Assange: Où est le mandat d’arrêt suédois?

Si les allégations suédoises contre Julian Assange étaient sincères et n’étaient pas simplement une ruse pour l’arrêter en vue de son extradition vers les États-Unis, où est le mandat d’arrêt de la Suède et quelles sont les accusations ?
Seule l’accusation la plus mineure a dépassé le délai de prescription. L’accusation principale, qui équivaut à un viol, est encore loin d’être prescrite. La Suède a eu sept ans pour achever l’enquête et préparer l’affaire. Cela fait plus de deux ans qu’ils ont interviewé Julian Assange à l’ambassade équatorienne. Ils ont eu des années et des années pour recueillir toutes les preuves et préparer les accusations.
Alors, messieurs les procureurs suédois, où sont vos charges ? Où est votre mandat d’arrêt ?
Julian Assange n’a jamais été accusé de quoi que ce soit en Suède. Il était simplement « recherché pour interrogatoire », un fait que les grands médias se sont toujours abstenus d’expliquer. Il est désormais évident qu’il n’y a jamais eu la moindre intention de l’inculper de quoi que ce soit en Suède. Tous les députés blairites [partisans de Tony Blair] qui cherchent à esquiver la question flagrante de la liberté des médias de publier des dénonciations révélant les crimes du gouvernement, en se cachant derrière des accusations sexuelles inventées de toutes pièces, ont l’air assez stupide.
Quel est l’intérêt d’exiger qu’Assange soit extradé vers la Suède alors qu’il n’y a pas de demande d’extradition de la Suède ? À quoi cela sert-il d’exiger qu’il soit traduit en justice en Suède alors qu’il n’y a pas d’accusations ? Où sont les charges de la Suède ?
La réponse est le silence.
La Suède a toujours été qu’un arrangement concocté pour envoyer Assange aux États-Unis. Et maintenant qu’ils n’en ont plus besoin, la Suède s’est discrètement retiré de la scène. Toutes les fausses gauches qui ont été manipulées par les services de renseignement qui ont joué sur la corde féministe devraient se livrer à une autocritique. Ils devraient également réfléchir à ceci.
Si vous affirmez sérieusement que dans les accusations d’agression sexuelle, l’accusateur doit toujours être cru et l’accusé automatiquement être présumé coupable, vous donnez un pouvoir impressionnant à l’État pour enfermer les gens sans défense adéquate. L’État abusera de ce pouvoir. L’affaire Assange nous le montre bien. Et ce n’est pas le seul cas en cours, comme tout le monde en Écosse devrait s’en rendre compte.
Mais ce n’est pas tout. Si vous croyez qu’une accusation sexuelle contre une personne doit être crue et mettre fin automatiquement et immédiatement à sa respectabilité sociale, vous donnez le pouvoir à l’État et à la société d’exclure les dissidents et les critiques par un simple acte d’accusation. Ce pouvoir sera utilisé et abusé par les services de sécurité.
Dans le cas de l’accusation en Suède dont le délai de prescription a été dépassé, l’accusation était que pendant un acte sexuel consensuel, Julian Assange a délibérément déchiré le préservatif, sans consentement. Je suis tout à fait d’accord que si c’est vrai, cela équivaudrait à une agression sexuelle. Mais le préservatif déchiré remis à la police suédoise comme preuve ne contenait pas l’ADN d’Assange – une impossibilité physique s’il l’avait porté pendant les rapports sexuels. Et l’auteur de l’accusation avait déjà été expulsé de Cuba parce qu’elle travaillait pour la CIA. Alors je répète :devons-nous toujours croire l’accusateur ?
Pour une fois, je suis d’accord avec les blairites pour dire que si un mandat était émis par Suède, la demande suédoise devrait supplanter la demande américaine, notamment parce que le viol est un crime beaucoup plus grave. Comme la seule raison pour laquelle Julian Assange a demandé l’asile était qu’il considérait les accusations suédoises comme une ruse pour le mettre en détention en vue de son extradition vers les États-Unis, je dirais également que, si un mandat de la Suède devait apparaître, Assange devrait pouvoir partir volontairement et sans résistance juridique supplémentaire, la demande d’extradition américaine étant supplantée par la suédoise.
Mais ne retenez pas votre souffle. Aucun mandat ne viendra. Les États qui ont si soigneusement coordonné son arrestation et sa détention, synchronisée avec la publication du rapport Muellergate et les affirmations démentes du gouvernement équatorien sur les excréments [que Julian Assange aurait étalé] sur les murs [de l’Ambassade], n’ont plus besoin de l’affaire suédoise.
Encore une fois. Où est le mandat d’arrêt de la Suède ? Y a-t-il encore des gens qui ne comprennent pas que les accusations suédoises n’ont jamais été qu’une ruse de la CIA ?
Craig Murray
ex-ambassadeur du Royaume-Uni
Article original en anglais :
Assange: So Where Is the Swedish Warrant?
Craig Murray 27 avril 2019
Traduction par VD pour le Grand Soir