Au coeur de l’Asie un foyer de désordre : l’Afghanistan
Un forum international peu connu: Heart of Asia - Istanbul Process

Un forum international peu connu
SON NOM : HEART OF ASIA – ISTANBUL PROCESS
Fondé en 2011
Son objectif tel qu’affiché sur son site officiel à sa création
« Sécurité régionale et coopération pour un Afghanistan stable et sûr »
Dix ans après l’assaut des Etats-Unis sur ce petit pays, les Etats qui se rassemblent pour la première fois sous cette bannière en 2011 à Istanbul prennent acte du fait que l’Afghanistan n’est ni stable ni sûr et ils le font sans l’OTAN, sans les Etats-Unis sans les « occidentaux » selon l’appellation convenue.
Ils le font parce qu’ils savent tous à des degrés divers que l’arrivée de Bush avec ses gros rangers n’a pas transformé le bourbier afghan en un pays tranquille. Ils savent tous que la drogue produite massivement en Afghanistan qui a envahi le marché mondial circule chez eux en abondance et y alimente réseaux mafieux, services secrets parallèles, ministres véreux et fonctionnaires corrompus. L’Afghanistan tel qu’il est aujourd’hui pourrit son environnement, c’est-à-dire une bonne partie du continent eurasiatique d’où le titre HEART OF ASIA, cœur de l’Asie. Ils savent tous que les armes utilisées en Afghanistan qu’elles soient officielles comme celles utilisées par les armées de l’OTAN, les forces spéciales et les mercenaires de diverses origines ou clandestines comme celles des talibans et autres seigneurs de guerre circulent aussi sur leur territoire soit avec leur accord : la Russie laisse survoler son territoire par les avions cargos de l’armée US qui alimentent ses troupes, soit dans la clandestinité l’argent de l’héroïne donnant un pouvoir d’achat considérable aux groupes combattants clandestins ou non gouvernementaux.
L’organisme va donc viser la coordination des efforts des Etats membres pour stabiliser l’Afghanistan. Cette intention est en elle-même un camouflet pour les Etats-Unis qui, que ce soit sous Bush junior ou sous Obama, n’ont réussi, s’ils n’ont jamais eu une autre politique réelle, qu’à prolonger l’état de guerre et à maintenir la production d’héroïne au plus haut niveau (90% de la production mondiale selon l’ONU).
Il va tenir depuis sa fondation en 2011 un sommet annuel réunissant chefs d’Etat et de gouvernement. Le dernier s’est tenu à Islamabad en décembre 2015.
La question qui se pose inévitablement est de savoir quel est le degré d’engagement et de sincérité des divers Etats participants. Que le gouvernement afghan officiel ait l’ambition d’un jour gouverner un pays tranquille est bien compréhensible, que les Etats-membres de l’organisation de coopération de Shanghai (Chine, Russie, Ouzbékistan, Tadjikistan, République Kirghize, Kazakhstan) aient depuis 2000 renforcé leur coopération à tous niveaux avec des objectifs que le HEART OF ASIA a fait siens sur le papier, soit : lutter contre le terrorisme, contre tous les trafics et coordonner leur développement économique ne fait pas de doute.
Il est par contre permis de s’interroger sur la sincérité de l’engagement de la Turquie quand il est aujourd’hui bien établi qu’Erdogan et son gouvernement soutiennent et Daesh et les terroristes ouighours , quand nul n’ignore que l’Arabie Saoudite achète aux Etats-Unis des armes qui comme les missiles antichars TOW sont utilisés par Daesh contre l’armée arabe syrienne, quand les services secrets pakistanais laissent circuler les armes à destination des talibans voire les fournissent.
A ce compte, les réunions du « HEART OF ASIA – ISTANBUL PROCESS » peuvent elles être autre chose que le concours du plus grand menteur ou la présélection pour le Nobel du double langage ? Il est permis de se poser la question.
Pourtant le fait que les participants les plus douteux à ce forum pour la stabilité régionale acceptent de s’y rendre au niveau politique le plus élevé et inévitablement de s’y voir reprocher à la tribune ou dans les coulisses leurs manigances déstabilisatrices est probablement une façon pour la Russie, la Chine , l’Inde et l’Iran en particulier c’est-à-dire pour les pays qui veulent vraiment que l’Afghanistan trouve une stabilité politique et avec elle le continent dans son ensemble en même temps que la voie d’un développement économique et social interrompu depuis quarante ans, et de faire cesser le jeu hypocrite rétrograde et meurtrier des alliés régionaux des Etats-Unis.
L’arrivée apparemment massive de combattants de Daesh fuyant la Syrie sur le sol afghan donne à cette question une acuité toute particulière.