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Argentine : Trafic clandestin d’eau douce
Par Grano de Arena
Mondialisation.ca, 02 septembre 2009
Rebelión 2 septembre 2009
Url de l'article:
https://www.mondialisation.ca/argentine-trafic-clandestin-d-eau-douce/15022

C’est une histoire de pirates qui viennent avec des embarcations, qui emportent l’eau et qui l’a vendent de l’autre côté de l’Atlantique sans qu’aucune restriction juridique nationale ou provinciale vienne les « déranger ».  Grano de arena, 1 septembre 2009.

Il semble démesuré que des entreprises transnationales mettent en vente sur internet l’eau des fleuves argentins au Moyen-Orient et en Afrique, c’est en tout cas ce que révèle un rapport diffusé ces derniers jours par l’ONG écologiste Río Paraná.

L’eau douce, au vu de sa rareté sur notre planète (3% du total), sera le principal objet des conflits géopolitiques du 21e siècle.

L’Argentine dispose de grandes quantités d’eau douce (22.000 m³ par habitant et par an), mais celle-ci est répartie de manière très inégale : les deux tiers du territoire nationale se trouvent dans des zones arides ou semi-arides. C’est dans ce contexte que l’entreprise Makhena S.A., dont le siège est à Miami et qui possède une agence à Buenos Aires, vent de l’eau douce par internet, qui provient des fleuves de la plaine argentine, et notamment du plus important d’entre eux, le Paraná.

Sur son site internet, l’entreprise Makhena met en avant les caractéristiques du produit qu’elle offre (eau douce, non bouillie, sans traitement), son origine (les fleuves de la plaine argentine), les quantités (entre 60.000 et 70.000 tonnes par envoi), l’usage (potabilisation, consommation, irrigation), ainsi que le moyen de transport (tanker). Le business est facile et presque sans risques. Il s’agit de vendre un produit peu cher à des prix très élevés. Oui mais « cette ressource à la fois irremplaçable et inépuisable se fait  de plus en plus rare, au fur et à mesure que la demande augmente et que les conflits d’usage aussi », comme l’admet Makehna sur son propre site internet.

Concrètement, Makhena procède ainsi : elle charge l’eau du littoral argentin pour lester les bateaux. N’importe quel bateau de transport a besoin d’être lesté pour naviguer, afin que son équilibre soit maintenu. Pour pouvoir naviguer sans prendre de risques, les bateaux doivent embarquer d’importantes quantités d’eau dans leurs cales. C’est ainsi qu’ils déchargent leurs marchandises à leur arrivée dans les ports argentins, avant de charger le bateau en eau douce, également dans les ports argentins, « pour le retour ». Ensuite, ils la vendent sur les marchés du Moyen-Orient, d’Afrique ou d’Europe où elle est potabilisée. Ils prennent l’eau du fleuve Paraná car elle est moins polluée que celle du fleuve de la Plata.

Jusqu’à présent, aucune loi ne régule le « trafic clandestin d’eau douce ». Makhena développe impunément son business à la vue de tous, au nez et à la barbe de la préfecture navale argentine, qui sait parfaitement ce qu’il se passe mais qui ne dispose pas des outils juridiques pour réagir.

Pendant ce temps, nous les voyons naviguer tous les jours sur les canaux du delta du Paraná, et ils embarquent gratuitement nos ressources naturelles dans leurs cales.


Eau embouteillée par Makhena.

Article original en espagnol sur Rebelión : Lastran los buques con agua del río Paraná para luego venderla al exterior

Texte traduit et publié en français par info sud télé

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