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Assange, Manning, Snowden, Greta Thunberg: Des lanceurs d’alerte exemplaires
Par Chems Eddine Chitour
Mondialisation.ca, 26 septembre 2019

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« A force de tout voir l’on finit par tout supporter… A force de tout supporter l’on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer l’on finit par tout accepter… A force de tout accepter l’on finit par tout approuver ! » [Saint Augustin]

A l’occasion de la sortie de l’ouvrage de Edward Snowden, il m’est apparu intéressant de décrire la similitude entre les combats de Julien Assange, Edward Snowden,  Bradley Manning mais aussi la jeune Greta Thunberg qui déclare la guerre aux pays industrialisés pour sauver la Terre. Même le dernier scoop sur la procédure d’empechement   Dans l’histoire il s’est toujours trouvé des personnes courageuses qui ont une haute idée de la dignité humaine et des bonnes causes au point de dénoncer tout les travers du fonctionnement des Etats coupables de cacher la vérité aux peuples. Ce sont des éveilleurs de conscience qui alerte  sur les dérives des sociétés  des pays et des gouvernants  en risquant souvent leur vie.

Qu’est ce qu’un  «whistleblower» ou  «lanceur d’alerte»   ?

En fait alerter  sur les travers a été une constante  de Justes  tout au long de l’histoire . Pendant la guerre de sécession aux Etats Unis il s’est trouvé des hommes courageux pour alerter contre le consensus ambiant en se mettant en péril. Dans la plupart des cas, ces personnes ont dévoilé des secrets plus ou moins bien gardés et dénoncent, parfois au prix de leur liberté, ce qu’ils jugent être des scandales pour les libertés individuelles ou le « bien commun ».

« Que signifie  » whistleblowers » ?  De fait, le dictionnaire propose des mots à connotation péjorative : « dénonciateur » ou « délateur » en français, « informateur » (« informant ») ou « traître » (Geheimnisverräter) en allemand.   Reste à connaître leurs motivations. Sont-ils de « grands patriotes » qui se sentent investis du devoir de livrer des informations révoltantes auxquelles ils ont eu accès du fait de leurs fonctions, ou, à l’inverse, des individus assoiffés de reconnaissance publique qui mettent sans vergogne leur pays en danger ? » (1)

L’expression «lanceur d’alerte» a été proposée par Francis Chateauraynaud, en 1996. Ce mot écrit il a colonisé l’espace public parce qu’il permet de se présenter positivement. Il est bien reçu par la plupart des gens, car il suggère que l’on défend l’intérêt général.» Pour M. Chateauraynaud, le lanceur d’alerte est une personne ou une entité qui cherche à faire reconnaître, souvent contre l’avis majoritaire, l’importance d’un danger ou d’un risque en lien avec l’intérêt général. «Il ouvre un nouvel espace de débat public en signalant une question qui ne mobilise pas, qui ennuie, est déniée, oubliée, voire relativisée», résume le sociologue, qui a procédé en important et en modifiant la notion américaine de whistleblower, inscrite dès 1863 dans le droit américain (US False Claims Act) On s’imagine parfois que le lanceur d’alerte est celui qui révèle des faits dont la société n’avait jusque-là pas connaissance. (…) «Lanceur d’alerte interne» ou «lanceur d’alerte externe» ? Ces deux catégories de lanceurs d’alerte ne s’exposent pas aux mêmes risques. Le lanceur d’alerte interne fait ou a fait partie de l’organisation, dont il dénonce les agissements. C’est le cas de l’américain Edward Snowden, qui a révélé, en 2013, l’ampleur de la surveillance de masse mise en place par l’agence américaine» (2). 

Par définition, les lanceurs d’alerte externes ne s’exposent pas à des représailles de leur employeur, mais risquent des procès pour diffamation. Le problème, c’est qu’il faut souvent des années pour la faire valoir en justice. Ces délais sont très violents et brisent souvent la vie personnelle des lanceurs d’alerte.» Il cite la journaliste Anne-Marie Casteret (1948-2006) qui a révélé, longtemps seule contre tous, le scandale du sang contaminé. «Tout le monde lui a claqué la porte au nez, elle ne s’en est jamais complètement remise.» (..)Il n’existe pas d’instance unique pour les lanceurs d’alerte citoyens» (2)

L’affaire Wikileaks et le courage de Julien Assange 

Un coup d’éclair dans un ciel serein ! Le monde découvre l’ampleur de ce qui est caché à travers des câbles publiés. Ce sera WikiLeaks et son concepteur Julian Assange qui l’a fondée en 2006, dont l’objectif nous dit Wikipédia : «est de publier des documents, pour partie, confidentiels ainsi que des analyses politiques et sociales à l’échelle mondiale. Plusieurs millions de documents relatifs à des scandales de corruption, d’espionnage et de violations de droits de l’homme concernant des dizaines de pays à travers le monde ont été publiés sur le site internet depuis sa création. En novembre 2010, le site affirme : «les principes généraux sur lesquels notre travail s’appuie sont la protection de la liberté d’expression et de sa diffusion par les médias, Nous dérivons ces principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme». Les publications de Wikileaks ont fait l’objet de milliers d’articles à travers le monde, déclenchant de violentes polémiques et des tentatives d’intimidation au plus haut niveau. Son action trouve de nombreux défenseurs, dont Noam Chomsky» (3)

«À partir de juillet 2010, les révélations de WikiLeaks ont commencé à être relayées par de grands quotidiens nationaux, comme le New York Times, The Guardian, Le Monde, El País et Der Spiegel, souvent en Une. (…) WikiLeaks suspend officiellement ses activités éditoriales le 24 octobre 2011 pour mobiliser toutes ses ressources contre un blocus financier orchestré à son encontre depuis décembre 2010 Ce blocus, selon le fondateur de Wikileaks, a détruit 95 % de ses revenus. L’organisation trouve une parade en acceptant désormais les cryptomonnaies: En juillet puis octobre 2012, WikiLeaks reprend la diffusion d’informations sensibles concernant respectivement la Syrie et les politiques de détention des États-Unis. L’organisation a depuis révélé plusieurs millions de documents, dont 500 000 provenant du seul ministère des Affaires étrangères saoudien. En juillet 2013, l’organisation aide Edward Snowden à sortir de Hong-Kong et à obtenir l’asile politique en Russie . En 2015, l’organisation révèle que de nombreux membres de l’élite française, y compris trois présidents de la République, ont été espionnés par la NSA. WikiLeaks est également accusé par la CIA d’avoir favorisé l’élection de Trump avec l’aide de la Russie» (3)

Julien Assanges toujours en prison 

Une photo dégradante fut celle de Julian Assanges réfugié à l’ambassade de l’équateur .Noam Chomsky nous explique en quoi l’arrestation d’Assange lui rappelle celle de Lula :

«L’arrestation d’Assange est scandaleuse à plusieurs égards. Les efforts pour faire taire un journaliste qui publiait des documents que les gens au pouvoir ne voulaient pas que la foule de gueux connaissent. C’est essentiellement ce qui s’est passé. WikiLeaks publiait des choses que les gens devraient savoir sur ceux qui sont au pouvoir. Les gens au pouvoir n’aiment pas ça, il faut donc le faire taire (…) Sous le gouvernement Lula, au début de ce millénaire, le Brésil était le pays le plus respecté, peut-être le plus respecté au monde. (…) Il y a eu un coup d’État, un coup d’État soft, pour éliminer les effets jugés néfastes du Parti des travailleurs. Ces effets sont décrits par la Banque mondiale – pas par moi, la Banque mondiale – comme la «décennie d’or» de l’histoire du Brésil, avec une réduction radicale de la pauvreté, une extension massive de l’inclusion des populations marginalisées, une grande partie de la population – afro-brésilienne, autochtone – qui a été intégrée dans la société, un sentiment de dignité et d’espoir pour la population. Ce qui était intolérable. (…) Eh bien, Assange est un cas similaire : Il faut faire taire cette voix. (…) L’autre scandale, c’est la portée extraterritoriale des États-Unis, ce qui est choquant. Pourquoi les États-Unis auraient-ils le droit de contrôler ce que d’autres font ailleurs dans le monde ?» (4)

Une juge britannique condamne Assange à la prison indéfiniment, en dépit de la fin de sa peine de prison Lors d’une audience au tribunal de première instance de Westminster début septembre 2019 la juge de district britannique Vanessa Baraitser a décidé que Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, restera en prison. Sa peine d’emprisonnement pour s’être «soustrait à la justice» expire le 22 septembre. Cela signifie que l’éditeur et journaliste sera détenu jusqu’au mois de février prochain pour son extradition vers les États-Unis, où il risque 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre américains. (…)

Assange avait été systématiquement calomnié pour détourner l’attention des crimes qu’il dénonçait. Une fois déshumanisé par l’isolement, le ridicule et la honte, comme les sorcières que nous brûlions autrefois sur les bûchers, il était facile de le priver de ses droits les plus fondamentaux sans provoquer l’indignation publique dans le monde entier. Et c’est ainsi que l’on crée un précédent juridique…» (5) (6)

Julian Assange et Chelsea Manning. (Credit: Getty Images)

Chelsea Manning 

Chelsea Manning (actuellement réincarcérée malgré la commutation de sa peine par le président Obama) a pu utiliser Wikileaks pour dénoncer le vaste camouflage de viols, d’autres violences sexuelles et de meurtres, y compris de femmes et d’enfants, par les militaires étasuniens en Afghanistan, en Bosnie et en Irak. Ces victimes ne comptent-elles pas ?

Difficile d’ignorer les alertes lancées par Chelsea Manning, Julian Assange et Edward Snowden. Traités tour à tour de héros, de patriotes, de dissidents et de terroristes, ces dénonciateurs persistent à défier l’autorité de Washington.

Chelsea Manning est à l’origine de la plus importante fuite de documents diplomatiques de l’historie des Etats Unis. Elle a transmis à Wikileaks 470.000 rapports de terrain sur les guerres en Irak et en Afghanistan, 250.000 câbles diplomatiques du département d’état américain et plusieurs vidéos de terrain.

« En juillet 2013, le verdict tombe : elle est reconnue coupable par la Cour martiale de Fort Meade, dans le Maryland notamment d’espionnage, de vol de fraude informatique mais a échappé à l’accusation de collusion avec l’ennemi. Elle a été condamnée à 35 ans de prison (…) D’abord programmeur pour une compagnie de logiciels à Oklahoma City, Manning entre dans l’armée américaine en 2007 afin de financer ses études universitaires. (…) En 2009, Manning est envoyé en Irak, où elle est affectée comme analyste du renseignement militaire dans une base à l’est de Bagdad. C’est à ce moment qu’elle a accès à des documents classés ultra secrets. J’ai vu des arrangements politiques quasiment criminels […] Des choses incroyables, horribles, qui doivent tomber dans le domaine public. (…) Parmi ces documents, une vidéo datant de 2007 intitulée Meurtre collatéral montrait un hélicoptère américain tuer huit civils à Bagdad, dont un photographe de l’agence de presse Reuters et son chauffeur. Il s’agit du premier coup d’éclat du site WikiLeaks. (..) J’avais le sentiment d’accomplir quelque chose qui me permettrait d’être en paix avec ma conscience.» (7) 

 Les «révélations Snowden» et leur impact depuis 2013 

Dans la nuit du 5 au 6 juin 2013, le quotidien britannique The Guardian publie sur son site Internet un document secret inédit, le premier d’une invraisemblable archive soustraite à la National Security Agency (NSA).

« Derrière cette fuite, la plus importante de l’histoire des services de renseignement américains, un ancien agent de la CIA et sous-traitant de la NSA : l’Américain Edward Snowden. (…) Les documents extraits par le jeune Américain ont donné un aperçu inédit et détaillé des capacités d’espionnage d’Internet développées par les deux principales puissances occidentales en la matière, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. (…) L’année 2016 a été une année pivot dans l’histoire de l’informatique, la première année depuis l’invention d’Internet où il y a eu davantage de trafic Internet chiffré que non chiffré. Internet est clairement plus sécurisé aujourd’hui qu’il ne l’était en 2013», écrit Snowden dans ses Mémoires. «Les gens disent que rien n’a changé parce qu’il y a encore de la surveillance de masse. Mais ce n’est pas comme ça que vous mesurez le changement. Tout a changé [depuis 2013]», expliquait-il en 2018. Pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les gouvernements de toutes les démocraties libérales de la planète ont débattu du droit à la vie privée», précise-t-il dans ses Mémoires. Edward Snowden, devenu l’homme le plus recherché de la planète, son passeport annulé par les autorités américaines l’a contraint à ne jamais quitter la Russie Il y a depuis établi résidence et obtenu un permis de séjour.»   Avant la sortie de son livre, Edward Snowden avait déjà fait l’objet d’un film, Snowden (2016), réalisé par Oliver Stone» (8). 

L’ancien sous-traitant de la NSA raconte son parcours de lanceur d’alerte dans «Mémoires vives» (Le Seuil), à paraître en France le 19 septembre. Bonnes feuilles.

« Etant donné le caractère américain de l’infrastructure des communications mondiales, il était prévisible que le gouvernement se livrerait à la surveillance de masse. Cela aurait dû me sauter aux yeux. (…) Nous – moi, vous, nous tous – étions trop naïfs. C’était d’autant plus pénible pour moi que la dernière fois que j’étais tombé dans le panneau, j’avais approuvé l’invasion de l’Irak avant de m’engager dans l’armée. Après tout, pourquoi les autorités dissimuleraient-elles des secrets à leurs propres gardiens du secret ? Tout cela pour dire que je n’arrivais pas à concevoir ce qui était pourtant manifeste, et il a fallu attendre 2009 et mon affectation au Japon dans un service de la NSA, (…) C’était le poste idéal, parce que j’intégrais le service de renseignement le plus performant au monde. (…) Comme jadis avec la CIA, ce [le privé] n’était qu’une couverture et j’ai toujours travaillé dans les locaux de la NSA. C’était la première fois de ma vie que je réalisais vraiment ce que signifiait le pouvoir d’être le seul dans une pièce à maîtriser non seulement le fonctionnement interne d’un système mais aussi son interaction avec quantité d’autres systèmes. (…)» (8)

«Edward Snowden n’a pas choisi au hasard la date du 17 septembre pour sortir son livre aux Etats-Unis. C’est, explique-t-il dans cet ouvrage, son «jour férié préféré», car c’est «le jour de la Constitution et de la citoyenneté». (…) Edward Snowden est, aujourd’hui, poursuivi pour violation de l’Espionage Act. Dès 2014, dans un entretien pour le site américain Wired, M. Snowden déclarait : «J’ai dit à mon gouvernement que j’étais prêt à aller en prison tant que cela servirait un but légitime ; je me soucie davantage de mon pays que de moi-même, mais on ne peut pas accepter que la loi soit utilisée à des fins politiques contre un individu ou pour l’empêcher de faire valoir ses droits.» (9)

Greta Thunberg : La détermination pour une noble cause 

Ce que les différentes COP sur le climat n’ont pas pu faire , une collégienne de 15 ans est en train de le faire en essayant de réveiller la conscience humaine face au danger des changements climatiques A la tribune des Nations Unies, le 23 septembre elle a accusé les pays industrialisés de lui sauver sa jeunesse en hypothéquant l’avenir du fait d’une boulimie en énergie fossiles insatiables . Elle prévient que nous ne devons pas dépasser les 1,5°C sinon le point de non retour sera atteint et nous rentreront dans la sixième extinction. Mieux encore elle a décidé d’une manifestation planétaire en mobilisant la jeunesse du monde contre l’inertie face aux changements climatiques. Enfin Greta Thunberg et quinze autres jeunes ont annoncé, lundi 23 septembre, qu’ils intentaient une action en justice pour dénoncer l’inaction de cinq pays contre le réchauffement climatique comme une atteinte à la convention de l’ONU sur les droits de l’enfant.

Le lanceur d’alerte qui a déclenché la tentative d’empêchement de Donald Trump

Hasard de l’histoire, au moment où les cas Manning  Assanges , Snowden sont pour ainsi dire étouffés par les médias aux ordres des puissants – nous l’avons vu avec la chape de plomb concernant l’ouvrage  d’Eward Snowden, une nouvelle affaire fait surface.   Courrier international   relate en substance les faits : « Alors que l’on ne sait toujours rien de l’identité du lanceur d’alerte qui a sonné l’alarme sur la conversation entre Trump et le président ukrainien, le Boston Globe salue un “acte de courage qui pourrait changer l’histoire”.

Maintenant que la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a “ franchi le Rubicon en acceptant de lancer une procédure de destitution contre Donald Trump”, il ne faudrait pas oublier le lanceur d’alerte “à qui revient la part du lion dans tout ce qui est en train de se passer”, souligne le chroniqueur du Boston Globe Michael A. Cohen.

Ce sont les récentes “révélations sur les pressions exercées par Trump sur son homologue ukrainien”, pour obtenir des éléments contre Joe Biden, l’ancien vice-président d’Obama et potentiel rival démocrate de Trump à la présidentielle de 2020, “qui ont tout changé et achevé de la décider”. Nous ne connaissons pas “le nom de ce lanceur d’alerte, nous ne connaissons pas son passé, ses fonctions, ni son affiliation politique”, poursuit le Boston Globe, mais c’est “cette personne, probablement un membre de la communauté des renseignements, qui a osé se dresser contre la corruption […] et les abus de pouvoir de Trump”. Ce faisant, il a pris “le risque d’être la cible des attaques du président et de ses proches […] Mais en parlant, cette personne a fait quelque chose d’historique, de courageux et de nature à changer l’histoire”, estime le Boston Globe. Et le chroniqueur Michael Cohen de conclure : Imaginez un instant combien notre pays serait dans une meilleure situation si d’autres personnes occupant des postes de pouvoir avaient fait montre d’un tel cran. C’est un rappel utile : parfois les actes et le courage d’une seule personne suffisent à changer l’histoire et c’est ce que nous voyons aujourd’hui se dérouler devant nos yeux.” » (10)

Et en Algérie ? 

L’Algérie a connu de lanceurs d’alertes qui ont prêché dans le désert. Benyoucef Mellouk fut emprisonné pour avoir traité le dossier des faux moudjahidines Ils seraient 20.000 !

La Révolution Tranquille du 22 février lui a rendu justice :

«Je me suis sacrifié pendant 22 ans, pour faire connaître la vérité. C’est mon devoir, car un peuple sans histoire n’est plus un peuple. J’ai fait l’objet de 4 arrestations, en 1992, 1997, 1999 et 2008, et je suis passé par la prison de Serkadji et de celle d’El-Harrach, sans oublier mon passage dans les tribunaux, tout cela parce que j’ai touché au régime», a résumé M. Mellouk. Dans son exposé, il évoquera les tracasseries avec la justice qui «fera disparaître» son dossier. «Depuis l’Indépendance, les faux moudjahidine ont pris le pouvoir et y sont encore à ce jour» dans l’ensemble des institutions de l’État.(11)

Dans 65 cables wikileaks , entre le 30 novembre 2010 et le 1er novembre 2011, on trouve de tout mais surtout une emprise américaine sur la politique intérieure et extérieure de l’Algérie avec aussi les états d’âme des ambassadeurs français sur la situation algérienne (12)

«La corruption, qui remonte jusqu’aux frères de Bouteflika, a atteint un nouveau sommet et interfère dans le développement économique».

C’est en ces termes que l’ex-ambassadeur français à Alger, Bernard Bajolet, a qualifié, entre autres, la situation de l’Algérie et ce, en 2008, bien avant le déclenchement de la vague d’enquêtes anti-corruption lancée par le DRS. Dans un câble diplomatique révélé par WikiLeaks et publié par le quotidien espagnol El Pais, l’ex-ambassadeur américain à Alger, Robert Ford, fait état d’un entretien avec son homologue français, tenu le 23 janvier 2008 et durant lequel, les deux diplomates ont débattu de la situation politique algérienne. «Le Gouvernement français constate qu’aujourd’hui, il y a peu de progrès positifs en Algérie». (13)

Conclusion

Ces lanceurs d’alerte, traîtres ou héros? En Corée du  Sud, les dénonciateurs sont rétribués notamment quand il s’agit de personnes qui ne respectent pas les règles de bien commun ; Un homme s’est vanté dans une vidéo d’avoir gagné 100.000 dollars en quelques années simplement par le fait de ses dénonciations. Mais est-ce que ce sont des lanceurs d’alerte objectifs et désintéressés  si ce n’est d’avoir une certaine idée de l’éthique dans la gouvernance. De mon point de vue,  ils sont la face noble de l’humanité. Nous devrions  encourager, voire faire émerger des hommes et des femmes capables de se dresser contre l’injustice, l’illégalité et assurément les mots de Saint Augustin nous avertissent contre les accommodements dangereux notamment du «maaliche» , «cela ne fait rien» qui font que l’on tourne le dos à la dignité humaine.

Professeur Chems Eddine Chitour

 

 

Notes :

1. https://www.europe1.fr/international/Qui-sont-les-whistleblowers-543186

2.Cyrielle Chazal  https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/05/22/lanceur-d-alerte-decryptage-d-un-terme-en-vogue_5302906_4355770.html22 mai 2018.

3. https://fr.wikipedia.org/wiki/WikiLeaks.

4.Noam Chomsky https://www.truthdig.com/articles/noam-chomsky-americas-extraterritori

5.https://www.wsws.org/fr/articles/2019/09/16/assas16.html++cs_INTERRO++fbclid=IwAR2..

6. https://www.legrandsoir.info/assange-le-rapporteur-de-l-onu-sur-la-torture-a-raison-d-etre-alarme-par-la-manipulation-des-allegations-de-viols.html

7. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/628638/bradley-manning-bio

8. Martin Untersinger      https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/13/ce-que-les-revelations-snowden-ont-change-depuis-2013_5509864_4408996.html

9. https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/02/le-lanceur-d-alerte-edward-snowden-racontera-son-histoire-dans-un-livre_5495891_4408996.html

10. https://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-contre-trump-le-courage-dun-lanceur-dalerte-isole

11. https://www.liberte-algerie.com/actualite/faux-moudjahidine-mellouk-revient-a-la-charge-213510

12. https://algeria-watch.org/?p=44899

13. https://www.algerie-focus.com/2010/12/wikileaks-les-freres-bouteflika-sont-des-%C2%ABrapaces%C2%BB-gaid-salah-%C2%ABcorrompu%C2%BB-et-le-general-toufik-qui-sait-tout/?cn-reloaded=1

Article de reference : http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5281738

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