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Au lieu de mener une politique de paix, des politiciens allemands aident à préparer la guerre: cela sent la guerre
Par Eberhard Hamer
Mondialisation.ca, 16 avril 2012
Horizons et débats N°14 16 avril 2012
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Les Américains ont mis en place autour de l’Iran la plus grande concentration de troupes depuis la Seconde Guerre mondiale. Israël a déjà mis en position les sous-marins nucléaires livrés par l’Allemagne et testé et préparé l’attaque nucléaire préventive à l’aide de manœuvres.

Pour éviter une guerre sur deux fronts, l’Egypte a été déstabilisée par le Mossad et la CIA, puis Kadhafi a été éliminé. Face à ce «bon travail de la CIA», le président américain a déploré le mauvais travail du Mossad en Syrie où l’on n’avance pas. Dans la presse occidentale, on prétexte qu’il s’agit d’un soulèvement populaire. En réalité, le Mossad et la CIA ont mené la prétendue révolte populaire avec des mercenaires étrangers venus d’Algérie, de Libye, de Turquie et des Taliban(!), en s’occupant du financement, de l’armement et la stratégie. Selon Panetta, le ministre de Guerre américain, ce n’est qu’à la suite de ce prétendu «travail de libération» en Syrie qu’Israël pourra attaquer l’Iran, probablement entre avril et juin. Plus vite le président Assad est éliminé et le pays déstabilisé, plus vite la guerre contre l’Iran aura lieu.

Les politiciens des pays satellites européens soutiennent en tant que troupes auxiliaires les agitateurs israélo-américains en Iran, auxquels Westerwelle vient de concéder son plein soutien et des «livraisons humanitaires» (probablement du matériel d’aide au combat). De même, l’embargo contre la Syrie ne sert qu’à déstabiliser le pays et à le préparer pour l’occupation étrangère.

En parallèle à cette stratégie, l’on mène une campagne de presse internationale contre le président Assad (au lieu de la mener contre les insurgés israélo-américains), en lui reprochant d’«assassiner sa propre population». A l’instar de Saddam Hussein on le fait passer pour un terroriste international qui met en danger le reste du monde. Parallèlement, on insulte les Chinois et les Russes parce qu’ils ont empêché par leur veto au Conseil de sécurité de l’ONU que des unités de combat israéliennes, américaines et de l’OTAN puissent officiellement intervenir en Syrie et préci­piter le succès souhaité, au lieu de devoir céder cette tâche à des unités de combat étrangères non officielles.

Si l’on peut, selon les explications officielles, conclure que seule la déstabilisation réussie de la Syrie assure le flanc nord d’Israël et que cela permettra ensuite l’attaque de l’Iran, tous les hommes politiques pour la paix devraient en fait être intéressés à éviter l’effondrement du gouvernement syrien le plus longtemps possible, ou à ne pas le souhaiter du tout, afin que la condition préalable pour une attaque d’Israël contre l’Iran ne soit pas remplie. Le silence sournois des hommes politiques allemands – en particulier les «amis de la paix» roses et verts qui protestaient autrefois bruyamment contre tout combat international – laisse supposer une complicité intentionnelle à la guerre subversive et ouverte à venir au Proche-Orient. Pourquoi personne ne déconseille à nos amis américains et israéliens de jouer avec le feu et d’attiser l’incendie qui nous entraînerait nous aussi, en tant qu’amis d’Israël et satellites des Etats-Unis (à travers l’OTAN) inévitablement dans la troisième guerre mondiale?

Et pourquoi laissons-nous quotidiennement annoncer la presse mondiale américano-israélienne chez nous que l’Iran est en train de fabriquer une bombe atomique, bien que personne n’ait jusqu’à présent pu prouver cela et que même l’ONU a constaté qu’il fallait à l’Iran encore «au moins dix ans» (il y a deux ans) pour y arriver? Le vieux modèle utilisé contre l’Irak réapparait:

D’abord, on répand au sujet d’un pays des propos mensongers, semblant mettre l’humanité toute entière en danger, dans le but de faire passer ce pays comme danger pour tous,
•    puis ces mensonges sont renforcés par les confirmations constantes de milieux politiques intéressés jusqu’à ce qu’ils deviennent une certitude,
•    puis les organisations économiques et mondiales, contrôlées par les Etats-Unis, sont utilisées pour lancer un boycott contre le pays qu’on veut attaquer,
•    puis, des organisations onusiennes internationales sont envoyées aux points névralgiques du pays pour prétendument vérifier la production d’«armes de destruction massive» ou de «bombes atomiques» mais, en réalité, c’est pour définir les objectifs d’attaque prévus.

Parallèlement, le pays prévu pour être at­taqué est contrôlé et cartographié par des drones américains, et les cibles stratégiques y sont repérées. Dans le pays même, Israël fait assassiner les spécialistes du nucléaire, fait exploser des centrales informatiques par des attaques à ondes courtes et bombarde des installations.

En même temps, le président des Etats-Unis annonce qu’il répondrait à toute défense à ces attaques déjà en cours «dans l’intérêt de la paix mondiale» avec l’entière capacité de frappe militaire de son pays.

C’est le même modèle de préparation de guerre qu’en Irak. Les mêmes mensonges, les mêmes procédés – espérons que la suite ne sera pas la même.

Si nous ne nous engageons pas en tant qu’êtres humains qui exigent la paix, si nous n’avertissons prévenons pas les instigateurs bellicistes, cela pourrait aboutir à une guerre au Proche-Orient cette année encore.

Le belliciste principal, c’est le président israélien Netanyahou, et non pas le président syrien Assad. Pourquoi Merkel ne le met-elle pas en garde contre la guerre, mais le renforce-t-elle encore en lui assurant que c’est le but de la politique allemande de soutenir inconditionnellement Israël – donc aussi en cas de guerre?

Et si le gouvernement allemand mettait en garde Netanyahou, disant qu’il n’apporterait plus aucune aide en cas de guerre, qu’il ne défendrait plus l’«Europe au Hindou Kouch», qu’il ne se laisserait plus entraîner dans des aventures guerrières par l’OTAN? Pourquoi les amis de la paix des années 70 et 80 restent-ils soudain muets, bien qu’ils sachent qu’un danger de guerre beaucoup plus grand qu’alors est imminent?

Si Netanyahou lance l’attaque nucléaire préventive contre l’Iran, qui est l’allié de la Russie, de la Chine et du Pakistan, et si les Américains se laissent entraîner dans cette guerre conformément aux contrats conclus avec Israël, cela déclenchera la troisième guerre mondiale. A travers l’OTAN, qui était autrefois une organisation défensive et qui sert aujourd’hui les intérêts d’attaque américains dans le monde entier, nous serions automatiquement entraînés financièrement et militairement dans cette guerre mondiale si nous ne nous défendons pas. N’oublions pas qu’une telle guerre mondiale doublerait ou triplerait rapidement le prix du pétrole et renchérirait les matières premières, ce qui risquerait de détruire la prospérité dans le monde entier.

Tous ceux qui reprochent à la génération de leurs parents de ne pas avoir em­pêché l’agressivité d’Hitler à temps devront à l’avenir se taire, s’ils se taisent dans la situation actuelle au lieu de donner l’alarme. Où sont les marches des amis de la paix contre une guerre qui peut nous précipiter tous dans la misère?

L’auteur a toujours à nouveau mis en garde, et cela à temps. Il sait que c’est politiquement incorrect, voire dangereux. Il en allait de même sous Hitler. Son père fut arrêté parce qu’il avait, en tant que pasteur, publiquement mis en garde contre les guerres d’Hitler. Cependant, celui qui n’avertit pas et qui ne résiste pas, se rend tout aussi coupable que la clique politique au pouvoir qui croit que, par amitié pour Israël, l’on n’a pas le droit de contredire l’ami en le mettant en garde. L’amitié n’est cependant pas un opportunisme servile, mais consiste aussi à s’opposer aux fautes et au danger.  

Traduction Horizons et débats 

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