’État, le chef de l’état-major, les ministres, les députés et les serviles. 

La logique dans la deuxième diversion : la révision de la constitution. 

Les manifestations en cours en Algérie ont bouclé l’année. Depuis leur début, en augmentant la répression, la justice algérienne a montré l’étendue de ses limites. Pour donner des gages au monde occidental, des procès de businessmen, mercantiles et compradores ont eu lieu. Dans une reconnaissance de sa soumission, l’État algérien a ordonné en milliards de centimes des dédommagements financiers pour certains accusés et condamnés. Les suspects qui sont actuellement libres auront la pareille si leurs procès sont enrôlés. Le paiement de dédommagements est l’irréfutable preuve que l’État algérien exécute l’ordre d’être juste avec les ‘marchés’ et en plus profond, c’est la mise en œuvre des règles de marché dans l’exercice de la justice. 

Après la précédente révision constitution, sa prétendue avancée, Tamazighth a fait l’objet d’une énorme publicité de manipulation et d’intoxication. En plus d’une injustice criarde, non dénoncée par les puissants du monde, des compatriotes qui ont porté l’emblème amazigh, ont été envoyés dans les geôles du pays. 

Dans l’une de nos adresses aux décideurs algériens, en plus d’être libérés, nous avons demandé à ce qu’ils soient dédommagés à raison de dix millions de dinars (10.000.000) par mois de détention. Ces derniers jours, des voix se sont élevées pour demander la même sanction. L’histoire récente de l’Algérie a enregistré le déshonneur que contient une telle procédure. Il a été dans le paiement de montants pour les familles des assassinés en 2001. Le déshonneur aurait été moindre si l’État a reconnu son entière responsabilité dans ces meurtres en érigeant des souvenirs et décrétant un jour de mémoire. 

Ignorant tout des intentions et incitations des initiateurs de cet appel ; avec notre propre demande, les dédommagements pécuniaires dans la privation de liberté sont philosophiquement dangereux car la liberté est un bien irréfragable. Notre demande de dédommagement vise la sanction de l’État qui pourrait être accompagnée de la suspension ou du licenciement des magistrats. L’analyse mathématique de cette combinaison de sanctions montrerait les avantages et les inconvénients.  

Slide extrait dans notre présentation des impacts économiques de Tamazight faite en 2014.

L’aspect caché dans la révision de la constitution

Nous avons qualifié la précédente constitution de bâtarde parce que notre insistance pour la révélation de ses concepteurs et rédacteurs a été vaine. Pour celle en cours, une liste composée uniquement d’Algériens juristes a été rendue publique. Il est aisé de comprendre que c’est juste une petite manœuvre de posture. Les amendements, changements et ajouts pour rendre l’actuelle conforme aux lois du capitalisme ont été exigés de Paris, Washington et Londres. L’équipe nationale qui produira la nouvelle loi fondamentale sera ‘conseillée’ dans la discrétion des bureaux, des appels téléphoniques, des notes anonymes et la correction des drafts qui seront soumis aux donneurs d’ordre. Ainsi, les faiseurs de la décision en Algérie diront qu’ils ont agi souverainement alors que l’Algérie l’a perdue depuis belle lurette. 

En 2014, le Centre de la recherche sur la mondialisation a publié notre papier : ‘Algérie. Révision de la constitution : soumission à l’ultralibéralisme et au club Bilderberg’ dans lequel figure le tableau ci-dessous. 

Une lecture rapide de ce tableau dit que la prochaine révision inclura des précisions sur les richesses naturelles, leur propriété et mode d’exploitation. Le signal pour cette déduction est l’exploitation des gaz de schiste et de l’exploration du pétrole offshore ainsi que les terres rares, élément fondamental des richesses cachées sous terre. 

Cette révision renforcera au profit du marché la liste et la nature des comportements délictueux en particulier dans les transferts de dividendes et bénéfices des multinationales installées en Algérie. La preuve : aucune entreprise étrangère surtout les banques à laquelle sont liés des nationaux n’a fait l’objet d’un audit, contrôle comptable et d’un procès dans le sillage des Algériens qui ont des sociétés dans les paradis fiscaux. 

Sans oser aller dans la dotation de l’Algérie d’un hymne national bilingue et de l’enseignement de tamazight dans les cycles du supérieur à travers tout le territoire national, le bloc Identité sera un peu plus décoré et maquillé. 

Nous arrêtons à ces exemples, notre vue de la prochaine constitution. La mesure réelle de la souveraineté sera déduite dans les changements dans les autres blocs. Satisfaire les ordres des parrains nationaux et étrangers, l’État algérien s’interdit de dissoudre le Congrès dont il a besoin pour la voter à main levée et c’est pour cette raison aussi que le peuple est maintenue à l’écart. 

Le futur proche de l’Algérie. 

Notre représentation rapide de la mathématique de l’ophélimité de Pareto qui remonte à Juin 2014 dans les politiques internes de l’Algérie influencées par tous les événements qui se sont montrés dans toute leur horreur ces deux dernières années se confirme. 

Actuellement l’Algérie est dans la Zone 2 (Troubles sociaux permanents). Au train de la cécité de l’état-major algérien et l’absence de lucidité chez les manifestants algériens qui crient des revendications légitimes, la Zone 1 (Crise sanglante en Algérie) est la destination prochaine de l’Algérie.

L’Algérie est telle une jarre fragile qui ne demande que le bonheur issu d’une sagesse amazighe et qui veut être aimée ; nous, nous adorons cette Jarre d’un amour pur que l’exil a rendu violent. 

Question : Est-il arrivé le moment de gratifier de grade de maréchal tous les révolutionnaires algériens qui ont libéré notre patrie de l’extermination française ?

Cherif Aissat

 

 

Note 

Avec une petite hésitation pour la poésie, la justice et la mathématique sont les religions dont la mise en œuvre sur terre a été confiée par Dieu à des humains. Lwenes Matoub (1956, 1996) est le mathématicien de l’art. Parmi les immortels prophètes de la mathématique pure, citons : l’indien Srinivasa Ramanujan (1887, 1920). Pauvre, malade et très amoureux de sa femme ; s’il est admis que la somme des n nombres d’une suite arithmétique est égale à n*(premier terme + dernier terme)/2 et est positive ; Ramanujan a démontré qu’une telle suite infinie de termes positifs est égale à une constante qui est par-dessus le marché négative et vaut -1/12. John Von Neumann, John Forbes Nash, Leonhard Euler en sont d’autres. Parmi ceux qui sont montés un cran au-dessus : Alexandre Grothendieck (1928, 2014), Grigori Perelman (1966, -), Henri Poincaré (1854, 1912) et il y a ceux qui ont approché l’existence de Dieu comme René Descartes (1596, 1650), Gottfried Wilhelm Leibniz (1646, 1716) et Kurt Godel (1906, 1978).    

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