Assez, c’est assez!

Si vous croyez que la guerre a toujours existé et existera jusqu’à l’Apocalypse, alors tous aux abris et bonne chance! Si vous pensez que les pacifistes sont des pleutres manquant de virilité, des hippies attardés ou des écologistes utopiques, que l’on ne peut changer la marche chaotique du monde, réfléchissez aux actions du Mahatma Gandhi ou de Nelson Mandela. Si, en parcourant votre journal vous vous posez des questions, si les images de vos nouvelles télévisées vous bouleversent, si vous vous préoccupez du sort des êtres à l’autre bout du monde, si la déforestation vous inquiète, alors, comme moi, il vous arrive souvent de dire : « assez, c’est assez! »

Durant le temps que vous mettrez à lire ces lignes, des milliers d’enfants seront morts de faim, de soif, de maladie, victimes de guerres atroces, ou enfants soldats mobilisés de force, drogués, manipulés, enfants sans enfance, sans tendresse, sans jeu, puis sans vie.

Pendant le même temps, des gouvernements dépensent des sommes considérables pour l’armement. Au même instant, des médecins, des docteurs, des bénévoles, se battent, parfois avec des moyens dérisoires, contre les maladies. Des institutrices, instituteurs, professeur(e)s, souvent dans des conditions minimales, luttent contre l’analphabétisme, tandis que des avions hyper équipés surveillent les moindres recoins, scrutent tous les mouvements de troupe ou de matériel pour qui, pourquoi ?

Nous ne sommes plus dans une course aux armements, mais dans une frénésie, une folie sans fin. Beaucoup d’humains sont en guerre contre leurs voisins, la nature, les arbres, les animaux. Au nom d’une idéologie, d’une religion, d’une politique, d’un besoin énergétique, tonnent les armes. Elles ont la capacité de détruire la planète. Partout, des millions de personnes lancent des cris de détresse qui sont étouffés par les avions militaires, les chars d’assaut, mitrailleuses, mines, roquettes et autre quincaillerie dévastatrice, ruineuse et vite obsolète ou détruite. Les marchands d’armes, de tous pays, empochent les profits. La demande en armes et si forte, que même des pays pauvres fabriquent des instruments meurtriers. Un gigantesque trafic d’armes de tous styles et calibres sillonne le globe. Où cela nous mène-t-il ? À des millions de morts, blessés, déplacés, à des villes et villages détruits. Pour les survivants, ces hécatombes s’accompagnent d’un épuisement des ressources, une domination sans pareille de quelques-uns sur la multitude, un appauvrissement accru des plus misérables.

Que peut dire le simple paysan, devant un char d’assaut, une bombe? Aujourd’hui, j’écris, demain peut-être un kamikaze fera sauter l’autobus, un avion percutera un immeuble, une bombe irradiera notre région. Nul n’est à l’abri de la guerre. Pour qui, pourquoi? Des millions de personnes tentent de quitter des pays soumis à une horrible pression interne ou externe. Des millions de personnes meurent dans l’indifférence quasi absolue.

Les guerres que nous devrions mener sont des guerres contre la faim, la malnutrition, les pandémies, les maladies, l’analphabétisme, la drogue…. Pour cela, l’humain doit se hisser à un niveau qu’il a rarement atteint, celui d’une prise de conscience planétaire, celui de sa condition de terrien, sa condition d’humain parmi les humains. Il le doit pour les générations futures, les enfants et vieillards, les malades, les souffrants et en mémoire de ceux qui sont morts. L’homme doit arrêter de considérer l’autre comme un ennemi, l’école et la société, les religions peuvent transmettre ces valeurs. Pourquoi, sur les écrans et les consoles de jeux autant de scènes qui prônent la violence ? Pourquoi ces armes disponibles partout? Apologie de la violence plus armes conduisent à la tuerie.

Un indispensable dialogue doit s’instaurer. Il nous faut l’audace de tenter d’atteindre sans relâche ce que certains considèrent comme utopique : la PAIX. Si nous en sommes arrivés à la haine, il nous faut patiemment renouer les liens qui font de nous des humains responsables, solidaires, regardant ensemble l’avenir. Nous devons établir les conditions d’un mieux-être pour tous les humains, pour la végétation et pour les animaux. Nos relations pourraient être celle de gens respectueux les uns vis-à-vis des autres et vis-à-vis de cette Terre qui nous nourrit. Devant la déforestation, la destruction de nos milieux, les scientifiques sonnent l’alarme. Qu’attendons-nous? Qu’un astéroïde percute notre planète, rendant dérisoires nos conflits frontaliers pour quelques kilomètres stratégiques? Attendons-nous qu’un virus nous élimine, parce que nous avons engagé plus d’argent dans les combats fratricides que dans la lutte contre les pandémies ? Attendons-nous que tous les enfants meurent sous nos yeux tendant leur visage émacié, leurs bras squelettiques. Des enfants nous implorent, que faisons-nous pour eux ? Attendons-nous, que la Terre irradiée se couvre de déserts et que nous réfugiions dans des bunkers? Qu’attendons-nous pour rendre l’air plus respirable, la vie moins difficile pour les plus malheureux ?

Les politiciens ne sont que les reflets de nous-mêmes, de nos propres valeurs. Il est peut-être temps de changer le mode de gouvernance et d’élever nos esprits. Il est temps d‘offrir l’art et non les armes aux humains avides de paix. Accordons plus de place aux musiciens, peintres, écrivains, artistes, sculpteurs, médecins, bénévoles, boulangers, menuisiers, artisans, ouvriers, qu’aux nombreux chefs qui nous envoient à la destruction, à la mort.

Nous avons besoin de Nations vraiment unies. Renforçons, modifions, améliorons cette institution qui a le mérite d’exister, renouons avec les idéaux qui ont fondé cette assemblée mondiale, dotons-la de pouvoirs plus étendus, qu’elle soit vraiment représentative de l’ensemble de nos sociétés. Cela pourrait aider à conduire ce siècle à la paix, la lutte contre les vrais fléaux qui affligent les plus pauvres, un temps de vie et d’espérance pour ceux qui souffrent. Il nous faut des hôpitaux et non des chars d’assaut, des chercheurs engagés dans des luttes contre les maladies, des agriculteurs respectueux de l’environnement et des poètes pour chanter la vie en paix. Alors, nous pourrons nous lancer, non pas à la conquête de l’espace sidéral, mais à sa fabuleuse exploration. Nos frontières sont plus hautes, plus lointaines que celles de nos pays. Encore un effort et nous arriverons, par la paix, à remplacer les bombardiers par des tableaux et de la craie. Il y a assez de catastrophes naturelles pour occuper les armées du monde entier. Soldats à vos pelles! Car maintenant assez c’est assez! Il est temps de désarmer.

Résumons : mieux vaut des crayons et des cahiers que des fusils et des balles, du riz que des bombes, c’est assez évident que l’on ne devrait pas avoir à le rappeler.

Non, l’histoire ne nous jugera pas, car il n’y a aura plus d’historiens dans un monde ravagé par des bombes nucléaires. Ce ne sera plus chacun sa bombe, mais chacun sa tombe.

En attendant, hélas, des hommes, des femmes, des enfants meurent de faim, de soif et de maladies que l’on pourrait soigner, de guerres à tout point de vue ruineuses, que l’on pourrait éviter. Assez d’horreurs, c’est assez!

Jean-Louis Grosmaire est géographe et écrivain. Il est l’auteur du roman historique « Tu n’aurais pas dû partir » (Éditions du Vermillon, 2006).



Articles Par : Jean-Louis Grosmaire

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