Arsenic : faut-il se méfier du jus de pomme?
En Amérique du Nord, la quantité d’arsenic tolérée dans la nourriture est peu réglementée.

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Aux États-Unis, le département de la Santé propose de revoir la limite maximale d’arsenic contenu dans le jus de pomme. Le Canada suivra-t-il la même voie?
Poissons, fruits, céréales, légumes… de nombreux aliments contiennent de l’arsenic, présent naturellement dans les sols et dans l’eau. L’arsenic inorganique, la forme la plus dangereuse pour l’organisme, a été classé par l’Organisation mondiale de la santé parmi les 100 plus importants agents cancérogènes.
Pourtant, en Amérique du Nord, la quantité d’arsenic tolérée dans la nourriture est peu réglementée.
Au Canada, pendant de nombreuses années, seule l’eau potable a été encadrée par une norme. Puis, à la fin des années 1980, la teneur dans les jus de fruits a aussi été réglementée.
- Pour l’eau, la concentration maximale acceptée par Santé Canada a été fixée à 0,01 partie par million (ppm). La même limite prévaut aux États-Unis.
- Pour les jus de fruits, le maximum toléré est de 0,1 ppm, soit dix fois plus que pour l’eau potable – une norme qui n’existe pas aux États-Unis.
Le jus de pomme dans la ligne de mire
C’est à la suite de nombreuses études parues aux États-Unis sur la teneur en arsenic des jus de pomme que la Food and Drug Administration (FDA) a proposé, le 12 juillet dernier, d’abaisser le seuil de tolérance pour ce produit au niveau de celui de l’eau potable.
Selon la FDA, les niveaux d’arsenic inorganique dans les jus de pomme sont trop faibles pour entraîner des problèmes de santé à court terme. Toutefois, l’agence veut prendre en considération «le risque potentiel d’une exposition à long terme» durant plusieurs années.
Theresa Eisenman, agente au bureau des médias de la FDA, rappelle qu’il s’agit «d’une proposition qui va désormais faire l’objet d’une période de commentaires de la part du public». À l’issue de cette période, qui se termine le 13 septembre, la FDA émettra ses directives finales.
Mieux contrôler
De son côté, Santé Canada a récemment demandé à l’Agence canadienne d’inspection des aliments d’appliquer par défaut pour les jus de fruits (y compris le jus de pomme), les nectars et les boissons prêtes à servir le même seuil de tolérance que pour l’eau potable (0,01 ppm), le temps de procéder à une réévaluation complète de ses normes. Impossible cependant de savoir quand cette mise à jour entrera en vigueur et si cette nouvelle politique fait écho à l’annonce de nos voisins du Sud.
Blossom Leung, porte-parole de Santé Canada, rappelle que des mesures, comme le retrait du produit, sont prises «si les niveaux atteints présentent une concentration qui pourrait être dangereuse pour la santé humaine». Elle ajoute qu’«à ce jour, la majorité des jus de fruits sur le marché canadien qui ont été analysés contenaient moins de 0,01 ppm d’arsenic».
Selon Bernard Lavallée, nutritionniste chez Extenso, le Centre de référence en nutrition de l’Université de Montréal, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. «Nous sommes loin de consommer les quantités d’arsenic qui représenteraient un danger immédiat pour la santé», assure-t-il. Tous les experts ne sont cependant pas de cet avis. Sébastien Sauvé, professeur spécialisé en chimie environnementale à l’Université de Montréal, estime plutôt que seule l’introduction de nouvelles normes permettrait de mieux contrôler la teneur en arsenic dans les aliments.
En attendant, il recommande de réduire au maximum la consommation des produits contenant les teneurs en arsenic les plus élevées, particulièrement pour ce qui est des bébés et des jeunes enfants, soit:
- le riz et les produits à base de riz (notamment certaines céréales pour bébé);
- les jus de fruits (incluant le jus de pomme).
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