Analyse du déploiement militaire en Haïti suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010

Analyses:

Récapitulatif chronologique

 1914 – Les marines nord-américains pillent, armes à la main, la Banque Nationale d’Haïti et transfèrent les fonds dans les coffres de la Citibank |1|
 1915 à 1934 – L’armée nord-américaine occupe et exploite Haïti
 1934 à 12 janvier 2010 – Installations successives de divers gouvernements-marionnettes
 1994 à 1999 – Nouvelle occupation du pays par l’armée nord-américaine
 2004 à 12 janvier 2010 – Sous-traitance de l’occupation militaire par une mission de l’ONU |2|
 12 janvier 2010 – Tremblement de terre catastrophique et destructeur
 13 janvier 2010, etc. – Débarquement de 10 000 marines nord-américains qui « prennent » le contrôle du pays.

Le territoire haïtien a tout d’abord une position géostratégique essentielle pour les États-Unis. En effet, la partie haïtienne de l’île fait face à Cuba dont les côtes ne sont qu’à quelques kilomètres. Or, Cuba est un des pays ennemis proclamés du gouvernement états-unien |3| – pour la seule et unique raison que le gouvernement cubain ne se plie pas aux exigences unilatérales de l’Empire, ceci malgré les multiples tentatives d’assassinat |4| sur Fidel Castro, les tentatives d’invasion armée, la déstabilisation politico-médiatique permanente et un douloureux embargo. Du point de vue des partisans de la doctrine de Monroe pour lesquels le territoire états-unien s’étend du Pôle Nord au Pôle Sud sans limitation aucune, Cuba est une nuisance, une tache, une anomalie à corriger. Par tous les moyens.

Mais, géographiquement parlant, Haïti c’est aussi une île, terrain conquis, au large de laquelle passent les navires en provenance du Canal de Panama vers des ports états-uniens. Par exemple (et surtout), les livraisons d’hydrocarbures en provenance du Venezuela – le principal fournisseur états-unien de pétrole – à destination d’Hampton Roads, principal port états-unien sur l’Atlantique.
Or, depuis 1999, le Venezuela est présidé par Hugo Chávez. Aspiration incarnée d’un peuple meurtri aux veines ouvertes |5|, il tient ses promesses et fait tout pour corriger la fracture abyssale des effets du colonialisme persistant, par une redistribution socialement plus équitable des revenus nationaux tirés des exportations du pétrole |6| : il instruit le peuple, il le soigne, il le nourrit et il s’oppose fermement aux destructions démesurées causées par des transnationales états-uniennes. Sauf que pour les états-Unis d’Amérique et leur gouvernement entièrement livrés à la démesure de leurs transnationales, nuire à leurs intérêts est inacceptable !

Le territoire haïtien, c’est aussi – bien que accessoirement dans le contexte qui nous intéresse – un sol et un sous-sol riches : outre des sols fertiles, d’importants gisements de minerais (iridium, bauxite, or…) et, paraît-il, la plus grosse réserve de pétrole de l’hémisphère occidental. Tout ceci gardé bien au chaud par les stratèges états-uniens depuis des décennies, le Bureau des Mines et de l’énergie prospectant mais n’exploitant jamais |7|.
Or, s’intéresser aux déploiements de l’armée états-unienne, c’est de facto s’intéresser aux gisements de minerais et d’hydrocarbures, ainsi qu’aux spéculations secrètes.

En effet, les conflits en cours incluant ouvertement de près ou de loin les Etats-Unis, ont tous plusieurs points communs : bien évidemment, il est question de richesses du sous-sol et il faut savoir que la formation du pétrole est en lien direct avec la subduction des plaques tectoniques. Donc, à la frontière d’une plaque tectonique, il y a très forte probabilité de trouver du pétrole ! Et les minéraux du sous-sol y sont plus variés ! C’est le cas du Yémen, de l’Arabie Saoudite, du Soudan, de l’Égypte, de la Palestine et ses environs, de l’Irak, de l’Iran, de l’Afghanistan et du Cachemire, ainsi que du Tibet, de l’Islande, de tous les pays de la Cordillère des Andes, de Cuba, du Venezuela, et d’Haïti.

Ce déploiement de 10 000 marines états-uniens fait à nouveau la preuve de la schizophrénie de Barack « Peace » Obama qui, fonctionnaire des transnationales ayant financé sa campagne électorale, poursuit les très nécessaires guerres pour l’économie, suivant la ligne de ses prédécesseurs selon une méthode similaire à celle de Henry Kissinger. Cette démonstration de force met à nouveau en exergue le caractère psychopathe d’un petit groupe d’individus qui font les pires choses sans restriction aucune, et qui croient que personne, jamais, ne les arrêtera. Eh bien, ils ont tort !

Sur le grand échiquier mondial, à trop mépriser les pions pris pour seule chair à canon, les puissants destructeurs du monde en oublieraient presque que ce sont des êtres humains, des êtres doués d’intelligence, des êtres aspirants au bonheur et à leur juste droit de vivre. Ainsi, gardant nos libertés, de pensées, paroles, et actions, les manœuvres terrifiantes des assassins en uniforme ne passeront pas.

 

Notes

|1| Aujourd’hui Citigroup

|2| MINUSTAH, composée principalement de policiers brésiliens qui s’y entraînent pour « mater » les favelas

|3| Sur la liste des pays accusés de soutenir le terrorisme

|4| Plus de 600

|5| Référence au livre de Eduardo Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique Latine

|6| Cf. Les 7 péchés d’Hugo Chávez du journaliste belge Michel Collon pour une analyse détaillée du régime

|7| Le Président Clinton avait par exemple menacé de bombarder les zones minières si le pays les rouvrait.



Articles Par : Tony Rebecchi

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